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9 Décembre 2008 – Émeutes en Grèce

3White rioters at the Capitol got police respect. Black protestors got rubber bullets.Émeutes à Athènes : l’expression d’une crise profondeMassive riots cripple Greece's main cities | KCBYRetour sur les jours de violence en GrèceGreek riots eyewitness reports - 19 December 2008 | libcom.orgPour la troisième nuit consécutive, des bandes de jeunes ont affronté les forces de l’ordre en Grèce. Plus de 130 boutiques détruites ou endommagées à Athènes, une cinquantaine de personnes sont blessées et plus de 100 arrestations. Cette vague de violence ne touche pas uniquement la capitale, mais une dizaine d’autres villes, dont Salonique et les îles de Crète et de Corfou.Strike protests in Athens turn violent | News | Al JazeeraÉmeutes à Athènes : l’expression d’une crise profonde Greeks clean up damage after riots engulf Athens over new austerity deal | The BladeDe vives manifestations ont opposé étudiants et policiers à Athènes, capitale de la Grèce, au cours du mois de décembre 2008. La révolte étudiante a éclaté au lendemain de la mort du jeune Alexandros Grigoropoulos, 15 ans, tombés sous les balles d’un policier le 6 décembre. Depuis, le pays est balayé par une imposante vague d’émeutes mobilisant des milliers de jeunes indignés.

Plusieurs cohortes de manifestants venus démontré leur soutien à la cause de Grigoropoulos ont pris d’assaut la capitale et organisé des rassemblements pacifiques à la mémoire du jeune Grec. D’autres, armés de cocktail Molotov et de bombes artisanales, ont envahi la ville durant plus d’un mois, laissant derrière eux voitures et magasins vandalisés. De plus, ils ont neutralisé de nombreuses écoles. La réponse policière fut alors vive, dispersant les émeutiers au moyen de gaz lacrymogènes. Un mois plus tard, les coûts en dommages et bris s’estiment à environ un milliard de dollars. Au début de janvier 2009, la situation demeurait tendue à Athènes. ImageUn malaise social qui perdure

La mort du jeune Alexandros Grigoropoulos, à l’origine des premières manifestations, a fait surgir un malaise social profond ressenti par la population grecque. Aux prises avec de graves problèmes de chômage, la Grèce tente, tant bien que mal, de s’imposer comme un pays moderne et fort. Les émeutes de décembre dernier ont révélé un mécontentement profond de la part de la population face au laxisme politique dont fait preuve le gouvernement conservateur de Costas Caramanlis. Les jeunes, particulièrement, y ont témoigné leur lassitude, eux qui doivent composer avec une situation économique précaire et des possibilités d’avenir restreintes. Dans ce pays où le taux de chômage chez les jeunes atteint 25%, ceux-ci doivent survivre au moyen d’emplois faiblement rémunérés. Les événements de décembre dernier à Athènes ont exposé une faille majeure dans le système d’éducation et le marché du travail grecs. Cette situation a de quoi donner des maux de tête au gouvernement de Costas Caramanlis. Fière de sa démocratie durement acquise en 1974 et de son intégration rapide à l’Union européenne, sept ans plus tard, la Grèce n’a su trouver de solutions durables aux problèmes récurrents de chômage, d’inégalités et de corruption. Les voilà aujourd’hui qui ressurgissent et soulèvent la colère générale.

Un pays de contestation

Se caractérisant par une importante culture de contestation, la Grèce doit évoluer avec la présence de nombreux mouvements protestataires qui occupent son territoire (8). Que ce soit au moyen de grèves ou de manifestations anti-américaines, les mouvements contestataires continuent de prendre une énorme place en Grèce, comparativement au reste du continent européen. Ils ne craignent pas la répression et s’opposent farouchement à toute autorité. Ceux-ci combattent toutefois un ennemi invisible : l’État.  Les émeutes ayant éclaté en décembre dernier ont pris un nouveau tournant au début de janvier alors que le groupe de résistance Revolutionnary Struggle s’est joint aux manifestants. La tentative d’assassinat contre un jeune policier de 21 ans, Diamantis Matzounis, a donné lieu à une reprise des échauffourées. Plusieurs s’inquiètent aujourd’hui que la participation de mouvements rebelles comme Revolutionnary Struggle donne un nouveau souffle aux émeutes qui déferlent sur le pays depuis plus d’un mois. Le remaniement ministériel qui s’est déroulé le 7 janvier dernier tend à démontrer une certaine prise de conscience et une volonté de changement de la part du gouvernement grec. Les prochaines semaines risquent néanmoins d’être déterminantes pour le gouvernement de Costas Caramanlis.ImageGrèce : échauffourées à Salonique entre jeunes et policiers

Des échauffourées ont opposé dans la nuit de mercredi à jeudi des groupes de jeunes aux forces de police dans le centre de Salonique, dans le nord de la Grèce, a-t-on appris de source policière. Quelque 150 jeunes ont posé peu après le passage au nouvel an des engins incendiaires de fabrication artisanale devant plusieurs succursales de banques et devant la devanture de grands magasins provoquant des incendies qui ont été maitrisés par les sapeurs-pompiers, a ajouté la même source.  Les jeunes ont ensuite défilé dans le centre de la ville en mettant le feu aux poubelles. Ils se sont ensuite affrontés aux forces de l’ordre en jetant des cocktails Molotov. Les policiers ont répondu en utilisant des gaz lacrymogènes et ont dispersé les jeunes qui se sont réfugiés dans l’école de théatre de l’Université de Salonique dans le centre-ville, mettant un terme aux incidents. violents affrontements entre jeunes et policiers se sont produits à Salonique et à Athènes depuis la mort d’un adolescent de 15 ans, Alexis Grigoropoulos, abattu le 6 décembre dans la capitale par un policier.  Aucun incident n’a été signalé dans la nuit à Athènes.

 

Quelque 2000 personnes, militants de gauche, étudiants et lycéens ont manifesté à Athènes où des coups de feu ont été tirés sur un fourgon des forces anti-émeutes.  Quelque 2000 personnes, militants de gauche, étudiants et lycéens ont manifesté mardi 23 décembre à Athènes, où des coups de feu avaient été tirés quelques heures auparavant sur un fourgon des forces anti-émeutes, sans faire de blessé.  Les manifestations se sont multipliées en Grèce après la mort le 6 décembre d’un adolescent tué par un policier à Athènes et la mobilisation des jeunes a rapidement pris une tournure sociale. En début de rassemblement, devant l’Université d’Athènes, une dizaine de jeunes ont renversé et détruit un véhicule de la police, qui se trouvait à proximité. Les policiers présents à bord ont réussi à fuir sans être blessés.  Les manifestants s’étaient regroupés derrière une banderole signée par les jeunes qui occupent l’Ecole Polytechnique d’Athènes et proclamant « A bas le gouvernement des assassins », « Le terrorisme de l’Etat ne nous arrête pas ».  Plus de 700 établissements scolaires occupés Le cortège s’est ensuite dirigé vers Parlement, sur la place centrale de Syntagma, théâtre des manifestations qui ont suivi ces dernières semaines la mort d’Alexis Grigoropoulos, 15 ans.Accusations of Bias Swirl Around Capitol Police After Attack | TimeParallèlement, un autre groupe de lycéens a manifesté devant le ministère de l’Education, dans ce qui devrait être le dernier avant les fêtes de Noël. La coordination des lycéens devrait en effet décidé début janvier de la suite du mouvement. Selon la coordination, plus de 700 établissements scolaires et plusieurs universités sont occupés depuis la mort du jeune Alexis. Le ministère de l’Education ne fait état lui que d’une centaine de lycées occupés.  Mardi matin des coups de feu avaient été tirés sur un fourgon des forces anti-émeutes dans le quartier athénien de Goudi, sans faire de blessés. Un pneu du véhicule a été crevé mais aucun des 23 policiers présents à bord n’a été blessé. L’attaque n’a pas été revendiquée, a précisé la police qui a indiqué que deux douilles provenant d’une arme à feu de calibre 7,62 avaient été repérées près du fourgon cette source.  L’enquête a été confiée à la brigade anti-terroriste.  Cocktails Molotov contre des banques La mort d’Alexis Grigoropoulos a déclenché une série de violences et de manifestations sans précédent depuis le retour de la démocratie à Athènes et dans plusieurs villes du pays.ImageLes attaques au cocktail Molotov contre des banques, des établissements publics et surtout contre la police, déjà fréquentes avant la mort de l’adolescent, se sont depuis multipliées. Elles sont imputées par la police à l’extrême gauche ou à la mouvance anarchiste.  Mais cette mobilisation de la jeunesse a vite pris une tournure sociale. Les syndicats et partis de l’opposition de gauche ont fortement critiqué le gouvernement de droite, déjà empêtré dans des scandales de corruption, pour la mauvaise gestion de « la crise » mais aussi pour la politique « d’austérité ». Et, le climat reste lourd au sein du gouvernement de droite, qui voit de nouveau sa cote de popularité baisser dans deux sondages.

Grèce : nouvelles manifestations d’étudiants et lycéens à AthènesGerman riot police crack down on eco protesters trying to bring Hamburg to a standstill | Daily Mail OnlineDes étudiants de gauche et la coordination des lycéens, qui occupent des centaines de lycées en Grèce prévoient de manifester mardi après-midi à Athènes contre la mort d’un adolescent tué par un policier, a-t-on appris auprès de leurs unions.  L’Union des étudiants de gauche et des lycéens a annoncé un rassemblement devant le siège de l’Université d’Athènes et une marche jusqu’au Parlement, situé sur la place centrale de Syntagma, théâtre de plusieurs manifestations ces dernières semaines après la mort d’Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué par un policier le 6 décembre à Athènes. Un autre groupe de lycéens doit manifester devant le ministère de l’Education, un rassemblement prévu pour être le dernier avant les fêtes de Noël. La coordination des lycéens doit décider début janvier de la poursuite du mouvement. ImageSelon la coordination, plus de 700 établissements scolaires et plusieurs universités sont occupés depuis la mort du jeune Alexis, mais le ministère de l’Education ne fait état que d’une centaine de lycées occupés. La mort d’Alexis Grigoropoulos a déclenché une série de protestations inédites à Athènes et dans plusieurs villes du pays, en marge desquelles des affrontements violents ont eu lieu entre les forces d’ordre et des groupes de jeunes. Les attaques aux cocktails Molotov, contre des banques, des établissements publics et surtout contre la police, déjà fréquentes dans le pays avant la mort de l’adolescent et imputées par la police à l’extrême gauche ou à la mouvance anarchiste, se sont multipliées depuis la mort de l’adolescent. Les jeunes dénoncent « l’arbitraire » de la police qui « assassine », selon de nombreux graffitis visibles sur les murs à Athènes. Lundi matin, des inconnus ont tiré des coups de feu sur un fourgon des forces anti-émeutes, sans faire de blessé, dans un quartier de la capitale proche du centre-ville. L’enquête a été confiée à la brigade anti-terroriste. Trois cartouches de gaz ont aussi explosé lundi matin devant un bureau du parti de l’extrême-droite, le Laos, à Alimos, banlieue sud de la capitale, provoquant des dégâts matériels.Hong Kong protests: Police fire tear gas, clash with pro-democracy demonstrators - ABC NewsNouvelle nuit de violences à Athènes

Des centaines d’émeutiers ont affronté les forces anti-émeutes samedi soir dans le centre de la capitale grecque, jetant des bombes incendiaires, deux semaines après que la police a tué un adolescent.  À chaque jour ses manifestations et ses heurts en Grèce. Dans la nuit de samedi à dimanche, de nouveaux affrontements ont opposé des jeunes à des policiers, aux alentours de l’Ecole Polytechnique à Athènes, après une veillée organisée en mémoire d’Alexandros Grigoropoulos, 15 ans, tué par un policier dans le faubourg d’Exarchia, il y a exactement deux semaines.  A l’issue de ce rassemblement, qui a réuni des centaines de personnes, des jeunes ont lancé des pierres et des cocktails Molotov contre les forces d’ordre, et ont mis le feu à des poubelles, un scénario qui s’est déroulé à plusieurs reprises dans ce quartier et devant l’Ecole Polytechnique depuis la mort du jeune Alexis.

Multiples départs de feu                                                  Greek police clash with protesters on anniversary of police shootingLes forces anti-émeutes, toujours présentes dans le quartier, ont répondu par des tirs de gaz lacrymogènes pour disperser les jeunes.  Dans la banlieue ouest d’Athènes, à Néa Philadelfia, des jeunes ont lancé des cocktails Molotov contre le bâtiment de l’Académie de la police et incendié six fourgons de la police, garés à proximité, sans faire de blessés, selon une source policière. Des pompiers ont été dépêchés sur place pour tenter d’éteindre l’incendie. Un autre groupe de jeunes a allumé des feux dans des poubelles à Aghia Paraskevi, dans la banlieue nord de la capitale.  Samedi soir, un jeune a lancé un cocktail Molotov contre un établissement public abritant une société de services interbancaires, à proximité du quartier d’Exarchia. Des pompiers ont rapidement maîtrisé le feu, qui n’a provoqué que des dégâts mineurs.https://gdb.rferl.org/1E200EF7-5D0D-44FE-AC51-EC1FB36E4962_w1071_s_d3.jpgLa colère des jeunes Grecs

Mardi 9 décembre, à l’occasion des obsèques d’Alexis, le jeune homme de 15 ans tué samedi par la police, des manifestations ont de nouveau tourné à l’affrontement à Athènes. Les manifestants étaient beaucoup moins nombreux mardi 9 décembre aux funérailles d’Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué samedi par un policier, que dans les rues d’Athènes à affronter les forces antiémeutes devant le Parlement.  Environ 4.000 au cimetière du Vieux Phalères, contre plus de 15.000 à Athènes. D’un côté, un terrible silence et des larmes de douleur, de l’autre des insultes et des yeux rougis à cause des gaz lacrymogènes ; d’un côté, des œillets blancs que des familles entières sont venues lancer sur la tombe d’Alexis, de l’autre des jets de pierres et une police qui, une fois de plus, charge les manifestants. « J’espérais qu’aujourd’hui au moins, pendant l’enterrement du petit, on aurait un cessez-le-feu, déplore Dimitris Karastéphani, journaliste. ImageQu’on aurait respecté la douleur de la famille et que les vandalismes et la violence auraient cessé un moment. » Ils étaient nombreux à le penser en Grèce, d’autant que le matin, même si la tension était palpable, un semblant de calme était revenu. À l’aube, les forces antiémeutes s’étaient même retirées des alentours de l’École polytechnique où des centaines d’étudiants sont toujours retranchés. Toute la nuit, la police avait essayé de les déloger, en lançant des tonnes de gaz lacrymogènes sans succès. Ils ont tenu bon, tout comme ceux de l’Université de théologie et de philosophie à Thessalonique ou dans d’autres bâtiments universitaires du pays.

Pratiquement tous les centres villes présentaient mardi la même image de désolation. Vitrines brisées, banques incendiées, poubelles renversées et fumantes en plein milieu des rues. Des rues souvent barrées par des voitures calcinées qui coupent la route aux forces antiémeutes. Partout, la même odeur, celle du gaz lacrymogène qui se mêle aux incendies éteints. Partout des images de champs de bataille déserts avec des pompiers qui ne savent plus où courir pour éteindre le feu.  Quelques heures auparavant, le premier ministre Costas Caramanlis avait assuré, via la télévision, que « l’État protégera les propriétés des citoyens ». « La seule chose que nous, Grecs, avons vue, et ça fait trois jours que ça dure, ce sont des policiers charger des jeunes et pas un seul homme en uniforme courir après les vandales ; ça ne vous étonne pas ? », apostrophe dans la rue Caterina, une manifestante. « C’est pour créer un climat négatif contre nous, lance-t-elle, c’est pour que les commerçants se plaignent devant les caméras, c’est pour justifier leur violence ! »

« J’ai 75 ans et je n’ai jamais vu ça »

Si c’est le cas, la manœuvre a échoué, comme le prouvent les déclarations de Dimitri, retraité de 75 ans. Sa fille a un magasin dans le quartier huppé de Kolonaki, il a été dévasté. « On n’en est pas à voir ce qui est à moi ou à toi, dit-il sans colère, c’est tout le pays, Athènes, Thessalonique, Karditsa, Trikala, Rhodes, Corfou, c’est tout le pays qui explose, c’est la rage des Grecs qui déborde, j’ai 75 ans et je n’ai jamais vu ça. »  Les Grecs n’ont jamais vu ça. Jamais les émeutes traditionnelles du 17 novembre par exemple, qui marquent l’anniversaire du soulèvement des étudiants contre la dictature en 1973, n’ont dépassé le quartier symbolique d’Exarchai. Cette fois-ci, tout le centre d’Athènes est ravagé. Samedi soir, c’est l’immeuble où habite le président de la République qui a été en partie incendié. Dimanche, c’est toute l’avenue Alexandras qui traverse la ville qui a été détruite, lundi c’était au tour de la place de la Constitution, devant le Parlement, de flamber. Et mardi, c’étaient les quartiers d’Omonia de Patission et du Vieux Phalères. À Patras, dans l’ouest, 500 personnes ont attaqué le bâtiment de la direction de la police.  Pour limiter les dégâts, Costas Caramanlis a demandé aux syndicats de ne pas organiser mercredi une manifestation prévue depuis longtemps pour protester contre la vie chère et les réformes en cours. Demande vigoureusement rejetée. On ne voit pas comment le gouvernement conservateur, extrêmement fragilisé (il n’a qu’un siège de majorité au Parlement), et embourbé dans des scandales politico-financiers sans précédent, peut s’en sortir. « Qu’il commence par demander un réel pardon à la jeunesse, a déclaré Georges Alvanaos, député de gauche, qu’il augmente le budget de l’éducation, qu’il s’occupe des jeunes, ce sera un bon début. »

La Grèce ne sera plus jamais la même

Le seul politique à être allé au charbon est le maire d’Athènes qui, mardi, un masque sur le nez pour pouvoir respirer, organisait le nettoyage. Il a promis aux Athéniens « une ville blessée, certes, mais neuve » pour les fêtes. Il est peu probable que cela suffise pour faire oublier ces jours d’émeutes. Ces jeunes de 15 ans qui, alors que l’enterrement d’Alexis n’était pas encore fini, s’en sont violemment pris aux forces antiémeutes dans les rues adjacentes au cimetière, témoignent d’un très profond malaise.  D’un mal-être qu’Alexandre, professeur de maths, résume en deux phrases : « Le système ne fonctionne pas. Ils ont des heures et des heures de permanence, des profs manquent, une réforme chasse l’autre, ils bûchent, ils obtiennent des diplômes mais ils savent qu’ils ne pourront avoir qu’un petit boulot à 600 ou 700 €. Ils ne peuvent pas vivre avec ça, ils le savent. » Petros Markaris, écrivain, va plus loin. « Ce qui est arrivé était mathématiquement prévisible. Ces jeunes voient une corruption ambiante à tous les niveaux, une impunité totale de tous les magouilleurs qui s’enrichissent alors qu’eux n’ont pas droit aux miettes du gâteau. Si on veut sortir de cette impasse, martèle-t il, il faut s’en prendre réellement à la corruption. » Ce qui est certain, c’est que ces émeutes sont une fracture dans l’histoire du pays. Pour Georges Alvanos, la Grèce ne sera plus jamais la même. « On ne peut plus continuer comme ça. Il faut faire des changements profonds, et commencer pas démocratiser notre police. »

Grèce : affrontements en marge des funérailles de l’adolescent tué par la police

Des affrontements ont éclaté mardi après-midi entre des jeunes et les forces de l’ordre près d’un cimetière de la banlieue d’Athènes, en marge des obsèques de l’adolescent abattu par des policiers dont la mort a provoqué trois jours de violences urbaines dans toute la Grèce.  La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de jeunes jetant des pierres et mettant le feu à des poubelles près du lieu des funérailles. Environ 6.000 personnes étaient venues rendre hommage à Alexandros Grogoropoulos, l’adolescent abattu par des policiers samedi. Elles ont applaudi lorsque le cercueil blanc couvert de fleurs est sorti de l’église.  Les écoles et les universités grecques étaient fermées mardi, et des centaines d’enseignants, de professeurs d’université et d’étudiants ont rejoint le centre-ville d’Athènes pour dénoncer la bavure policière à l’origine des troubles. De violentes échauffourées ont continué d’opposer des centaines de jeunes aux policiers dans la capitale. Des affrontements similaires se sont aussi poursuivis à Thessalonique.  « Chaque jour, j’observe que les étudiants deviennent de plus en plus hostiles vis-à-vis de nous et des figures d’autorité », a affirmé Christos Kittas, doyen de l’université d’Athènes, qui a démissionné lorsque les émeutes se sont étendues aux campus.

Estimant que le gouvernement du conservateur Costas Karamanlis n’était plus à même de protéger la population, l’opposition a demandé des élections anticipées. « Le gouvernement ne peut pas gérer cette crise et il a perdu la confiance du peuple grec », a lancé le leader du Parti socialiste (PASOK) George Papandreou. « La meilleure chose qu’il peut faire est de démissionner et de laisser le peuple trouver une solution (…) Nous protégerons la population ».  Selon la police, environ 200 magasins et 50 banques ont été détruits à Athènes dans la nuit de lundi à mardi, tandis que 20 immeubles ont été endommagés par des incendies, dont certains hôtels du centre-ville, qui ont dû être évacués temporairement.  A Athènes, les émeutiers ont mis le feu à un millier de poubelles, selon le maire Nikitas Kaklamanis. Le grand sapin de Noël de la place Syntagma, en centre-ville, est parti en flammes. Dans le même temps, une centaine de commerces ont été endommagés à Thessalonique. Lundi soir, les forces de l’ordre ont annoncé 89 arrestations, ainsi que plus d’une centaine d’interpellations pour interrogatoire.

Des émeutes se sont aussi déclenchées en Crète, sur l’île de Corfou et dans plusieurs villes grecques.  Mardi, la Banque de Grèce a annoncé qu’un délai de 12 mois était accordé aux commerçants touchés par les émeutes, pour rembourser leurs prêts.  Ces émeutes, les pires qu’ait connues la Grèce depuis des années, ont éclaté samedi soir après le décès d’Alexandros Grigoropoulos, 15 ans, dans le quartier athénien d’Exarchia. Les circonstances précises de la mort de l’adolescent restent à éclaircir, mais les deux policiers impliqués ont été arrêtés, l’un inculpé pour meurtre, et l’autre pour complicité.  La colère qui a éclaté ce week-end couvait depuis longtemps, alimentée par les réformes économiques impopulaires initiées par le gouvernement de Costas Karamanlis. Son parti, la Nouvelle Démocratie, ne dispose actuellement que de 151 députés sur les 300 sièges que compte le Parlement.

Nuit d’émeutes en Grèce avant l’enterrement du jeune tué par la police

9 décembre 2008 – La tension persiste en Grèce, dans le quartier étudiant d’Athènes tout particulièrement. Après une nuit de violences, la troisième depuis la mort samedi soir dans la capitale grecque d’un adolescent, tué par un policier , les émeutiers et les forces de l’ordre s’y affrontent toujours mardi matin. Retranchés dans l’École polytechnique, près du Musée archéologique national, une centaine de jeunes continuent de harceler la police, qui riposte par des tirs de lacrymogènes.  87 personnes ont été arrêtées à Athènes. La plupart sont des fuyards qui ont dévalisé des magasins du centre d’Athènes. Douze policiers ont été blessés pendant les heurts et au moins dix personnes ont été hospitalisées pour des problèmes respiratoires après avoir respiré des gaz lacrymogènes tirés par les forces antiémeutes. Les pompiers ont dû intervenir à 190 reprises et ont éteint des incendies dans 49 immeubles de bureaux, 47 boutiques, 20 véhicules et 10 bâtiments abritant des services ministériels, ont indiqué de leur côté les pompiers. Par ailleurs à Salonique, la grande ville du nord de la Grèce, au moins 70 magasins, 5 véhicules et 7 banques sont partis en fumée. L’atmosphère devrait encore un peu plus s’alourdir mardi après-midi lorsque les obsèques du jeune garçon de 15 ans auront lieu. L’enterrement d’Alexis Grigoropoulos, 15 ans, aura lieu à 15 heures, heure locale – 14 heures en France – à Palio Faliro dans la banlieue de la capitale grecque.

Le calme est revenu à Salonique

Reste que, pour l’heure, le calme est revenu dans le reste du centre de la ville, théâtre depuis lundi soir et jusque vers 2 h 30, heure locale – 1 h 30 en France – de face-à-face musclés, d’actes de vandalisme et de pillages de dizaines de magasins, banques et équipements publics, dans une ambiance irrespirable. Mais jusque dans le coin chic de Kolonaki, les carcasses carbonisées de voitures, les alignements de vitrines brisées et les tas de poubelles fumants attestent de la rage des contestataires, que les policiers antiémeutes dispersés et sur la défensive ont échoué à contenir pendant des heures.  L’odeur de soufre est aussi retombée à Salonique et dans les autres villes gagnées lundi soir par le désordre : Patras, dans le Péloponnèse, Larissa, dans le centre, la Canée, en Crète, et Ioannina. Les incidents de lundi ont démarré en soirée, en marge de manifestations de protestation contre la bavure policière qui avaient réuni plusieurs milliers de personnes à Athènes et à Salonique, à l’appel de la gauche parlementaire.

Collèges et lycées fermés mardi

À l’issue d’un conseil ministériel de crise, peu avant minuit, le ministre de l’Intérieur, Prokopis Pavlopoulos, a défendu le travail des fonctionnaires, dont les médias dénonçaient l’inefficacité. « La police est présente et fait tout le nécessaire pour protéger la vie humaine et la propriété », a affirmé le ministre. Le Premier ministre conservateur, Costas Caramanlis, doit informer mardi de la situation le chef de l’État et les dirigeants de l’opposition parlementaire de gauche et d’extrême droite. Il a lancé un appel à l’unité de la nation et du monde politique contre les fauteurs de troubles.

Pour couper court aux rumeurs, le porte-parole du gouvernement a tenu à démentir lundi soir que ces rencontres visaient à la proclamation de la loi martiale. Dans un message télévisé à la nation, lundi, Caramanlis s’est engagé à ce que l’État mette fin aux scènes de guérilla, condamnant des « événements inacceptables et dangereux » qui « ne peuvent pas être et ne seront pas tolérés ». L’explosion de colère de la jeunesse vient affaiblir son gouvernement, déjà déstabilisé par une série de scandales et les retombées de la crise économique, et désormais devancé dans les sondages, pour la première fois depuis cinq ans, par le grand parti d’opposition socialiste Pasok.  Dans tout le pays, les collèges et lycées resteront fermés mardi en signe de deuil, sur décision du ministère de l’Éducation, et de nouvelles manifestations sont attendues. À Athènes, les élèves doivent participer à un grand défilé dans le centre-ville à la mi-journée, suivis des enseignants.

https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=801

https://berthoalain.com/2008/12/07/emeutes-en-grece-decembre-2008/

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