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9 Avril 1968 – Lancement la fusée-sonde Véronique en Guyane

9 April 1968 – 9 April 2018 : 50th anniversary of first launch from the Guiana Space Centre, Europe's spaceport – France-ScienceLe premier lancement depuis le Centre Spatial Guyanais (CGS), port spatial de l’EuropeGuiana Space Center: Europe's Spaceport | SpaceL’entrée en service du Centre spatial Guyanais (CSG), le 9 avril 1968, marquait le début d’une nouvelle ère pour l’aventure spatiale française (et européenne). Pourtant, à l’origine, le choix de la Guyane ne s’avérait pas si évident.Welcome to The Spaceport – SpaceportLancements au CSGImageC’est en 1964 que la décision est prise au plus haut niveau de l’État français avec le CNES, son agence spatiale : le futur de l’astronautique du pays, puis de l’Europe, se fera à partir de la Guyane. Un immense chantier commence afin de faire sortir de la jungle amazonienne le Centre Spatial Guyanais.Aerobee 170 Sounding Rocket | White Sands Missile Range Muse… | FlickrVéronique s’envole le 9 avril 1968

En 1964, la France est déjà une puissance spatiale en devenir puisqu’elle procède à des tirs de fusées depuis la base d’Hammaguir située en Algérie. C’est d’ailleurs depuis cette base qu’une fusée Diamant envoie le premier satellite français, Asterix, sur orbite le 26 novembre 1965. La France décroche alors la place de troisième puissance spatiale derrière l’Union Soviétique et les États-Unis. Mais au titre des accords d’Evian signés par la France et l’Algérie après la guerre, Hammaguir doit être évacué en 1967.De Véronique à la future Ariane 6, la saga des fusées - Outre-mer la 1èreAvec son ouverture sur l’océan Atlantique à l’Est et sa position à 5° au nord de l’équateur, le site de Kourou en Guyane française est sélectionné par le CNES comme l’endroit idéal. L’océan à l’est sera survolé par les lanceurs, assurant une retombée de leurs étages en dehors de toute zone habitée. Surtout, en étant proche de l’équateur, Kourou permet de bénéficier de l’effet de fronde apporté par la rotation de la Terre de façon bien plus notable qu’à Cap Canaveral en Floride (17 % de masse lancée en plus à puissance égale) ou Baïkonour au Kazakhstan (30 % de plus !).Histoire des fusées françaises en imagesJusqu’en 1967, la majeure partie des fusées sondes françaises était tirée depuis le Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux (CIEES), dans le Sahara algérien. Depuis ce centre, ont également été lancés entre novembre 1965 et février 67 nos premiers satellites à l’aide de Diamant A. Toutefois, l’indépendance algérienne en 1962 hypothèque l’avenir et incite les responsables politiques à ramener les essais militaires en métropole (Centre d’essais des Landes) et à chercher un autre site pour les lancements spatiaux civils. Mais où ?

Tirer des lanceurs depuis la métropole ?ImageDès lors que l’incertitude pèse sur l’avenir des champs de tirs sahariens, les responsables du spatial français se mettent en quête du site idéal pour lancer nos fusées en général, nos satellites en particulier. Il est même un temps envisagé de créer un centre spatial en métropole pour y lancer des fusées de moyenne puissance (sachant que pour des satellites plus lourds, nous ferions alors appel aux Américains puis, un peu plus tard, au lanceur européen). La région située entre Leucate et Le Barcarès près de Perpignan retient alors l’attention : celle-ci permettrait des tirs en direction de l’est au-dessus de la mer Méditerranée. Toutefois, ce site ne pourrait garantir une totale sécurité, lorsqu’une fusée-sonde quitterait sa trajectoire ou qu’un étage d’un lanceur de satellites retomberait sur une zone habitée (Corse, etc.). C’est la raison pour laquelle l’agence spatiale (CNES) confie en 1962-63 à Pierre Chiquet, le directeur du Développement, la mission de trouver un territoire mieux adapté.Which is the best engineering branch for me if I want to design spacecrafts and rockets at NASA? - QuoraLa recherche du site idéal.

Parmi les critères de sélection du nouveau site de lancement, il fallait notamment que celui-ci soit plus ou moins proche de l’équateur et ouvert vers l’est (pour profiter au mieux de la rotation de la Terre), ne mette pas en danger les populations, ait un minimum d’infrastructures (port, aérodrome…), ait un milieu climatique favorable, etc. Quatorze sites sont alors retenus en 1963 : les îles Seychelles (britanniques), l’île de la Trinité (Antilles britanniques), les îles Nuku-Hiva et Tuamotu (Polynésie française), les îles de la Désirade et de Marie Galante (Antilles françaises), la Guyane française, la côte française des Somalis (future Djibouti), Darwin en Australie, Trincomale à Ceylan (Sri Lanka), Mogadisque en Somalie, Port Etienne en Mauritanie, Belem au Brésil ou encore Fort Dauphin sur l’île de Madagascar. How many engineers does it take to build/assemble a rocket like Falcon 9 or Atlas V? - QuoraPour cette dernière proposition, précisons que dès 1957, une mission menée par le colonel Genty, du Comité d’Action scientifique de la Défense nationale (organisme qui soutenait alors le développement des fusées en France), préconisait d’installer une base de lancement à Madagascar, qui offrait une impressionnante fenêtre de tir pour différents types de satellisation et en toute sécurité. Faute d’intérêts à l’époque, il n’y a pas eu de suite…

Pourquoi la Guyane ?Le Centre Spatial Guyanais a 50 ans - lindependant.frLe Centre Spatial GuyanaisundefinedLe 14 avril 1964, le Premier ministre Georges Pompidou décide de retenir la Guyane qui répond aux critères attendus (et qui a l’avantage d’être française), à quelques exceptions près comme la distance avec la métropole –ce qui était aussi le cas pour la plupart des sites– et les problèmes d’infrastructures (faible capacité du port, manque de routes, etc.). Par ailleurs, le choix de la Guyane relève également de la géopolitique. En effet, implanter une base aux portes du « pré carré des États-Unis » permettait de faire comprendre que la France ne souhaitait pas une domination Américaine sur l’ensemble du monde américain. La France avait ainsi opéré dès le début des années 60 un rapprochement avec l’Argentine, où des fusées sondes françaises y étaient tirées depuis novembre 1962… Enfin, le choix de la Guyane relevait aussi d’un défi national : favoriser le décollage économique d’un département d’outre-mer quasi sous-développé qui, en plus, avait une mauvaise réputation en raison de son climat et de ses bagnes qui ont fonctionné de 1852 à 1946.History of the launch site in Kourou, French GuianaLa construction du CSG.undefinedSous la houlette du CNES, les travaux de construction du CSG commencent en 1965. Yves Sillard, responsable de la division Equipement du CSG au sein du CNES, sous la responsabilité de Pierre Chiquet, se souvient bien de cette époque : « Nous avions l’impression d’arriver dans un monde qui dormait très tranquillement (…) les routes étaient épouvantables (…) En termes d’infrastructures, au sens travaux publics du terme, on a tout fait nous-mêmes », sans compter qu’il fallait assainir la région de Kourou en démoustiquant… De plus, une nouvelle ville (Kourou) d’environ 5 000 habitants, avec les logements, villas, hôtels et commerces, devait être construite.ImagePour la base spatiale à proprement dite, des structures indispensables au bon fonctionnement étaient prévues : un centre technique, un centre de contrôle des opérations, un réseau de poursuite de radar et de télémesures près de Kourou (montagne des Pères) et à Cayenne, sans oublier un centre de météorologie… Précisons qu’il fallait également prévoir des sites de trajectographie et de télémesures en Afrique (Ouagadougou, Brazzaville, Pretoria), au Liban ou encore aux Canaries pour suivre le vol du futur Diamant B.Objectif lune avec Ares VEn trois ans, le pari de construire une base spatiale éloignée de la France de plus de 7 000 km est gagné ! Deux champs de tir sont aménagés : un pour les fusées sondes, un autre pour le nouveau lanceur de satellites Diamant B.The Evolution of SLS - Explore Deep SpacePrécisons qu’entre-temps la France a accepté que des lancements d’autres organisations soient effectués depuis la Guyane. Ainsi, en juillet 1966, l’ELDO consent à ce que le futur Europa-II (lanceur géostationnaire) y soit lancé…ImageVéronique, go !ImageLe 9 avril 1968, Véronique AGI-62 décolle avec succès et atteint l’altitude de 113 km. D’une longueur de 7,30 m, pour une masse de 1 342 kg, la fusée-sonde effectue un tir technologique consistant à récupérer l’ogive en mer. En effet, le milieu naturel n’étant plus le même, passant du désert algérien aux rives atlantiques, il était nécessaire d’adapter les technologies aux nouvelles conditions environnementales. Précisons que le modèle AGI était exploité depuis mars 1959, autrement dit depuis le quasi début de l’aventure spatiale française. Véronique assurait ainsi la transition entre deux époques…Blue Origin va construire la plus grosse fusée du monde - Sciences et AvenirQuant à Diamant B, le premier tir interviendra le 10 mars 1970, d’autres suivront puis, plus tard, après l’échec d’Europa II (5/11/1971), Ariane prendra la relève (24/12/1979), faisant du CSG un centre de renommée mondiale.

En Guyane, le CNES est propriétaire de la base de lancement et acteur clé du développement économique et social de la région, notamment au travers de sa convention avec l’Etat et la Région Guyane (CTG).Guyane française illustration de vecteur. Illustration du graphisme - 43839266

https://france-science.com/en/9-april-1968-ae-9-april-2018-50th-anniversary-of-first-launch-from-the-guiana-space-centre-europeaes-spaceport/

https://air-cosmos.com/article/il-y-a-50-ans-vronique-dcollait-depuis-la-jungle-guyanaise-2593

https://www.cite-espace.com/actualites-spatiales/csg-50/  

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