5 Janvier 1957 – Présentation de la «doctrine Eisenhower» aux États-Unis

Le président américain Eisenhower demande au Congrès d’envoyer des troupes au Moyen-OrientLa doctrine Eisenhower aux prises avec le nationalisme arabeLe 5 janvier 1957, le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, demande au Congrès de lui accorder l’autorisation d’apporter une aide financière ou militaire à un État du Moyen-Orient agressé par un pays contrôlé par le « communisme international ». Cette « doctrine Eisenhower » sera approuvée par les élus en mars.  La nationalisation du canal de Suez par le président égyptien Gamal Abdel Nasser et la crise qui suit, en octobre 1956, ont un grand retentissement au Moyen-Orient. Ces événements ajoutent aux tensions qui s’expriment dans cette région à l’endroit de l’Occident. Dans le contexte de la guerre froide, la baisse de l’influence franco-britannique, les rapprochements avec l’Union soviétique et la place de plus en plus importante occupée par le président Nasser et sa vision pan-arabiste inquiètent le gouvernement américain. La position stratégique du Moyen-Orient en matière d’approvisionnement pétrolier ajoute à cette inquiétude. Le 5 janvier 1957, le président Dwight Eisenhower, fraîchement réélu, aborde la situation devant le Congrès. Dans son discours, il demande à ce que l’on autorise le chef de l’État, qui est aussi le commandant en chef des forces armées, à utiliser la force nécessaire pour sécuriser et protéger l’intégrité territoriale et l’indépendance politique d’un pays du Moyen-Orient réclamant de l’aide contre une agression armée provenant d’un pays contrôlé par le « communisme international ». Eisenhower précise qu’un tel appui, qui peut également être économique, ne serait accordé qu’en réponse à une demande du pays concerné. Il ajoute que cette aide doit aussi respecter les traités et alliances auxquels les États-Unis adhèrent. Le président reconnaît que cette « doctrine », critiquée par l’Union soviétique, ne réglera pas tous les problèmes au Moyen-Orient. Malgré les réserves exprimées par des démocrates, elle recevra toutefois l’approbation du Congrès en mars. En juillet 1958, à la demande du président Camille Chamoun, des troupes américaines seront déployées en réaction au développement de tensions au Liban.La presse égyptienne, en particulier, a réservé des pages entières à des lettres de lecteurs qui donnaient leur avis sur le principe d’Eisenhower. Al Chaab, un journal à grand tirage, prétend avoir reçu plus de 68 000 lettres, dont trois seulement, provenant d’un grand avocat, d’un juriste et d’un étudiant, étaient favorables au projet du président américain. L’ambassade américaine au Caire a été envahie en quelques jours par plusieurs dizaines de milliers de personnes désirant obtenir des exemplaires du discours Eisenhower traduit en arabe. Des assemblées syndicales ou professionnelles ont tenu des réunions et ont condamné formellement et sans appel ce qu’elles considèrent les aspects « colonialistes » de la nouvelle politique américaine. Deux cents intellectuels égyptiens, comprenant les plus illustres romanciers, poètes, journalistes, cinéastes et artistes du pays, ont publié un manifeste appelant « les intellectuels honnêtes du monde entier à faire échec à la doctrine Eisenhower, moteur d’une troisième guerre mondiale ».Il est légitime de s’étonner devant ces violentes réactions anti-américaines après le rôle que Washington a joué pendant et après l’intervention franco-britannique en Egypte. On aurait pu s’attendre, en effet, que l’opinion publique arabe considère les Etats-Unis comme une puissance « anticolonialiste » au moins autant que l’Union soviétique. Normalement, les efforts du gouvernement américain pour obtenir d’abord un « cessez le feu » et ensuite la condamnation à l’O.N.U. de l’équipée Anglos-franco-israélienne auraient dû paraître aux yeux des Arabes beaucoup plus efficaces que la menace soviétique d’envoyer des volontaires en Egypte.À propos de la doctrine Eisenhower et la guerre froidePrononcé le 5 janvier 1957, le discours de la doctrine Eisenhower a changé à jamais les relations de l’Amérique avec le Moyen-Orient. Au lendemain de la crise de Suez, le président Dwight D. Eisenhower a déclaré avec audace que les États-Unis serviraient désormais de « protecteur de la liberté » de la région contre l’agression communiste. Dix-huit mois plus tard, le président a invoqué la doctrine Eisenhower, débarquant des troupes au Liban et créant un précédent durable pour l’intervention américaine au Moyen-Orient.  Comment Eisenhower a-t-il justifié cette intervention auprès d’un public américain méfiant face aux enchevêtrements étrangers ? Pourquoi a-t-il hardiment publié la doctrine qui porte son nom ? Et, plus important encore, comment la rhétorique d’Eisenhower a-t-elle continué d’influencer la politique américaine et sa perception du Moyen-Orient ?Aperçu de la doctrine Eisenhower Vous êtes-vous déjà demandé comment les États-Unis se sont impliqués au Moyen-Orient, qu’il s’agisse de mener des guerres en Irak et en Afghanistan ou d’envoyer de l’aide au Pakistan ? L’implication et les relations de l’Amérique avec les pays du Moyen-Orient remontent à la guerre froide et au développement de la doctrine Eisenhower.  En 1956, les États-Unis étaient en pleine guerre froide avec l’Union soviétique. Le président Eisenhower essayait de déterminer un moyen pour les États-Unis de faire preuve de force et de repousser la menace du communisme. Lors de la mise en œuvre de la doctrine Truman de 1947, les États-Unis ont promis d’énormes quantités d’aide économique et militaire à l’Europe, mais n’avaient aucune politique spécifique pour d’autres régions, comme l’Asie ou le Moyen-Orient.Histoire de la Doctrine

En 1956, un problème majeur de politique étrangère a émergé lors de la crise de Suez de 1956. Le canal de Suez en Égypte relie la Méditerranée à l’océan Indien et revêt une importance stratégique et économique considérable. À partir de 1875, lorsque le gouvernement égyptien a vendu ses parts de la société de contrôle à la Grande-Bretagne pour résoudre une crise de la dette, une société britannique a à la fois exploité et profité du canal.  Au cours des années 1950, Gamal Abdel Nasser, président de l’Égypte, a pris des mesures pour renforcer l’Égypte et en faire un exemple de nationalisme arabe dans la région. En 1956, il annonce son intention de nationaliser le canal de Suez. Cela signifiait que le canal serait entièrement contrôlé par l’Égypte et non par une société britannique. Mécontents de cette annonce, la Grande-Bretagne et ses alliés, la France et Israël, ont uni leurs forces pour envahir l’Égypte.  Les États-Unis ont été troublés par cette invasion et ont lancé un ultimatum : les trois nations devaient se retirer d’Égypte ou faire face à de graves conséquences. Les États-Unis craignaient également que l’Union soviétique n’utilise la crise comme raison d’intervenir et de prendre le contrôle de l’Égypte ou d’autres États arabes voisins. Face aux menaces américaines, les trois pays se sont retirés. La France et la Grande-Bretagne étaient gênées et perdaient le respect dans une région où les deux nations détenaient le contrôle et l’influence depuis des décennies.  L’invasion ratée de l’Égypte a laissé un vide de pouvoir au Moyen-Orient. L’administration d’Eisenhower s’inquiétait de savoir qui comblerait ce vide. Les pays suivraient-ils la voie nationaliste de l’Égypte ou se tourneraient-ils vers l’URSS pour obtenir un soutien ?

But de la doctrineEn réponse à la crise de Suez, le président Eisenhower a présenté sa doctrine en janvier 1957. La doctrine Eisenhower espérait protéger le Moyen-Orient de l’influence de l’URSS, tout en contenant la montée du nationalisme arabe. Il a déclaré que tout pays menacé de pressions indues de la part de l’URSS pouvait recevoir de l’aide des États-Unis. Le but de l’aide était « d’assurer et de protéger l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de ces nations demandant une telle aide contre une agression armée manifeste de toute nation contrôlée par communisme international ».  Les États-Unis voulaient assurer à leurs alliés arabes comme l’Irak qu’ils pouvaient toujours dépendre de l’Occident. Plutôt que de rejoindre l’URSS ou de se tourner vers Nasser et le nationalisme arabe comme solution, les nations du Moyen-Orient ont été encouragées à rester sans la sphère d’influence américaine.

Le président Eisenhower propose une nouvelle politique au Moyen-Orient le 05 janvier 1957 En réponse à la situation de plus en plus tendue au Moyen-Orient, le président Dwight D. Eisenhower présente une proposition au Congrès qui appelle à une nouvelle politique américaine plus proactive dans la région. La «doctrine Eisenhower», comme la proposition a rapidement été connue, a fait du Moyen-Orient un champ de bataille de la guerre froide. Les États-Unis pensaient que la situation au Moyen-Orient avait gravement dégénéré en 1956, et le dirigeant égyptien Gamal Nasser en était largement responsable. Les États-Unis ont utilisé le nationalisme anti-occidental de Nasser et ses relations de plus en plus étroites avec l’Union soviétique pour justifier le retrait du soutien américain à la construction du barrage d’Assouan sur le Nil en juillet 1956. Moins d’un mois plus tard, Nasser a pris le contrôle de Canal Suez. Cette action a provoqué, fin octobre, une attaque coordonnée des militaires français, britanniques et israéliens contre l’Égypte. Soudain, il est apparu que le Moyen-Orient pourrait être le site de la Troisième Guerre mondiale.

En réponse à ces développements inquiétants, le président Eisenhower a appelé à « une action conjointe du Congrès et de l’exécutif » pour faire face au « danger accru du communisme international » au Moyen-Orient. Plus précisément, il a demandé l’autorisation de lancer de nouveaux programmes de coopération économique et militaire avec des nations amies de la région. Il a également demandé l’autorisation d’utiliser les troupes américaines « pour garantir et protéger l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de ces nations ». Eisenhower n’a pas demandé d’affectation spécifique de fonds à l’époque ; néanmoins, il a indiqué qu’il demanderait 200 millions de dollars d’aide économique et militaire au cours de chacune des années 1958 et 1959. Seule une telle action, a-t-il averti, dissuaderait les «communistes avides de pouvoir» d’interférer au Moyen-Orient.

Alors que certains journaux et critiques étaient mal à l’aise avec la politique ouverte d’action américaine au Moyen-Orient (le Chicago Tribune a qualifié la doctrine de « maladroite »), la Chambre des représentants et le Sénat américains ont répondu par des votes écrasants en faveur de la proposition d’Eisenhower. La « Doctrine Eisenhower » a reçu son premier appel à l’action à l’été 1958, lorsque les troubles civils au Liban ont conduit le président de ce pays à demander l’aide des États-Unis. Près de 15 000 soldats américains ont été envoyés pour aider à réprimer les troubles. Avec la doctrine Eisenhower et la première action entreprise en son nom, les États-Unis ont démontré leur intérêt pour les développements au Moyen-Orient.

Doctrine Eisenhower : Contexte

Le 5 janvier 1957, en réponse à la situation de plus en plus tendue au Moyen-Orient, le président Dwight Eisenhower (1890-1969) a présenté une proposition à une session conjointe du Congrès américain appelant à une nouvelle politique américaine plus proactive dans la région. La doctrine Eisenhower, comme la proposition fut bientôt connue, a établi le Moyen-Orient comme un champ de bataille de la guerre froide (1945-1991). Les États-Unis estimaient que la situation au Moyen-Orient avait gravement dégénéré en 1956, et le dirigeant égyptien Gamal Nasser (1918-70) en était largement responsable. L’Amérique a utilisé le nationalisme anti-occidental de Nasser et ses relations de plus en plus étroites avec l’Union soviétique pour justifier le retrait du soutien américain à la construction du barrage d’Assouan sur le Nil en juillet 1956. Moins d’un mois plus tard, Nasser a pris le contrôle du canal de Suez. Cette action a provoqué, fin octobre, une attaque coordonnée des forces militaires françaises, britanniques et israéliennes contre l’Égypte. Soudain, il est apparu que le Moyen-Orient pourrait être le site de la Troisième Guerre mondiale.

Doctrine Eisenhower proposée : janvier 1957

En réponse à ces développements, dans une allocution du 5 janvier 1957 au Congrès, le président Dwight Eisenhower a appelé à « une action conjointe du Congrès et de l’exécutif » pour faire face au « danger accru du communisme international » au Moyen-Orient. Plus précisément, il a demandé l’autorisation de lancer de nouveaux programmes de coopération économique et militaire avec des nations amies de la région. Il a également demandé l’autorisation d’utiliser les troupes américaines « pour garantir et protéger l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de ces nations ». Eisenhower n’a pas demandé d’affectation spécifique de fonds à l’époque ; néanmoins, il a indiqué qu’il demanderait 200 millions de dollars d’aide économique et militaire au cours de chacune des années 1958 et 1959. Seule une telle action, a-t-il averti, dissuaderait les «communistes avides de pouvoir» d’interférer au Moyen-Orient.

Alors que certains journaux et critiques étaient mal à l’aise avec la politique ouverte d’action américaine au Moyen-Orient (le Chicago Tribune a qualifié la doctrine de « maladroite »), la Chambre des représentants et le Sénat américains ont répondu par des votes écrasants en faveur de la proposition d’Eisenhower. Doctrine Eisenhower et Liban: 1958 La doctrine Eisenhower a reçu son premier appel à l’action à l’été 1958, lorsque les troubles civils au Liban ont conduit le président de ce pays à demander l’aide américaine. Près de 15 000 soldats américains ont été envoyés pour aider à réprimer les troubles. Avec la doctrine Eisenhower et la première action entreprise en son nom, les États-Unis ont démontré leur intérêt pour les développements au Moyen-Orient.

https://www.history.com/this-day-in-history/eisenhower-proposes-new-middle-east-policy

https://study.com/academy/lesson/eisenhower-doctrine-definition.html

https://www.monde-diplomatique.fr/1957/03/ROULEAU/22114

https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/1291

https://www.history.com/topics/cold-war/eisenhower-doctrine