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4 Décembre 1974 – Jean-Paul Sartre rend visite au chef de la Fraction Armée rouge Andreas Baader en prison

Stammheim (1986) - Film | cinema.deEn 1975, s’ouvrait le procès de la bande à BaaderLernwerkstatt: Die Zeit der Roten Armee Fraktion (RAF)Jean-Paul Sartre : «Ce qu’il est con ce Baader !» [Par Daniel Cohn-Bendit, (Libération du 11 mars 2005)]https://www.liberation.fr/resizer/KWv_P7hcuZl-5OXDQKg8u8CedLo=/1440x0/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/CWAVLYNKOFR6NJRBRP7F3ER26Q.pngJe suis sûrement une des rares personnes à avoir fait la connaissance du monumental Jean-Paul Sartre avant même de savoir qui il était. Je devais avoir 8 ou 9 ans et j’avais rendez-vous au quartier Latin avec mon frère Gaby, de neuf ans mon aîné, pour une balade au Luxembourg. Sûrement un de ces petits jeux de pousse-pousse bateaux dont je raffolais tant. La veille, Gaby me confia que notre surprise-partie commune devait être remise sine die car il avait rendez-vous avec un des plus grands philosophes contemporains. The Baader Meinhof Complex (2008)Il faut savoir qu’il était secrétaire de la cellule philo de l’union des étudiants communistes, tendance opposition à la ligne du parti, et que le fameux plus grand philosophe avait accepté de participer à un débat organisé par ladite cellule, donc par mon frère. C’était ni plus ni moins Jean-Paul Sartre qui me confisquait mon après-midi récréatif pour préparer cette grande manifestation publique qui laisserait des traces dans l’histoire. ImageC’est ainsi que je découvris un intellectuel d’envergure qui allait, par ses écrits, par son engagement, par son art de vivre la liberté en public et en privé, marquer plusieurs générations, surtout celle de mon frère. Je me souviens de discussions dans un café parisien, auxquelles j’avais le droit d’assister les jeudis de liberté, où le couple Beauvoir-Sartre était encensé comme modèle révolutionnant la famille bourgeoise. Ce n’est qu’une quarantaine d’années plus tard que Françoise Sagan, lors de notre rencontre, me fit découvrir la réalité, on ne peut plus ambiguë, sur ce symbole de la liberté. Même s’il est vrai que, depuis les Mémoires d’une jeune fille dérangée, nous savions à quoi nous en tenir.Andreas baader Banque de photographies et d'images à haute résolution - AlamyDes années plus tard, le jeune gamin du lycée Buffon devint Dany le Rouge, héraut d’une révolte qui eut le mérite de réveiller la France et d’en rajeunir plus d’un, dont Jean-Paul Sartre, chargé par le Nouvel Observateur d’interviewer cet enragé inconnu du grand public. Si mes souvenirs ne me trahissent pas, nous nous retrouvâmes dans son appartement boulevard Raspail, et j’ignore encore lequel des deux fut le plus nerveux. A la relecture de cette interview, je donne l’impression d’être un agitateur plutôt cool et lui, un intellectuel plutôt exalté par ma jeunesse. Visiblement, l’insoutenable légèreté de mon insouciance et la lucidité de mes propos l’ont totalement dragué. Ce fut comme un coup de foudre, une rencontre qui nous a tous les deux marqués. C’est ainsi que, quelques mois plus tard, nous nous retrouvons, Simone, Jean-Paul et Marc Kravetz, Barbara, ma compagne de l’époque, et François George, piazza Navona à Rome, attablés à l’un de ces restaurants dont les Italiens détiennent le secret. Sartre veut tout savoir : les barricades, la révolte, l’avenir, la révolution. La pasta est al dente et le vin blanc suave. Il est question de nous proposer d’entrer au comité de rédaction des Temps modernes ce qui, pour ceux qui connaissent mon affection pour l’écriture, était une bonne blague. La soirée est extrêmement agréable, Sartre survolté et nous fiers de son intérêt.What Germany's Red Army Faction can tell the world about terrorAu bout de quelques heures scandées par les interventions pédantes et incessantes de Simone dans le rôle, comme on dirait, de «bobonne», lui rappelant qu’il devait se lever tôt le lendemain pour continuer à écrire, nous nous quittâmes joyeux et heureux. Dix ans plus tard, au détour des mémoires de Simone de Beauvoir, j’eus la désagréable surprise de lire que nous avions été, ce soir-là, d’affreux nostalgiques de la guéguerre révolutionnaire, incapables de discuter de choses sérieuses. Heureusement, les sourires et la joie du Sartre assis devant moi sont ancrés dans ma mémoire, ce qui me permet sans doute de ne pas prendre au sérieux la méchanceté de «tante» Simone…French philosopher and author Jean-Paul Sartre (m), lawyer of Baader-Meinhof Klaus Croissant (l) and..., Stock Photo, Picture And Rights Managed Image. Pic. PAH-2425226 | agefotostockLes années se suivent et ne se ressemblent pas ; l’élan révolutionnaire implose et les monstres du terrorisme squattent le devant de la scène. Les guerriers de la Fraction armée rouge (RAF), enfermés dans une super-prison de haute sécurité à Stuttgart, demandent au grand philosophe de leur venir en aide. A l’époque, toute la gauche française bien-pensante avait protesté contre l’extradition de Klaus Croissant, l’avocat d’Andreas Baader, et Sartre se laissa embarquer dans cette aventure précaire. Je fus chargé par Benny Lévy, son secrétaire, de lui servir d’interprète. Certains – de Gaulle – refusaient d’arrêter Jean-Paul Sartre, moi, je ne pouvais pas plus refuser cet honneur. Heureusement ou malheureusement, je ne sais trop, il me fut interdit d’accompagner le maître-penseur dans la cellule d’Andreas Baader. Mais à sa sortie, dans l’intimité de la voiture qui nous ramenait en ville, son diagnostic fut des plus crus : «Ce qu’il est con ce Baader !»Why You Shouldn't Trust A Philosopher's Love Advice | Here & NowJ’imagine la tête de Sartre quand ce «grand penseur» de la lutte armée lui fit une leçon de philosophie révolutionnaire justifiant attentats, meurtres et prises d’otages au nom des luttes de libération contre le capitalisme et l’impérialisme et, surtout, favorable à un partenariat privilégié avec l’Union soviétique et les services de renseignement des pays de l’Est. Le problème, c’est que Baader s’était trompé d’époque ; la pensée de Sartre n’était plus au temps des communistes et la paix mais se tournait vers la révolte des dissidents. Sartre fut cependant solidaire jusqu’au bout et il dénonça les conditions carcérales de Baader et de ses acolytes confinés à l’isolement. Epuisé, il reprit l’avion pour Paris, non sans jurer de ne pas s’y laisser prendre une seconde fois. Ce fut là ma dernière rencontre avec lui, et j’éprouve, aujourd’hui encore, ces sentiments mitigés de respect et d’admiration mêlés de révolte iconoclaste face aux contradictions de ses actes et de sa pensée. En fin de compte, s’il n’y a plus de grands intellectuels autocrates et autoritaires, ce n’est pas un mal mais plutôt une preuve que la pensée se démocratise.Det tyske marerittet blir film | ABC Nyheter«Automne allemand» Fraction Armée Rouge : quarante ans après, une cicatrice toujours ouverte ImageRetour sur la guérilla qui opposa les terroristes de la RAF au gouvernement de la RFA. Une histoire (ouest-) allemande qui devient, à mesure que le temps passe, un épisode singulier et troublé de l’histoire nationale. [Publié le 18 octobre 2017]Als der deutsche Rechtsstaat an seine Grenzen kam | NZZIl y a quarante ans tout justes, le 18 octobre 1977, on retrouvait les corps de quatre membres de la RAF (Rote Armee Fraktion) inanimés dans leur cellule du 7e étage de la prison de Stammheim, à Stuttgart. Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe sont morts par balles. Irmgard Möller survivra à ses blessures. Ce suicide collectif vient conclure cinq jours de violences qui ont marqué pour toujours l’Allemagne, sur fond de terrorisme d’extrême gauche, prise d’otages entre Majorque et la Somalie, et séquestration spectaculaire de grand patron allemand.Serie "Deutscher Herbst" - Die Spur der Terroristen führt nach Köln - Politik - SZ.deCinq jours plus tôt, en effet, le 13 octobre 1977, des membres du Front populaire de libération de la Palestine détournaient un avion, le vol 181 de la Lufthansa qui reliait Palma de Majorque à Francfort, au nom de la Fraction Armée Rouge. Le chef des terroristes de ce curieux attelage germano-palestinien exige alors la libération des onze prisonniers de la RAF détenus à Stammheim. Après bien des rebondissements, l’avion atterrit à Mogadiscio, en Somalie, le 17 octobre. Le 18, après un assaut des forces spéciales allemandes, 3 terroristes sont abattus et les otages libérés.ImageLe jour de la mort de Baader, le 18 octobre, Hanns Martin Schleyer, patron des patrons allemands, séquestré par la Fraction Armée Rouge depuis le 5 septembre, est assassiné. On retrouvera son corps à Mulhouse le lendemain. L’histoire retiendra donc que les deux ennemis, Baader, chef de la Fraction Armée Rouge, et Schleyer, le chef du patronat ouest-allemand (par ailleurs un ancien nazi, entré au parti dès 1933), sont morts le même jour. Voilà pour «l’automne allemand». Cette guerre entre la RAF et la RFA. Des terroristes d’extrême gauche en lutte contre un gouvernement sécuritaire. Quarante ans plus tard, que reste-t-il ?

Cologne, 5 septembre 1977 : enlèvement de Hanns Martin SchleyerTranscript Released of Sartre Visit to RAF Leader Andreas Baader - DER SPIEGELIl est 18h30 ce lundi 5 septembre. Escorté par une voiture de police, le patron des patrons allemands, Hanns Martin Schleyer, rentre chez lui en empruntant un itinéraire alternatif (il se savait menacer). Soudain, le cortège est contraint de ralentir. Un landau a été lancé devant la Mercedes de Schleyer. Instantanément plusieurs rafales de mitraillette partent d’un combi Volkswagen garé à proximité. Les deux policiers, le garde du corps de Schleyer, ainsi que son chauffeur, sont tués sur le coup. Le PDG est extirpé de sa voiture, placé dans le combi, qui démarre en trombe, poursuivi par des voitures de police. On le retrouvera plus tard, vide, dans le parking d’un immeuble de Cologne.

Dans la presse, c’est l’hébétude et la colère. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung estime que l’attentat de Cologne rappelle «le Chicago des années 20». L’hebdomadaire Der Spiegel condamne la violence de la RAF et écrit cette terrible phrase : «Les héritiers égarés de la révolte étudiante de 1967 se révèlent être comme des « enfants d’Hitler ».»  ImageDans Libération daté du 7 septembre 1977, Jean-Marcel Bouguereau écrit : «Les coups de pistolet-mitrailleur qui ont tué les trois gardes du corps et les chauffeurs de Hanns Martin Schleyer – le Ceyrac [alors patron du CNPF, ancêtre du Medef, ndlr] allemand – représentent sans doute dans l’histoire de la Fraction Armée Rouge un tournant décisif, dont on ne peut savoir aujourd’hui ce qu’il augure, car il ressemble à rien de ce que l’on connaissait jusque-là. Seuls les moyens employés de part et d’autre évoquent irrésistiblement la guerre.» Sévère envers le gouvernement dirigé par le chancelier social-démocrate, Helmut Schmidt, il ajoute : «Ce tourbillon sans fin où le « terrorisme » est secrété par des tendances autoritaires, dont il nourrit en même temps le développement, est le produit de l’illusion totalitaire selon laquelle on peut venir à bout de tous les conflits.» Il faut dire qu’à sa droite, le gouvernement subissait de fortes pressions. «Pendant toute la décennie 70, les conservateurs n’ont eu de cesse d’utiliser le terrorisme comme argument pour dénigrer les sociaux-démocrates, en disant « Ce gouvernement n’est pas assez ferme, il est trop proche des terroristes »», explique Christoph Classen, du centre d’histoire contemporaine de Potsdam.Panorama: Jean-Paul Sartre trifft RAF-Terroristen | ARD MediathekParis, 8 et 9 octobre 77 : une lettre de Schleyer dans Libération

Après avoir, au vingtième jour de captivité de Schleyer, adressé à Libération une photo de l’otage, la RAF envoie au journal une enveloppe. On y trouve une photo en couleur accompagnée des photocopies d’une lettre manuscrite en trois feuillets de Hanns Martin Schleyer. Il y critique les choix des autorités allemandes en ce qui concerne les négociations. «J’ai déclaré dans une première explication après l’enlèvement que la décision concernant ma vie est aux mains du gouvernement fédéral et j’ai ainsi accepté cette décision. Mais je parlais de décision et je ne pensais pas à cette incertitude continuelle dans laquelle je végète maintenant depuis un mois», écrit le patron des patrons ouest-allemands. Schleyer se dit inquiet, d’autant qu’il sait que la RAF n’hésite plus à exécuter ses otages, ce qui n’était pas le cas auparavant – en 1975, Peter Lorenz, chef de file de la CDU à Berlin, qui fut enlevé et échangé contre des prisonniers de la RAF, avait déclaré avoir été bien traité.1977 - May 21ST: Start of Trial Against Leading Members of Baader/Meinhof Group in Stuttgart On May..., Stock Photo, Picture And Rights Managed Image. Pic. ZUK-19600117-BAF-K09-2376 | agefotostockPourquoi Libération publie-t-il une telle lettre ? Serge July, le directeur du quotidien, détaille la démarche du journal dans un texte paru aux côtés de la lettre de Schleyer. «On vit une drôle d’époque. Aurait-on pu imaginer qu’un ancien nazi devenu patron des patrons allemand et l’un des principaux dirigeants de l’économie ouest-allemande utiliser Libération pour s’adresser à sa femme ? C’est la seconde fois que les ravisseurs s’adressent à Libération pour communiquer avec les autorités allemandes sans que leurs messages ne soient interceptés, censurés totalement ou partiellement dans les rédactions de la presse écrite, toujours soumise en ce qui concerne cette affaire à une collaboration directe avec le gouvernement. Cette situation qui met l’information dans la dépendance même relative du pouvoir politique interdit à la presse d’outre-Rhin de jouer son rôle. C’est donc tout à fait librement que nous publions ces documents relatifs à une affaire où le secret ne peut que nuire à un dénouement non sanglant. A l’inverse, le secret est, ici comme ailleurs, l’arme de tous ceux qui souhaitent une solution de force.»La RAF, Hanns Martin Schleyer et l′automne allemand, il y a 40 ans | International | DW | 05.09.2017La presse allemande de l’époque était-elle si muselée que cela ? «Il est certain, dit Christoph Classen, qu’en utilisant la presse française la RAF était assurée qu’aucune connexion ne serait faite avec le gouvernement allemand. Il est par ailleurs à peu près certain, par exemple, que des médias allemands connaissaient le plan gouvernemental pour libérer l’avion pris en otage à Majorque.» D’autant que si Libération a publié ces textes, le journal a surtout pris ses distances avec la bande à Baader en titrant, le 18 octobre 1977 : «RAF/RFA : la guerre des monstres» Mettre ainsi dos-à-dos gouvernement allemand et RAF a d’ailleurs profondément déplu à un certain nombre de lecteurs.

Majorque, 13 octobre 1977 : la prise d’otage du LandshutRote Armee Fraktion: So kam die RAF zu ihrem Namen - WELTLe 13 octobre 1977 à 11 heures, un avion décolle de Palma de Majorque pour Francfort avec à son bord 86 passagers et 5 membres d’équipage. Peu de temps après le décollage, quatre pirates de l’air prennent le contrôle de l’appareil et réclament la libération de dix membres de la RAF ainsi que de deux Palestiniens détenus en Turquie – et, accessoirement, 15 millions de dollars, pour la cause. Ils souhaitent se rendre à Chypre. Par manque de carburant, l’avion effectue une escale à Rome, et fait le plein. L’avion se rend à Beyrouth, mais l’aéroport est fermé ; puis Damas ; puis Bahreïn. L’aéroport accepte d’ouvrir ses pistes à l’avion. Après le ravitaillement, le Landshut décolle pour Dubaï. Les terroristes demandent d’être ravitaillés en eau, nourriture, médicaments et journaux. Le commandant Jürgen Schumann reçoit l’autorisation de descendre de l’appareil afin d’en inspecter l’état. À son retour, il est assassiné. Le copilote parvient laborieusement à décoller pour Mogadiscio. Le Landshut y improvise un atterrissage. Un ultimatum est fixé à 16 heures, si les prisonniers ne sont pas libérés à cette heure, le commando fera exploser l’avion. Sous la menace, le gouvernement ouest-allemand accepte de libérer les prisonniers, mais annonce au commando que leur transfert à Mogadiscio prendrait plusieurs heures. Aussi le commando accepte-t-il de prolonger l’ultimatum.

Finalement, les otages ont été libérés le 18 octobre 1977 à 2h07 par des membres des forces spéciales allemandes, associées à des commandos somaliens et à des soldats du Special Air Service britannique. Lors de l’assaut, quatre otages sont légèrement blessés, trois membres du commando tués et la dernière preneuse d’otages blessée. Quelques heures plus tard, les ex-otages s’envolent pour Bonn, où ils atterrissent dans l’après-midi… du 18 octobre.  Journal télévisé allemand de l’époque, qui raconte le dénouement de la prise d’otages.ImageStuttgart, 18 octobre 1977 : mort de Baader, Raspe, Ensslin 

On retrouve les corps de Baader, Ensslin et Raspe, morts par balles dans leur cellule de Stuttgart. De nombreuses personnes s’interrogent sur ce «suicide» collectif. La survivante, Irmgard Möller, mettra ensuite en cause le gouvernement. A tel point que les autorités ouest-allemandes, sentant la bourrasque du soupçon souffler sur leur nuque, invitent des médecins internationaux ainsi qu’Amnesty International à assister à l’autopsie. Quarante ans plus tard, d’ailleurs, il reste encore difficile d’expliquer rationnellement comment des gens considérés comme les ennemis publics numéros 1 de la RFA ont pu avoir accès à des armes telles que pistolets et couteaux dans un quartier pénitentiaire si hautement sécurisé.

Mulhouse, 19 octobre : découverte du corps de Hanns Martin Schleyer ImageA 17h30, le téléphone sonne à Libération. Au bout du fil, un homme qui se présente comme membre de la RAF. Voici son message : « Après quarante-trois jours, nous avons mis fin à l’existence misérable et corrompue de Hanns Martin Schleyer. Schmidt [le chancelier allemand, ndlr], qui dans son calcul a depuis le début spéculé avec la mort de Schleyer, peut en prendre livraison rue Charles-Péguy à Mulhouse. Sa mort est sans commune mesure avec notre douleur après le massacre de Mogadiscio. Nous ne sommes pas étonnés par la dramaturgie fasciste des impérialistes pour détruire les mouvements de libération. Le combat ne fait que commencer.» Le correspondant de Libé dans la région se rend à l’adresse indiquée, et y trouve une Audi. Dans laquelle, se trouve, en effet, le corps de l’otage.                     ImageQuarante ans plus tard, une cicatrice

L’«automne allemand» a fait, en quatre décennies, l’objet de nombreux films et documentaires. Il y a celui des réalisateurs du nouveau cinéma allemand, comme Fassbinder et Schlöndorff, l’Allemagne en automne (1978). Il y eut aussi le film, façon Hollywood, d’Ulli Endel, la Bande à Baader (2008). De nombreux témoignages et livres ont été publiés. Un épisode de cette institution allemande qu’est la série policière Tatort, a même été diffusé dimanche… Récemment, l’un des membres responsables de l’enlèvement de Hanns Martin Schleyer, Peter Jürgen Boock, a fait la couverture du Spiegel. Le titre : «C’est de la merde d’être un tueur». Boock est sorti de prison en 1998. C’était il y a près de vingt ans. L’année de la dissolution de la Fraction Armée Rouge.

Cette année, celle des 40 ans, est un peu particulière. En septembre, les autorités ont annoncé que le Landshut, l’avion détourné par les terroristes qui croupissait jusqu’ici au Brésil, serait rapatrié pour être exposé en Allemagne.LKA Terroristen - RAF Fahndungsplakat 2. Generation : Amazon.de: Küche, Haushalt & WohnenLe Landshut, pièce de musée ? Le temps a passé. «Il y a dix ans, pour les 30 ans, les choses étaient différentes, dit Christoph Classen. Organiser une exposition autour de la RAF pouvait susciter de vives protestations de la part des familles des victimes. Mais les plaies sont un peu moins à vif aujourd’hui.» En vérité, cet anniversaire semble susciter un intérêt limité en Allemagne. L’«automne allemand» n’est pas évoqué dans les cours d’histoire ; les jeunes générations ne savent pas ce que c’est ; les trentenaires ont bien entendu leurs parents en parler, mais sans plus de détails ; en somme, tout le monde a refermé le couvercle. «C’était une période très sombre pour la société allemande, lugubre. Il était difficile de garder son sang-froid, tout le monde perdait les pédales. Mais c’est quand même très loin», se souvient Daniel Cohn-Bendit, qui vivait à Francfort dans les années 70, au cœur de la scène «Sponti», déclinaison allemande d’un mouvement post-68 maoïste et libertaire.                                                       Meinhof Banque de photographies et d'images à haute résolution - Alamy «Le traumatisme a été dépassé, reprend le politique franco-allemand. Même moi, si vous n’aviez pas téléphoné, je n’aurais pas forcément fait attention à cet anniversaire. Peut-être les Allemands cherchent-ils à refouler. Peut-être que la bonne question serait, pourquoi ce refoulement ?» Une chose est sûre, cette histoire-là n’est plus une spécificité ouest-allemande, même si cela reste malgré tout relativement récent. «Après vingt-sept ans de réunification, dit Christoph Classen, il devient normal de raconter l’histoire de l’Allemagne comme un tout.»

En 1975, s’ouvrait le procès de la bande à Baader [Publié le 20/05/2015]

Le 21 mai 1975, quatre membres de la Fraction armée rouge dite «bande à Baader» comparaissent devant le tribunal de Stuttgart pour répondre des meurtres et attentats qui terrorisent depuis cinq ans la jeune République Fédérale d’Allemagne.jungle.world - Der verunglückte FamilienromanSymbole des «années de plomb», la RAF (Rote Armee Fraktion) est née en 1970 après l’évasion d’Andreas Baader organisée par la journaliste engagée Ulrike Meinhof. Le mouvement qui a théorisé le concept de «guérilla urbaine» dans son manifeste, prône la lutte armée contre l’impérialisme américain et plus largement le capitalisme. D’actions militantes, l’organisation clandestine passe rapidement aux attaques à main armée et aux attentats à la bombe. Andreas Baader, Ulrike Meinhof, Gudrun Ensslin et Jan Carl Raspe sont arrêtés dès 1972 mais la machine est lancée et s’emballe, les enlèvements et assassinats de juges, avocats ou patrons se multiplient et perdurent après la mort des fondateurs du mouvement en 1977. Ce n’est qu’en 1998, que la RAF prononce sa dissolution.

Lorsque s’ouvre le procès le 21 mai 1975, cela fait donc trois ans que le noyau dur de la bande à Baader est emprisonné suscitant les protestations de certains intellectuels de gauche qui, comme Jean-Paul Sartre venu rencontrer Baader, dénoncent la «torture par isolement» que subissent les accusés. Les prisonniers entament à tour de rôle des grèves de la faim et Ulrike Meinhof se suicide le 9 mai 1976. Après deux ans de procès, le jugement tomber le 28 avril 1977 : pour cinq meurtres et cinquante-quatre tentatives de meurtres, les accusés sont condamnés à la détention à vie. Six mois plus tard, après l’échec du détournement d’un Boeing de la Lufthansa par un commando de Palestiniens qui exigent la libération des anarchistes allemands, Baader, Raspe et Ensslin se suicident dans leur prison. Le lendemain, le 19 octobre, le dirigeant du patronat allemand Hanns Martin Schleyer enlevé le 5 septembre par la Fraction armée rouge est exécuté.Recherchen zur Todesnacht von Stammheim: Wie starben Ensslin, Baader und Raspe? - PolitikCes anarchistes qui font trembler l’Allemagne

C’est un procès extraordinaire qui commence aujourd’hui à Stuttgart. La personnalité des accusés, celle de leurs avocats, les formidables moyens mis à la disposition des forces de sécurité, la menace toujours possible d’un attentat : tout concourt à faire de ce mercredi 21 mai une journée hors du commun dans la jeune histoire de la République fédérale d’Allemagne.  Quatre accusés : deux hommes et deux femmes. Ils forment le noyau dur de la bande à Baader. Partisans d’un extrémisme total à la Bakounine ou à la Marighella, ils font encore peur, même sous les verrous. Ils ont été arrêtés en juin 1972 à Hanovre, à Hambourg et à Francfort au cours de rafles organisées par le ministre de l’Intérieur de l’époque. Ce sont Andreas Baader lui-même, Ulrike Meinhof, Gudrun Enssling et Jan Carl Raspe.  A 9 heures, ils pénétreront, si tout se passe bien, dans le tribunal, immense bâtiment de béton, véritable forteresse des temps modernes. Construit spécialement pour l’occasion, il est relié à la prison par un souterrain de 100 mètres. Coût des travaux: 12 millions de marks (2 milliards d’anciens francs). Les 4 anarchistes prendront place dans une cage de verre à l’épreuve des balles. Deux micros leur permettront de correspondre avec l’extérieur. Face à eux, les 4 juges et le président de la cour, le Dr Theodor Prinzing, 49 ans, connu pour ses nerfs d’acier et sa longue pratique des procès nazis. A droite et à gauche, les avocats. Au mur le symbole de la justice du Land de Bade Wurtemberg : trois lions noirs sur fond or, flanqués d’un côté d’une lionne ailée et de l’autre d’un cerf bondissant.                                       Stuttgart Dornhaldenfriedhof Grab von Ensslin, Baader, Raspe - so vorgefunden Mai 2019 Foto © Welz - Kunst und ReisenLa salle d’audience — 610 m2 — pourra accueillir 206 spectateurs dont 81 journalistes. Tout le monde sera contrôlé grâce à une sonde spéciale capable de détecter les objets métalliques et les engins explosifs. Cinq cents policiers et presque autant de bergers allemands veillent déjà sur le tribunal. Des barbelés ont été disposés autour de l’édifice et un filet antibombes en nylon spécial a été tendu au-dessus du toit. Les autorités sont sur les dents… On redoute même une attaque venue du ciel…  Mais qui sont vraiment ces 4 accusés qui font trembler l’opulente Allemagne ? A tout seigneur, tout honneur. Le premier d’entre eux, le plus connu en tout cas, est donc Andreas Baader en personne. Né en 1943 à Munich, fils d’un historien réputé, il végète dans le journalisme quand les révoltes étudiantes de 1968, menées par «Rudi le Rouge», éveillent en lui une conscience révolutionnaire jusque-là endormie. Sa rencontre idéologique avec Ulrike Meinhof fera le reste. On ne les appellera plus désormais que les nouveaux «Bonnie and Clyde».

Ulrike Meinhof : elle est le véritable cerveau de la bande. Agée, aujourd’hui de 40 ans, elle avait «tout plaqué» en 1968, son mari et ses deux jumelles, pour se lancer dans l’action violente. Ancienne chroniqueuse vedette du magazine érotico-gauchiste «Konkret», ex-militante du mouvement anti-atomique passée au terrorisme, elle sera aujourd’hui aux côtés de Baader dans la cage de verre du tribunal de Stuttgart.                                                                      Stammheim-Prozess - 1975 - Zeitstrahl | ZeitklicksMais qui donc a fait quoi ? 

Les deux autres accusés sont moins connus. Mais les charges qui pèsent contre eux sont tout aussi lourdes.  Gudrun Enssling, 34 ans, est la fille d’un pasteur qui a préféré les sirènes de l’anarchisme absolu aux doux cantiques des fables évangéliques. Elle a longtemps vécu avec un éditeur gauchiste, fils d’un poète nazi, qui s’est suicidé aux barbituriques. Elle a même tourné, en 1967 un film pornographique.

Jan Carl Raspe, enfin, est diplômé en sociologie. Né en 1944 dans le Tyrol autrichien, cet intellectuel à la dialectique redoutable a été arrêté à Francfort en même temps qu’Andreas Baader et Holger Meins. Ce dernier serait aujourd’hui aux côtés de ses compagnons s’il n’était mort dans sa cellule, le 8 novembre dernier, des suites d’une grève de la faim.  Voici les principaux acteurs de la pièce. Une pièce qui risque de se prolonger longtemps. Dans les milieux judiciaires, on parle de six mois au minimum, et d’un an et demi au maximum. Quelle sera l’attitude de Baader et de ses camarades ? Souverain mépris, contestation permanente ou refus de comparaître ? Une loi autorise en tout cas le président à poursuivre le procès même en leur absence.Prominenz auf dem Waldfriedhof DahlemL’acte d’accusation est épais.

L’acte d’accusation est épais. Il porte essentiellement sur les multiples attentats à la bombe commis entre le 29 septembre 1970 et le 7 juin 1972. Les quatre membres du noyau dur de la bande à Baader sont ainsi tenus responsables de la mort de cinq personnes, dont un policier de Kaiserslautern et trois soldats américains au quartier général U.S. de Heidelberg. On les accuse aussi d’avoir organisé une série de hold-up à main armée qui leur auraient rapporté au total plus de 500.000 marks (800.000 francs).

Mais si la justice dispose d’indices sérieux, elle ne tient aucune preuve formelle prouvant leur culpabilité. Et c’est là le grand paradoxe du procès, car personne ne peut croire à l’innocence des prévenus. Ulrike Meinhof écrivait d’ailleurs un jour : «les défenseurs de la société capitaliste, surtout les soldats et les policiers, ne sont que des sous-hommes contre lesquels tout est permis.»  Le président du tribunal examinera cinq cents témoins et experts et analysera plus de mille rapports. Son indice le plus sérieux a la taille d’un confetti. C’est un fragment d’une bouteille de gaz liquide utilisée dans l’attentat d’Heidelberg. II a été retrouvé dans la maison de Francfort où Baader a été arrêté. D’autre part, la plupart des actes terroristes commis dans la période considérée ont été revendiqués dans des lettres envoyées à divers journaux. Or, la police a retrouvé dans quelques-unes des «planques» du groupe, les machines à écrire qui ont servi à les taper. Il n’empêche : l’acte d’accusation ne peut jamais préciser «qui a fait quoi?».                                                                 Waldfriedhof Dahlem - Dahlem - Berlin, Berlin29 septembre 1970 – 1er janvier 1972 : vingt mois pendant lesquels les extrémistes ouest-allemands ont laissé derrière eux un sillage de poudre, de terreur et de sang.

Vingt-neuf septembre 1970 – 1er janvier 1972 : vingt mois pendant lesquels les extrémistes ouest-allemands ont laissé derrière eux un sillage de poudre, de terreur et de sang. Vingt mois pendant lesquels Baader et Ulrike Meinhof ont jeté les bases d’un mouvement qui, même décapité, vit toujours. L’assassinat du juge Drenkmann le 10 novembre dernier, l’enlèvement de l’avocat Peter Lorenz de Berlin, le 27 février, et l’affaire de Stockholm, le 25 mars, en ont fourni les preuves tragiques.  A la manière des tupamaros d’Amérique latine et des feddayine de «Septembre Noir», les terroristes, qui ont pris le relais de Baader, baptisent chacune de leurs opérations d’un nom ou d’une date symbolique. C’est le Mouvement du 2 juin 1967, intitulé ainsi en souvenir de l’étudiant Beno Ohnesonger, abattu ce jour-là par un policier, qui a revendiqué le rapt de Peter Lorenz. De même, c’est le Commando Holger Meins, du nom de l’anarchiste mort en prison des suites de sa grève de la faim, qui a fait sauter l’ambassade de la R.F.A. en Suède. Mais sous ces deux appellations se cache en réalité une seule et même organisation : la «fraction armée rouge»Dec. 10, 1974 - Jean Paul Sartre visits Andreas Baader in prison Stock Photo - AlamyAndreas Baader et Ulrike Meinhof l’avaient créé en mai 1970, au retour d’un séjour de trois mois dans les camps d’entraînement palestiniens de Syrie et de Jordanie. Dans le manifeste de la Fraction armée rouge on peut lire : «En liaison avec les révolutionnaires de tous les pays, et en particulier ceux du Tiers monde, nous devons nous attaquer par la violence aux institutions afin de détruire le système.» Les quatre accusés de Stuttgart seront assistés par huit défenseurs commis d’office et, théoriquement, une dizaine d’avocats de leur choix. Mais le nombre de ces derniers est sujet à caution, leur rôle dans l’histoire récente de la bande à Baader leur a valu et leur vaut encore de graves démêlés avec la justice et les autorités fédérales.  Me Haag, l’un d’entre eux, a disparu jeudi. Quelques jours auparavant, la police avait fouillé de fond en comble son étude, à la recherche d’un stock d’armes et de documents compromettants. Me Haag est passé, semble-t-il, dans la clandestinité. «J’abandonne le barreau, aurait-il écrit, pour me consacrer entièrement à la lutte contre l’impérialisme».

Günther Grass contre Jean-Paul Sartre

Maîtres Croissant, Groenewald et Stroebele viennent, pour leur part, de se voir interdire l’accès au procès. Le procureur général et la Cour d’appel de Stuttgart en ont décidé ainsi en vertu d’une loi entrée en vigueur le 1er janvier. Cette loi prévoit d’exclure de toute procédure juridique les avocats soupçonnés de «complicité» avec leurs mandants.  Les défenseurs de la bande à Baader sont soupçonnés depuis longtemps déjà de servir de «boîte aux lettres» entre les anarchistes emprisonnés et leurs camarades en liberté. Pour supprimer toute équivoque à l’avenir, le gouvernement a décidé, il y a une semaine, de faire surveiller désormais, sous réserve de l’approbation du Parlement, les rapports avocats-détenus. Un projet de loi qui fait déjà couler beaucoup d’encre, même si son application doit être limitée…

Complices ou non, les défenseurs des anarchistes ne se cantonnent pas dans une action «souterraine». En novembre dernier, après la mort de Holger Meins, ils avaient tenté d’émouvoir l’opinion publique sur le sort de leurs clients. Il s’agissait d’attirer l’attention sur «l’inhumanité» de leur détention, de dénoncer l’isolement cellulaire qui leur était imposé et enfin, de leur faire attribuer le statut de détenu politique au lieu du simple statut de détenu de droit commun. Jean-Paul Sartre s’était joint à eux.  L’affaire cependant a tourné court. Gunther Grass, écrivain de gauche, a aussitôt reproché au philosophe français de se faire «le complice frivole du renforcement de la droite en République fédérale». Quant au «Spiegel», hebdomadaire peu enclin aux compromissions, il a publié un article réfutant point par point les arguments des avocats. On a appris ainsi, photographies à l’appui, que chaque détenu de la bande à Baader, disposait dans sa cellule d’une armoire, d’un bureau, d’étagères, d’un poste de radio, d’une machine à écrire et de tous les journaux et livres de son choix. Beaucoup de prisonniers aimeraient bénéficier du même traitement…  La campagne n’a donc pas atteint son but. Baader et ses camarades sont, en fait, totalement coupés des masses qu’ils prétendent représenter. Ils ne peuvent compter sur aucun soutien dans la population, hormis celui de leurs quelques compagnons encore en liberté. Combien sont ces derniers ? Evalués à trois cent cinquante en 1972, ils ne seraient plus aujourd’hui qu’une quarantaine. Mais quarante anarchistes prêts à tout. L’Allemand moyen ne montre aucune pitié à leur égard. Quand le chancelier Schmidt a décidé de ne pas céder aux exigences du commando de Stockholm, sa cote de popularité a grimpé d’un seul coup de plusieurs échelons.

Tout renforcement des mesures de sécurité est bien accueilli. «Nous ne voulons pas d’un Etat policier» a dit un jour Willy Brandt, «mais nous ne voulons pas voir démolir notre démocratie.» Ceux qui reprochaient au gouvernement de s’être livré à une véritable «chasse aux sorcières» en interdisant l’accès de la fonction publique à de nombreux sympathisants gauchistes ou communistes, se font aujourd’hui plus silencieux. Les gens ont applaudi à l’extension des compétences de l’Office de protection de la constitution et de l’Office de la sûreté fédérale, décidée le 30 avril. De même, la création le 7 mai, d’une brigade antiterroriste a été considérée d’un bon œil.

Le procès des quatre membres du noyau dur de la bande à Baader pourrait fournir aux « desperados » ouest-allemands, l’occasion d’un gigantesque coup d’éclat. 

Après bien des échecs depuis deux ans, la police semble en tout cas avoir mieux assimilé les méthodes de lutte contre la guérilla urbaine. Elle multiplie les sorties nocturnes et les opérations «coup de poing». Le 29 avril, elle a arrêté à Berlin quatre des ravisseurs présumés de Peter Lorenz. Le 8 mai, à Cologne, au prix d’une sanglante fusillade, elle a pu mettre trois terroristes, connus et recherchés de longue date, hors d’état de nuire.

Mais à mesure que son action s’intensifie, les risques de représailles augmentent. Le procès des quatre membres du noyau dur de la bande à Baader pourrait fournir aux «desperados» ouest-allemands, l’occasion d’un gigantesque coup d’éclat. Personne, ici, n’écarte cette menace, Et l’on rappelle, avec une certaine crainte que des bouteilles métalliques contenant du gaz de combat ont été mystérieusement dérobées il y a quinze jours, dans une base spéciale de la Bundeswehr…

Chef de faction de l’Armée rouge Allemand, Andreas Bader (1943-1977)

Baader était un chef de la Fraction de l’Armée rouge, également connue sous le nom de Groupe Baader-Meinhof, une milice de gauche ouest-allemande.  Il a été condamné pour la première fois en 1968 avec sa petite amie, Gudrun Ensslin, pour avoir incendié un grand magasin à Francfort en signe de protestation contre «l’indifférence au génocide au Vietnam».

Les deux hommes se sont échappés après avoir été condamnés, faisant une tournée parmi des sympathisants de gauche ailleurs en Europe, avant de retourner tranquillement en Allemagne de l’Ouest. Après leur retour, Baader a de nouveau été arrêté en 1970.  Il s’est de nouveau échappé, cette fois après que la journaliste Ulrike Meinhof ait conçu une fausse interview. Lorsque Baader est arrivé avec des gardes armés, trois hommes armés sont intervenus et ceux qui seraient par la suite connus sous le nom de «Groupe Baader-Meinhof» se sont échappés par une fenêtre.  Après une formation en Jordanie avec le Fatah, Baader est retourné en Allemagne de l’Ouest où il a été impliqué dans des cambriolages de banques et des attentats à la bombe jusqu’à ce qu’il soit de nouveau arrêté en 1972.  Après un long procès, Baader a été condamné en 1977. Les efforts de la Fraction de l’Armée rouge pour sécuriser son libération ont été infructueux. Lorsqu’une dernière tentative, impliquant le détournement d’un vol de la Lufthansa, a échoué, Baader et les autres emprisonnés avec lui auraient convenu d’un pacte de suicide.  Bien qu’il y ait eu des questions depuis, l’angle de tir étant apparemment impossible pour Baader de se faire, et la question de savoir comment une arme à feu l’a fait à l’intérieur également ouverte, l’histoire du pacte de suicide est acceptée par la plupart.

Événements historiques

1968-05-14 Le chef de la RAF Andreas Baader condamné à 3 ans à Berlin-Ouest

14/05/1970 Andreas Baader, chef de la faction armée rouge militante de gauche, est libéré de prison après avoir purgé 2 ans à Berlin-Ouest

1972-06-01 La police ouest-allemande arrête le chef de la faction Armée rouge Andreas Baader

1974-12-04 Jean-Paul Sartre rend visite au chef de la Fraction Armée rouge Andreas Baader en prison

1977-04-28 Andreas Baader et des membres du groupe terroriste Fraction Armée Rouge (Baader-Meinhof Gang) emprisonnés à vie après un procès de près de 2 ans à Stuttgart, Allemagne

https://www.liberation.fr/planete/2017/10/18/fraction-armee-rouge-quarante-ans-apres-une-cicatrice-toujours-ouverte_1603706/

https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2015/05/20/26010-20150520ARTFIG00341-il-y-a-40-ans-s-ouvrait-le-proces-de-la-bande-a-baader.php

https://www.liberation.fr/culture/2010/04/17/ce-qu-il-est-con-ce-baader_621345/

https://www.onthisday.com/people/andreas-baader

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