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24 Décembre 1951 – La Libye accède à l’indépendance

ImageLe Royaume-Uni de Libye obtient son indépendance de l’Italie via l’ONULibye : Une première équipe de MSF est arrivée à Benghazi | Médecins Sans Frontières (MSF)De la domination turque à l’occupation italienne et proclamation de l’indépendanceLibyaIndependenceDay - Twitter Search / TwitterLa Libye, une ancienne colonie italienne occupée depuis la Deuxième Guerre mondiale par la France et le Royaume-Uni, proclame officiellement son indépendance le 24 décembre 1951. Lorsque la guerre de 1939-1945 se termine, la Libye est un territoire pauvre et peu peuplé – 1 million d’habitants – du Nord de l’Afrique dont les trois provinces sont occupées par le Royaume-Uni (Tripolitaine, Cyrénaïque) et la France (Fezzan). Une résolution de l’Organisation des Nations unies (ONU) prévoyant une tutelle britannique, française et italienne est rejetée en mai 1949. Elle est suivie par une proclamation d’indépendance de la Cyrénaïque qui pousse l’ONU à se prononcer, le 21 novembre 1949, en faveur d’un État indépendant, incluant les trois provinces, pour le 1er janvier 1952. La résolution est adoptée par 48 voix contre une, celle de l’Éthiopie, et neuf abstentions. ImageLe 24 décembre 1951, la Libye, une monarchie fédérale dont le souverain est Idriss 1er, devient le premier pays africain à accéder à l’indépendance depuis la fin de la guerre. Des élections législatives font de Mohammed Muntasser le chef du gouvernement. La Libye connaîtra un essor quelques années plus tard avec la découverte d’importantes ressources pétrolières.ImageDe l’Antiquité à l’occupation turque  Libya Changes Official Name - Political Geography NowLes Grecs désignaient sous le nom de « Libye » une vaste région d’Afrique aux limites indéterminées. Colonisé tour à tour par les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Vandales et les Byzantins, le pays tombe dans l’orbite arabe à partir de 643. Tandis que la Cyrénaïque garde une certaine importance comme zone de passage entre Alexandrie et Kairouan, et est islamisée par des tribus nomades venues de Haute-Égypte (XIe siècle) , la Tripolitaine passe dans la mouvance de Tunis ; la dynastie des Banu Ammar se maintient indépendante de 1327 à 1401.  Après l’occupation turque de Tripoli (1551), la piraterie d’État se développe sous l’impulsion de l’amiral turc Dragut. Pendant près de trois siècles, elle assure au pays l’essentiel de ses revenus et favorise l’émergence de la dynastie des Karamanli (Qaramanli) [1711-1835], qui se contentent de payer un tribut annuel au sultan. En 1835, les Turcs rétablissent leur autorité dans les provinces libyennes, sauf dans une partie de la Cyrénaïque, où s’installe la confrérie des Senousis. La reconquête ottomane demeure largement formelle et intervient au moment où se développe le puissant mouvement senousi.Libye – Le Parlement libyen décale les législatives en janvier | Tribune de GenèveL’occupation italienne

En 1911, l’Italie déclare la guerre à la Turquie et occupe la Libye, se heurtant à une très vive résistance des tribus arabes. Pendant la Première Guerre mondiale, l’Italie doit limiter son occupation à quelques points de la côte méditerranéenne. En 1919 et en 1920, les Italiens négocient un accord avec les Senousis ; mais, dès 1922, ils doivent lutter contre une révolte générale. Sous la direction du sénateur Volpi, du général De Bono et du maréchal Badoglio, la lutte se poursuit jusqu’en 1931. Les Italiens créent ensuite de nombreux centres de colonisation à proximité de la côte et intègrent la Libye au territoire national italien en 1939. Après la campagne de Libye (1940-1943), la France et l’Angleterre administrent le pays.PPT - Imperialism in Libya! PowerPoint Presentation, free download - ID:327929Depuis l’indépendance

Par le traité de paix de Paris du 10 février 1947, l’Italie renonce à ses droits, puis l’Organisation des Nations unies (ONU) décide, en 1949, d’accorder l’indépendance à la Libye, au plus tard en 1952. Une Assemblée nationale réunie en 1950 proclame roi Muhammad Idris al-Sanusi (→ Idris Ier), émir de Cyrénaïque, et promulgue une Constitution instaurant une monarchie héréditaire dans le cadre d’un État fédéral (7 octobre 1951). La Libye est déclarée indépendante le 24 décembre 1951.  En mars 1953, elle devient membre de la Ligue arabe. L’Angleterre reçoit en location plusieurs bases stratégiques, des aérodromes et le droit de maintenir des troupes dans le pays (1953). Les États-Unis édifient près de Tripoli la base de Wheelus Field, l’une des pièces maîtresses de la stratégie américaine en Méditerranée et au Moyen-Orient.  En 1963, une réforme constitutionnelle fait de la Libye un État unitaire, les trois provinces autonomes de Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan laissant la place à dix provinces. À l’extérieur, le royaume se range dans le camp des États arabes modérés.  Le développement de la production pétrolière s’accompagne d’accords avec les grandes compagnies. L’accord de 1965 avec Londres, confirmé en 1967, qui prévoit l’évacuation des troupes britanniques, marque l’affirmation du nationalisme libyen. En août 1967, un accord avec les États-Unis en vue de l’évacuation de la base de Wheelus Field confirme cette orientation.

La Libye du colonel Kadhafi Imperialism in Libya! Jason Matt Megan. Motivation for Imperialism The Italians invaded Libya October 3, 1911, attacking Tripoli, a province in Libya. - ppt downloadLe 1er septembre 1969 un groupe d’officiers pro-nassériens, dirigés par le capitaine Mouammar Kadhafi, renverse Idris Ier.  En quelques semaines, le nouveau « guide de la révolution », alors âgé de 27 ans, décrète la prise de contrôle de 51 % du capital des banques étrangères, promulgue une Constitution provisoire et lance la première de ses multiples tentatives d’union arabe. En quelques mois, il négocie l’évacuation des troupes britanniques et américaines, la nationalisation des biens italiens, prend le contrôle des sociétés pétrolières et fait relever les prix du brut. Il crée aussi des institutions calquées sur le modèle nassérien de parti unique.

L’installation de la Djamahiriyya arabeItalo-Turkish War - WikipediaParallèlement aux tentatives, avortées, d’unions arabes avec l’Égypte et la Syrie (janvier 1972), avec la Tunisie (janvier 1974), puis de nouveau avec la Syrie (septembre 1980), le jeune Kadhafi, promu colonel, lance, à partir d’avril 1973, une « révolution culturelle » afin de modifier profondément les structures sociétales, politiques et religieuses de son pays.  Les premiers comités populaires sont organisés sur la base des cellules du parti unique, l’Union socialiste arabe (USA), fermement canalisée par le Conseil du commandement de la révolution (CCR), dans l’optique d’une démocratie directe, exposée dans les deux premiers volumes du « Livre vert » publiés par le colonel en 1975-1978. Le Congrès général du peuple (Parlement) est constitué et, le 2 mars 1977, une Djamahiriyya (République) arabe libyenne populaire et socialiste, décrétée « État des masses », est proclamée, après l’abrogation de la Constitution de 1969, à laquelle se substitue une « Charte du pouvoir populaire ».  Cette idéologie est économiquement autogestionnaire : le petit commerce est supprimé, la propriété immobilière est limitée, les professions libérales, le secteur privé et le salariat disparaissent. Au plan religieux, le corpus des hadiths du Prophète est rejeté au bénéfice du seul Coran et de la seule charia. Le statut de la femme est modifié, la polygamie interdite.Image La révolution culturelle, étroitement contrôlée (les comités populaires sont doublés de comités révolutionnaires), se heurte à de nombreuses réticences (tentative de coup d’État militaire en août 1975), que le régime s’efforce de faire taire. Répression du mouvement étudiant en avril 1977, procès contre les dirigeants de l’ex-secteur privé en avril 1980, élimination des opposants en exil, regroupés dans un Front national de sauvegarde à Khartoum en 1981, puis dans un Front national pour le salut de la Libye en janvier 1992 à Londres.

Une politique extérieure agressive Italo turkish war hi-res stock photography and images - AlamyParallèlement à cette révolution interne, Kadhafi adopte, sur le plan extérieur, la théorie de la révolution mondiale.  Hostile à tout accord avec Israël (dès 1973, un avion libyen est abattu par la chasse israélienne au-dessus du Sinaï), le colonel se lance, à partir de 1975, dans une politique d’armement (achats d’armes à l’URSS et à la France), à laquelle il consacre 23 milliards de dollars en vingt ans.  Après les heurts frontaliers avec l’Égypte (juillet-décembre 1977), l’affaire du golfe de Gabès (1970-1982) et de Gafsa (janvier 1980) avec la Tunisie, et le saccage des ambassades françaises et américaines à Tripoli (1979), la Libye intervient dans tous les conflits (notamment en 1979 en Ouganda, puis au Soudan) et soutient tous les mouvements d’opposition armée en Afrique, au Proche-Orient et en Europe (IRA irlandaise et ETA basque, notamment). Ces engagements lui valent, à partir de 1981 (retrait de la compagnie Exxon) et surtout de 1986, l’opposition virulente des États-Unis, qui classent la Libye parmi les États soutenant le terrorisme international.  ImageLa politique africaine de Kadhafi ne donne pas de meilleurs résultats. En 1973, sur la base d’un litige colonial, la Libye envahit la bande d’Aozou, à sa frontière avec le Tchad. Le soutien actif de la Libye à des factions tchadiennes, le retrait français du Tchad en 1980, les projets d’union des deux pays en 1981 provoquent un conflit (juin 1983-mars 1987) qui aboutit à la déroute des armées libyennes et à un cessez-le-feu en septembre 1987. La bande d’Aozou ne sera replacée sous l’autorité tchadienne, par décision de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, qu’en 1994.

La fin des années 1980 – Développement des tensions  Libyans brace for election amidst uncertainty | Premium Times NigeriaLa fin des années 1980 constitue un tournant difficile : la chute des cours du pétrole provoque une crise économique et financière (chute de 60 % des recettes pétrolières entre 1980 et 1988), une baisse de la production, la désorganisation de l’économie, tandis que l’aggravation des frustrations sociales constitue un terrain propice à la montée de l’islamisme. La tension se développe, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tentative d’assassinat du colonel Kadhafi (8 mai 1984), rupture des relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne, rapports tendus avec la Tunisie et l’Égypte (expulsion de 100 000 ressortissants de ces pays en septembre 1985). Raid américain de représailles contre Tripoli et Benghazi, le 17 avril 1986, différend avec les Occidentaux lié à la construction d’une puissante usine d’armes chimiques à Rabta (1988), gel des avoirs libyens aux États-Unis et menace d’intervention militaire américaine, obstacles mis aux investissements libyens en Europe et en Asie, blocage des transactions commerciales, émeutes en janvier-mars 1989 (1 500 arrestations) et nouvelle tentative d’attentat islamiste en mai 1989.

La nécessaire réorientation du régimeLibya war hi-res stock photography and images - AlamyKadhafi, dont le pouvoir personnel s’est accentué, opte alors pour le pragmatisme économique et prône la libéralisation politique. En mars 1987, le petit commerce, les entreprises familiales, les services, les coopératives sont encouragés, les monopoles étatiques supprimés dans l’industrie et l’import-export, et le salariat autorisé, même si les salaires du secteur public restent bloqués. Parallèlement, l’armée est réorganisée, des prisonniers sont libérés, et les frontières sont rouvertes avec la Tunisie et l’Égypte.  L’effondrement du bloc socialiste prive la Libye de ses partenaires et l’oblige à améliorer ses relations avec l’Occident, avec les pays arabes modérés (fin du soutien au groupe palestinien d’Abou Nidal en octobre 1989), et avec le Maghreb : rapprochement avec le Maroc (entre 1984 et 1986), puis avec l’Algérie et la Tunisie (1987-1989), adhésion à l’Union du Maghreb arabe (UMA) en février 1989. Pour lutter contre son opposition islamiste, désormais dominante, Kadhafi crée en septembre 1989 un directoire de la révolution islamique mondiale.  Cette relative accalmie et l’amélioration de la situation intérieure (liée aux mesures d’austérité, de libéralisation, de privatisations et de remise en ordre de l’économie) permettent au Guide libyen de la révolution d’entreprendre une nouvelle lutte idéologique, en particulier contre la corruption et le gaspillage.

Les conséquences de l’affaire de Lockerbie et les effets de l’embargoLibya | History, People, Map, & Government | BritannicaEntre septembre et décembre 1991, Paris, Londres et Washington mettent en cause l’État libyen dans les attentats contre un avion de la Pan Am, le 21 décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, en Écosse (270 morts) et contre un DC-10 de l’UTA, détruit le 19 septembre 1989 dans le désert du Ténéré (170 morts).  La Libye est soumise à un isolement diplomatique croissant. Tandis que les Occidentaux et 30 000 ressortissants de l’ex-Union soviétique quittent le pays, elle réduit ses ambassades, retire ses avoirs en Europe et fait front aux attaques juridiques menées en Italie et en Allemagne contre tous ceux qui sont poursuivis pour avoir traité avec elle. Le pouvoir alterne manifestations populaires (attaques des comités contre les ambassades), missions diplomatiques et condamnation du terrorisme (le soutien aux mouvements d’opposition est abandonné en juillet 1992). En gage de bonne volonté, Tripoli accepte de révéler à Londres la nature et les modalités de son soutien à l’IRA. Elle en appelle à la CIJ (mars 1992), et propose maintes solutions juridiques, toutes rejetées.  Le 31 mars 1992, le Conseil de sécurité de l’ONU décrète un embargo aérien et militaire contre la Libye : entré en vigueur le 15 avril, renouvelé tous les quatre mois, il est aggravé en novembre 1993 avec le gel des avoirs financiers libyens à l’extérieur (quelque 21 milliards de dollars), avant d’être étendu aux biens d’équipement pétroliers. Le pays tente de surmonter l’embargo en passant de nombreux accords de coopération avec la Tunisie, l’Égypte et Malte.  Ces années de crise sont marquées par des phases d’extrême tension. Le colonel Kadhafi remettant en cause la politique d’unité arabe, débaptise la Djamahiriyya, qui, d’arabe, redevient libyenne, et en appelle, en 1944 puis en 1997, aux masses arabes par-delà leurs gouvernements, dont il admet difficilement qu’ils observent eux aussi l’embargo. Les frontières sont à nouveau fermées avec la Tunisie et l’Égypte en janvier 1993. Entre 1993 et 1995, des milliers de travailleurs étrangers (Thaïlandais, Égyptiens, Tunisiens), décrétés « fardeaux économiques » sont expulsés du pays. Idem pour quelque 20 000 Palestiniens, en représailles à la signature des accords d’Oslo et pour plus de 350 000 migrants subsahariens (Soudanais, Tchadiens et Maliens).Libya Independence Day Greeting Card, Banner with Template Text Vector Illustration Stock Vector - Illustration of patriotic, independent: 165658391Les étapes d’une réhabilitation internationale (1997-2010) Une diplomatie habile et active 

Dans ce contexte difficile, la diplomatie libyenne se révèle cependant très active et habile. Elle parvient à gagner à sa cause la Ligue arabe (qui décrète une levée partielle de l’embargo en septembre 1997), bientôt suivie par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), qui décide à son tour une levée partielle à partir de juin 1998.  L’intense activité diplomatique déployée à l’égard des États africains aboutit à la création de la Communauté des États sahélo-sahariens (COMESSA), regroupant une dizaine de pays (1997). Les compagnies de nombreux pays asiatiques (Chine, Iran, Corée, bénéficiaires de gros contrats), de la Russie et de certains pays européens, attirées par les fabuleuses réserves en hydrocarbures du pays, ont repris le chemin de Tripoli dès 1996. Des contacts sont noués avec Paris en 1997-1998 et des accords sont signés au niveau étatique au printemps 1998 avec l’Italie et l’Allemagne.

La levée de l’embargoEn février 1998, la CIJ, estimant que la convention de Montréal sur la sécurité aérienne n’enjoint pas à ses membres d’extrader leurs ressortissants, tranche en faveur de la Libye dans l’affaire de Lockerbie. Conforté, Tripoli annonce qu’il ne respectera plus l’embargo. En août, Washington et Londres finissent par se ranger à la proposition libyenne de 1992, consistant à faire juger les deux suspects libyens de Lockerbie à La Haye. La remise de ces derniers à la justice écossaise (avril 1999), entraîne la suspension par le Conseil de sécurité de l’ONU de l’embargo aérien et militaire ainsi que du gel des avoirs financiers libyens, immédiatement suivi par l’Union européenne qui, elle, maintient l’embargo sur les exportations d’armes.Libya country profile - BBC NewsLe retour de la Libye sur la scène internationale 

Ces décisions amorcent le retour progressif de la Libye sur la scène internationale. Après avoir poussé à la création de l’Union africaine (UA) – dont l’acte constitutif est adopté en 2001 –, la Libye accède, grâce au soutien des États africains, à la présidence de la Commission des droits de l’homme de l’ONU (janvier 2003). Reconnaissant sa responsabilité dans l’attentat de Lockerbie et acceptant d’indemniser les familles des victimes (août 2003), elle voit la levée des sanctions qui lui sont imposées depuis 1992 (résolution 1506 du 12 septembre 2003 adoptée par 13 membres du Conseil de sécurité sur 15, la France et les États-Unis s’abstenant).October 23: Liberation DayEn décembre 2003, peu après la capture de Saddam Husayn par l’armée américaine en Iraq et la mise au jour par les services secrets américains du programme nucléaire libyen, la Libye s’engage à démanteler, sous contrôle international, ses programmes d’armes chimiques, biologiques et nucléaires. Elle ratifie l’année suivante le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et signe le Protocole additionnel au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  En avril, les États-Unis lèvent leurs sanctions et, dans la foulée de la visite officielle de Kadhafi à Bruxelles, l’UE lève ses sanctions économiques et son embargo sur les armes en octobre. Depuis, les échanges commerciaux reprennent avec ce pays décidé à financer de grandes infrastructures grâce à sa rente pétrolière. La normalisation des relations entre les États-Unis et la Libye intervient en mai 2006 avec l’ouverture d’une ambassade à Tripoli et le retrait de la Libye de la liste des États soutenant le terrorisme.  En 2007, la Libye, devenue un partenaire sur la scène diplomatique, accueille une conférence internationale pour le règlement de la crise au Darfour en avril-mai et se résout, en juillet, à libérer les cinq infirmières bulgares et le médecin palestino-bulgare qu’elle détenait depuis 1999. Après avoir participé au sommet UE-Afrique à Lisbonne, Kadhafi effectue une tournée européenne qui le mène en France, en Espagne et en Italie en décembre. En août 2008, un accord d’amitié et de coopération est signé à Benghazi avec l’Italie – l’ancienne puissance coloniale présentant ses excuses à l’État libyen et s’engageant à lui verser 3,4 milliards d’euros au titre de dédommagements.

La rencontre à Tripoli de la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, avec le Guide libyen (septembre 2088) – la première visite en Libye d’un chef de la diplomatie américaine depuis 55 ans – puis la nomination d’un ambassadeur américain, parachèvent le retour de l’ex-paria sur la scène internationale. Dans le même temps, la Libye siège, à compter du 1er janvier 2008, pour deux ans, au Conseil de sécurité de l’ONU.  En février 2009, M. Kadhafi est élu à la présidence de l’UA, tandis qu’en juin, scellant l’accord historique signé avec l’Italie, il est reçu à Rome pour sa première visite officielle depuis 1969.

Le durcissement du régime  Libya Maps & Facts - World AtlasÀ l’intérieur cependant, le régime poursuit la lutte idéologique et démontre ses capacités de résistance. Aux multiples tentatives d’assassinat du Guide de la révolution (dont la dernière, en juin 1998, est démentie par les autorités), d’insurrection militaire ou islamiste, le régime répond par une fermeté implacable. En 1993, la répression de la rébellion des Warfallah, la plus importante tribu libyenne en nombre, vivant au centre-est du pays, fait 1 200 morts. À la longue litanie des arrestations (5 000 en juillet 1995 ; 1 217 en 1997), s’ajoutent les morts, les incarcérations sans jugement, les détentions illégales, le non-respect des conventions internationales sur les droits de l’homme, la poursuite des opposants en Grande-Bretagne, en Allemagne et même au Caire, où un ancien ministre des Affaires étrangères est enlevé en novembre 1993.

Un assouplissement intérieur relatif accompagne la réhabilitation de la Libye au plan international, avec la libération, en octobre 2002, de plus d’une centaine de prisonniers politiques. La politique de décentralisation, mise en œuvre en 1992, se radicalise en 2000 avec la suppression d’un grand nombre de ministères, dont les prérogatives sont confiées aux cellules provinciales des comités populaires.  En 2008, le chef d’État libyen franchit une nouvelle étape sur la voie de la « démocratie directe », en annonçant la suppression de toutes les administrations (à l’exception des ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de la Sécurité et de la Justice). Il entend ainsi lutter contre la corruption en donnant « directement l’argent aux gens pour gérer leurs affaires eux-mêmes ».  En septembre 2009, entouré de nombreux chefs d’État et de gouvernement, en majorité d’Afrique noire (la plupart de ceux qui ont participé au sommet exceptionnel de l’UA organisé la veille à Tripoli, dont Umar al-Bachir) mais aussi de certains pays arabes et d’Amérique latine (Hugo Chávez, invité d’honneur), Kadhafi célèbre avec faste ses 40 ans de pouvoir sans partage. La plupart des pays africains accueille avec soulagement la fin de son mandat à la tête de l’UA (janvier 2010), tandis que son projet d’instaurer des « Etats-Unis d’Afrique » sous sa coupe est complètement éludé à l’occasion du 15e sommet de l’organisation à Kampala en juillet.

De l’insurrection à la guerre civile

À partir du 15 février 2011, prise en tenaille entre les révolutions tunisienne et égyptienne, la Libye est à son tour gagnée par un soulèvement de son peuple contre l’injustice à laquelle il est soumis depuis de longues années.  Provoquée par l’arrestation d’un avocat, Fathi Tirbil, qui, depuis 2008, milite pour la défense des droits de l’homme à Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de l’opposition libyenne, l’insurrection se propage rapidement et gagne en quelques jours la totalité de l’est du pays. Les insurgés – des chabab (jeunes) – inexpérimentés, inorganisés et sous-équipés, reprennent le drapeau rouge, noir et vert de l’indépendance et veulent renverser le colonel Kadhafi.  Lâché par une partie des tribus et de l’armée, ce dernier choisit la répression brutale et menace l’opposition d’un « bain de sang ». Les exactions commises par les troupes gouvernementales, appuyées par des mercenaires subsahariens, s’avèrent particulièrement meurtrières à El Beida, Derna et Benghazi, et provoquent la démission de plusieurs responsables libyens (ministres de l’Intérieur et de la Justice, militaires et diplomates). Excluant d’emblée toute intervention sur le terrain, la communauté internationale déclare illégitime le régime du colonel Kadhafi, adopte des sanctions lourdes contre le pouvoir libyen (résolution 1970 du Conseil de sécurité de l’ONU, à l’initiative de la Grande-Bretagne et de la France, 26 février) et saisit la Cour pénale internationale (CPI) sur d’éventuels crimes contre l’humanité. La Libye est suspendue de la Ligue arabe puis du Conseil des droits de l’homme, par un vote unanime de l’Assemblée générale des Nations unies (2 mars).  L’opposition, regroupée depuis le 27 février au sein d’un Conseil national indépendant, dirigé par l’ex-ministre de la Justice, Moustapha Abdeljalil, appelle l’ONU à instaurer une zone d’exclusion aérienne en Libye.  Le clan Kadhafi, refusant d’abandonner le pouvoir, invoquant la thèse du complot et accusant al-Qaida d’être à l’origine de l’insurrection, contre-attaque. La Libye entre dans la guerre civile. Du 6 au 15 mars, les villes de Ben Jawad, Ras Lanouf, Brega, Ajdabiya sont, une à une, reprises par les forces loyales, ouvrant la route vers Benghazi….                                                                Protesters Hit By Hail Of Gunfire In Libya March | WBUR News

https://www.jeuneafrique.com/187678/politique/24-d-cembre-1951-la-libye-acc-de-l-ind-pendance/

https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Libye_histoire/187023

https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/301

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