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12 Janvier 1953 – Le procès du massacre d’Oradour-sur-Glane, symbole de la barbarie nazie débutait à Bordeaux

ImageOradour-sur-Glane : village martyr – Les restes visibles de la brutalité nazie.ImageLes SS massacraient les habitants d’Oradour-sur-GlaneImageMassacre d’Oradour-sur-Glane en 1944 : «Je doute qu’un SS soit un jour condamné».

Récit du massacre d’Oradour-sur-Glane

Le 12 janvier 1953, le tribunal militaire de Bordeaux ouvrait le procès des accusés du massacre d’Oradour commis en juin 1944. Cinq semaines d’audience relatées on peut lire : « Le 10 juin 1944, dans d’atroces circonstances, le village d’Oradour-sur-Glane et ses habitants étaient rayés du monde des vivants. Des acteurs de cette horrible tragédie comparaîtront le 12 janvier devant le tribunal militaire de Bordeaux. » En ce lundi 12 janvier 1953, à 14 heures, sous la présidence du conseiller à la cour Marcel Nussy Saint-Saëns, les débats se sont donc ouverts. Prévus initialement pour durer quinze jours, ils se sont étalés sur cinq semaines.

Andreas Brendel, procureur général de Rhénanie-du-Nord-Westphalie chargé de la poursuite des crimes nazis, a enquêté sur le massacre d’Oradour, le 10 juin 1944. Il admet que la probabilité d’un procès en Allemagne est quasi-nulle, faute de preuves suffisantesLe massacre d’Oradour-sur-Glane, perpétré quelques jours après le débarquement de Normandie, est le symbole de la barbarie nazie en France. Le 10 juin 1944, une centaine de soldats de la 3e compagnie du régiment « Der Führer » appartenant à la division SS « Das Reich » engage une expédition punitive. Ils détruisent le village de Haute-Vienne en exécutant 642 civils dont plus de 400 femmes et enfants brûlés dans l’église.  Un village laissé en l’état par la volonté du Général de Gaulle, pour que les générations suivantes se souviennent, et où aura lieu aujourd’hui, comme chaque année le 10 juin, une cérémonie « sobre et immuable ».Sequence of events during the Oradour-sur-Glane massacre on 10 June 1944En 1953, 13 Alsaciens enrôlés de force dans la division SS (les « Malgré-nous ») ont été condamnés à Bordeaux (Gironde). Du côté allemand, on ne compte qu’un seul procès, dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, celui de Heinz Barth, condamné en 1983 à perpétuité en RDA et libéré en 1997 pour raison de santé. Il a pu néanmoins toucher une pension « d’invalide de guerre » jusqu’en 2000, avant qu’on la lui supprime. En République fédérale (Allemagne de l’Ouest), aucun responsable n’a jamais été condamné ou extradé vers la France. L’ouverture d’une enquête en 2010 contre six anciens membres de la 3e compagnie du régiment « Der Führer » n’a jamais abouti, faute de preuves. La cour d’appel de Cologne a confirmé en 2015 la suspension d’un volet de l’enquête, mais le procureur Andreas Brendel, chargé de la poursuite des crimes perpétrés par les nazis, a continué ses poursuites.10 juin 1944 – Le martyre d’Oradour-sur-GlaneLe matin du 10 juin 1944, des chenillettes chargées de soldats allemands s’arrêtent à Oradour-sur-Glane. Cette bourgade paisible, proche de Limoges, compte au total 1200 habitants.  La compagnie qui vient d’y pénétrer appartient à la division SS Das Reich du général Lammerding qui a, la veille, pendu 99 otages dans la ville voisine de Tulle.  Les Allemands ont été attaqués dans les jours précédents par les maquisards qui veulent freiner leur remontée vers la Normandie où les Alliés viennent de débarquer. En guise de représailles, le général Lammerding ordonne à la compagnie de détruire Oradour-sur-Glane. La compagnie SS compte environ 120 hommes qui se sont déjà illustrés en Russie dans l’extermination des populations civiles.  En début d’après-midi, le bourg est cerné et la population rassemblée sur le champ de foire sous le prétexte d’une vérification d’identité, sans oublier les enfants des écoles.  Les SS agissent dans le calme et la population s’exécute sans broncher.ImageLes hommes sont séparés des femmes et des enfants. Ils sont divisés en six groupes et enfermés dans des granges, sous la menace de mitraillettes. Vers 16 heures, les SS tirent des rafales et tuent les malheureux en quelques secondes. Puis ils mettent le feu aux granges bourrées de foin et de paille où gisent les cadavres.  Pendant ce temps, les femmes et les enfants sont enfermés dans l’église et des SS y déposent une caisse d’explosifs et de la paille. Le feu commence de ravager l’édifice. Pour s’assurer de l’extermination de tous les occupants, les SS leur tirent dessus.  Leur forfait accompli, ils pillent le village et achèvent de l’incendier. Au total, ils laissent 642 victimes. Parmi elles 246 femmes et 207 enfants, dont 6 de moins de 6 mois, brûlés dans l’église. Oradour-sur-Glane est devenu en Europe occidentale le symbole de la barbarie nazie."Watches. Some have been stopped by the heat of the fires. They mark the last hour of these men: 16:00–17:00."Oradour-sur-Glane : village martyr – Les restes visibles de la brutalité nazie.ImageAvant la guerre, Oradour-sur-Glane était une commune rurale tranquille du centre de la France. En 1944, le village a été laissé en ruines après que les troupes allemandes de la Waffen-SS aient massacré 642 hommes, femmes et enfants avant de brûler le village. Aujourd’hui, les touristes peuvent visiter la vieille ville d’Oradour où des murs en ruine, des voitures et d’autres articles ménagers sont restés intacts au cours des 74 dernières années. Les ruines de ce village rappellent les atrocités nazies subies non seulement par les Français mais aussi par d’autres populations civiles confrontées à l’oppression nazie. ImageLe groupe responsable des crimes odieux commis à Oradour était le régiment Der Führer, une branche de la 2e SS Panzer Division Das Reich. Das Reich est arrivé en France en tant qu’unité de réserve en janvier 1944 après avoir passé deux ans sur le front de l’Est, où ils se sont engagés dans des combats et ont été chargés de réprimer la résistance partisane soviétique. Das Reich était sous le commandement du SS-Obergruppenführer (major général) Heinz Bernhard Lammerding. Pendant son séjour sur le front de l’Est, Lammerding a ordonné plusieurs représailles contre des citoyens soviétiques pour des actions partisanes réelles ou perçues. Ces représailles impliquaient le meurtre de dizaines de milliers de civils soviétiques ainsi que l’incendie de nombreux villages.

Suite à l’invasion alliée du 6 juin en Normandie, Das Reich s’est vu confier une nouvelle mission pour soutenir les forces allemandes combattant dans le nord de la France. La Division a également reçu l’ordre de réprimer tout maquis (groupes de guérilla de résistants français) tout en intimidant simultanément la population et en réaffirmant le contrôle allemand sur le centre et le sud de la France. Une fois les ordres reçus, la division a commencé à se déplacer vers le nord en direction de la Normandie. Le matin du 10 juin 1944, quatre jours seulement après le jour J, les citoyens d’Oradour se sont réveillés avec ce qu’ils pensaient être un autre jour normal. Pendant la guerre, Oradour n’a pas connu beaucoup d’action et les habitants de la ville ont vu peu d’Allemands traverser la ville. Vers 14 heures, sous le commandement du SS-Sturmbannführ er (Major) Adolf Diekmann, entre 120 et 200 soldats du régiment Panzer Der Führer ont encerclé la ville en bloquant toutes les entrées et sorties.ImageLe crieur public a été envoyé pour relayer le message que tous les citoyens, y compris les malades et les personnes âgées, devaient se présenter au centre du marché de la ville. Des voitures blindées ont rassemblé des citoyens qui travaillaient dans les champs et en une heure, les Allemands avaient rassemblé tous les villageois qu’ils pouvaient trouver au centre du marché. La plupart des citoyens étaient d’abord indifférents, pensant que les Allemands étaient arrivés pour un contrôle d’identité de routine. Il ne fallut pas longtemps avant que les citoyens se rendent compte que rien dans cet exercice n’était routinier.ImageTout d’abord, les troupes SS ont séparé les hommes des femmes et des enfants. Un officier a annoncé aux hommes qu’il avait connaissance d’armes et de munitions cachées, et que celui qui les cachait devait s’avancer immédiatement. Cette accusation n’était pas fondée, car personne à Oradour n’était connu pour avoir participé à des activités de résistance. Quand rien n’est venu de la demande d’armes, les 197 hommes ont été divisés en groupes et forcés dans six granges séparées situées dans tout le village. Lorsqu’un signal a été donné, les SS ont ouvert le feu avec des mitrailleuses, tuant les hommes alignés devant eux. Il y avait 240 femmes et 205 enfants qui ont été forcés d’entrer dans l’église du village. Une fois enfermés à l’intérieur, les soldats ont d’abord jeté des grenades, blessant certains tout en étouffant d’autres avec de la fumée. ImageLa panique s’est ensuivie à l’intérieur et les SS ont ensuite mis le feu au bâtiment tout en tirant sur quiconque tentait de s’échapper. Après avoir mis le feu à l’église, les Allemands ont recherché et tué tous ceux qui se cachaient dans le village et ont continué en brûlant le reste d’Oradour. Seules sept personnes ont survécu au massacre – cinq hommes protégés par des cadavres, une femme qui s’était échappée par une fenêtre de l’église et un enfant qui avait réussi à s’échapper avant que le régiment Der Führer ne commence à rassembler les habitants de la ville.

C’est à travers les témoignages des survivants que les historiens ont pu reconstituer les événements survenus dans la ville. Madame Marguerite Rouffanche, la seule survivante de l’église, a passé plus d’un an à se remettre de ses blessures. Après avoir sauté de la fenêtre de l’église, elle a reçu cinq balles avant de ramper dans un jardin où elle s’est cachée jusqu’à ce qu’elle soit secourue l’après-midi suivant. Madame Rouffanche a témoigné au procès de Bordeaux en 1953, où elle a raconté les événements dont elle a été témoin le 10 juin 1944.

La raison de l’attaque allemande sur Oradour reste inconnue. Après l’incident, le haut commandement allemand a publié une explication indiquant que les insurgés avaient attaqué la division, entraînant des combats qui ont tué des civils. Une explication courante était que Lammerding avait appris que les villageois aidaient la résistance en aidant à l’enlèvement du SS-Sturmbannführer (major) Helmut Kämpfe, un officier nazi décoré qui a été assassiné par la Résistance française. Ceci est en contradiction avec les témoignages des survivants qui affirmaient qu’Oradour n’était en aucune façon impliqué dans la Résistance. Certains historiens pensent que le massacre d’Oradour était une réponse à l’assassinat de Kämpfe, tandis que d’autres pensent qu’Oradour n’était qu’un arrêt malheureux que la Division a fait sur le chemin de la Normandie.

La majorité des hommes SS impliqués n’ont jamais été jugés, car beaucoup sont morts dans les batailles qui ont suivi le jour J. Parmi ces morts figurait le SS-Sturmbannführer (major) Adolf Diekmann, l’homme qui dirigeait le massacre et avait affirmé qu’Oradour était responsable de la mort de Kämpfe. De plus, les autorités allemandes ont refusé d’extrader le SS-Obergruppenführe (major général) Lammerding vers la France, bien qu’il ait été condamné à mort par le tribunal de Bordeaux en 1953. Lammerding avait été jugé pour crimes de guerre en Allemagne et avait déjà purgé une peine de prison.Image En vertu de la Constitution de Bonn, il n’était pas sujet à extradition. Lammerding est mort en Allemagne de l’Ouest en 1971.  Ce qui rend Oradour si unique en Europe, ce sont les ruines du village qui se dressent aujourd’hui telles qu’elles ont été laissées en 1944. Oradour sert maintenant de symbole du souvenir national des atrocités subies par les Français sous l’oppression nazie. Le docteur Pierre Masfrand, président du Comité du Souvenir d’Oradour et auteur d’Oradour – sur -Glane : une vision d’horreur, fut le premier à proposer de reconstruire la ville d’Oradour à proximité et de conserver les ruines du village comme monument. L’idée de Masfrand était de recréer et de figer un moment aussi violent dans le temps tout en utilisant les vestiges physiques du village comme une commémoration permanente du massacre.

En 1946, le président français Charles de Gaulle annonce que le site sera préservé et que les ruines deviendront un mémorial national. Un petit centre du souvenir et une exposition ont été construits pour exposer les objets laissés dans les ruines, dont la plupart ont été endommagés par des impacts de balles et des incendies. Aujourd’hui, les ruines sont entretenues par le ministère de la Culture. Ils s’étendent sur environ 40 acres et reçoivent environ 300 000 visiteurs par an.

Les ruines d’Oradour-sur-Glane occupent une place importante dans la mémoire nationale française de la Seconde Guerre mondiale. C’est en effet un village figé dans le temps, racontant les horreurs du régime nazi. Comparable au résultat de la ville tchécoslovaque de Lidice, Oradour attire également l’attention sur d’autres villages à travers l’Europe qui ont subi un sort similaire aux mains des SS allemands. La préservation d’un site tel que celui-ci permet aux générations futures de se souvenir et de vivre la guerre telle qu’elle s’est déroulée en 1944. L’histoire d’Oradour et de ses ruines a servi d’exemple par excellence de la souffrance française sous l’occupation allemande.

«Aujourd’hui, ceux qui font le voyage vers les ruines d’Oradour voient un paysage et entendent un récit commémoratif racontant le village français idéal qui, sans faute de sa part, est devenu la cible de la barbarie nazie.»

https://www.nationalww2museum.org/war/articles/oradour-sur-glane-martyred-village

https://www.leparisien.fr/faits-divers/massacre-d-oradour-sur-glane-en-1944-je-doute-qu-un-ss-soit-un-jour-condamne-10-06-2019-8089998.php

https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-le-massacre-doradour-sur-glane-a-t-il-eu-lieu-205576

https://www.herodote.net/10_juin_1944-evenement-19440610.php

https://www.oradour.org/recit-du-massacre

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