L’ancien Premier ministre italien Aldo Moro est retrouvé mort Le corps d’Aldo Moro est retrouvé à RomeLe 9 mai 1978, le corps de l’ancien Premier ministre italien Aldo Moro (1916-1978) est retrouvé, criblé de balles, à l’arrière d’une voiture dans le centre historique de Rome. Il a été enlevé par des terroristes de la Brigade rouge le 16 mars après une fusillade sanglante près de sa maison de banlieue. Entre 1969 et 1988, la violence politique en Italie a fait 370 morts et un millier de blessés. Le pays n’arrive toujours pas à faire une analyse sereine de ces années-là. Il y a eu une période où chaque soir, le journal télévisé annonçait au moins une opération terroriste. Le 16 mars 1978, c’est Aldo Moro qui est spectaculairement enlevé. Le gouvernement italien a refusé de négocier avec le groupe d’extrême gauche, qui, après de nombreuses menaces, a exécuté Moro le 9 mai. Il a été cinq fois premier ministre de l’Italie et considéré comme un favori pour la présidence de l’Italie aux élections dues en décembre.Aldo Moro était considéré par beaucoup comme l’homme politique italien le plus capable de l’après- Seconde Guerre mondiale. Leader centriste du Parti chrétien-démocrate, il a été Premier ministre à cinq reprises dans les années 1960 et 1970 et a promu la coopération entre les partis politiques disparates d’Italie. Lorsqu’il forme son premier cabinet en 1963, il comprend des socialistes, qui participent ainsi au gouvernement italien pour la première fois en 16 ans. Moro a été Premier ministre pour la dernière fois en 1976 et, en octobre 1976, il est devenu président des chrétiens-démocrates.Le 11 mars 1978, il a aidé à mettre fin à une crise gouvernementale en formant une coalition parlementaire entre le Parti communiste et les chrétiens-démocrates dominants. À peine cinq jours plus tard, la voiture de M. Moro a été attaquée par une douzaine de terroristes armés de la Brigade rouge. Ses cinq gardes ont été tués et Moro a été enlevé et emmené dans un lieu secret. Le 18 mars, la Brigade rouge a publié un communiqué revendiquant la responsabilité de l’enlèvement et déclarant que Moro subirait un « procès populaire ».La Brigade rouge, créée en 1970 par l’Italien Renato Curcio, a utilisé des attentats à la bombe, des assassinats, des enlèvements et des vols de banque comme moyen de promouvoir la révolution communiste en Italie. Le Parti communiste italien, qui soutenait la démocratie et participait au Parlement, a condamné la Brigade rouge terroriste, et la Brigade rouge a accusé le Parti communiste d’être un pion de la bourgeoisie. Renato Curcio et 12 autres membres de la Brigade rouge étaient jugés à Turin lorsque Moro a été enlevé, et les poursuites judiciaires n’ont été que brièvement interrompues après son enlèvement.Le gouvernement italien a refusé de négocier avec les ravisseurs, affirmant qu’une telle action saperait l’État et plongerait l’Italie dans le chaos. Certains critiques ont accusé les chrétiens-démocrates de céder aux pressions du Parti communiste, dont les dirigeants étaient encore plus farouchement opposés à un dialogue avec la Brigade rouge. La police et l’armée ont arrêté des centaines de terroristes présumés et parcouru le pays à la recherche de la « prison du peuple » où Moro était détenu, mais n’ont trouvé aucun indice solide.Le 19 mars et le 4 avril, des lettres apparemment librement écrites par Moro ont été livrées suppliant le gouvernement de négocier. Le gouvernement a tenté des pourparlers secrets, mais le 15 avril, la Brigade rouge a rejeté ces négociations et a annoncé que Moro avait été reconnu coupable lors du procès du peuple et condamné à mort. Les menaces de l’exécuter n’ont mené nulle part et, le 24 avril, les terroristes ont exigé la libération de 13 membres de la Brigade rouge détenus à Turin en échange de la vie de Moro. Le 7 mai, Moro a envoyé une lettre d’adieu à sa femme, disant : « Ils m’ont dit qu’ils allaient me tuer dans peu de temps, je t’embrasse pour la dernière fois. » Deux jours plus tard, son corps a été retrouvé via Caetani, à moins de 300 mètres du siège des chrétiens-démocrates et à 200 mètres du siège du Parti communiste.Selon un souhait exprimé par Moro lors de son enlèvement, aucun homme politique italien n’a été invité à ses funérailles. Au cours de la décennie suivante, de nombreux dirigeants et membres de la Brigade rouge ont été arrêtés et l’organisation a été considérablement affaiblie.Pourquoi a-t-on tué Aldo Moro ? C’est un drame qui a traumatisé l’Italie. Le 16 mars 1978 au matin, Aldo Moro, l’un des hommes politiques les plus importants d’Italie, quitte en voiture sa résidence de la banlieue nord de Rome. Le cortège arrive Via Fani, lorsqu’une fusillade éclate. Cinq hommes tirent sur son escorte, tuant ses cinq gardes du corps. Aldo Moro, seul rescapé, est rapidement enlevé par ses ravisseurs.« L’Italie vit ses heures les plus graves depuis la guerre »
Les Brigades rouges, une organisation terroriste d’extrême gauche fondée au début des années 1970, a à nouveau frappé. Mais personne jusqu’alors en Italie n’avait imaginé qu’ils pourraient aller aussi loin.
Simultanément, depuis Rome, Milan et Turin, le groupuscule revendique l’impensable enlèvement d’Aldo Moro.Le samedi 18 mars, les Brigades rouges laissent dans une cabine téléphonique du centre de Rome leur communiqué n°1 : Aldo Moro est détenu dans une « prison du peuple » et sera « jugé par un tribunal du peuple ».Main tendue aux communistesCelui qui est désormais prisonnier dans un appartement romain aux mains des Brigades rouges a été plusieurs fois président du Conseil (de 1963 à 1968 puis de 1974 à 1976) et plusieurs fois ministre. Depuis le 11 octobre 1976, il est à la tête de la démocratie chrétienne, le premier parti politique italien, au pouvoir sans interruption depuis 1945.
Mais depuis 1969, l’Italie est entrée dans une nouvelle ère, celle des « années de plomb ». Tour à tour, le terrorisme d’extrême gauche répond au terrorisme d’extrême droite, causant la mort de plusieurs centaines de personnes.L’extrême droite veut créer une « stratégie de la tension » qui favorise le renversement d’une démocratie qu’elle combat, tandis que l’extrême gauche, qui ne se reconnait plus dans la ligne modérée du puissant parti communiste italien, prend les armes pour entamer la lutte révolutionnaire.Le parti communiste, premier parti d’opposition, choisit en effet la voie du réformisme et marque son attachement à la démocratie italienne, à ses valeurs, et à son système institutionnel. Son secrétaire général, Enrico Berlinguer, élabore en ce sens avec Aldo Moro le « compromis historique » : devant la crise qui déchire l’Italie, le compromis doit permettre aux deux grands partis italiens, le parti communiste et la démocratie chrétienne, de partager le pouvoir. Jusqu’alors, aucun communiste n’a participé à un gouvernement depuis 1947, alors même qu’électoralement, le poids du parti est écrasant. En 1976, il atteint 34 % des suffrages, et la démocratie chrétienne comprend qu’elle ne peut plus gouverner véritablement sans son appui.Cette ouverture divise au sein de la démocratie chrétienne. Mais Aldo Moro, son chef, y est favorable. Il tend la main à Enrico Berlinguer.
Le 16 mars, jour de son enlèvement, il se rend justement au Parlement pour assister à la mise en œuvre de cette politique : pour la première fois, un président du Conseil, en l’occurrence Giulio Andreotti, doit être désigné avec le soutien des communistes.Drame de 55 joursL’enlèvement d’Aldo Moro est ressenti comme un séisme par tous les Italiens. La police et l’armée mobilisent des milliers d’hommes. Perquisitions, contrôles d’identité, barrages se multiplient mais les résultats sont nuls. Durant les 55 jours que va durer la séquestration d’Aldo Moro, ce sont les Brigades rouges qui mènent le jeu. Les terroristes alternent l’envoi de communiqués et les moments de silence. Des silences qui laissent la porte ouverte à toutes les hypothèses, brouillant ainsi les pistes de la police. Aldo Moro, la victime, va lui-même devenir acteur dans les prises de contact. Il écrit des lettres, beaucoup de lettres : au gouvernement, à sa famille et même au Pape. Il supplie l’Etat de répondre aux dernières revendications des Brigades : relâcher treize des leurs.L’État refuse, même si en son sein, quelques divergences apparaissent. La majorité des hommes de la démocratie chrétienne, Andreotti en tête, se refusent à tout compromis avec des terroristes. Le parti communiste d’Enrico Berlinguer affiche la même détermination à ne rien céder aux Brigades rouges. Pour bien se démarquer de ces brigadistes issus à l’origine de ses rangs, le parti communiste ne peut qu’afficher cette extrême fermeté dans le but de participer aux futurs gouvernements.
En revanche, Bettino Craxi, le chef de file du parti socialiste italien, est plus nuancé, et voudra croire jusqu’aux derniers jours que « les jeux ne sont pas faits » et qu’il convient « d’insister » en vue de sauver la vie d’Aldo Moro. Les toutes dernières revendications des Brigadistes sont moins dures. A la libération des prisonniers jusqu’à présent réclamée en échange de la libération de Moro, ils semblent se contenter d’une simple reconnaissance de la part de la Démocratie chrétienne de leur lutte révolutionnaire, de leur existence politique.Une date à jamais gravée dans la mémoire des Italiens
Le dernier communiqué des Brigades est daté du 5 mai 1978. La conclusion annonce une exécution prochaine.
Le 9 mai, la police retrouve le corps d’Aldo Moro dans le coffre d’une voiture garée via Caetani. Le véhicule se trouve à égale distance du siège du parti communiste et de celui de la démocratie chrétienne. Tout un symbole…Dans l’après-midi, Francesco Cossiga, le ministre de l’Intérieur, donne sa démission. Les deux mois qui se sont écoulés ont démontré l’impuissance de sa police.
Le 11 mai, un reportage sonde l’opinion des Italiens, deux jours après la tragédie. A la question d’un journaliste lui demandant ce qui doit changer dans le pays, Enrico Berlinguer répond par le souhait d’une « plus grande efficacité dans le fonctionnement de l’Etat, et une plus grande implication de l’esprit public, une plus grande coopération de tous les citoyens dans la lutte contre le terrorisme et la violence politique ».L’Italie en état de choc : « Mon sang retombera sur eux… »
Aldo Moro, désespéré devant l’impuissance de la classe politique à le faire libérer, avait prophétisé en captivité que son meurtre amènerait la fin d’une ère, celle de la toute-puissance de la démocratie chrétienne, et l’impossibilité de la mise en œuvre du compromis historique. Dans une lettre adressée à son épouse Eleonora le 8 avril, il écrivait : « Mon sang retombera sur eux… », Suggérant que ses amis politiques n’avaient pas tout entrepris pour le sauver.
Plus de quarante ans après les faits, des zones d’ombre planent toujours sur l’« affaire Moro ». En question, le rôle des services secrets italiens, et surtout l’attitude des principaux leaders de la démocratie chrétienne, aux premiers rangs desquels Giulio Andreotti et Francesco Cossiga. Dans un livre publié en 2008, Eleonora Moro écrivait que « ceux qui étaient aux différents postes de commande du gouvernement voulaient l’éliminer ». Aldo Moro, personnalité « dérangeante » de la démocratie chrétienne, au point que certains hommes politiques opposés au compromis historique n’aient délibérément rien fait pour le sauver, espérant tirer un avantage politique de sa mort ?
Ou bien tout simplement qu’avec cynisme, la mort d’Aldo Moro représentait une victoire définitive contre les Brigades rouges, définitivement déconsidérées aux yeux de l’opinion publique par son assassinat ?
Quelles que furent les réelles attitudes et motivations de l’entourage politique du chef de la démocratie chrétienne, le meurtre commis par les Brigades rouges marquera le début de leur déclin. Ses membres seront progressivement arrêtés, condamnés lors de différents procès. Mario Moretti, le responsable du commando, est arrêté le 4 avril 1981. Avec ses compagnons Prospero Gallinari, Barbara Balzarani, Anna Laura Braghetti, il est condamné à la prison à perpétuité.
L’un des Premiers ministres italiens d’après-guerre les plus anciens, Moro a occupé le pouvoir pendant un total combiné de plus de six ans.
Événements historiques
1963-12-04 Aldo Moro forme le gouvernement italien (1963-1968)
1978-03-16 La Brigade rouge kidnappe l’ancien premier ministre Aldo Moro en Italie, 5 tués
1978-05-09 Le cadavre de l’ancien premier ministre italien enlevé Aldo Moro retrouvé
L’ « affaire Moro » continuera sans aucun doute ces prochaines années à susciter des recherches et des interrogations pour mieux envisager toute la complexité d’un moment dramatique de l’Italie contemporaine.
https://www.history.com/this-day-in-history/aldo-moro-found-dead
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/pourquoi-a-t-on-tue-aldo-moro