Catégories
Science et Technologie

8 Mai 1902 – Éruption de la Montagne Pelée

Mt. Pelee Jessie Stivers. Country Martinique ◦Part of the Lesser Antilles in the Caribbean ◦French territory. - ppt downloadSaint-Pierre à la veille de l’éruption Mt Pelee is located at Martinique in theL’éruption de la montagne Pelée en 1902 est une éruption volcanique, la plus meurtrière du XXe siècle ; sa nuée ardente (ou nuage pyroclastique) du 8 mai 1902 reste célèbre pour avoir en quelques minutes : entièrement détruit ce qui était alors la plus grande ville de l’île française de la Martinique, Saint-Pierre, décimé ses habitants — plus de 30 000 personnes.Saint Pierre: From glory to the explosion | AZ MartiniqueDe l’ère du sucre à celle du rhum Artwork showing eruption of Mt.Pelee, 1902 - Stock Image - E380/0230 - Science Photo LibraryAu début du XXème siècle, Saint-Pierre et ses 26000 habitants demeure le plus grand centre urbain de la Martinique. L’économie n’y est plus aussi florissante qu’autrefois. Les riches habitants de la ville, négociants ou propriétaires de plantation, ont du s’adapter aux profonds bouleversements consécutifs à l’abolition de l’esclavage en 1848, et à l’effondrement des cours du sucre au début des années 1880. En effet, l’interdiction de la très profitable traite des noirs rend soudain caduque les fondements mêmes de l’économie de plantation. Désormais obligées de payer leur main-d’œuvre, les habitations sucrières voient s’envoler leurs coûts de production et n’arrivent plus à soutenir la concurrence croissante du sucre de betterave sur le marché métropolitain. Volcano Eruption Killed Everyone Except Man Sentenced to Death | by Kim Mia | History of YesterdayRésultat, beaucoup de planteurs font faillites et entraînent dans leur chute les maisons de commerce les plus fragiles. Mais cela n’empêche pas la majorité des grandes familles blanches créoles de Saint-Pierre de continuer à prospérer. Aidées par les riches indemnités qu’elles reçoivent en 1848 pour chaque esclave qu’elles possédaient, elles modernisent leurs exploitations et abandonnent la production de sucre pour se livrer presque exclusivement à celle du rhum. Un produit ayant l’avantage d’être rémunérateur et peu gourmand en main-d’œuvre. Des investissements considérables sont réalisés et des distilleries construites par dizaines, dont certaines en plein centre-ville. La reconversion est une réussite. En 1900, Saint-Pierre devient le premier exportateur de rhum au monde.Éruptions volcaniques : l'explosion de la montagne Pelée mieux compriseUne vie politique et sociale mouvementéeCreated by Tracy Glova, Daniela Nguyen, and Ly Truong. - ppt video online downloadSi l’oligarchie béké a réussi à maintenir son pouvoir économique après l’abolition de l’esclavage, il n’en va pas de même au niveau politique. Depuis 1871, l’école laïque et surtout le droit de vote étendu à la population de couleur ont profondément modifié le paysage local. Des tensions de plus en plus marquées se font jour entre les nouveaux électeurs acquis à la République, et les békés nostalgiques de la période esclavagiste. L’atmosphère est d’autant plus lourde, que le parti républicain lui-même s’entre-déchire au gré de querelles de personnes. Bientôt, la municipalité de Saint-Pierre devient un bateau ivre incapable de la moindre décision, où l’on ne siège que pour mieux s’enrichir frauduleusement.Mt Pelee is located at Martinique in theLes derniers jours de Saint-Pierre 

Le réveil du volcan Frontiers | Dynamics and Impacts of the May 8th, 1902 Pyroclastic Current at Mount Pelée (Martinique): New Insights From Numerical Modeling | Earth ScienceC’est dans ce climat déplorable encore renforcé par les luttes du premier tour des élections législatives, qu’intervient le réveil de la montagne Pelée. Depuis le début de l’année 1902, on note l’apparition de plus en plus fréquentes de fumerolles échappées du volcan, et en avril le mouvement s’accélère. Aux fumées et à l’odeur de souffre s’ajoute une activité sismique qui secoue tout le nord de l’île. Les câbles télégraphiques sous-marins qui relient Saint-Pierre à la Dominique et à la Guadeloupe sont rompus. Au sommet du volcan, l’étang sec se remplit d’eau chaude et de boue, que l’éruption du 5 mai précipite dans la vallée de la rivière Blanche, engloutissant sur son passage 25 employés de l’usine Guérin, et provoquant un raz de marée dans la baie. Apeurés et incommodés par les nuages de cendres qui ensevelissent leurs communes, les habitants du nord de l’île abandonnent leurs maisons pour venir se réfugier en masse à Saint-Pierre.Fichier:Hawaiian Eruption-fr.svg — WikipédiaUn danger sous-estimé et des élections toutes proches

Dans la ville, on s’organise. Les réfugiés sont accueillis par des pierrotins charitables ou par les curés qui leurs ouvrent les portes des églises. Une commission scientifique est mise sur pieds pour évaluer la gravité du danger. Malheureusement la volcanologie est encore à l’époque, une science embryonnaire ignorante des phénomènes de nuée ardente, et ce sont surtout des torrents de laves qui sont attendus et redoutés. Tout le monde s’accorde sur l’imminence d’une éruption majeure, mais la majorité de la population, renforcée dans cette idée par les déclarations rassurantes des autorités, espère que la ville de Saint-Pierre sera épargnée et décide de rester sur place. Il semble en effet improbable que la lave réussisse à atteindre la ville. Relativement loin du cratère, les six kilomètres qui la séparent du volcan sont parcourus par de profondes vallées dont on pense qu’elles canaliseront comme par le passé les épanchements volcaniques. En conséquence, seules quelques centaines d’habitants prennent la route de Fort-de-France. D’autant que la bourgeoisie locale rechigne à laisser ses maisons et ses richesses à la portée d’éventuels pillards.Multiphase flow behaviour and hazard prediction of pyroclastic density currents | Nature Reviews Earth & Environment8 mai 1902, récit d’une catastrophe 

Du 5 au 7 mai l’activité volcanique s’intensifie et la population prend peurVolcano Eruption Cut Out Stock Images & Pictures - AlamyLe 6 mai les nuages se font plus denses. Une épaisse couche de cendre recouvre la ville et s’insinue dans les habitations. Dans les rues, c’est le silence, la cendre étouffe le bruit des pas sur les pavés. Au loin, les grondements du volcan deviennent assourdissants. Des coulées de boue continuent à dévaler sporadiquement les pentes du Mont-Pelé, tandis que les premières nuées ardentes sont observées du côté du bourg du Prêcheur au nord de Saint-Pierre. La population de la ville déjà inquiète depuis les évènements du 5 mai et la destruction de l’usine Guérin est gagnée par l’affolement. Le 7 mai dans l’après-midi, le maire téléphone au Gouverneur pour lui demander l’envoi d’un détachement destiné à maintenir l’ordre. Heureusement, sa demande n’est pas écoutée. Mt. Pelee by Porter GutierrezA quatre heures, c’est le Gouverneur lui-même accompagné de sa femme et de quelques hauts fonctionnaires, qui rentre dans Saint-Pierre pour rassurer la population. Le communiqué rassurant publié par la commission scientifique le soir du 7 mai l’aide en ce sens. (Voir le communiqué) Les journaux sont de la partie. A la veille du drame, l’Opinion n’hésite pas à titrer : « Prêchotins, mes amis, dormez tranquilles ! » La tension retombe un peu, mais n’empêche pas de nombreux fidèles de s’assembler dans les églises pour prier toute la nuit.A framework for validation and benchmarking of pyroclastic current models | SpringerLinkLe 8 mai à 7H50 du matin, Saint-Pierre et le Prêcheur sont rayés de la carte

Le 8 mai, c’est la catastrophe. Le bouchon de lave qui obstrue le cratère a résisté à la pression des gaz qui font alors éclater la partie la plus fragile du Mont Pelée. Des nuages de gaz chargés de cendres et de souffres, chauffés à 1000°, dévalent sur la ville à plus de 200 km/h. Un peu avant 8 heures du matin, la nuée ardente frappe Saint-Pierre. La pression des gaz, projetés à haute vitesse, renverse tout sur son passage. En quelques secondes toute trace de vie disparaît. Maisons et monuments sont soufflés. De solides murs de pierre, larges d’un mètre, s’effondrent. 30 000 personnes meurent instantanément, démantibulées, asphyxiées sur place par la violence du choc.

La chaleur provoque l’explosion de milliers de barriques de rhum entassées dans les multiples entrepôts et usines de la ville. Les explosions se succèdent, encore longtemps après le passage de la nuée.

Des flots de liquide enflammé s’écoulent dans les rues, achevant de calciner les corps. L’onde de choc atteint la mer. Un raz de marée de 3 mètres s’abat sur les navires au mouillage, en même temps que le nuage de gaz. Chavirés ou incendiés, une vingtaine de bateaux coulent. La ville et les alentours sont rasés. De petits morceaux de roche arrachés au volcan sont projetés jusqu’à Fort-de-France. Un linceul de cendres chaudes recouvre toute l’île de la Martinique. Le « Petit Paris des Antilles » a cessé d’exister.

 Éruption de la Montagne Pelée – La montagne Pelée sur l’île française d’outre-mer de la Martinique entre en éruption, anéantissant la ville de Saint-Pierre, tuant 30 000 personnes et ne laissant que deux survivantsPin on Wall Filler

https://www.zananas-martinique.com/communes/rub-eruption-mont-pele.htm

https://www.herodote.net/8_mai_1902-evenement-19020508.php

http://www.ipgp.fr/fr/ovsm/eruptions-historiques-de-montagne-pelee

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *