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30 septembre 1938 – Accords de Munich : la Tchécoslovaquie sacrifiée sur l’autel d’une paix illusoire

La Tchécoslovaquie | 3 minutes de culture #18 - YouTubeLa politique d’apaisement avec Hitler l’a encouragé à poursuivre l’agressionLa République Tchèque célèbre son indépendance | tchequie matin30 septembre 1938 Pacte de Munich signé  Munich Agreement - WikipediaLes Premiers ministres britannique et français Neville Chamberlain et Edouard Daladier signent le Pacte de Munich avec le dirigeant nazi Adolf Hitler. L’accord a évité le déclenchement de la guerre mais a livré la Tchécoslovaquie à la conquête allemande.  Au printemps 1938, Hitler a commencé à soutenir ouvertement les demandes des germanophones vivant dans la région des Sudètes en Tchécoslovaquie pour des liens plus étroits avec l’Allemagne. Hitler avait récemment annexé l’Autriche à l’Allemagne, et la conquête de la Tchécoslovaquie était la prochaine étape de son plan de création d’une « grande Allemagne ». Le gouvernement tchécoslovaque espérait que la Grande-Bretagne et la France viendraient à son aide en cas d’invasion allemande, mais le Premier ministre britannique Chamberlain avait l’intention d’éviter la guerre. Il a fait deux voyages en Allemagne en septembre et a proposé à Hitler des accords favorables, mais le Führer a continué à augmenter ses exigences.The Munich Agreement - CivilsdailyLe 22 septembre, Hitler exige la cession immédiate des Sudètes à l’Allemagne et l’évacuation de la population tchécoslovaque d’ici la fin du mois. Le lendemain, la Tchécoslovaquie ordonne la mobilisation des troupes. La guerre semblait imminente et la France a entamé une mobilisation partielle le 24 septembre. Chamberlain et le Premier ministre français Daladier, non préparés au déclenchement des hostilités, se sont rendus à Munich, où ils ont cédé aux demandes d’Hitler le 30 septembre.  Daladier abhorrait l’apaisement des nazis par le Pacte de Munich, mais Chamberlain était ravi et est même resté à Munich pour signer un document d’une page avec Hitler qui, selon lui, assurait l’avenir de la paix anglo-allemande. Plus tard dans la journée, Chamberlain s’est envolé pour la Grande-Bretagne, où il s’est adressé à une foule en liesse à Londres et a loué le Pacte de Munich pour avoir apporté « la paix avec l’honneur » et « la paix à notre époque ». Le lendemain, l’Allemagne a annexé les Sudètes et le gouvernement tchécoslovaque a choisi la soumission plutôt que la destruction par la Wehrmacht allemande. En mars 1939, Hitler annexa le reste de la Tchécoslovaquie et le pays cessa d’exister.Le 1er septembre 1939, 53 divisions de l’armée allemande envahissent la Pologne malgré les menaces britanniques et françaises d’intervenir au nom de la nation. Deux jours plus tard, Chamberlain a solennellement appelé à une déclaration de guerre britannique contre l’Allemagne et la Seconde Guerre mondiale a commencé. Après huit mois de leadership inefficace en temps de guerre, Chamberlain a été remplacé au poste de Premier ministre par Winston Churchill.Dissolution of Czechoslovakia - WikipediaUn lâche soulagement.

Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, les accords de Munich sont signés en Allemagne pour «éviter la guerre». Ils clôturent la Conférence des Quatre, réunie à l’initiative du dirigeant italien Benito Mussolini pour régler pacifiquement le conflit qui oppose Adolf Hitler et la Tchécoslovaquie. Les signataires -le Duce, le Premier ministre britannique Arthur Neville Chamberlain, le Français Édouard Daladier, président du Conseil et Adolf Hitler- actent la cession des Sudètes au profit du IIIe Reich, mais avec des garanties françaises et anglaises sur l’intégrité du reste du pays. Il faut souligner que Pendant les négociations, aucun représentant du gouvernement tchèque n’y a pas participé. Ce compromis est censé mettre un terme aux vives tensions que connaît l’Europe depuis des mois.ImageEn effet, après l’annexion de l’Autriche en mars 1938, le Führer revendique la région des Sudètes -partie occidentale de la Tchécoslovaquie, où la population est majoritairement germanophone. Le risque de guerre est grand. La France est d’autant plus concernée qu’elle est liée à la Tchécoslovaquie par une alliance conclue en 1924. Partout en Europe on redoute la guerre, le pacifisme est largement répandu. Le traumatisme du premier conflit mondial est encore présent dans toutes les têtes…ImageLa paix à tout prix, quitte à sacrifier un allié  ImageLes politiques d’apaisement de Chamberlain avec Hitler sont appelées trahisonImageEn ce mois de septembre 1938, la tension militaire monte d’un cran : le 23 le gouvernement tchécoslovaque décrète la mobilisation générale. Le lendemain Hitler envoie un mémorandum à la Tchécoslovaquie : elle a six jours pour évacuer les Sudètes. Et deux jours plus tard, il promet que cette question des Sudètes réglée, il n’y aura plus de «problèmes territoriaux». Les puissances occidentales privilégient une politique «d’apaisement». Elles s’affairent en ce sens depuis l’été. Ce qui aboutit ainsi à la signature d’un «compromis» honteux, signé par la France et l’Angleterre à Munich au détriment de l’intégrité de la Tchécoslovaquie. En effet cette dernière doit évacuer les Sudètes dans les dix jours et démanteler ses forteresses de la frontière. Le pays est sacrifié pour la paix.  Mais personne n’est dupe. Ainsi que «Le Troisième Reich ait des projets qui dépassent l’affaire des Sudètes pour une nouvelle articulation des rapports européens, on s’en doute. Cela est même assez sûr pour que l’on puisse exhorter nos amateurs de jeux intérieurs à ne pas croire qu’ils auront bientôt le loisir d’oublier la politique extérieure.» Mais l’heure est au soulagement et à la joie. Cet accord est unanimement salué par la presse française, qui titre en Une le 30 septembre : «La paix est sauvée». Pas de honte ni de trahison. Juste un plébiscite, mais à quel prix ?

Et de fait à Munich, la France et l’Angleterre n’ont pas stoppé Hitler et se sont inclinées devant lui. Et en mars 1939, en violation complète des accords de Munich, Hitler termine le démembrement de la Tchécoslovaquie. Puis aux Sudètes succède la revendication de la ville polonaise de Dantzig et l’invasion du pays le 1er septembre 1939. La Seconde Guerre mondiale éclate. Les puissances occidentales qui ne se sont pas battues pour la Tchécoslovaquie en 1938, le font un an plus tard pour la Pologne… En réalité le 30 septembre 1938, par les accords de Munich, Français et Anglais livrent à Hitler la Tchécoslovaquie. Le dictateur allemand tire de son succès la conviction que tout lui est permis.ImageCÉDER À HITLER 

Que s’est-il passé ? Aussitôt après l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche, en mars 1938, Hitler a jeté son dévolu sur la Tchécoslovaquie, qui compte une minorité de 3,5 millions de germanophones, la plupart installés dans les Sudètes. Un parti pronazi, dirigé par Konrad Henlein, et soutenu par Hitler, revendique pour ces Allemands, depuis 1935, un statut d’autonomie. Or la France a signé en octobre 1925 à Locarno un pacte d’assistance avec la Tchécoslovaquie et la Pologne contre une éventuelle agression allemande.Image «Dans ces conditions, lâcher la Tchécoslovaquie, admettre l’annexion des Sudètes par l’Allemagne, c’est perdre non seulement la face, comme l’écrit le 12 mars 1938, dans L’Époque, Henri de Kérillis, un des rares hommes de droite à préconiser la fermeté, non seulement l’honneur, mais les bases mêmes de notre propre sécurité et de notre propre indépendance.»  Le 24 avril, au congrès du Parti allemand des Sudètes, à Karlovy Vary, Henlein formule un programme de revendication autonomiste d’inspiration hitlérienne ; l’intégrité de la Tchécoslovaquie est en jeu. Le mois suivant, à la suite d’incidents de frontière, la tension monte entre Berlin et Prague. La Grande-Bretagne aspire à la détente ; son Premier ministre Neville Chamberlain se pose en sauveur de la paix. En même temps, le rapprochement franco-britannique, symbolisé par la visite des souverains britanniques à Paris du 19 au 22 juillet, rassure et, pense-t-on sur les bords de la Seine et de la Tamise, devrait dissuader l’Allemagne de toute agression contre la Tchécoslovaquie. Toujours actif, Chamberlain envoie, le 3 août, à Prague un médiateur, lord Walter Runciman, entre le gouvernement tchèque et le parti de Konrad Henlein. Cependant, au début du mois d’août, des préparatifs militaires et rappels de réservistes sont décidés en Allemagne, où la presse mène violemment campagne contre Prague. Le gouvernement tchèque propose un statut à la minorité allemande, que Henlein rejette.Which One Of The Following Explains Why The Munich Agreement Is An Example Of AppeasementEt, le 2 septembre, après une entrevue avec Hitler à Berchtesgaden, Henlein refuse un nouveau projet de statut. La médiation Runciman s’est révélée vaine.  Le 12 septembre, Hitler, agressif et menaçant, prononce un discours radiodiffusé devant 200 000 militants. Le lendemain, alors que Henlein exige carrément le rattachement des Sudètes au Reich, Chamberlain demande au Führer à le voir afin de trouver une « solution pacifique » à la crise. Le Premier ministre britannique, avec son célèbre parapluie, est devenu le chouchou de la grande presse française : c’est la colombe de la paix ! Pendant toute la crise, le gouvernement français suivra pas à pas, selon l’expression de François Bédarida, sa « gouvernante anglaise ».  Mais Hitler reste sur ses positions, arguant du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La grande presse en France, à l’exemple du Times en Angleterre, incline de plus en plus, pour éviter la guerre, à l’acceptation des exigences hitlériennes. C’est ce que, de concert, les gouvernements français et britannique finissent par conseiller au gouvernement de Prague le 18 septembre. Léon Blum commente cet acte le surlendemain dans Le Populaire : « La guerre est probablement écartée. Mais dans des conditions telles que moi, qui n’ai cessé de lutter pour la paix, qui, depuis bien des années, lui avais fait d’avance le sacrifice de ma vie, je n’en puis éprouver de joie et que je me sens partagé entre un lâche soulagement et la honte. »ImageLe 22 septembre, Chamberlain se rend à Bad Godesberg pour informer Hitler de la résignation tchèque. Mais le Führer élève ses exigences : l’annexion des Sudètes doit se faire sans délai entre le 26 et le 28 septembre et, de surcroît, les Tchèques doivent céder des territoires à la Pologne et la Hongrie. C’en est trop ! Le 23, Prague décrète la mobilisation générale. Hitler s’enflamme devant une foule délirante : « Nous avons réalisé un armement tel que le monde n’en a jamais vu. Maintenant, peuple allemand, porte tes armes !» Le 24, la France décide une mobilisation partielle. Chamberlain, tout en décrétant la mobilisation de la flotte britannique, croit encore possible une ultime négociation. Le Führer, avec l’entremise de Mussolini, en accepte alors le principe ; la conférence réunira le lendemain à Munich les deux dictateurs avec Chamberlain et Daladier. L’opinion retient son souffle, la guerre peut être encore évitée, du moment que les négociations reprennent tout devient possible ! De fait, les accords de Munich sont conclus dans la nuit du 29 au 30 septembre. Anglais et Français ont lâché sur presque toute la ligne, sauf sur les modalités de l’annexion, qui se fera par tranches.  Revenu à Londres, Chamberlain s’écrie du balcon de Downing Street : « Mes amis, c’est la seconde fois dans notre histoire qu’est venue d’Allemagne la paix dans l’honneur. Je crois que c’est maintenant la paix pour notre époque. Maintenant, je vous conseille de rentrer chez vous et de dormir paisiblement. » En écho, Léon Blum, dans Le Populaire du 1er octobre : « Il n’y a pas un homme et pas une femme en France pour refuser à Chamberlain et à Daladier leur juste tribut de gratitude. La guerre est écartée. Le fléau s’éloigne. On peut reprendre son travail et retrouver son sommeil. On peut jouir de la beauté d’un soleil d’automne. Comment ne comprendrais-je pas ce sentiment de délivrance puisque je l’éprouve ? »Comment expliquer cette capitulation qui passera en proverbe ? La plus évidente, la plus profonde des raisons en sont la peur et le refus de la guerre. La France est sortie de l’épreuve de 14-18 dans le camp des vainqueurs, mais meurtrie dans sa chair. Plus de 1 300 000 soldats ont perdu la vie ; environ 1 100 000 survivants sont frappés d’invalidité permanente. Ces pertes humaines auxquelles s’ajoutent le déficit de la natalité et la surmortalité civile se répercutent vingt ans plus tard par des brèches profondes dans la pyramide des âges : à partir de 1935 le nombre des morts chaque année devient plus élevé que le nombre des naissances. Il en résulte un vieillissement de la population sans précédent. A ce bilan humain, il faut ajouter les ruines matérielles dues à la guerre, les destructions, les dettes envers l’étranger, l’usure du patrimoine, l’effondrement du franc… Les horreurs de la guerre expliquent le pacifisme d’un peuple qui ne veut plus jamais « revoir ça ».  Les associations des anciens combattants, l’Union fédérale et l’Union nationale des combattants, se caractérisent par leur antimilitarisme et leur pacifisme. « Le 11 Novembre, devant les monuments, lit-on dans le Journal des mutilés, on ne célèbre pas le culte de la Patrie victorieuse, mais celui des morts3. » En 1938, ces associations adhèrent en masse à l’« esprit de Munich » ; comme on lit dans les Cahiers de l’UF : « Une guerre différée est peut-être une guerre qui n’aura jamais lieu. »  Pour ces anciens soldats, il ne fait aucun doute que l’Allemagne a été la responsable de la Grande Guerre ; ils peuvent discerner désormais l’agressivité hitlérienne ; mais rien ne peut fléchir cette conviction : ils ont fait la « der des der », et il n’y en aura plus d’autres.

Une contradiction mortelle 

A un article antimunichois d’Emmanuel Mounier, directeur de la revue Esprit, plusieurs de ses lecteurs réagissent sur un ton passionné de manière symptomatique, évoquant « l’épouvantable horreur de la guerre, destructrice de la vie, de la liberté et de l’esprit, et sa foncière absurdité » ; « accepter la guerre, c’est accepter l’infamie et l’abomination ». Un ancien de Verdun témoigne : « En 1914, âgé de près de 35 ans, père de 3 enfants, je suis parti le 3 août pour le front. Je n’ai quitté la zone de feu qu’en juin 1916, sur une civière, avec une terrible blessure qui me fit laisser 4 litres de mon sang dans la boue de Verdun. Heureux encore : 70 000 de mes camarades français et allemands y ont été tués. […] Assez4 ! » Dans la sphère politique, le Parti socialiste, quoique divisé, porte au mieux l’idéal pacifiste, dont le chantre est Paul Faure, son secrétaire général. Alors que Léon Blum oscille entre sa volonté de paix et son désir d’arrêter Hitler, et qu’une minorité derrière Zyromski défend la fermeté, Paul Faure argumente en faveur d’un pacifisme intégral, largement partagé dans les rangs de la SFIO. Au groupe parlementaire, les partisans des accords de Munich l’emportent, et la discipline de vote entraîne les socialistes au rang des 535 députés qui ratifient Munich. Un seul, Jean Bouhey, a refusé de les suivre. Le reste des votes hostiles – 75 en tout – est composé des 73 communistes et d’un seul député de droite, Henri de Kérillis.  Le Front populaire, fondé sur la lutte contre le fascisme, a explosé. Une contradiction mortelle en a raison, le conflit du pacifisme et de l’antifascisme. Suivant la ligne de Moscou, le PCF s’est montré la force politique la plus hostile à la capitulation devant l’Allemagne. Mais lui-même a été affecté de cette contradiction entre sa volonté de défendre les acquis sociaux du Front populaire et la nécessité du réarmement.

Le 21 août 1938, alarmé par les préparatifs militaires allemands, Daladier décide d’assouplir la loi des 40 heures, afin de permettre aux usines d’armement de travailler à plein. Cet impératif de défense nationale n’est nullement accepté par le PCF et la CGT. Cette inconséquence dépasse les rangs du Parti communiste. La sauvegarde des « 40 heures » relève d’une psychologie collective répandue, qui renforce, de fait, le pacifisme.  Les Français, les ouvriers, les travailleurs, la clientèle habituelle de la gauche qui a voté pour le Front populaire ressent un désir légitime de défendre la part de bonheur que la loi des 40 heures et celle des congés payés leur ont offerte. Les Sudètes et les diplomates vont-ils gâcher cette aspiration à une vie meilleure ?

Dilemme entre l’aspiration au mieux-être et la patrie en danger ! Le conflit du pacifisme et de l’antifascisme divise en profondeur les intellectuels, et leur Comité de vigilance, créé en 1934, n’y résistera pas. Daladier avait reçu de Romain Rolland, Paul Langevin et Francis Jourdain un télégramme l’enjoignant à défendre l’indépendance et l’intégrité de la Tchécoslovaquie ; mais aussitôt, jugeant que « tout vaut mieux que la guerre », Alain, Jean Giono et Victor Margueritte y vont de leur propre télégramme : « Contrairement affirmation télégramme Langevin-Romain Rolland, sommes assurés immense majorité peuple français consciente monstruosité guerre européenne ; compte sur union étroite gouvernement anglais et français non pour entrer dans cercle infernal mécanismes militaires mais pour sauver la paix par tout arrangement équitable puis par une grande initiative en vue nouveau statut européen aboutissant à neutralité Tchécoslovaquie. » Vendredi, l’hebdomadaire des intellectuels de gauche, ne survivra pas à cette division ; il cessera de paraître en novembre 1938. Roger Martin du Gard, dans une lettre à André Gide, lui dit carrément préférer le « déshonneur collectif » au suicide.

Qui me veut me viole !

La droite, elle, n’a pas d’idéologie pacifiste, mais elle l’est devenue à l’heure de Munich par raccroc. La droite et l’extrême droite, à peu d’exceptions près, refusent de soutenir les Tchèques, non pas par pacifisme, mais parce que le danger communiste est, à leurs yeux, plus évident, plus imminent, plus redoutable que le danger hitlérien. Au lendemain de Munich, Benoist-Méchin, dans L’Émancipation nationale du 7 octobre 1938, écrira : « L’URSS n’a jamais eu l’intention de se battre, mais de faire battre la France et l’Allemagne. Elle a agi pour pousser tout le monde à bout et se dérober ensuite. Staline se réservait d’intervenir au moment où les États s’écrouleraient pour planter sur leurs ruines le drapeau de la révolution communiste. » C’est la rencontre du pacifisme doctrinal de la gauche et du pacifisme occasionnel de la droite qui crée l’esprit de Munich.  La capitulation de Munich n’était pas gage de paix définitive. Le 15 mars 1939, l’armée allemande envahissait la Bohême-Moravie, qui était annexée au Reich. La Tchécoslovaquie était rayée de la carte. Les accords de Munich avaient survécu un semestre. Le 23 août 1939 était signé le pacte germano-soviétique.

Une semaine plus tard, les troupes allemandes pénétraient en Pologne. Le 1er septembre, Hitler déclenchait la Seconde Guerre mondiale. On avait eu le déshonneur ; on avait la guerre quand même.  Cet épisode dramatique, au cours duquel le pacifisme s’est révélé un facteur de guerre, a pesé lourdement sur les décennies qui ont suivi. « Munich » a été, et demeure, dans notre vocabulaire politique une appellation contrôlée de duperie suicidaire. Les combats de la Résistance ont réhabilité la notion de guerre juste. De Munich à Pétain, le pacifisme, lui, était devenu infamant. La guerre avait retrouvé ses lettres de noblesse, et notamment à gauche.  La question posée par la capitulation de Munich est celle de savoir jusqu’où peut aller une politique de concession face à un ennemi déterminé. Devrait y présider le réalisme politique, dans lequel la fermeté ne peut être absente. Mais la négociation doit s’achever par un compromis ou par la guerre. Les abandons britanniques et français dans la conférence bavaroise de 1938 ont pris la forme d’une véritable reddition, et ils n’ont fait qu’encourager le Führer à passer à l’étape suivante. Le pacifisme intégral est une déclaration de soumission : qui me veut me viole ! L’esprit de paix, lui, n’exclut pas le risque de guerre, comme le faisait Jaurès en 1914, engagé jusqu’à sa mort dans un combat pour la paix, mais en ménageant un ultime recours possible à la force : qui m’envahit me trouve ! La leçon de Munich, c’est aussi cette invite à distinguer le pacifisme intégral de l’esprit de paix.

https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2018/09/28/26010-20180928ARTFIG00315-accords-de-munich-1938-la-tchecoslovaquie-sacrifiee-sur-l-autel-d-une-paix-illusoire.php

https://www.herodote.net/30_septembre_1938-evenement-19380930.php

https://www.history.com/this-day-in-history/munich-pact-signed

https://www.lhistoire.fr/la-trag%C3%A9die-munichoise

https://mjp.univ-perp.fr/traites/1938munich.htm 

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