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23 Janvier 1968 – La Corée du Nord a capturé le navire espion l’USS Pueblo d’Américain

ImageUSS Pueblo capturéImageLa crise du « navire espion » et la leçon du « Pueblo » ImageC’est le 23 janvier 1968 que le navire-espion Pueblo, transformé en tour de contrôle flottante, avait été arraisonné par plusieurs bâtiments nord-coréens. Le Pueblo, qui n’était armé que de quelques mitrailleuses, n’avait pas combattu Cette reddition devait valoir de difficiles moments, par la suite, à son commandant, lorsqu’il fut interrogé par une commission d’enquête de la marine, composée de cinq amiraux, à Coronado (Californie).  A plusieurs reprises, le commandant Bucher, ainsi que des membres de son équipage (quatre-vingt-deux’ hommes, mais l’un d’entre eux fut tué au cours de l’arraisonnement) ont reconnu, pendant leur détention, avoir pénétré dans les eaux territoriales nord-coréennes. Les autorités américaines n’ont jamais affirmé catégoriquement, de leur côté, qu’il n’en avait pas été ainsi. C’est pourquoi M. Dean Rusk déclara que  » rien ne prouvait que le Pueblo ait violé les eaux territoriales « .ImageLa libération de l’équipage du  » Pueblo  » a été obtenue grâce à une étrange procédure ImageL’équipage du Pueblo et son commandant furent libérés à Panmunjon en décembre 1968, après une tractation peu commune entre Américains et Coréens du Nord : dans un texte, qu’ils devaient repousser par la suite, les Américains reconnaissaient avoir violé la souveraineté nord-coréenne. Le Pueblo est toujours aux mains des Coréens, dans le port de Wonsan. La libération des membres de l’équipage du Pueblo a été obtenue grâce à la signature par les États-Unis d’un document dans lequel ils assument  » la pleine responsabilité et s’excusent solennellement pour les graves actes d’espionnage commis contre la République démocratique et populaire de Corée, alors que le navire américain avait pénétré dans les eaux territoriales de ce pays « . ImageCe document fournit également au gouvernement de Pyongyang des assurances formelles selon lesquelles  » aucun navire américain ne violera plus jamais les eaux territoriales de la République démocratique et populaire de Corée « . Enfin le document signé par le général Woodward, qui a mené les négociations de Panmunjom, demandait aux Nord-Coréens de réserver un traitement humanitaire aux membres de l’équipage qui  » ont honnêtement reconnu leur crime  » et sollicitait l’indulgence de la Corée du NordImageL’enquête ouverte après la libération de l’équipage n’a pas encore permis de faire toute la lumière sur l’affaire. Elle a cependant mis en relief le peu d’empressement des autorités militaires américaines à venir au secours du Pueblo, ce qui confirme la volonté de l’ex-président Johnson de ne pas courir le risque d’ouvrir un second front asiatique. Il y a un autre fait à retenir et qui demeure bien établi : le « Pueblo » est un navire équipé pour capter des renseignements secrets. ImageLe gouvernement de Washington ne l’a point nié ; quant à la presse d’outre-Atlantique, elle a donné sur les caractéristiques de ce bâtiment de guerre très particulier des détails abondants qui ne laissent aucun doute sur le genre de mission qu’il accomplissait à proximité des côtes nord-coréennes. Il surveillait les communications de Pyongyang et il pouvait notamment, grâce aux appareils électroniques dont il disposait, déchiffrer les télégrammes codés. L’évolution d’un tel navire à faible distance du littoral national ne saurait être bien vue par aucun gouvernement ; on se rappelle les réactions de Washington lorsque des chalutiers soviétiques supposés être des bateaux espions camouflés s’étaient approchés des côtes américaines : des ordres avaient été aussitôt donnés à l’aviation militaire d’effectuer au-dessus de ces bateaux des vols de harcèlement pour les obliger à s’en éloigner. Qu’auraient fait les Etats-Unis si l’un de ces navires avait eu l’audace de pénétrer dans les eaux territoriales américaines ? On peut être sûr qu’ils auraient arraisonné le coupable, comme c’était leur droit.

L’espionnage, c’est-à-dire la recherche par des moyens inavoués et aux besoins illicites de renseignements secrets de caractère militaire, politique et économique, n’est pas une invention récente ; il existe depuis qu’il y a des groupements humains organisés en vue de la défense commune. L’Etat moderne, qui a entre autres pour mission de veiller à la sécurité nationale, n’a fait que perfectionner les méthodes d’espionnage. Original U.S. Vietnam War USS Pueblo (AGER-2) Commander Lloyd M. Buche – International Military AntiquesAujourd’hui il y a des ambassades où, selon des observateurs dignes de foi, la plupart des fonctionnaires figurant sur la liste diplomatique sont des agents secrets dépendant non pas du ministère, mais d’un service secret et agissant sous le couvert de l’immunité. Depuis une cinquantaine d’années, et plus encore depuis la deuxième guerre mondiale, l’espionnage a pris des proportions inconnues auparavant ; sa place dans certains Etats et la façon de le considérer même ont changé. La raison en est sans doute la guerre froide dont l’origine remonte à la constitution de l’Union soviétique. En réponse aux avantages que le premier Etat socialiste a pu s’assurer pour sa propagande et ses informations, par suite du dévouement à la cause commune des partis communistes locaux, l’Amérique, se sentant gravement menacée par une idéologie hostile, a mis sur pied des services de renseignements très puissants, véritable Etat dans l’Etat, pourvus de moyens énormes et disposant de camps de formation d’agents et de commandos, d’avions et de navires.

Comme toujours, les Etats-Unis ont visé dans ce domaine aussi à parvenir au maximum d’efficacité, mais il semble bien qu’ils aient ainsi dépassé le but. Car s’il est normal qu’un gouvernement cherche à scruter les intentions secrètes des pays étrangers avec lesquels il pourrait un jour se trouver en guerre, il n’est pas sans risques de donner un développement excessif à des activités nécessaires mais délicates et trop de pouvoir à des services dont le contrôle échappe à bien des égards aux organismes gouvernementaux réguliers. On a vu lors des malheureuses affaires de la baie des Cochons et de l’U-2 où cela pouvait parfois conduire ; ni l’une ni l’autre de ces deux initiatives de la C.I.A. n’avait contribué à rehausser le prestige de l’Amérique et leurs répercussions internationales furent nettement fâcheuses. S’il existe une règle incontestée en droit international, c’est celle qui reconnaît tout gouvernement le droit de condamner les étrangers surpris en flagrant délit d’espionnage.

Cela pourrait être le cas du « Pueblo » et de son équipage ; ces hommes savaient probablement à quoi ils s’exposaient en s’engageant dans cette sorte d’activité. Il dépendait exclusivement des autorités de Pyongyang d’user de leur droit ou d’entrer en tractation avec Washington. La République démocratique populaire de Corée n’étant pas membre des Nations unies, il y avait peu de chances qu’on puisse régler l’affaire par l’entremise d’une organisation dont l’une des parties est exclue. La leçon qu’il conviendrait de tirer de la regrettable aventure du « Pueblo » est la nécessité d’imposer plus de réserve aux services de renseignements. Il ne faut pas que l’espionnage devienne une des fonctions essentielles de l’Etat à l’étranger si l’on ne veut accroître la suspicion et la méfiance dans les relations internationales au point de les transformer en jungle.ImageUSS Pueblo capturé

1968 Navire espion USS Pueblo et équipage de 83 hommes saisis en mer du Japon par la Corée du NordImageLe 23 janvier 1968, l’USS Pueblo, un navire de renseignement de la Marine, est engagé dans une surveillance de routine des côtes nord-coréennes lorsqu’il est intercepté par des patrouilleurs nord-coréens. Selon des rapports américains, le Pueblo se trouvait dans les eaux internationales à près de 16 milles du rivage, mais les Nord-Coréens ont braqué leurs armes sur le navire légèrement armé et ont exigé sa reddition. Les Américains ont tenté de s’échapper et les Nord-Coréens ont ouvert le feu, blessant le commandant et deux autres.Image La capture étant inévitable, les Américains ont pris du temps, détruisant les informations classifiées à bord tout en continuant à tirer. Plusieurs autres membres d’équipage ont été blessés.  Enfin, le Pueblo a été embarqué et emmené à Wonson. Là, l’équipage de 83 hommes a été ligoté et les yeux bandés et transporté à Pyongyang, où ils ont été accusés d’espionnage dans la limite territoriale de 12 milles de la Corée du Nord et emprisonnés. Ce fut la plus grande crise en deux ans de tension accrue et d’escarmouches mineures entre les États-Unis et la Corée du Nord.Operation Formation Star - WikipediaLes États-Unis ont soutenu que le Pueblo s’était trouvé dans les eaux internationales et ont exigé la libération des marins captifs. Alors que l’offensive du Têt faisait rage à 2 000 milles au sud du Vietnam, le président Lyndon Johnson n’a ordonné aucune riposte directe, mais les États-Unis ont commencé un renforcement militaire dans la région.

Au début, l’équipage capturé du Pueblo a résisté aux demandes de signature de faux aveux, levant le majeur vers la caméra et disant aux Nord-Coréens que c’était le « signe de bonne chance hawaïen ». Une fois que les Nord-Coréens ont appris la vérité, ils ont puni les prisonniers avec des passages à tabac, des températures froides et la privation de sommeil, selon un procès que certains membres de l’équipage du Pueblo déposeront plus tard contre le gouvernement nord-coréen.  Finalement, les autorités nord-coréennes ont obtenu des aveux et des excuses du commandant Pueblo Bucher, dans lequel il a déclaré : « Je ne participerai plus jamais à un acte d’agression honteux de ce type. Le reste de l’équipage a également signé des aveux sous la menace de torture.

Les prisonniers ont ensuite été emmenés dans un deuxième complexe à la campagne près de Pyongyang, où ils ont été forcés d’étudier des documents de propagande et battus pour s’être écartés des règles strictes du complexe. En août, les Nord-Coréens ont organisé une fausse conférence de presse au cours de laquelle les prisonniers devaient louer leur traitement humain, mais les Américains ont contrecarré les Coréens en insérant des insinuations et un langage sarcastique dans leurs déclarations. Certains prisonniers se sont également rebellés lors de séances photo en sortant avec désinvolture leur majeur ; un geste que leurs ravisseurs n’ont pas compris. Plus tard, les Nord-Coréens ont compris et ont battu les Américains pendant une semaine.

Le 23 décembre 1968, exactement 11 mois après la capture du Pueblo, les négociateurs américains et nord-coréens sont parvenus à un accord pour résoudre la crise. Aux termes du règlement, les États-Unis ont admis l’intrusion du navire sur le territoire nord-coréen, se sont excusés pour l’action et se sont engagés à cesser toute action future de ce type. Ce jour-là, les 82 membres d’équipage survivants ont traversé un par un le « Pont du non-retour » à Panmunjon vers la liberté en Corée du Sud. Ils ont été salués comme des héros et sont rentrés chez eux aux États-Unis à temps pour Noël.  Les incidents entre la Corée du Nord et les États-Unis se sont poursuivis en 1969 et, en avril 1969, un chasseur MiG nord-coréen a abattu un avion de renseignement de la marine américaine, tuant les 31 hommes à bord. En 1970, le calme revient dans la zone démilitarisée.

https://www.history.com/this-day-in-history/uss-pueblo-captured

https://www.lemonde.fr/archives/article/1968/12/24/la-liberation-de-l-equipage-du-pueblo-a-ete-obtenue-grace-a-une-etrange-procedure_2509449_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/04/17/le-precedent-du-pueblo_2439486_1819218.html

https://www.monde-diplomatique.fr/1968/02/HONTI/28208 

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