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22 Janvier 1905 – Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg

THE 1905 REVOLUTION “Without the dress rehearsal of 1905 the victory of the October Revolution of 1917 would have been impossible” – V. I. Lenin. - ppt downloadDimanche rouge et révolution russe de 1905 ImageA Saint-Pétersbourg, l’armée tire sur une manifestation d’ouvriers et paysans devant le palais d’Hiver. C’est le Dimanche rouge qui marque le début de la révolution russe. Journée de manifestation ouvrière du 9 janvier (22 janvier) 1905 à Saint-Pétersbourg, qui fut le point de départ de la révolution russe de 1905. Organisé à l’instigation du pope Gapone afin de présenter une pétition à Nicolas II en faveur de réformes, le défilé fut reçu par l’armée et la police, qui tirèrent sur les manifestants. L’agitation est entretenue par la crise économique que traverse le pays et aggravée par les désastres militaires, essentiellement en Extrême-Orient, face aux armées japonaises.ImageLe dimanche 9 janvier 1905 (22 janvier dans le calendrier occidental), 200000 travailleurs, principalement des ouvriers d’usine et leurs familles, allèrent demander justice au tsar Nicolas II. Guidés par le pope Gapone, ils portaient des portraits du souverain et des oriflammes religieuses. La pétition qu’ils apportaient au tsar, couverte de dizaines de milliers de leurs signatures, se terminait par ces mots : «Si tu refuses d’entendre notre supplication nous mourrons ici, sur place, devant ton palais.» C’est en effet ce qui arriva. La troupe lâchée sur la foule fit des centaines de morts et des milliers de blessés. Les soldats et les policiers emportèrent eux-mêmes des cadavres de manifestants pour les enterrer sans qu’on puisse les compter. Ce fut alors le début de la première révolution russe, la révolution de 1905: la nouvelle de ce massacre parcourut le pays en déclenchant une vague de grèves et d’agitation politique qui alla s’amplifiant toute l’année et qui devait culminer par la grève générale d’octobre, la constitution du Soviet de Saint-Pétersbourg, véritable organe de pouvoir de la classe ouvrière, et l’insurrection de Moscou en décembre.ImageDepuis les années 1880, la Russie connaissait un développement industriel rapide. Elle comptait un million d’ouvriers d’usine en 1880, plus de trois millions en 1897, plus encore en 1905. Il s’y ajoutait six millions d’autres prolétaires, sur un total de 150 millions d’habitants, principalement des paysans misérables. Une grande partie des ouvriers était concentrée dans d’énormes usines où la technique la plus moderne côtoyait les rapports sociaux les plus brutaux. «L’industrie la plus concentrée de l’Europe sur la base de l’agriculture la plus primitive. La machine gouvernementale la plus puissante du monde qui utilise toutes les conquêtes du progrès technique pour entraver le progrès historique de son pays», telle était, selon Trotsky, la Russie de 1905. Les journées de travail y duraient rarement moins de 11 heures, les amendes diminuaient fréquemment des salaires déjà misérables, les grèves et les syndicats étaient évidemment interdits. Non seulement les éventuels «meneurs» étaient licenciés sur-le-champ, mais la police les recherchait, les arrêtait, les tabassait. Même les caisses de secours pour les accidentés du travail, les veuves et les orphelins étaient interdites. Les licenciements étaient à la discrétion du patron, rien ne protégeait les travailleurs contre le chômage, les accidents, la vieillesse.

L’essor du capitalisme… et des grèves  ImageCette Russie était donc un paradis pour les «investisseurs» comme on dirait aujourd’hui. 25% des capitaux français placés à l’étranger avant la guerre de 1914-1918 étaient investis en Russie. C’était, entre autres, le fameux «emprunt russe» par lequel n’importe quel rentier français pouvait avoir sa part du boom des pétroles de Bakou, de l’aventure du train transsibérien, du marché de l’équipement de l’armée russe et, de manière plus générale, de l’exploitation du prolétariat du pays. L’argent drainé et placé par les grandes banques françaises, anglaises, allemandes servait en même temps à développer la production russe et à soutenir le pouvoir du tsar, sa police et son armée, gardiennes de l’ordre nécessaire à une exploitation sans frein. Les profits étaient rapatriés dans les maisons mères de Paris, Londres ou Berlin. À l’époque les militants socialistes n’appelaient pas cela «mondialisation» mais tout simplement «expansion du capitalisme». D’ailleurs si les socialistes français ou allemands critiquaient les placements de leurs capitalistes en Russie, c’était parce que ces emprunts constituaient un soutien politique au pouvoir dictatorial du tsar. Ils considéraient en revanche que la naissance du prolétariat en Russie renforçait le camp du prolétariat mondial et estimaient que ses premières luttes étaient un gage pour l’avenir.

À partir de 1903 les grèves ouvrières, déjà nombreuses, firent un pas de plus. Elles embrasaient souvent toute une ville ou même toute une région. Les ouvriers quittaient le travail, se rassemblaient dans les rues dans de grands meetings et exposaient leurs revendications. Les grèves prirent souvent un tour politique, les ouvriers grévistes manifestant pour une assemblée constituante, la liberté de presse et de réunion, la libération des prisonniers politiques. L’État envoyait les Cosaques contre les rassemblements ouvriers et déportait en Sibérie les leaders, souvent des militants socialistes. Par ailleurs, il créa aussi lui-même des associations capables d’exposer certaines revendications ouvrières, tout en restant, espérait le ministre de l’Intérieur, étroitement encadrées par la police. Ne pouvant empêcher les protestations ouvrières, la police du tsar voulait au moins tenter de les contrôler et de les limiter.  Ces artifices allaient s’avérer impuissants à enrayer la crise qui menaçait le régime. En février 1904 une guerre pour la domination du nord de la Chine éclatait entre la Russie et le Japon. Les généraux russes y firent la preuve de leur incompétence et se déconsidérèrent par leurs défaites, leur morgue et leurs concussions. Le régime, à l’image de ses généraux, était pourri.

De la répression à la révolutionImageC’est dans cette situation que, le 3 janvier 1905 (selon l’ancien calendrier), la grève commença à l’usine Poutilov, la plus grande usine métallurgique de Saint-Pétersbourg, capitale économique et culturelle de l’empire russe. La grève était théoriquement encadrée par une de ces sociétés d’origine policière, la «Société des ouvriers des fabriques et des usines» dont le leader était le pope Gapone. Les ouvriers de Poutilov entraînèrent ceux des autres usinesImage. Le 7 janvier il y avait 140000 grévistes dans la ville. Les grévistes, toujours sous l’autorité de Gapone, se réunissaient par usine ou par quartier pour discuter, approuver et signer les termes de la pétition à porter au tsar le dimanche suivant. Comme dans les cahiers de doléances de 1789, en France, on y trouvait toutes les revendications populaires : depuis les courants d’air dans les ateliers jusqu’à l’exigence d’une assemblée constituante, de la journée de huit heures aux libertés civiles individuelles. Dans ces assemblées les militants socialistes, quelques centaines en contact avec quelques milliers d’ouvriers, militaient pour que la manifestation ait des mots d’ordre politiques. Ils ne furent pas écoutés. Les ouvriers dans leur grande majorité voulaient vraiment demander au tsar de les entendre et de les sauver. Ils ne voulaient ni drapeaux rouges, ni chants révolutionnaires, ni discours socialistes.  Ce 9 janvier les coups de fusil et les sabres des cosaques se chargèrent de démontrer que le régime ne reculait pas devant le massacre d’ouvriers qui revendiquaient, fussent-ils encadrés par une association contrôlée par la police. C’est eux qui donnèrent le signal du début de la révolution.Image À partir de ce jour, progressivement, l’ensemble de la classe ouvrière russe se leva contre le régime, passant de simples revendications sociales à un véritable mouvement révolutionnaire. Cependant, au bout de plusieurs mois d’effervescence, la classe ouvrière se retrouva seule. Les libéraux, bourgeois et petits bourgeois, trahirent le mouvement révolutionnaire en se contentant des promesses de réformes faites par le tsar. Il y eu des mutineries comme celle, restée fameuse, du cuirassé Potemkine, à Odessa. Mais, dans l’ensemble, l’armée resta fidèle au tsar, à l’image de ceux qui formaient ses gros bataillons, l’immense paysannerie russe.  Dans les années qui suivirent, le mouvement ouvrier allait refluer, mais la classe ouvrière n’était nullement brisée et la tradition révolutionnaire de 1905 restait bien vivante. Après qu’en février 1917 le régime tsariste s’écroula, discrédité cette fois par son comportement dans la terrible boucherie de la guerre mondiale, ce fut cette même classe ouvrière qui sut se porter à la tête de la révolution. Et elle put cette fois, en octobre 1917, conquérir le pouvoir.Image1905 A Saint-Pétersbourg, en Russie, une grande manifestation d’ouvriers dirigée par le Père Gapon, marche vers le Palais d’Hiver avec une pétition au Tsar ; les troupes tirent sur les manifestants dans ce qui devient connu sous le nom de « dimanche sanglant »

144 – La révolution russe de 1905 qui a échoué ? Par J. NEHRU

Un «autre» regard sur l’Histoire du Monde ou en anglais : «Glimpses of World History»Découvrir d’un chef d’œuvre en Histoire du Monde

Voici pour la première fois, intégralement traduite en français et gratuitement à votre disposition.ImageDécouvrir d’un chef d’œuvre en Histoire du Monde

–A ce propos, «Glimpses of world history» ou «Un « autre » regard sur l’Histoire du Monde », un livre publié par Nehru en 1934, est un balayage panoramique de l’histoire de l’humanité. Il s’agit d’un recueil de 196 lettres sur l’histoire du monde écrites entre 1930 et 1933 dans diverses prisons de l’Inde britannique. Il est très étonnant d’ailleurs que ce livre n’ait jamais été traduit en français, en tous cas pour le grand public. L’un des livres les plus remarquables jamais écrits. On est impressionné par l’ampleur de la culture de Nehru.

144 – La révolution russe de 1905 qui a échoué

En Russie, la situation était différente, car il n’y avait pas de place pour une action parlementaire. Il n’y avait pas de parlement. Même ainsi, il y avait des possibilités d’abandonner ce que l’on appelait les méthodes «illégales» de lutte contre le tsarisme et de continuer pendant un certain temps avec une propagande théorique discrète. Mais Lénine avait des vues claires et précises sur le sujet. Il ne tolérerait aucun affaiblissement, aucun compromis, car il craignait qu’autrement les opportunistes n’inondent leur parti. Il avait vu les méthodes adoptées par les partis socialistes occidentaux, et il n’en avait pas été impressionné. Comme il l’écrivait plus tard, à un autre égard, «la tactique du parlementarisme, telle qu’elle était pratiquée par les socialistes occidentaux, était incomparablement plus démoralisante, ayant progressivement converti chaque parti socialiste en un petit Tammany Hall avec ses grimpeurs et ses chercheurs d’emploi». (Tammany Hall est à New York. C’est devenu un symbole de corruption politique.)Lénine ne se souciait pas du nombre de personnes qu’il avait avec lui – il a même menacé à un moment donné de rester seul – mais il a insisté sur le fait que seuls ceux qui étaient des « entiers », qui étaient prêts à tout donner pour la cause, et même à se passer des applaudissements de la multitude. Il voulait constituer un corps d’experts en révolution «capables de développer efficacement le mouvement. Il n’avait aucune utilité pour les sympathisants et les amis du beau temps.          603

C’était une ligne difficile à suivre, et beaucoup ont pensé que ce n’était pas sage. Dans l’ensemble, cependant, la victoire revient à Lénine, et le Parti social-démocrate se scinde en deux, et deux noms, devenus célèbres depuis, sont nés : Bolchevik et Menchévik. Bolchevik est maintenant un mot terrible pour certaines personnes ; mais tout ce que cela signifie, c’est la majorité. Menchévik signifie minorité. Le groupe de Lénine dans le parti, après cette scission en 1903, étant majoritaire, s’appelait bolchevik, c’est-à-dire le parti majoritaire. Il est intéressant de noter qu’à cette époque Trotski, alors jeune homme de vingt-quatre ans, qui devait être le grand collègue de Lénine dans la révolution de 1917, était du côté des mencheviks.

Toutes ces discussions et débats ont eu lieu loin de la Russie, à Londres. Une réunion du parti russe a dû se tenir à Londres car il n’y avait pas de place pour cela dans la Russie tsariste et la plupart de ses membres étaient des exilés ou des condamnés en fuite de Sibérie.ImagePendant ce temps, en Russie même, les troubles se préparent. Les grèves politiques en sont des signes. Une grève politique des travailleurs signifie une grève non pas pour une amélioration économique, comme une augmentation des salaires, mais pour protester contre une action politique du gouvernement. Cela signifie une certaine conscience politique de la part des travailleurs. Ainsi, si les ouvriers indiens font grève parce que Gandhi a été arrêtée, ou si une oppression extraordinaire s’est produite, c’est une grève politique. Curieusement, ces grèves politiques étaient rares en Europe occidentale, malgré ses puissants syndicats et organisations de travailleurs. Ou peut-être étaient-ils rares parce que les dirigeants ouvriers s’étaient atténués en raison de leurs intérêts personnels. En Russie, la tyrannie continue du tsarisme a toujours maintenu le côté politique au premier plan. Dès 1903, il y eut de nombreuses grèves politiques spontanées dans le sud de la Russie. Le mouvement était à grande échelle, mais, faute de dirigeants, il s’est évanoui.

L’année suivante a apporté des problèmes en Extrême-Orient. Je t’ai parlé dans une autre lettre de la construction de la longue ligne du chemin de fer sibérien, à travers les steppes du nord de l’Asie, jusqu’à l’océan Pacifique ; d’affrontements avec le Japon à partir de 1894 ; et de la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Je t’ai aussi parlé du «dimanche rouge» – 22 janvier 1905 – lorsque les troupes du tsar ont abattu une manifestation pacifique, dirigée par un prêtre, qui s’était rendue au «petit père» pour mendier du pain. Un frisson d’horreur a traversé le pays et il y a eu de nombreuses grèves politiques. Finalement, il y a eu une grève générale dans toute la Russie. Le nouveau type de révolution marxiste avait commencé.    604                    ImageLes ouvriers qui avaient fait grève, surtout dans les grands centres comme Petersburg et Moscou, ont créé une nouvelle organisation – le» Soviet  » – dans chacun de ces centres. Ce n’était d’abord qu’un comité chargé de gérer la grève générale. Trotski est devenu le leader du Soviet de Petersburg. Le gouvernement du Tsar a été complètement pris au dépourvu, et il s’est rendu dans une certaine mesure, en faisant des promesses sur une assemblée constitutionnelle et une franchise démocratique une assemblée constitutionnelle et un droit de vote démocratique. La grande citadelle de l’autocratie semblait être tombée. Ce que les révoltes paysannes du passé n’avaient pas réussi à faire, ce que les terroristes avec leurs bombes n’avaient pas réussi à faire, et ce que les constitutionnalistes libéraux modérés ne pouvaient pas faire avec leurs plaidoiries prudentes, que les ouvriers avaient fait avec leur grève générale. Tsardom, pour la première fois de son histoire, a dû se prosterner devant les gens du commun. Cela s’est avéré plus tard être une victoire vide. Mais le souvenir n’en était pas moins un phare pour les ouvriers.                   ImageLe tsar avait promis une assemblée constitutionnelle, une Douma, comme on l’appelait, ce qui signifie un lieu de réflexion et non un parloir comme un parlement (du français parler). Cette promesse refroidit l’ardeur des libéraux modérés, satisfaits. Ils sont toujours facilement satisfaits. Les propriétaires terriens, effrayés par la révolution, acceptèrent certaines réformes qui profitèrent aux paysans les plus riches. Le gouvernement du tsar a alors affronté les vrais révolutionnaires et, se rendant compte de leur faiblesse, a joué à la hauteur. D’un côté, les ouvriers affamés, plus intéressés par le pain et les salaires plus élevés que par les constitutions politiques, et la paysannerie plus pauvre soulevant le dangereux slogan : «Donnez-nous la terre» ; de l’autre, les révolutionnaires se préoccupaient principalement de l’aspect politique et espéraient obtenir un parlement sur le modèle de l’Europe occidentale, et ne pensant pas beaucoup aux demandes ou aux sentiments réels des masses. Beaucoup de travailleurs qualifiés de meilleure classe qui étaient organisés en syndicats ont rejoint la révolution parce qu’ils appréciaient l’aspect politique. ImageMais les masses en général dans les villes et les villages étaient apathiques. Sur ce, le gouvernement et la police tsaristes ont essayé la méthode traditionnelle de tous les despotismes : ils ont créé des divisions et incité ces masses affamées contre certains des groupes révolutionnaires. Les malheureux Juifs ont été massacrés par les Russes, les Arméniens par les Tartares, et il y a même eu des affrontements entre les étudiants révolutionnaires et les travailleurs les plus pauvres. Ayant ainsi brisé le dos de la révolution dans diverses parties du pays, le gouvernement a attaqué les deux centres de tempête – Petersburg et Moscou. Le Soviet de Petersburg a été facilement écrasé. À Moscou, l’armée a aidé les révolutionnaires et il y a eu une bataille de cinq jours avant que le Soviet ne soit finalement écrasé. Puis a suivi la vengeance. A Moscou, on dit que le gouvernement a mis à mort 1 000 personnes sans jugement et en a emprisonné 70 000. Dans tout le pays, environ 14 000 personnes sont mortes à la suite des diverses insurrections.

Ainsi finie, défaite et désastre, la révolution russe de 1905. Elle a été appelée le prologue de la révolution de 1917, qui a réussi. «Les masses ont besoin de la scolarisation des grands événements» avant que leur conscience ne puisse être réveillée et qu’elles puissent agir à grande échelle.      605

Les événements de 1905 leur procurent, à un coût élevé, cette scolarité.Traces of EvilLa Douma fut élue et se réunit en mai 1906. Loin d’être un corps révolutionnaire, mais trop libéral au gré du tsar, il la renvoya chez lui au bout de deux mois et demi. Ayant écrasé la révolution, il se souciait peu de la colère de la Douma. Les députés limogés de la Douma, qui étaient des constitutionnalistes libéraux de la classe moyenne, se sont rendus en Finlande (qui était assez proche de Petersburg et qui était alors un pays semi-indépendant sous la suzeraineté du tsar), et ont appelé le peuple russe à refuser de payer impôts et de résister au recrutement dans l’armée et la marine en signe de protestation contre le limogeage de la Douma. Les députés n’étaient pas en contact avec les masses et il n’y eut aucune réponse à leur appel.

L’année prochaine, en 1907, une deuxième Douma est élue. La police a tenté d’empêcher des candidats radicaux de se faire élire en mettant toutes sortes de difficultés sur leur chemin, et parfois par le simple expédient de les arrêter. Pourtant, la Douma n’était pas du goût du tsar, et il la renvoya au bout de trois mois. Le gouvernement du tsar a maintenant pris des mesures pour empêcher tous les indésirables d’être élus en modifiant la loi électorale. Il a réussi, et la troisième Douma était un organe hautement respectable et conservateur, et il a eu une longue vie.ImageTu te demandes peut-être pourquoi le tsar s’est donné la peine d’avoir ces faibles Dumas alors qu’il était assez fort pour continuer comme il l’entendait, après avoir écrasé la révolution de 1905. La raison était en partie de satisfaire quelques petits groupes en Russie, principalement les riches propriétaires et commerçants. La situation dans le pays était mauvaise. Les gens avaient, sans aucun doute, été écrasés, mais ils étaient maussades et en colère. On a donc pensé qu’il valait la peine de garder au moins les riches au sommet en main. Mais une raison plus importante était de faire comprendre aux pays européens que le tsar était un monarque libéral.How Russia's own Bloody Sunday turned Nicholas II into a public enemy - Russia BeyondLe mauvais gouvernement tsariste et la tyrannie devenaient des mots d’ordre en Europe occidentale. Lorsque la première Douma a été limogée, un chef du Parti libéral britannique a crié, à la Chambre des communes, je pense : « La Douma est morte ! Vive la Douma ! » Cela montrait combien il y avait de sympathie pour la Douma. Et puis le tsar voulait de l’argent, et une bonne partie de celui-ci. Le Français économe le lui avait prêté ; c’est, en effet, avec l’aide de 8, emprunt français que le tsar écrase la révolution de 1905. C’était un contraste étrange – la France républicaine aidant la Russie autocratique à écraser ses radicaux et ses révolutionnaires. Mais la France républicaine signifiait les banquiers français. Quoi qu’il en soit, les apparences devaient être maintenues, et la Douma y a contribué.    606

Pendant ce temps, la situation européenne et mondiale évoluait rapidement. Après la défaite de la Russie face au Japon, l’Angleterre avait cessé de craindre la Russie comme elle le faisait auparavant. Une nouvelle crainte avait surgi pour l’Angleterre, celle de l’Allemagne, tant dans l’industrie que sur la mer, qui était depuis si longtemps l’apanage de l’Angleterre. C’était aussi la peur de l’Allemagne qui avait rendu la France si généreuse avec ses prêts à la Russie. Cette menace allemande, comme on l’appelait, poussa deux anciens ennemis à s’embrasser. En 1907, un traité anglo-russe fut signé qui régla tous leurs points de différend en suspens, en Afghanistan, en Perse et ailleurs. Plus tard, une triple entente s’est développée entre l’Angleterre, la France et la Russie. Dans les Balkans, l’Autriche était la rivale de la Russie, et l’Autriche était l’alliée de l’Allemagne, tout comme l’Italie sur le papier. Ainsi, la triple entente de l’Angleterre, de la France et de la Russie faisait face à la triple alliance de l’Allemagne, de l’Autriche et de l’Italie. Et les hôtes se sont préparés à l’action pendant que des gens paisibles dormaient, ne sachant pas les terreurs qui les attendaient.

Ces années en Russie, après 1905, furent des années de réaction. Le bolchevisme et les autres éléments révolutionnaires avaient été complètement écrasés. Dans les pays étrangers, certains bolcheviks en exil, comme Lénine, continuaient patiemment, écrivaient des livres et des brochures, et essayaient d’adapter la théorie marxiste aux conditions changeantes. Le fossé entre le menchevisme (le parti minoritaire le plus modéré des marxistes) et le bolchevisme s’est creusé. Le menchevisme est devenu plus important au cours de ces années de réaction. En effet, bien qu’il s’appelait le parti minoritaire, il avait alors beaucoup plus de gens de son côté. ImageÀ partir de 1912, un changement s’est de nouveau produit dans le monde russe, et l’activité révolutionnaire s’est développée, et avec elle s’est développé le bolchevisme. Au milieu de 1914, l’air de Petrograd était rempli de rumeurs de révolution et, comme en 1905, un grand nombre de grèves politiques ont eu lieu. Et pourtant – de telles choses sont des révolutions ! – du Comité bolchevique de Saint-Pétersbourg des sept, on découvrit plus tard que trois étaient dans les services secrets tsaristes ! Les bolcheviks avaient un petit groupe à la Douma, dont le chef était Malinowsky. Il a également été reconnu comme un agent de police ! Et Lénine lui faisait confiance.

La guerre mondiale a commencé en août 1914, et cela a soudainement tourné l’attention vers les fronts en guerre, et la conscription a emporté les principaux ouvriers, et le mouvement révolutionnaire s’est éteint. Les bolcheviks qui ont élevé la voix contre la guerre étaient peu nombreux et ils sont devenus extrêmement impopulaires.Russian Revolution | 9-day Russia Private TourNous sommes arrivés à notre poste désigné- la guerre mondiale – et nous devons nous arrêter ici. Mais avant de terminer cette lettre, je voudrais attirer ton attention sur l’art et la littérature russes. La Russie tsariste, avec tous ses défauts, a réussi à maintenir, comme la plupart des gens le savent, une danse merveilleuse. Il a également produit une série de maîtres-écrivains au XIXe siècle qui a construit une grande tradition littéraire. Tant dans le long roman que dans la nouvelle, ils ont montré une maîtrise incroyable. Au début du siècle vivait Pouchkine, le contemporain de Byron, Shelley et Keats, que l’on dit être le plus grand des poètes russes. Parmi les romanciers, les écrivains célèbres du XIXe siècle sont Gogol, Turgeniev, Dostoïevski et Tchekhov. ImageEnsuite, il y a peut-être le plus grand d’entre eux, Léon Tolstoï, qui non seulement était un génie dans l’écriture de romans, mais qui est devenu un chef religieux et spirituel dont l’influence était considérable. En effet, elle parvint à Gandhi, qui se trouvait alors en Afrique du Sud, et les deux hommes s’apprécièrent et correspondirent entre eux. Le lien d’union était la foi ferme des deux dans la non-résistance ou la non-violence. Selon Tolstoï, c’était l’enseignement de base du Christ, et Gandhi a tiré la même conclusion des anciens écrits hindous. Alors que Tolstoï est resté un prophète, vivant selon ses convictions, mais plutôt coupé du monde, Gandhi a appliqué cette chose apparemment négative de manière active aux problèmes de masse en Afrique du Sud et en Inde. L’un des grands écrivains russes du XIXe siècle est toujours vivant. Il est Maxime Gorki. [Gorki est mort en 1936.]

https://nimareja.fr/un-autre-regard-sur-lhistoire-du-monde-ouverture-nehru/

https://nimareja.fr/144-la-revolution-russe-de-1905-qui-a-echoue/

https://www.onthisday.com/photos/the-other-russian-revolution

https://journal.lutte-ouvriere.org/2005/01/13/22-janvier-1905-le-dimanche-rouge-de-saint-petersbourg_10036.html

https://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19050122&get_all=1&ID_reac=-1&tout=1&resume=1

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