Catégories
Terrorisme

2 novembre 2013 – Assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI

https://s.rfi.fr/media/display/40afc57a-0d13-11ea-9584-005056bfe576/w:1280/p:16x9/verlon_dupont_montage_0_0.jpgONU : une résolution pour une journée internationale de la protection des journalistesGhislaine Dupont & Claude Verlon : la France accusée d'entraver l'enquête ? - YouTubeLes envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, étaient enlevés puis assassinés près de Kidal, dans le nord du Mali. Deux ans plus tard, l’enquête est toujours au point mort.RFI : pour Ghislaine Dupont et Claude Verlon, la difficile quête de la vérité – Jeune AfriqueL’Assemblée générale de l’ONU déclare une journée internationale pour la protection des journalistes : le 2 novembre, date de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon au Mali. Une initiative qui doit permettre de mettre en lumière le sort de nombreux journalistes tués chaque année à travers le monde. C’est la première fois que l’Assemblée générale de l’ONU se saisit du thème de la protection des journalistes. Le texte adopté à l’unanimité appelle tous les Etats membres à mettre fin à l’impunité et à aller jusqu’au bout des enquêtes dans les crimes commis contre les journalistes.  La résolution déclare une Journée internationale, le 2 novembre. Un hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés ce jour-là au Mali. Journalistes tués au Mali : « on nous ment », affirme la mère de Ghislaine Dupont | Malicom - L'info sur le bout des doigts.L’année dernière 89 journalistes ont été tués et depuis le début de l’année, 52 encore ont perdu la vie : en Syrie, en Somalie, au Pakistan, au Brésil, au Mexique par les cartels de la drogue. L’Assemblée générale mentionne également les nouvelles formes de journalisme pour inclure par exemple les blogueurs qui ne sont pas rattachés à une rédaction, mais peuvent subir les mêmes pressions. Cette résolution de l’ONU ne changera sans doute pas radicalement le sort des journalistes pourchassés ou emprisonnés à travers le monde, mais elle a le mérite de mettre ce sujet en lumière et pour RFI de montrer que le meurtre de Ghislaine et Claude au Mali n’est pas passé inaperçu.ImageAssassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon : le chef du commando tué par l’armée françaiseImageParis a confirmé la mort, ce vendredi 11 juin, de Baye Ag Bakabo, le chef du commando qui avait enlevé nos confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon le 2 novembre 2013 à Kidal dans le nord du Mali.Archives des Ghislaine Dupont - Maison des journalistesL’information circulait depuis mercredi 9 juin mais n’avait alors rien d’officiel. Plusieurs membres de la famille de Baye Ag Bakabo avaient annoncé son décès sur les réseaux sociaux mais ni Barkhane, ni l’Élysée, contactés à ce moment-là, n’avaient confirmé.  Dans sa déclaration, la ministre des Armées Florence Parly précise que « le 5 juin dans la journée, la force Barkhane a détecté une attaque en préparation contre une emprise de l’ONU à Aguelhok dans le nord du Mali. Une opération de vive force a alors été lancée contre un groupe armé terroriste qui s’apprêtait à déclencher des tirs de mortier sur cette emprise occupée par le bataillon tchadien de la Minusma (ONU). Cette opération a conduit à la neutralisation de quatre terroristes. Parmi eux, a été identifié Baye Ag Bakabo, cadre terroriste considéré comme le responsable de l’enlèvement et de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de RFI, à Kidal le 2 novembre 2013. »Ghislaine Dupont et Claude Verlon : les deux journalistes enlevés au Mali exécutésCes quatre hommes s’apprêtaient donc à attaquer la base de la Minusma d’Aguelhok quand ils ont été neutralisés. Une attaque que l’armée française, a dit-on, détectée après un premier attentat manqué contre cette même base le 2 avril dernier. Paris a alors préparé une contre-offensive pour empêcher cette attaque. Sans savoir que Baye Ag Bakabo était dans ce groupe.  « C’est après l’opération que nous avons constaté qu’il figurait parmi les tués », confie-t-on au ministère des Armées. Il n’était donc pas directement ciblé même si on reconnait, dans l’entourage de la ministre, qu’il figurait sur les « écrans radars » des forces françaises. Plusieurs membres de sa famille avaient annoncé son décès, en milieu de semaine, sur les réseaux sociaux sans que les autorités françaises ne confirment jusque-là sa mort.Une nouvelle génération pour la radio en Afrique - 8 milliards de voisinsA la tête d’une katiba

Baye Ag Bakabo était le chef présumé du commando qui a enlevé et assassiné nos confrères. Cet ancien trafiquant et voleur de voiture rejoint la mouvance jihadiste en 2012. Un an plus tard, il regagne Kidal en se présentant comme repenti. En mars, il est auditionné par les services de renseignement français. Mais 8 mois plus tard, le 2 novembre 2013, c’est son pick-up couleur sable qui est utilisé pour enlever Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Un véhicule qu’il conduit ce jour-là. Ses papiers seront d’ailleurs retrouvés à l’intérieur.Global Freedom of Expression | Accountability for Targeted Killings of Journalists: Legal and Other Efforts Towards Justice - Global Freedom of ExpressionIl était à la tête depuis quelques mois d’une katiba chargée d’éliminer toutes les personnes soupçonnées de collaborer avec la force française Barkhane. En septembre dernier en plein cœur de Kidal, sa katiba avait notamment éliminé un important chef militaire du MNLA, Ahabi Ag Ahmayad.

Membre d’Aqmi, Baye Ag Bakabo était un homme discret. Mais on sait qu’il évoluait entre la région de Kidal et le sud de l’Algérie près de Tinzaouten. Un de ses derniers signalements remonte à octobre. Il a été aperçu lors de la libération de 200 jihadistes en échange de celle des otages Sophie Pétronin et Soumaïla Cissé.  Sa capture était d’une importance capitale pour les familles de nos confrères. Son témoignage aurait pu lever les zones d’ombre qui pèsent encore sur cette affaire. Sur les quatre membres du commando, un seul serait encore en vie. Tout comme l’un des commanditaires présumés, Sedan ag Hita.En avril dernier, Agnès Callamard qui était alors rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, s’était dite « particulièrement étonnée », que dans cette affaire, aucun mandat d’arrêt international n’ait été émis alors que l’identité des suspects est connue depuis plusieurs années.Affaire Ghislaine Dupont et Claude Verlon : « Voir les coupables capturés vivants, jugés et condamnés »Dans un communiqué, la maison-mère de RFI, France Médias Monde « prend acte de cette information et attend que l’enquête judiciaire, toujours en cours, sur l’assassinat de ses deux reporters permette d’éclaircir totalement les circonstances du drame, et aboutisse à l’arrestation de l’ensemble des membres du commando restants et de leurs complices éventuels afin qu’ils soient jugés. »Vidéo. Mali: les assassins des journalistes de RFI en 2013 seraient en Algérie | Le360 AfriqueMort de G. Dupont et C. Verlon : sept ans après, le point sur les avancées et blocages de l’enquête [Publié le : 02/11/2020]Visite de Marie-Christine Saragosse et Cécile Mégie – Club de RFI Berlin e.V.Le 2 novembre 2013, nos collègues Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient enlevés puis tués à Kidal dans le nord du Mali, alors qu’ils étaient en reportage. Sept ans après, un des commanditaires et deux des ravisseurs présumés courent toujours. En 2019, RFI avait révélé que les forces spéciales françaises avaient tenté de poursuivre les ravisseurs. Une information confirmée pour la première fois cette année par un officier français.Ghislaine Dupont, envoyée spéciale de RFI assassinée au Mali le 2 novembre 2013 - YouTubeIl y a sept ans jour pour jour, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journaliste et technicien à Radio France Internationale, étaient enlevés et assassinés à Kidal alors qu’ils étaient en reportage dans cette ville du nord du Mali. Un acte revendiqué par al-Qaïda au Maghreb islamique.

Depuis, l’enquête a connu bien peu de rebondissements. Le dernier en date est la déposition d’un militaire français, présent à Kidal ce jour-là. Après les révélations de RFI à l’été 2019, cet officier a confirmé au juge d’instruction, en juin dernier et pour la première fois, la présence des forces spéciales sur place. Il dirigeait le détachement qui a officiellement découvert les corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.  Dans une audition dont RFI a pu avoir connaissance, cet officier français confirme au juge la présence à Kidal, ce jour-là, d’«une dizaine » de soldats des forces spéciales. Ce qu’il n’avait pas mentionné lors de sa première déposition. Selon lui, ces forces spéciales ne faisaient à Kidal que du renseignement, étaient très mal équipées – « des véhicules civils très légers », un autre « sans blindage et sans arme lourde à l’exception d’une mitrailleuse 12-7 » –, au point de ne même pas être en mesure d’assurer leur propre sécurité. Elles recouraient donc régulièrement aux services des troupes conventionnelles.Apolline Raizon-Verlon : “Nous sommes otages du silence de l'Etat”D’autres sources militaires françaises confirment la mission de ces forces spéciales – être au contact des chefs touaregs qui contrôlaient alors Kidal – mais rappellent également leur spécificité : ils sont des soldats d’élite capables de réagir en toute situation.  Plusieurs autres sources, présentes à Kidal dans le même camp que les soldats des forces spéciales, confirment à RFI que ces hommes n’étaient pas très nombreux, mais assurent en revanche qu’ils disposaient de véhicules blindés, d’armes lourdes et qu’ils étaient en capacité d’agir de manière autonome.

Contradictions

En tout état de cause, ce 2 novembre 2013, l’officier français entendu par la justice ne cache pas que les forces spéciales ont tenté de réagir au plus vite. Mais selon lui, leur action s’est limitée à poursuivre un véhicule qui s’est avéré ne pas être le bon – « une fausse piste ».  Selon ce témoignage, au moins vingt minutes s’écoulent entre le moment où le chef des forces spéciales est alerté et celui où il prévient les troupes conventionnelles, pourtant seules, selon ses dires, capables de tenter quelque chose. Ce témoignage interpelle donc : comment comprendre que ces soldats d’élite aient tenté d’intervenir alors que l’officier ne cesse, dans son récit, de minimiser leur importance à l’époque à Kidal ?  Face à ces contradictions, une audition du commandant Charles, qui dirigeait à l’époque les forces spéciales sur place, pourrait permettre d’y voir plus clair.  Un sentiment qu’on ne nous a pas tout dit

Marie-Solange Poinsot est la mère de Ghislaine Dupont. Elle a aujourd’hui 90 ans et, pour elle, ces révélations tardives, au compte-gouttes, nourrissent un sentiment désagréable, celui qu’on ne lui dit pas tout sur les circonstances dans lesquelles sa fille a été assassinée.

« Souci technique » chez Malitel Hormis ce témoignage de l’officier français, l’enquête n’a pas connu d’autre avancée significative cette année. Malitel n’a toujours pas transmis les données réclamées par le juge pour permettre l’examen des factures des téléphones retrouvées notamment dans la voiture des ravisseurs.   Ces fadettes peuvent permettre aux enquêteurs d’identifier certains acteurs, d’établir des liens entre eux. Parfois, ces données peuvent faire basculer une enquête. Mais à ce jour, rien d’ « exploitable » n’a été transmis par l’opérateur téléphonique Malitel.

Depuis la première requête du juge d’instruction français, en 2015, l’opérateur a procédé à plusieurs envois, mais les données fournies ne correspondaient pas aux bonnes périodes. Aucun intérêt, donc, pour les enquêteurs.  Il y a un an, sollicité par RFI, le directeur de Malitel, Abdelaziz Biddine, expliquait être disposé à faire tout le nécessaire. Depuis, la justice a formulé de nouvelles demandes et la situation a quelque peu évolué. En décembre dernier, dans une lettre transmise par Malitel au juge malien faisant la liaison avec la justice française, et dont RFI a pu prendre connaissance, l’opérateur téléphonique évoque « un souci technique sur les disques », nécessitant « de recourir aux services d’un expert pour pouvoir procéder le plus rapidement aux vérifications sollicitées ».

De quels problèmes techniques s’agit-il ? Comment se fait-il que ces difficultés n’aient jamais été évoquées auparavant ? L’expert mandaté aura-t-il les moyens techniques de récupérer les précieuses données ? Le directeur de Malitel ne veut aujourd’hui faire aucun commentaire. Du côté des parties civiles, on veut croire dans la réussite de ces nouvelles démarches.

«J’aimerais me dire : on voit une issue proche»

L’an passé, Apolline Verlon, fille de Claude Verlon, avait écrit au président Emmanuel Macron pour tenter d’obtenir des réponses. Sans succès. Sept ans après, Apolline Verlon trouve que l’enquête n’avance pas assez vite.

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20210611-l-arm%C3%A9e-fran%C3%A7aise-confirme-avoir-tu%C3%A9-baye-ag-bakabo-chef-du-commando-qui-avait-enlev%C3%A9-nos-confr%C3%A8res-ghislaine-dupont-et-claude-verlon-en-2013-%C3%A0-kidal-au-nord-du-mali

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20201102-assassinat-g-dupont-et-c-verlon-7-ans-apr%C3%A8s-le-point-les-avanc%C3%A9es-et-blocages-lenqu

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *