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Femmes dans l'histoire

19 Mars 1938 – Fin de l’incapacité civile des femmes en France

Les femmes, des êtres humains : une longue lutte pour la libertéWomen And Their Struggle For Full Freedom In The Modern WorldLes femmes n’étaient même pas des personnes, juridiquement parlant                             Elles se sont battues pour les droits des femmes - ChallengesLa capacité juridique est l’aptitude à exercer des droits et obligations. Actuellement, toute personne majeure est, à priori, considérée comme étant capable juridiquement.Il y a 51 ans, naissait le Mouvement de libération des femmes sous l'Arc de Triomphe à Paris | Actu ParisCertaines exceptions existent : les personnes reconnues incapables d’assumer la gestion de leurs biens en raison de leur état physique ou mental. Elles sont alors placées sous l’administration provisoire d’un membre de la famille ou un tiers. La femme mariée ne pouvait ainsi rien faire sans l’autorisation de son époux. La femme mariée ne pouvait pas même disposer librement de ses propres revenus.  L’époux était quant à lui placé au rang de chef de famille au sens propre du terme. Il était l’administrateur des biens de son épouse et disposait du pouvoir de prendre les décisions pour le ménage. En France, le code Napoléon, qui imposait le devoir d’obéissance de la femme envers le mari, n’est aboli qu’en 1938.Il y a cinquante ans, le Mouvement de libération des femmes - SoirmagAprès plus d’un siècle de subordination au mari, les femmes gagnent enfin quelques libertés : celle de s’inscrire en faculté (loi du 18 février 1938), de passer un contrat pour ses biens propres, d’accepter une donation, de séjourner dans un hôpital ou une clinique sans être accusée d’abandon de domicile. 18 FEVRIER 1938: Fin de l'incapacité civile des femmes mariées (FRANCE). - Heroïnes d'iciElles disposent d’une capacité juridique propre, quoique restreinte (principalement en matière judiciaire). Elles ne doivent plus obéissance à leur époux. La femme mariée n’est plus incapable civile : elle peut désormais posséder une carte d’identité et un passeport ainsi qu’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari. Subsistent pour le mari : la fixation de résidence, la possibilité de s’opposer à l’exercice d’une profession et l’exercice de l’autorité paternelle. Il reste le chef de famille. Il faudra attendre 1965 pour qu’elle soit libre de travailler sans l’accord du mari.

La lutte des femmes pour obtenir leurs droitshttps://www.lejdd.fr/lmnr/var/jdd/public/media/image/2022/07/19/10/tribune.-l-extreme-droite-est-incompatible-avec-les-droits-des-femmes.jpg?VersionId=zcZlCBlyrMOmzu3WuaFrAvdXx98vie5MOui Messieurs … c’est une question de droits de l’homme : Source : Amnesty International UKhttps://static1.terrafemina.com/articles/2/30/58/32/@/384467-10-pionnieres-qui-ont-oeuvre-pour-les-dr-950x635-2.jpgSept raisons pour lesquelles nous devons encore nous battre pour les droits humains des femmesHistoire des mouvements féministes - rtbf.beCe message de Corallina Lopez-Curzi

Les droits de l’homme sont les protections minimales de base dont tout être humain devrait pouvoir jouir. Mais historiquement, toutes les personnes n’ont pas pu jouir et exercer leurs droits de la même manière. Le résultat est un traitement inégal.

L’un de ces groupes est celui des femmes et des filles. Tout au long de l’histoire, les femmes se sont vu accorder moins de droits que leurs homologues masculins ou ont dû travailler plus dur pour faire valoir leurs droits dans la pratique. Considérer les droits des femmes comme des droits humains a été fondamental dans la lutte pour garantir que les femmes soient traitées équitablement. Dans le cadre de notre série pour la Journée internationale de la femme, nous examinons comment les femmes se sont battues pour être mises sur un pied d’égalité.100 ans après l'assassinat de Rosa Luxemburg : la mémoire disputée d'une femme libre(1). Les femmes n’étaient même pas des personnes, juridiquement parlant

Un tribunal britannique a dû une fois déclarer que les femmes comptaient comme des « personnes » pour qu’elles reçoivent le même traitement que les hommes.

En 1929, une femme nommée Emily Murphy a postulé pour un poste au Sénat canadien (une chambre du Parlement canadien). Elle a été refusée parce que les femmes n’étaient pas à l’époque considérées comme des « personnes » en vertu de l’article 24 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867. Cette compréhension était fondée sur une décision britannique de 1876 qui stipulait que les femmes étaient « admissibles aux peines et aux peines, mais pas aux droits et privilèges ». Emily Murphy a porté son affaire devant le Conseil privé, le tribunal de dernier ressort de l’Empire britannique.Rosa Parks, la femme qui s'est tenue debout en restant assise | L'HumanitéLes juges ont déclaré que les femmes étaient des « personnes » pouvant siéger au Sénat canadien. L’un des juges, Lord Sankey, a déclaré : « à ceux qui demandent pourquoi le mot » personne « devrait inclure les femmes, la réponse évidente est pourquoi ne le devrait-il pas ? »Voir les 100 ans de droits des femmes en France en vidéo | Brut.(2).Les femmes mariées étaient la même personne morale… que leur mari

En 1765, un célèbre commentateur juridique, Sir William Blackstone, écrivait qu’après le mariage, « l’être même ou l’existence légale de la femme est… incorporé et consolidé dans celui de son mari ». En d’autres termes, une femme mariée n’existe pas, juridiquement parlant, séparément de son mari.

Lorsqu’une femme se mariait, tous ses biens étaient automatiquement placés sous le contrôle de son mari. En 1870, une loi du Parlement a permis aux femmes mariées de conserver l’argent qu’elles gagnaient et d’hériter de certains biens. En 1882, cela a été étendu pour permettre aux épouses de posséder, d’acheter et de vendre des biens en leur nom propre. En 1893, les femmes mariées ont obtenu le contrôle de tous les biens qu’elles acquéraient pendant le mariage en Royaume-Uni

Notre jouissance de la propriété est reconnue comme un droit de l’homme, sous réserve de certaines limitations, en vertu de l’article 1, Protocole 1 de la Convention européenne des droits de l’homme.

https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/styles/article_image_teaser_default/public/field/image/luxembourg_robinson.jpg?itok=sQdhqRuk(3). Les femmes ont dû se battre très fort pour le droit de vote

Avant 1918, les femmes n’avaient pas le droit de voter aux élections législatives. Cela signifiait qu’ils n’avaient pas leur mot à dire dans le choix des personnes qui faisaient la loi, et ces législateurs n’avaient aucune incitation politique à se soucier des femmes, puisqu’ils n’avaient pas besoin de gagner leurs voix.

Au début du XXe siècle, des groupes d’activistes ont fait campagne pour le droit de vote des femmes (« suffrage »). Un de ces groupes était les suffragettes. Le terme « suffragette » a été utilisé pour la première fois par le Daily Mail en 1906. Il s’agissait d’un nom péjoratif pour un groupe d’activistes dirigé par Emmeline Pankhurst et ses filles. En 1913, la suffragette Emily Wilding Davison a été mortellement blessée après avoir couru vers le cheval du roi lors d’une course au Derby d’Epsom.

En 1918, la loi sur la représentation du peuple a donné pour la première fois aux femmes de plus de 30 ans le droit de vote si elles ou leur mari remplissaient une condition de propriété. La loi sur le Parlement (qualification des femmes) permet également aux femmes de se présenter aux élections en tant que députés. Il a fallu attendre 1928 (l’Equal Franchise Act) pour que toutes les femmes en Grande-Bretagne obtiennent un droit de vote égal à celui des hommes.Aucune description de photo disponible.Le droit de vote et d’éligibilité est reconnu comme un droit de l’homme par l’article 3, protocole 1 de la Convention européenne des droits de l’homme.

(4). Les femmes n’ont toujours pas accès à l’éducation

En 1878, l’Université de Londres est devenue la première université du Royaume-Uni à ouvrir ses diplômes aux femmes. En 1880, quatre femmes sont devenues les premières à obtenir des diplômes lorsqu’elles ont obtenu un baccalauréat ès arts de l’Université. De nos jours, des millions de femmes et de filles à travers le monde sont encore systématiquement exclues de l’éducation, même de base.  Le droit d’accéder aux établissements d’enseignement sans discrimination est un droit de l’homme en vertu de l’article 2, protocole 1 de la Convention européenne des droits de l’homme.

(5). Les femmes ont dû se battre pour accéder à leurs enfants et planifier leur famille

Avant 1839, les mères n’avaient aucun droit vis-à-vis de leurs enfants en cas de rupture de leur mariage. En 1836, Caroline Norton quitta son mari, George, qui avait été violent envers elle. Après la séparation, George a refusé à Caroline l’accès à leurs fils. Après de nombreuses campagnes, une loi du Parlement a été adoptée en 1839 donnant aux mères le droit de demander la garde de leurs enfants.  À la fin du 20e siècle, la femme a acquis un plus grand contrôle sur le fait d’avoir ou non des enfants. Au départ, c’était une infraction pénale au Royaume-Uni de pratiquer un avortement ou d’essayer de s’auto-avorter. Cela a conduit à un nombre élevé d’avortements clandestins dangereux – une cause majeure de décès liés à la grossesse. Pour résoudre ce problème, le Parlement a adopté la loi de 1967 sur l’avortement pour autoriser les avortements sous surveillance médicale et sous réserve de certains critères. En 1974, la contraception est également devenue librement accessible à toutes les femmes, quel que soit leur état matrimonial, grâce au NHS.Le 8 mars: cinq choses à savoir sur la Journée internationale des femmes - Société - LeVif WeekendLe droit au respect de la vie familiale et de l’intégrité physique est protégé par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. La Cour européenne a récemment statué que les femmes en Irlande n’ont pas un accès suffisant aux installations d’avortement.Droits des femmes : des manifestations prévues dans de nombreuses villes de France en ce 8 mars - France Bleu(6). Les femmes ont besoin d’une protection juridique contre la violence, y compris au foyer

En 1878, la loi dit pour la première fois qu’une femme peut obtenir une ordonnance lui permettant de se séparer de son mari si celui-ci la soumet à des violences. En 1976, une loi du Parlement a permis aux femmes en danger de violence domestique d’obtenir la protection du tribunal contre leur partenaire violent.Femmes citoyennes révolutionnaires — WikipédiaAutrefois, on pensait qu’un mari ne pouvait pas violer sa femme. Mais en 1991, le viol conjugal a été, pour la première fois, déclaré crime. Dans une affaire judiciaire appelée R contre R, un mari a été reconnu coupable de tentative de viol. Il a fait appel, arguant que, lorsqu’une femme se marie, elle consent implicitement à avoir des relations sexuelles. Le tribunal a rejeté cela, affirmant que le consentement implicite était une «fiction» qui «n’a aucun but utile aujourd’hui dans la loi». L’affaire a été utilisée par la Cour européenne des droits de l’homme pour justifier des changements graduels et progressifs dans la Common Law.Mobilisation in paris Banque de photographies et d'images à haute résolution - AlamyDe nos jours, les mutilations génitales féminines (« MGF ») sont un problème majeur dans le monde, y compris au Royaume-Uni. La MGF est une pratique dangereuse consistant à blesser les organes génitaux féminins pour des raisons non médicales. Cela se fait généralement pour des raisons culturelles et est répandu en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. On estime que les MGF affectent 137 000 femmes au Royaume-Uni. La pratique est illégale au Royaume-Uni en vertu de la loi de 2003 sur les mutilations génitales féminines. Il est également désormais illégal de faire en sorte qu’un enfant soit emmené à l’étranger pour y subir une MGF.18 février 1938 : suppression de la loi obligeant les Françaises à obéir à leur mari du 18 février 2014 - France Inter(7). Les femmes luttent (encore) pour obtenir l’égalité sur le lieu de travail

En 1968, les femmes de l’usine automobile Ford de Dagenham ont participé à une grève pour l’égalité de rémunération, arrêtant presque la production dans toutes les usines Ford du Royaume-Uni. Leur protestation a conduit à l’adoption de la loi de 1970 sur l’égalité de rémunération , bien qu’ils aient dû attendre 1983 (le règlement sur l’égalité de rémunération (amendement)) pour avoir le droit légal à un salaire égal pour un travail de valeur égale.

La loi de 2010 sur l’égalité a consolidé la loi protégeant les femmes contre la discrimination fondée sur le sexe ou la maternité sur le lieu de travail. En 2016, le gouvernement a publié une consultation sur des propositions de loi obligeant certaines entreprises en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles à publier des statistiques sur l’écart de rémunération entre les sexes.

La protection contre la discrimination est un droit de l’homme en vertu de l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Alors, jusqu’où nous reste-t-il encore à faire pour l’égalité ?France | Des manifestations pour défendre les droits des femmes dans plusieurs villes | La PresseEn 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré la Journée internationale de la femme un événement annuel. En 2015, le Forum économique mondial a prédit que la parité mondiale entre les sexes (c’est-à-dire l’égalité) ne serait, au rythme actuel des progrès, pas atteinte avant 2133 : 117 ans à partir de maintenant. De nombreux droits des femmes ont été durement gagnés au cours d’une lutte de plusieurs siècles pour l’égalité. Devons-nous attendre encore un siècle avant de pouvoir enfin dire que les femmes sont égales ?Suivez en direct les manifestations du 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes

https://www.amnesty.org.uk/blogs/yes-minister-it-human-rights-issue/seven-reasons-we-still-need-fight-womens-human-rights

http://8mars.info/fin-de-l-incapacite-civile-des-femmes

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