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17 Janvier 395 – Mort de l’empereur Théodose

History Of The Roman Emperors: The Good, The Bad, And The Mad - The Geographical CureThéodose Ier, « le Grand », empereur de Rome d’origine espagnole, dernier empereur à régner sur l’empire d’est et d’ouest, meurt à 49 ansFile:Roman empire 395.jpg - Wikimedia Commons193 à 395 L’empire romain en criseHistory Of The Roman Emperors: The Good, The Bad, And The Mad - The Geographical CureLe 17 janvier 395, la mort de Théodose 1er le Grand consacre le partage définitif de l’empire romain. À son fils Arcadius (18 ans) l’empereur lègue l’Orient (capitale : Constantinople) et à son fils Honorius (11 ans) l’Occident (capitale : Ravenne). Cette scission se lit encore dans la frontière qui sépare la Croatie (occidentale et catholique) de la Serbie et de la Bosnie (orientale et orthodoxe).undefinedAprès l’assassinat de l’empereur Commode en 191, épisode dont s’inspire le film Gladiator, les symptômes de crise se multiplient dans l’empire romain.  Les campagnes se dépeuplent du fait d’une dénatalité déjà ancienne. Aux marges de l’empire, on recrute des Barbares pour combler les effectifs des légions et remettre les terres en culture. L’industrie s’étiole par manque de débouchés.  L’État tente de réagir par des réglementations tatillonnes qui ne font qu’aggraver les maux de la société.  Aux frontières, les Barbares se font menaçants : Maures en Afrique du nord, Germains sur le Rhin et le Danube, Parthes en Orient.  À Rome même, les légions et la garde prétorienne (la garde privée de l’empereur) font et défont les empereurs, à commencer par Pertinax, l’éphémère successeur de Commode.undefinedL’empire métissé 

Septime Sévère, en 197, devient le premier empereur sans racines italiennes. Avec lui, l’empire change de nature. Les historiens parlent à son propos de Bas-Empire, par opposition à l’empire prospère des douze premiers César et des Antonin. Son règne conserve néanmoins une partie de la grandeur antérieure.  Septime Sévère met fin à l’anarchie qui a suivi la mort de l’empereur Commode. Il s’appuie sans vergogne sur l’armée qui l’a porté au pouvoir. «Enrichissez les soldats et moquez-vous du reste», aurait-il eu coutume de dire.  Pour tenter de remédier à la crise économique qui affecte l’empire depuis plusieurs décennies, Septime Sévère mène comme ses prédécesseurs une politique dirigiste. Les paysans sont de plus en plus strictement attachés à la terre qu’ils travaillent. Les fils doivent, dans de nombreuses professions, reprendre le métier de leur père…  L’empereur doit par ailleurs combattre en permanence les ennemis des frontières : il reprend la Mésopotamie aux Parthes puis repousse les Calédoniens dans l’actuelle Écosse.undefinedL’empire en déshérence

À Septime Sévère succèdent d’abord ses fils Géta et Caracalla puis ses cousins, ceux-là originaires de Syrie (comme la veuve de Septime Sévère, l’influente Julia Maesa ou Domna). Tous finissent assassinés.  La citoyenneté romaine, que les provinciaux avaient à coeur d’obtenir par leurs mérites et leur travail, est accordée d’emblée à tous les hommes libres de l’empire (à l’exception des Barbares établis dans les régions frontalières) par l’empereur Caracalla qui y voit le moyen d’engranger quelques taxes supplémentaires (212). La ville de Rome doit à Caracalla, grand bâtisseur mégalomaniaque, les plus grands thermes que l’on connaisse.  L’empereur tue son frère Geta dès la première année de son règne. Mais il est lui-même assassiné à 31 ans, en 217, par le préfet des gardes Macrin, au cours d’une campagne contre les Parthes !undefinedLa fin des Sévère

Après le court règne de Macrin, Élagabal (ou Héliogabale), un cousin de Caracalla, est hissé au pouvoir par les légionnaires. C’est un prêtre syrien de 14 ans, à peine romanisé…  À sa mort, le 11 mars 222, après un règne déplorable, l’empire revient à un autre cousin, Alexandre-Sévère (13 ans). Celui-là se montre, au contraire des précédents, plein de vertu et animé de bonne volonté. Il restaure l’autorité du sénat au grand dam des chefs de la garde prétorienne. Obligé de soutenir ses troupes, qui font face sur le Rhin à une offensive des Germains, il tente d’acheter la paix. Des légionnaires indignés pénètrent dans sa tente et le tuent ainsi que sa mère Julia Mammaea. L’assassinat de Sévère Alexandre, dernier empereur de la dynastie, en 235, est le repère choisi par les historiens pour marquer la fin du principat ou empire tel qu’Auguste l’avait inauguré. Il marque le début d’une «grande crise» dynastique d’un tiers de siècle, marquée par la nomination d’empereurs selon le bon vouloir des armées.

De l’anarchie à la restauration illyrienneThe Ten Greatest Roman Emperors - YouTubeEn Orient, les Perses sassanides succèdent aux Parthes comme ennemis de Rome et en 260, fait sans précédent, leur roi Sapor 1er bat l’empereur Valérien près d’Édesse et le capture ainsi que, dit-on, 70.000 de ses hommes. Les Romains, y compris l’empereur, seront réduits en esclavage dans des conditions atroces.  Sur le Rhin et le Danube, les Barbares se font plus que jamais menaçants. Gallien, qui a pris la direction de l’empire après la capture et la mort de son père Valérien, se démène pour faire face aux menaces. Il en vient à payer un tribut aux Goths des régions danubiennes !  Trente de ses généraux, connus comme les «Trente Tyrans», se soulèvent et s’attribuent la pourpre impériale de sorte que Gallien n’a plus guère d’autorité que sur l’Italie. En Gaule et dans tout l’Occident romain, l’autorité est assurée par le général Postumus, autoproclamé empereur. Le «tyran» est assassiné à Mayence par ses troupes auxquelles il a refusé le droit de piller la ville.  Il faut attendre la mort de Gallien en 268 et l’avènement d’un général illyrien sous le nom de Claude II pour que les institutions romaines retrouvent un semblant de santé. Avec lui débute une longue lignée d’empereurs énergiques, militaires de modeste extraction, tous originaires d’Illyrie (la Serbie actuelle) et des régions danubiennes.   Le nouvel empereur reçoit le surnom de Goticus (Claude le Gotique) du fait de ses victoires sur les Goths. Il repousse les Barbares et entame une réforme de l’administration quand il meurt de la peste après deux ans de règne.  C’est un compagnon d’armes de 58 ans qui lui succède en 270 sous le nom d’Aurélien. Énergique, il redresse rapidement l’empire, ce qui lui vaudra le surnom de «restitutor» (restaurateur).  Il centralise autant que faire se peut l’administration. En 271, Rome est ceinturée de remparts et toutes les villes de l’empire l’imitent l’une après l’autre (c’est seulement 1300 ans plus tard que l’on en viendra à abattre les remparts !).Roman Emperors by Captivating History - Audiobook - Audible.comEn 273, Aurélien triomphe de la reine de Palmyre, Zénobie, qui menaçait l’Égypte et le Proche-Orient romain. La reine vaincue est emmenée à Rome et généreusement dotée par l’empereur. L’année suivante, Aurélien défait l’usurpateur gallo-romain Tetricus et rétablit l’autorité de Rome sur l’Occident. Mais il se résigne à évacuer en 275 les champs Décumates, la région d’entre le Rhin et le Danube, pour raccourcir ses lignes de défense. La Dacie (la Roumanie actuelle) est abandonnée aux Goths.  Aurélien intervient aussi dans le domaine religieux. Il fait du culte solaire la religion d’État. Ce culte du Sol invictus (le Soleil invaincu) rassemble sous une même identité des divinités traditionnelles (Apollon) et des divinités orientales (Mithra). Il amorce une évolution du polythéisme païen vers le monothéisme façon hébraïque ou chrétienne.   L’empereur se présente lui-même comme l’émanation du dieu sur terre et revendique à ce titre d’être adoré tel une divinité. Ainsi l’empire évolue-t-il vers un pouvoir personnel et autocratique…undefinedThéodose Ier, « le Grand », empereur de Rome d’origine espagnole, dernier empereur à régner sur l’empire d’est et d’ouest, meurt à 49 ansRoman History on Twitter: "On this day in 395 AD died the Roman Emperor Theodosius I (379-395). On his death bed he divided the government of the western and eastern halves ofEmpire romain d’Occident16th century engraving of the massacre of Thessalonica in the hippodromeL’Empire romain d’Occident est le terme moderne désignant la moitié occidentale de l’Empire romain après sa division en deux par l’empereur Dioclétien (r. 284-305 CE) en c. 285/286 CE. Les Romains eux-mêmes n’utilisaient pas ce terme. À son apogée (vers 117 CE), l’Empire romain s’étendait de l’Italie à travers l’Europe jusqu’aux îles britanniques, à travers l’Afrique du Nord, à travers l’Égypte et jusqu’en Mésopotamie et à travers l’Anatolie. En 285 CE, l’Empire romain était devenu si vaste qu’il n’était plus possible de gouverner toutes les provinces depuis le siège central de Rome.Great Roman Emperors List - Symbol SagePeu de temps après son arrivée au pouvoir, Dioclétien fit d’un collègue nommé Maximien (r. 285/286-305 CE) son coempereur et, ce faisant, divisa l’empire en deux avec la capitale de l’Empire d’Orient à Byzance (plus tard Constantinople) et l’Empire d’Occident gouverné depuis Milan (avec Rome comme capitale «cérémoniale» ou symbolique). Les deux moitiés étaient connues sous le nom de «l’Empire romain», bien qu’avec le temps, l’Empire d’Orient adopte le grec au lieu du latin comme langue officielle et perde une grande partie du caractère de l’Empire romain traditionnel. L’Empire d’Orient a prospéré tandis que l’Empire d’Occident a lutté et est finalement tombé c. 476 EC. Avec le temps, il est devenu la fondation du Saint Empire romain germanique (962-1806 CE) – considéré comme un renouveau des valeurs et de l’ordre de l’Empire romain à son apogée – d’abord sous le règne de Charlemagne (r. 800-814 CE) dont les successeurs ne pouvaient pas le maintenir, puis officiellement fondé par Otton Ier d’Allemagne (r. 962-973 CE). Le Saint Empire romain germanique a progressivement perdu sa cohésion et son autorité en tant qu’institution dépassée incapable de gouverner à une époque moderne, devenant de plus en plus corrompue et inefficace, jusqu’à ce qu’elle soit finalement dissoute en 1806 de notre ère.Livre audio Ancient Rome: A Captivating Introduction to the Roman Republic, the Rise and Fall of the Roman Empire, and the Byzantine Empire | Captivating History | Audible.caRome & Crise

L’Empire romain a été fondé par le premier empereur Auguste (r. 27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) et a progressivement gagné en puissance sous les règnes des cinq bons empereurs, ainsi appelés en raison de la prospérité et de l’ordre qu’ils maintenaient. Les Cinq Bons Empereurs étaient :The First Roman Emperor - Octavian Caesar Augustus - The Emperors of Rome - See U in History - YouTubeAprès Marcus Aurelius, son fils Commodus (r. 180-192 CE) est devenu empereur et a dissipé le pouvoir de Rome par un régime complaisant et inefficace. Après l’assassinat de Commode, Rome a connu une année de confusion (connue sous le nom d’année des cinq empereurs) au cours de laquelle cinq hommes différents ont pris le pouvoir et ont été déposés jusqu’à Septime Sévère. (r. 193-211 CE) fonda la dynastie Severan et rétablit l’ordre. Severus a courtisé la faveur de l’armée, ayant appris de L’Année des cinq empereurs que c’était dans le meilleur intérêt d’un empereur, et a dégradé la monnaie afin de pouvoir générer plus d’argent pour augmenter le salaire des troupes. Il a en outre établi le précédent de l’empereur s’appuyant fortement sur le soutien de l’armée, compromettant ainsi efficacement le rôle traditionnel de l’empereur romain.

En 235 CE, l’empereur Alexandre Sévère (r. 222-235 CE) a été assassiné par ses propres troupes qui estimaient qu’il n’agissait pas dans leur meilleur intérêt. Cela a plongé Rome dans l’ère connue sous le nom de crise du troisième siècle (également la crise impériale, 235-284 CE) au cours de laquelle 20 empereurs allaient et venaient en près de 50 ans, une statistique surprenante par rapport aux 26 empereurs qui ont régné en les 250 ans entre Auguste et Alexandre Sévère. Lorsque Dioclétien est arrivé au pouvoir, il a rétabli l’ordre et divisé le règne de l’empire entre lui à l’est et Maximien à l’ouest. La crise du troisième siècle avait montré à quel point il était périlleux de faire dépendre Rome d’un seul empereur dont la mort pouvait entraîner l’instabilité, et Dioclétien comprenait également que l’empire était tout simplement trop grand pour qu’un seul homme puisse le gouverner efficacement. Après la division, Dioclétien a institué sa tétrarchie – règle de quatre – par laquelle l’empire a été divisé entre quatre hommes qui dirigeaient leurs propres sections distinctes.Anthonis van DyckSous le règne de Constantin le Grand (324-337 CE), l’empire dans son ensemble a prospéré mais il n’a jamais été aussi cohérent qu’il l’avait été sous les cinq bons empereurs. L’Empire d’Orient a établi un commerce lucratif et prospéré tandis que l’Empire d’Occident se débattait et, puisque les deux sections avaient tendance à considérer l’autre comme une concurrence, elles travaillaient comme des entités distinctes qui partageaient un lien commun mais servaient leurs propres intérêts.

La dissolution de l’empire

Même ainsi, les deux moitiés de l’empire ont continué à prospérer de manière égale jusqu’au règne de l’empereur Théodose Ier (379-395 CE) lorsque des forces internes et externes se sont exercées à briser les deux moitiés. Ces forces comprenaient, mais sans s’y limiter :

L’instabilité politique

L’intérêt personnel des deux moitiés

Invasion de tribus barbares

Corruption gouvernementaleundefinedArmées mercenaires

Dépendance excessive au travail des esclaves

Chômage massif et inflation

La montée du christianisme

Comme indiqué, Rome orientale et occidentale ont poursuivi leurs propres intérêts au lieu de travailler de concert vers des objectifs communs. Ce manque de cohésion a favorisé l’instabilité politique qui a été aggravée par la corruption gouvernementale, en particulier parmi les autorités provinciales qui ont abusé de leurs fonctions à des fins personnelles. Les mercenaires Goths et Huns de l’armée romaine ne devaient aucune allégeance à Rome, ils se battaient juste pour un salaire et, de plus, n’étaient pas traités aussi bien qu’ils estimaient qu’ils le méritaient. La dépendance excessive à l’égard du travail des esclaves a enlevé des emplois aux classes inférieures qui comptaient alors sur l’aide publique et la dépréciation antérieure de la monnaie sous Septime Sévère était devenue une politique des empereurs ultérieurs, entraînant une inflation.

Le zèle de Théodose Ier pour répandre le christianisme et écraser les influences païennes a également été noté comme une cause contributive à la chute de Rome. Le système de croyance païen antérieur des Romains avait été une religion d’État ; la foi informait l’État, et l’État soutenait la foi. Les dieux romains se préoccupaient de Rome et de son succès ; le nouveau dieu chrétien n’avait aucun intérêt direct à Rome en soi et était le dieu de tout le monde. La nature du christianisme, selon certains érudits, a servi à affaiblir la cohésion traditionnelle que le paganisme romain a fournie à l’empire. Ce point a été débattu pendant des siècles, mais la persécution des païens par Théodose Ier est un facteur beaucoup plus certain puisque, en tant qu’empereur à la fois de l’est et de l’ouest, il avait le pouvoir d’unir l’Empire romain mais, au lieu de cela, il l’a davantage divisé par des religions. Intolérance.

Théodose I est arrivé au pouvoir après un certain nombre de revers sérieux pour Rome. La guerre gothique de 376-382 de notre ère a gravement affaibli l’Empire d’Occident, même si les batailles étaient régulièrement menées par des forces de l’Empire d’Orient. Lors de la bataille d’Andrinople en 378 CE, l’empereur oriental Valens (r. 364-378 CE) a été vaincu par Fritigern (dc 380 CE) des Goths et de nombreux historiens s’accordent à dire que cela marque le début de la fin de l’Empire romain. L’empereur Gratien (de l’Empire d’Occident, r. 367-383 CE) avait élevé Théodose au statut de coempereur et, à sa mort, Théodose Ier est devenu empereur des deux moitiés de l’empire. Traitement par Théodose Ier des Goths mercenaires – en particulier à la bataille du Frigidus en 394 CE – a provoqué le roi Goth Alaric I (r. 395-410 CE) à saccager Rome en 410 CE. undefined Il ne s’agit pas du tout de prétendre que le règne de Théodose Ier a conduit à la fin de l’Empire romain d’Occident. Il n’y a pas de cause unique au déclin et à la chute de Rome. Une détérioration constante du pouvoir et du prestige s’était poursuivie avant la défaite romaine à Andrinople et tous ces défis et pressions ont abouti à la déposition de l’empereur Romulus Augustulus (r. 475-476 CE) par le roi germanique Odoacer le 4 septembre 476 CE, avant Andrinople. L’Empire romain d’Occident, essentiellement, est tombé avec la montée d’Odoacre qui a inauguré une nouvelle ère qui verrait le Royaume d’Italie remplacer le pouvoir de Rome à l’ouest.

Le Royaume d’Italie

Alors que c. 476 CE est la date traditionnellement acceptée pour la fin de l’Empire romain d’Occident, cette entité a continué sous le règne d’Odoacre (r. 476-493 CE) qui, officiellement de toute façon, régnait simplement à la place de l’empereur déchu Julius Nepos (qui avait été déposé par le général Oreste qui avait placé son fils, Romulus Augustulus, sur le trône). Par conséquent, il y a des historiens et des érudits qui datent la fin de l’Empire romain de l’assassinat de Julius Nepos en 480 EC. Après la mort de Nepos, Odoacer a annexé la région de Dalmatie à ses propres terres qui concernaient l’empereur de la partie orientale de l’empire, Zeno (r. 474-475, 476-491 CE), par l’autorité duquel Odoacer avait été autorisé à régner. De l’avis de Zeno, Odoacer agissait avec trop d’autorité indépendante et commençait à représenter une menace importante.undefinedSes soupçons ont été confirmés lorsqu’Odoacre s’est avéré soutenir le rival de Zeno, le général Illus, dans une révolte. Zénon a employé le chef gothique Théodoric (plus tard connu sous le nom de Théodoric le Grand, r. 493-526 CE) pour vaincre Illus, mais Théodoric a ensuite tourné sa formidable armée sur Zénon et Constantinople. Le chercheur Guy Halsall explique : Les Goths menacent Constantinople et ravagent les Balkans mais ne peuvent s’emparer de la capitale, tandis que Zénon, en sécurité derrière la fameuse triple ligne de murailles de la ville, ne risque pas de chasser complètement cette dernière de ses territoires. Une solution était nécessaire, acceptable pour les deux parties, et trouvée : que les Ostrogoths de Théodoric se déplacent en Italie et se débarrassent du «tyran» Odoacre.

Théodoric a envahi l’Italie à la tête de son armée en 488 CE et a combattu les forces d’Odoacre à travers la région pendant les quatre années suivantes. Un compromis a finalement été négocié par Jean, évêque de Ravenne, par lequel Odoacer et Théodoric gouverneraient conjointement mais, lors de la fête pour célébrer la fin des hostilités en 493 CE, Théodoric a assassiné Odoacer et a réclamé la royauté pour lui-même.  Le règne de Théodoric a apporté l’ordre et la prospérité dans la région sous la forme de lois, de projets de construction et d’une augmentation de la production alimentaire mais, après sa mort en 526 EC, ses successeurs ne pouvaient pas non plus maintenir le royaume ensemble. L’empereur oriental Justinien I (r. 527-565 CE) a affirmé son contrôle sur le Royaume d’Italie et a rencontré la plus grande résistance du roi Ostrogoth Totila (r. 541-552 CE) qui a revendiqué le droit à la même autonomie que Théodoric avait gagnée De Rome. Justinien j’ai envoyé le célèbre général Bélisaire (l. 505-565 CE) en Italie, mais même lui ne pouvait pas déjouer ou battre Totila. Le général Narses (l. 480-573 CE) a finalement vaincu Totila à la bataille de Taginae en 552 CE, rendant l’Italie aux autorités romaines jusqu’à l’invasion des Lombards en 568 CE.

Le Saint Empire romain germanique

Les Lombards ont gagné en puissance, établissant des duchés dans toute l’Italie jusqu’à ce qu’ils soient vaincus en 774 CE par Charlemagne à la bataille de Desiderius. À cette époque, la plupart des Lombards s’étaient assimilés au peuple italien et aux Francs voisins et la victoire de Charlemagne n’a fait qu’accélérer ce processus. Le christianisme était désormais la religion dominante de l’Europe et, depuis qu’il avait été légitimé et répandu sous la domination romaine, de nombreux chrétiens refusaient de laisser disparaître le concept d’empire romain. Charlemagne des Francs a été proclamé empereur romain d’Occident en 800 de notre ère par le pape Léon III et chargé de protéger et de perpétuer le message chrétien.undefinedCharlemagne est devenu le champion chrétien prééminent de son temps, étendant son empire tout en lançant des croisades contre les Sarrasins musulmans comme il l’avait fait auparavant contre les Saxons païens (à travers les guerres saxonnes de 772-804 CE). De nombreux contes et poèmes, dont la célèbre Chanson de Roland, ont été écrits louant Charlemagne et ses chevaliers pour leurs aventures chevaleresques défendant les valeurs chrétiennes au prix de vies chrétiennes et non chrétiennes. Ce nouvel empire chrétien prétendait être le descendant direct de l’ancien empire romain ne défendant que la cause du Christ au lieu de celle d’un empereur individuel.

Charlemagne a jeté les bases du nouvel empire mais, comme pour de nombreux dirigeants puissants et efficaces, ses successeurs n’ont pas pu maintenir le même niveau d’efficacité et le royaume s’est effondré. Il a été réuni par Otton Ier d’Allemagne qui avait suivi l’exemple de Charlemagne du chemin vers le pouvoir à travers des croisades contre les non-chrétiens (dans ce cas, les Magyars). Continuant à s’associer à Charlemagne, Otto Ier s’est fait proclamer empereur du Saint Empire romain germanique en 962 CE. Otto I a ensuite poursuivi la politique de maintien d’une nation chrétienne à l’instar de Charlemagne tout au long de son règne et a établi la norme pour ceux qui le suivraient. Le Saint Empire romain germanique a continué à se voir dans ce rôle comme une entité défendant la vérité chrétienne par la guerre jusqu’à ce que, dans un déclin constant impliquant des intrigues politiques, la corruption, une guerre presque incessante et des conflits internes constants, il soit dissous en 1806 de notre ère.ImageLe célèbre écrivain français Voltaire, au chapitre 70 de son ouvrage de 1756 CE Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, note: «Cette agglomération qui s’appelait et qui s’appelle encore le Saint Empire romain n’était ni sainte, ni romaine, ni une Empire » et les historiens depuis Voltaire sont d’accord. Le Saint Empire romain germanique n’était ainsi que de nom et après que le dernier empereur, François II, a abdiqué le trône, Napoléon a démonté la structure politique existante qui le soutenait et le territoire est passé sous contrôle français par le biais de la Confédération du Rhin.

Conclusion ImageLa chute de Rome et ses diverses causes font l’objet de débats depuis des siècles. Même s’il existe actuellement un consensus général sur les causes, il n’y a pas deux listes qui mettent l’accent sur le même point ou même n’incluent pas les mêmes raisons. Halsall offre un aperçu intéressant de la chute de la Rome occidentale en abordant le déclin du 5ème siècle de notre ère : La chose la plus ironique de toutes est qu’au cours du siècle précédent, il est presque impossible d’identifier un seul personnage qui ait réellement tenté de provoquer la disparition de [Rome]. Tous les actes décisifs dans la chute de l’Empire ont été accomplis par des personnes qui tentaient de se créer une meilleure position au sein des types de structures impériales qui existaient au IVe siècle. Dans une maxime célèbre, André Piganiol écrivait que « la civilisation romaine n’est pas morte de mort naturelle ; il a été assassiné. Aucune des deux alternatives ne semble correcte. L’Empire romain n’a pas été assassiné et il n’est pas non plus mort de mort naturelle ; il s’est accidentellement suicidé.

L’argument de Halstall est qu’en essayant de maintenir un système de gouvernement et une structure sociale qui ne pouvaient plus fonctionner, Rome s’est vouée à tomber. Rome « ​​s’est suicidée accidentellement » en s’accrochant à un modèle de son passé qui ne pouvait plus fonctionner. Les mauvais traitements infligés aux Goths par les gouverneurs provinciaux romains, qui ont abouti à la rébellion gothique, aux guerres et à la bataille d’Andrinople, n’en sont qu’un exemple. Les soi-disant « barbares » ne toléreraient plus les mauvais traitements de la part des Romains comme ils l’avaient fait dans le passé et comme les Romains pensaient qu’ils devraient continuer à le faire.

Les tentatives de faire revivre, préserver et imposer le modèle de l’Empire romain à une époque qui ne pouvait plus le supporter doivent être considérées comme une cause sous-jacente importante de la chute de Rome en Occident. Cette même passion pour faire revivre les «jours de gloire» de l’empire a également contribué à la dissolution du Saint Empire romain germanique. ImageLes temps avaient changé, les gens avaient changé avec eux, et une forme de gouvernement démodée n’avait tout simplement aucun espoir de survivre dans le nouveau climat politique et social. Les formes de gouvernement, comme les personnes, ne survivent pas en s’accrochant au passé, mais en s’adaptant aux défis du présent et en avançant vers l’avenir. Rome était incapable de ce genre de vision et ainsi, comme toute entité qui tient fermement au passé, elle ne pouvait pas survivre aux types de défis qui présentent des opportunités de changement et de croissance.

https://www.worldhistory.org/Western_Roman_Empire/

https://www.herodote.net/L_empire_romain_en_crise-synthese-117.php

https://www.herodote.net/almanach-ID-106.php

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