Pologne : les blessures du passéLe mercredi 17 janvier 1945, les Soviétiques « libèrent » Varsovie pour y installer le Comité de Lublin. Cinq mois après l’insurrection de Varsovie (1er août 1944), l’Armée Rouge se décide – enfin – à libérer la capitale polonaise, qui compte dix fois moins d’habitants qu’à la veille de la guerre. Le 17 janvier 1945, la 1ère Armée polonaise pénètre dans les ruines de Varsovie avec les troupes du maréchal Joukov. Au sud, le Maréchal Yvan Koniev a deux nouveaux objectifs : Cracovie et Breslau (Wroclaw), le cœur industriel de la Haute-Silésie défendu par la 17ème Armée allemande. Koniev ordonne aux 59ème et 60ème Armées soviétiques d’avancer de front vers Breslau, pendant que la 21ème Armée l’encercle par le nord. La ville tombe le 19 janvier, ce qui oblige la 17ème Armée allemande à évacuer toute la région industrielle. Les Allemands auront évacué l’ensemble de la Pologne en février. On ne trouve personne à Varsovie susceptible de contester l’autorité des nouveaux occupants. Les communistes polonais n’ont ainsi aucune peine à s’installer au pouvoir. En effet, quand l’armée rouge entre dans la ville, il ne reste quasiment rien de la capitale polonaise : près 90 % des bâtiments ont été rasés par les Allemands, le taux de destruction atteignant 100 % dans le ghetto juif créé par les nazis, en octobre 1940, en plein centre-ville. La quasi-totalité des 380.000 Juifs que comptait la ville avant-guerre a été exterminée entre 1941 et 1943, date de l’insurrection du ghetto de Varsovie qui entraîna la destruction totale des immeubles du ghetto. Les Soviétiques ont laissé les Nazis finir leur œuvre de destruction. Le 1er août 1944, Varsovie se rebelle, sûre que l’armée rouge qui est toute proche de la rive est de la Vistule viendra à leur secours. Mais Staline ordonne à son armée de stopper sa progression pour permettre aux Allemands de réduire la résistance polonaise et laissant ainsi près de 200.000 Polonais se faire massacrer (civils pour la plupart). Le calvaire des Polonais n’est pas fini ; à l’occupation et aux crimes des Nazis, succédera bientôt la mainmise totale de l’Union Soviétique pour une période de cinquante ans.
On 17 January 1945, the Red Army entered Warsaw.
Warsaw was a flattened moonscape with 6% of its prewar population left in the city.
The horrors of German occupation gave way to almost 50 years of Soviet oppression.
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— Poland.pl (@Poland) January 17, 2020
Varsovie est là, comme un rappel brûlant de ce que furent l’horreur nazie et le cynisme brutal des Soviétiques. Lorsque l’armée rouge entre dans la ville, le 17 janvier 1945, il ne reste quasiment rien de la capitale polonaise : près 90 % des bâtiments ont été rasés par les Allemands, le taux de destruction atteignant 100 % dans le ghetto juif créé par les nazis, en octobre 1940, en plein centre-ville. La quasi-totalité des 380 000 Juifs que comptait la ville avant-guerre a été exterminée entre 1941 et 1943, date de l’insurrection du ghetto de Varsovie qui entraîna la destruction totale des immeubles du ghetto. Les Soviétiques vont laisser les Nazis finir leur œuvre de destruction. Le 1er août 1944, la ville se rebelle, sûre que l’armée rouge qui est toute proche de la rive est de la Vistule viendra à leur secours. Mais Staline ordonne à son armée de stopper sa progression pour laisser les Allemands réduire la résistance polonaise en une sinistre répétition du pacte Molotov-Ribbentrop de 1939. L’armée rouge assiste paisiblement au martyr de la ville alors qu’elle est à portée de canons. Cinq mois et 200.000 morts polonais plus tard, les Soviétiques « libèrent » une ville en ruine. La seule partie de la ville qui est encore debout est justement la rive est de la Vistule, celle où a été tourné « Le Pianiste » de Roman Polanski.La Pologne a, en effet, décidé, dès 1949, de reconstruire sa capitale à l’identique. Un travail de titan qui dura 15 ans. Tout le centre-ville, désormais classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est une réplique à l’identique de ce qui existait avant-guerre : Palais-Royal (à droite), palais (ci-dessus, celui du Président de la République), églises, maisons, tout y est, comme si rien ne s’était passé. Mais on sait, en s’y promenant, que tout est factice, que ce décor est là pour effacer les cicatrices de la guerre, pour conjurer ce passé que les Polonais ont du mal à oublier. Ainsi, un étudiant du collège d’Europe de Natolin m’a raconté que lors de leur arrivée à Varsovie, la centaine d’étudiants admis sur ce campus très élitiste a eu droit à une visite guidée de la ville. La guide polonaise n’a pu s’empêcher d’insister lourdement sur la responsabilité des Allemands, soulignant qu’elle avait du mal à entendre parler cette langue. Une étudiante allemande a fondu en larmes… Absence totale de délicatesse, certes, mais, on ne peut s’empêcher de songer à ce qu’aurait été le traumatisme des Français si Paris avait été totalement détruite ? L’amitié franco-allemande aurait-elle pu se construire aussi rapidement après la guerre ? Si c’est l’émotion qui étreint le promeneur lorsqu’il erre dans la vieille ville, c’est un autre sentiment, plus proche du malaise, qui l’anime lorsqu’il recherche les traces du ghetto de Varsovie. Certes, il y a un monument aux « héros du ghetto » et un Institut historique juif. Mais, trouver les quelques fragments du mur qui cernait le ghetto relève de l’exploit : ils sont dissimulés dans la cour d’une série d’immeubles genre HLM, situés au 55/59 rue Sienna, à l’ouest du « Palais de la culture», le « cadeau » offert par Staline au peuple polonais. Ces vestiges émouvants ne sont accessibles que si l’on connaît le digicode de l’entrée ou si quelqu’un vous ouvre. Rien ne les indique de l’extérieur. On a du mal à comprendre une telle discrétion alors que la ville cherche frénétiquement à renouer avec son passé. Mais peut-être pas celui-là.
https://www.liberation.fr/debats/2008/01/31/pologne-les-blessures-du-passe_1814664/