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15 Avril 1988 – Assassinat de Khalil al-Wazir numéro 2 de l’OLP

The Palestinian Museum -Digital Archive - الارشيف الرقمي : Still Image : Yaser ʿarafat and Khalil al-Wazir, a POSTER by the Palestine Liberation Army [0001.01.0216]Israël reconnaît officiellement l’assassinat du numéro 2 de l’OLP à TunisImageLe 15 avril 1988 à 1h 30 du matin, à Sidi Bou Saïd, dans la banlieue nord de Tunis, un commando armé de mitraillettes munies de silencieux s’introduit dans la résidence de Khalil al-Wazir, membre du Comité exécutif de l’OLP et, après avoir abattu trois gardes (un Tunisien et deux Palestiniens), tue Khalil al-Wazir en présence de son épouse et de sa fille. Le commando quitte les lieux à 1 h 44 à bord de trois véhicules retrouvés plus loin sur la plage de Raoued, à 15 km de Sidi Bou Saïd. Pendant que se déroule l’opération, un Boeing 707 portant emblème israélien et immatriculé 4X977 survolait les côtes tunisiennes et provoquait l’interruption des communications dans la zone de l’attentat. La responsabilité israélienne est évidente.1988 Assassinat de Khalil al-Wazir (Abou Jihad)Mahmoud Mestiri, ministre des Affaires étrangères, se rend aux Nations unies. Le 19 avril, la Tunisie demande la réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour examiner la situation créée par cette nouvelle agression contre son intégrité territoriale et sa souveraineté (document S/19798). La demande mentionne qu’il s’agit d’une récidive. Le Conseil se compose des cinq membres permanents et des dix pays suivants : Zambie (Président), Algérie, Argentine, Brésil, Allemagne (RFA), Italie, Japon, Népal, Sénégal et Yougoslavie.

Le 20 avril, Perez de Cuellar, Secrétaire général de l’ONU, condamne dans un communiqué l’assassinat et se dit «extrêmement préoccupé par ce qui paraît être une nouvelle atteinte par Israël à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Tunisie» et rappelle la Résolution 573 et le précédent de Hammam-Chatt. Le lendemain, les pays membres de l’Organisation de la Conférence islamique et le Bureau de coordination des pays non alignés tiennent des réunions et publient des communiqués condamnant vigoureusement Israël pour l’assassinat d’Abou Jihad, tout en rappelant le précédent de Hammam-Chatt. Le 21 avril, la Mission permanente d’Israël auprès des Nations unies publie un communiqué rejetant toute responsabilité dans l’opération objet du débat au Conseil de sécurité.Tunisia demands probe as Israelis tour area where Fatah founder assassinated – Middle East MonitorLe débat du Conseil s’ouvre le jeudi 21 avril à 11 heures sous la présidence de la Zambie. Mahmoud Mestiri, s’exprimant en arabe, introduit la question. Il présente les faits et s’attache à établir la responsabilité d’Israël en se fondant sur les déclarations enthousiastes des dirigeants israéliens, les félicitations d’Yitzhak Shamir, Premier ministre, pour ceux qui ont exécuté Abou Jihad et sur les rapports de presse occidentaux qui incriminent directement Israël et qui invoquent des sources militaires.

Les orateurs suivants, les Représentants de l’OLP (Nasser Al-Kidwa), la Syrie au nom du groupe arabe, la Jordanie au nom de l’OCI, la France, le Royaume-Uni, le Sénégal et l’Algérie condamnent l’assassinat du leader palestinien, expriment leur solidarité avec la Tunisie et, pour les Occidentaux, s’abstiennent de mentionner Israël, tandis que les autres rattachent l’acte à Israël. L’Ambassadeur de Jordanie cite des extraits d’un article substantiel du Washington Post daté du 21 avril qui, sur la base d’une enquête à Jérusalem, établit la responsabilité directe du gouvernement israélien : la décision était prise au cours de deux réunions d’un cabinet restreint de dix membres. Parmi eux, Eizer Weizman, Shimon Peres et Yitshak Navon, réservés au départ, ont gardé le silence ou étaient absents à la seconde réunion. La mission est planifiée et exécutée par un commando spécial de l’armée nommé Sayeret Matkal (une unité de reconnaissance de l’Etat-Major); l’opération de samedi matin à Tunis était suivie à partir d’un Boeing 707 par des officiers supérieurs qui gardaient un contact radio continu avec l’équipe à terre. Ces révélations sont suivies le lendemain par une très large couverture des médias israéliens qui placent l’armée et les services spéciaux au cœur de l’opération.The Palestinian Museum -Digital Archive - الارشيف الرقمي : صورة : ياسر عرفات وأبو جهاد يتعانقان [0002.06.4803]Les séances suivantes du Conseil se tiennent le vendredi 22 (matin et soir) et le lundi 25 avril, jour du vote. Dans l’ensemble, 49 orateurs interviennent dans le débat. Israël s’en abstient. Sur le fond, seul le point relatif à la responsabilité d’Israël fait la controverse. Ce point a clairement démarqué les délégations liées à la sphère occidentale de tous les autres qui dénoncent le terrorisme d’État et rattachent l’assassinat d’Abou Jihad aux services israéliens, ainsi que le révélaient désormais les médias israéliens. Les Représentants de l’Urss, de l’Ukraine et de la Chine sont particulièrement percutants : ils impliquent ouvertement le gouvernement et les services spéciaux israéliens. Les délégations occidentales condamnent certes le terrorisme et dénoncent la méthode de l’assassinat politique, mais en évitant scrupuleusement d’impliquer Israël. La France, l’Allemagne et les Etats-Unis, de même que le Brésil et l’Argentine, ne mentionnent pas Israël ; l’Italie et le Japon reconnaissent des présomptions accablantes contre Israël mais se déclarent prêts à examiner les éléments de preuve ; la Turquie lance tout juste une allusion ; le Royaume-Uni exonère Israël.الذكرى الـ28 لاستشهاد خليل الوزير "أبو جهاد" | فلسطينيات | عرب 48Pour la Tunisie, il était important d’éviter l’échec d’un débat sans conclusion et sans résolution. Il était possible, suivant la formulation du projet de résolution, de sauver le fond et d’éviter le veto. Le consensus condamnant l’acte d’agression devait être mis à profit et constituer la base des résolutions ; Israël devait être mentionné, quitte à l’impliquer indirectement, faute de pouvoir le condamner comme le veut la majorité écrasante des Nations unies.Image Le Royaume-Uni et les États-Unis, au cours des consultations, menacent de veto toute Résolution condamnant Israël dès lors que sa responsabilité, disent-ils, n’est pas établie formellement. De ce fait, le compromis pouvant concilier l’exigence de la délégation tunisienne et le non-veto a consisté à placer un alinéa relatif à Israël dans le préambule et non pas dans le dispositif du projet de Résolution. Cet alinéa, sobre et objectif, se présente ainsi: « (Le Conseil) considérant que dans sa Résolution 573 (1985), adoptée à la suite de l’acte d’agression commis le 1er octobre 1985 par Israël contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Tunisie, il avait condamné Israël et exigé qu’il s’abstienne de perpétrer de tels actes d’agression ou de menacer de le faire. »Ensuite, le dispositif de la Résolution commence par : « (Le Conseil) condamne avec vigueur l’agression perpétrée le 16 avril 1988 contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Tunisie, en violation flagrante de la Charte des Nations unies, du droit et des normes de conduite internationaux». Cette formule, laborieusement négociée, est finalement acceptée par l’ensemble des membres du Conseil.

Pour la première fois, Israël reconnaît officiellement l’assassinat de Khalil al-Wazir (Abou Jihad), numéro deux de l’OLP tué en 1988 à Tunis, indique le journal israélien Yediot Aharonot qui publie les détails de l’opération.Assassination in Tunis | PLO | Al JazeeraIsraël reconnaît pour la première fois officiellement l’assassinat du numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Abou Jihad, en 1988 à Tunis, selon des extraits d’un article publiés jeudi par le quotidien Yediot Aharonot, à paraître vendredi.Khalil Al Wazir | The Palestine Poster Project ArchivesLe journal israélien indique avoir été autorisé à publier les détails de cette opération à la suite de six mois de négociations avec la censure militaire.

L’opération contre Abou Jihad, de son vrai nom Khalil al-Wazir, dans la nuit du 15 au 16 avril 1988, à Tunis, où s’était installée l’OLP, visait à décapiter la première Intifada palestinienne, qui avait éclaté en décembre 1987, dont il était un des dirigeants.

Elle a été conduite par 26 membres des commandos de l’état-major, l’unité la plus prestigieuse de l’armée, alors dirigés par Moshé Yaalon, actuel ministre des Affaires stratégiques, sous le commandement de son adjoint, Nahoum Lev, précise le journal.

Dans une interview réalisée avant sa mort dans un accident de moto en 2000, publiée pour la première fois, Nahoum Lev a raconté au Yediot Aharonot que le commando, débarqué secrètement sur la plage, s’était divisé en deux groupes.الذكرى الـ28 لاستشهاد خليل الوزير "أبو جهاد" | فلسطينيات | عرب 48Le premier, composé de huit hommes et dirigé par Nahoum Lev, s’est approché en voiture à 500 mètres de la résidence d’Abou Jihad.

Accompagné d’un soldat déguisé en femme, afin de passer pour un couple en balade nocturne, Lev tenait une boîte de chocolats dans laquelle était dissimulé un pistolet muni d’un silencieux.

Il a d’abord abattu un garde ensommeillé dans une voiture, puis le second groupe, au signal prévu, s’est engouffré dans la villa après en avoir forcé la porte.تونس تحقق في اغتيال خليل الوزير | أخبار عربي | الجزيرة نتMasqués, ces commandos tuent un second garde qui venait de se réveiller et n’a pas eu le temps de dégainer son arme. Un jardinier, qui dormait dans la cave de la villa, est aussi tué. « Dommage pour lui, mais quand on mène ce genre d’opérations, il faut s’assurer que toute résistance potentielle est éliminée », a commenté Nahoum Lev.ImageUn de ses camarades le précède dans les escaliers jusqu’à la chambre à coucher d’Abou Jihad « et a tiré le premier sur lui ».Assassination of Khalil al-Wazir, Abu Jihad, Commemorated in Gaza (PHOTOS) - Palestine Chronicle« Apparemment, il (Abou Jihad) avait un pistolet. J’ai tiré sur lui, une longue rafale, en faisant attention de ne pas blesser son épouse qui était apparue, et il est mort. D’autres combattants ont également tiré pour s’assurer qu’il était mort », ajoute Nahoum Lev.

« J’ai tiré sur lui sans la moindre hésitation : il était voué à mourir. Il était mêlé à d’horribles crimes contre des civils israéliens », se justifie-t-il dans cette interview publiée à titre posthume.أبو جهاد.. مسيرة نضال ومقاومة حتى الاغتيال | مجلة عرب 48 | عرب 48Malgré la mort d’Abou Jihad, l’Intifada se poursuivit jusqu’aux accords d’Oslo de 1993, qui ouvrirent la voie à la création de l’Autorité palestinienne en 1994, présidée par son compagnon d’armes et chef de l’OLP, Yasser Arafat, dont sa veuve, Intissar al-Wazir, fut ministre des Affaires sociales.

Le fils d’Abou Jihad, Jihad al-Wazir, est actuellement gouverneur de l’Autorité monétaire palestinienne.Assassination of Khalil al-Wazir, Abu Jihad, Commemorated in Gaza (PHOTOS) - Palestine Chronicle

https://www.france24.com/fr/20121101-israel-reconnait-officiellement-assassinat-numero-2-olp-1988-tunis-abou-jihad-yediot-aharonot

https://www.leaders.com.tn/article/27361-1988-assassinat-de-khalil-al-wazir-abou-jihad

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