Bailly en tant qu’astronote a calculé une orbite pour la comète de Halley en 1759Le 1er Maire de Paris et astronome Jean Sylvain Bailly est guillotiné sous le règne de la Terreur. Jean-Sylvain Bailly (1736-1793), fils du peintre officiel du roi Louis XVI, fut un astronome et un mathématicien de bonne réputation. Élu député aux états généraux de mai 1789, il devient président de l’Assemblée nationale et se trouve être le premier à prononcer le serment du Jeu de Paume. Ce succès lui vaut d’être élu à la mairie de Paris le surlendemain de la prise de la Bastille. Le lendemain 17 juillet 1789, recevant le roi à l’Hôtel de Ville, il lui remet une cocarde tricolore et Louis XVI le fixe à son chapeau.
Jean-Sylvain Bailly, maire de Paris et auteur du Serment du Jeu de Paume Jean-Sylvain Bailly, fils du peintre officiel du roi Louis XVI, fut un astronome et un mathématicien de bonne réputation. Élu député aux états généraux de mai 1789, il devient président de l’Assemblée nationale et se trouve être le premier à prononcer le serment du Jeu de Paume. Ce succès lui vaut d’être élu à la mairie de Paris le surlendemain de la prise de la Bastille. Le lendemain 17 juillet 1789, recevant le roi à l’Hôtel de Ville, il lui remet une cocarde tricolore et Louis XVI la fixe à son chapeau. On peut ainsi lire dans le numéro du 24 juillet 1789 de la Gazette de Leyde (Pays-Bas) le passage suivant, extrait d’une lettre « écrite vendredi au soir, 17 juillet » : « M. Bailly a présenté à Sa Majesté la cocarde royale et bourgeoise, réunissant les couleurs bleu, blanche & rose : le Roi a permis qu’on la mît sur son chapeau & l’a montrée au peuple. » Après la fuite du roi et son arrestation à Varennes, des républicains manifestent pour la première fois sur le Champ-de-Mars le 17 juillet 1791. Les députés exigent de Bailly qu’il réprime la manifestation.Le maire ne se fait pas prier. Ni une ni deux, il fait hisser le drapeau rouge pour signifier l’état d’urgence, selon une pratique monarchique qui remonte à Louis VI (1124). Il ordonne à la garde nationale, sous le commandement de La Fayette en personne, de disperser la foule réunie sur le Champ-de-Mars. Accueillie à coup de pierres, la garde nationale fait feu sans sommation sur les pétitionnaires. On compte plusieurs dizaines de morts. De nombreuses arrestations viennent compléter la répression. Le club des Cordeliers est fermé. Danton et Marat, prudents, s’enfuient en Angleterre.Jean-Sylvain Bailly (1736-1793)
Jean-Sylvain Bailly est né au Louvre et est mort à moins d’un kilomètre de là, sous la guillotine. Dans l’espace et le temps intermédiaires, il réussit à incarner à la fois l’establishment scientifique des Lumières et le processus révolutionnaire français : avec Condorcet, son grand rival à l’Académie des sciences, il fut l’un des rares révolutionnaires à s’être d’abord fait connaître comme un philosophe. Mais la carrière intellectuelle de Bailly, de l’astronomie à l’histoire en passant par la politique, illustre également les liens étrangement homogènes qui pouvaient exister au XVIIIe siècle entre enquête empirique et spéculation mythologique. Bien que Condorcet qualifie dédaigneusement son collègue de « frère illuminé », faisant allusion aux supposées sympathies maçonniques et métaphysiques de Bailly, l’astronome était aussi à l’aise à l’Académie que parmi les peuples mythiques qu’il découvrit dans le passé. Il n’était ni illuministe ni matérialiste, mais habitait la zone grise que nous avons choisi d’appeler « la super-Lumières ». Le père de Bailly possédait la charge de Garde des Tableaux du Roi, ce qui permettait à sa famille de vivre au Louvre. Après s’être essayé au dessin, Bailly est initié très jeune aux mathématiques et à l’astronomie par l’abbé Lacaille. Il fit preuve d’une grande capacité dans ces domaines, abordant d’abord un problème difficile avec la période de la comète de Halley, puis appliquant ses compétences à l’étude des lunes de Jupiter. Pour ce projet, il a assemblé un petit observatoire au Louvre, où il a minutieusement enregistré les détails des mouvements célestes. Cette expérience nocturne dut laisser une forte impression sur Bailly ; il fera plus tard de l’observation des étoiles le fondement de toute civilisation.Grâce à quelques succès précoces, Bailly est admis à l’Académie des sciences en 1763, au jeune âge de 26 ans. C’est dans ce contexte académique qu’il s’essaye d’abord aux belles-lettres, écrivant principalement des éloges, genre requis pour l’avancement à l’Académie ; son éloge de Leibniz remporte le prix de l’Académie de Berlin en 1767. Ami intime du naturaliste Buffon, il est encouragé par d’Alembert à succéder à Grandjean de Fouchy comme secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, mais l’encyclopédiste plus tard, il changea d’allégeance et parraina Condorcet à l’intérieur, qui obtint le poste en 1773. Piqué par ce coup institutionnel, Bailly s’absenta par la suite de la plupart des affaires de l’Académie, déménageant de Paris à Chaillot à proximité au milieu des années 1770. Il ne s’est cependant pas retiré des hautes sphères des Lumières françaises, car dans sa nouvelle demeure, il s’est lié d’amitié avec son voisin Benjamin Franklin et a participé au célèbre salon de Mme Helvétius.Mais il y avait un autre aspect des intérêts de Bailly, qui peut sembler contradictoire avec ses études scientifiques. Il était fasciné par le monde avant l’histoire écrite, qu’il peupla d’une race merveilleuse et ingénieuse, les Atlantes. Ses recherches antiquaires ont été largement inspirées par le Monde primitif en neuf volumes de Court de Gébelin , qui prétendait décrire un monde ancien, préhistorique mais sophistiqué avec des détails encyclopédiques. Le projet de Court était également lié au monde semi-secret de la franc-maçonnerie française : de nombreuses caractéristiques de son ancienne société semblent conçues pour fournir une généalogie plus vénérable aux rituels maçonniques. Cette influence maçonnique est moins évidente dans le cas de Bailly, même s’il aurait été membre de la prestigieuse Loge des Neuf Sœurs., auquel appartenaient Franklin, Court, l’astronome Lalande, et aussi (pendant quelques brèves semaines avant sa mort) Voltaire lui-même. Comme le suggère la liste de ses membres, la Loge réunissait des représentants de l’empirisme du XVIIIe siècle avec des antiquaires versés dans la spéculation mythologique, voire « illuministe ». Ces activités pourraient être considérées comme complémentaires, dans la mesure où la recherche scientifique a détruit la « superstition » religieuse par l’expérimentation et le progrès social (le paratonnerre de Franklin en est l’exemple paradigmatique), tandis que les études antiquaires ont fourni une histoire et une généalogie de la culture occidentale alternatives à celles proposées par l’Église. Cependant, comme le souligne le succès durable des propres travaux de Bailly, ces généalogies mythiques pourraient s’avérer tout aussi dangereuses, sinon plus.C’est sous cette double égide de science et d’antiquaire que Bailly abandonne l’observation astronomique pour se concentrer sur son histoire — et sa mythologie. Son premier ouvrage de ce type, vaguement calqué sur l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations de Voltaire, parut en 1775 et s’intitulait Histoire de l’astronomie ancienne, depuis son origine jusqu’à l’établissement de l’école d ‘Alexandrie (un ouvrage complémentaire, l’Histoire de l’astronomie moderne, depuis la fondation de l’école d’Alexandrie jusqu’à l’époque de 1730, paru en deux volumes en 1779). Ici, Bailly a d’abord formulé la thèse pour laquelle il allait se faire connaître. Avant les exemples documentés d’astronomie dans les cultures passées, a-t-il soutenu, il devait y avoir une culture antérieure, « antédiluvienne », qui avait excellé en astronomie. Seule l’existence de cette civilisation antérieure pourrait expliquer comment les Indiens, les Chaldéens, les Perses et les Chinois ont tous développé des connaissances et des pratiques astronomiques vers la même période (3000 avant JC).
La thèse d’un grand Déluge était encore monnaie courante au XVIIIe siècle : Nicolas Boulanger, dans son Antiquité dévoilée(1756), avait « naturalisé » ce mythe biblique en indiquant des preuves géologiques du déluge ; il avait également postulé l’existence d’une civilisation sophistiquée et antédivulienne. Bailly a combiné cette tradition biblique avec une autre fable océanique, le mythe de l’Atlantide. S’appuyant largement sur Platon, il a soutenu que l’histoire racontée par Critias (dans le dialogue platonicien du même nom) devait être prise à la lettre. Mais Bailly a introduit un rebondissement important dans cette histoire. Plutôt que de situer l’Atlantide dans son océan éponyme, voire dans l’Extrême-Orient, comme l’aurait voulu Voltaire, il a déplacé l’Atlantide à l’extrême Nord, au-dessus du cercle polaire arctique. Autrefois, soutenait-il, cette région aurait connu un climat beaucoup plus doux ; seul ce site le plus septentrional pourrait d’ailleurs expliquer le refrain mythologique constant d’un soleil qui disparaît. De cet endroit, les Atlantes ont migré vers le sud, s’installant finalement en Inde, avant de se déplacer vers l’ouest, à travers l’Inde, l’Égypte et la Grèce, et enfin d’arriver en Europe. Préfigurant Hegel, Bailly affirmait que « le sceptre des sciences devait être passé d’un peuple à l’autre » (Histoire, 3). Le mouvement de l’histoire, cependant, n’était pas d’Est en Ouest, mais plutôt du Nord au Sud.
L’un des premiers destinataires de l’œuvre de Bailly fut Voltaire lui-même, qui en accusa réception par une lettre encourageante (quoique légèrement sarcastique), que Bailly publia, ainsi que la correspondance qui s’ensuivit, au début de son ouvrage suivant, les Lettres sur l’origine de 1777 des sciences, et sur celle des peuples de l’Asie, diffusées à M. de Voltaire. Dans ce texte, Bailly s’est donné pour tâche de réfuter la croyance de Voltaire selon laquelle les » Brahmanes » étaient vraiment le peuple le plus ancien de tous, et que, comme Voltaire le soutenait, » il y a encore un grand pays près de Bénarès où ce qu’on appelle l’âge d’or existe. » (Voltaire avait développé cette idée dans sa nouvelle, La princesse de Babylone.) Bailly persista à situer l’Atlantide dans l’extrême nord, s’installant sur la terre mythique d’Hyperborée, dont la capitale était Thulé. Cette terre devait être l’âge d’or historique que chantent encore les poètes : « l’âge d’or, cette fable séduisante, n’est donc que le souvenir chéri d’une patrie abandonnée et pourtant aimée » (103).
Bien que Voltaire soit mort avant d’avoir pu répondre (et exprimer sa frustration) à cette résistance obstinée, Bailly a tiré une dernière salve pour défendre sa thèse, les Lettres sur l’Atlantide de Platon et sur l’ancienne histoire de l’Asie (1779) . A cette époque, il avait acquis une certaine réputation : bien que les principaux philosophes de l’époque, en particulier ses anciens rivaux d’Alembert et Condorcet, se moquaient de lui comme d’un bouffon mystique, dans d’autres cercles universitaires, ainsi que plus populaires, il était salué comme un grand historien et scientifique. Son succès littéraire lui permet de présenter sa candidature à l’Académie française, où il affronte à nouveau Condorcet, qui le bat d’une voix. C’est donc à son ennemi juré de livrer la réponse froide au discours de Bailly lorsqu’il est finalement élu en 1784. Après avoir écrit un autre ouvrage antiquaire sur la mythologie, l’Essai sur les fables (1782, publié à titre posthume en 1799), défendant la méthode éclectique de Nicolas Freret, il a également été admis dans la maison institutionnelle de Freret, l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, en 1785. Seul Fontenelle avait déjà été membre des trois académies.
Dans la dernière décennie de l’Ancien Régime, Bailly se trouve ainsi dans une position de grand pouvoir institutionnel et de prestige. Ce prestige a été augmenté par deux événements, qui ont assuré sa position de philosophe de premier plan et ont servi de tremplin à sa future carrière révolutionnaire. En 1784, à la demande du roi, Bailly, Franklin, Lavoisier et trois autres membres de l’Académie des sciences sont chargés d’étudier la théorie du magnétisme animal de Jean-Sylvain Bailly. Les Parisiens à la mode (en particulier les femmes) avaient afflué vers les « cures » de Mesmer, qui avaient acquis une réputation immorale. (L’un des grands défenseurs de Mesmer fut Court de Gébelin, qui eut le malheur de mourir lors d’une séance magnétique, en mai 1784).fluide magnétique, il semble avoir été un peu moins sceptique que Franklin, fondant son jugement sur l’absence de preuve. L’affaire eut cependant un grand retentissement public et Mesmer quitta Paris l’année suivante.
Bailly acquiert une célébrité encore plus grande dans une seconde affaire, concernant l’Hôtel-Dieu de Paris. Nommé à nouveau par le roi en 1786 à une commission chargée d’examiner l’état de l’hôpital, il participe à la rédaction d’un rapport qui fait état de ses conditions honteuses : l’hôpital a le taux de mortalité le plus élevé de toute l’Europe. Le rapport était un excellent exemple des efforts humanitaires des Lumières, insistant comme il l’a fait sur le fait que l’État avait la responsabilité d’améliorer les conditions des pauvres. Bien que ses recommandations ne soient jamais mises en œuvre, le rapport est largement salué et contribue à consolider la popularité de Bailly auprès des Parisiens. Compte tenu de sa réputation publique, il n’est pas surprenant que Bailly ait été immédiatement entraîné dans la tourmente politique de la Révolution française. Il participe à la rédaction du cahier de doléances du Tiers État parisien et figure en tête de liste des électeurs choisis comme députés aux États généraux. Sa renommée et son estime étaient telles que, lorsque le Tiers État se déclara Assemblée nationale de France, le 17 juin 1789, Bailly fut choisi pour en être le premier président. C’est sous cette apparence que Bailly accède à un statut emblématique : c’est lui qui se dresse au-dessus de la foule des députés, la main tendue vers le ciel, au centre de la représentation de David de 1791 du serment du court de tennis, lorsque les députés prêtent (le 20 juin, 1789) de ne se dissoudre qu’après avoir doté la France d’une constitution.
Lorsque la peinture de David a été exposée pour la première fois, cependant, la fortune de Bailly était sur le point de commencer sa chute vertigineuse. Élu premier maire de Paris par acclamation, après la chute de la Bastille, la popularité de Bailly diminue progressivement jusqu’à disparaître complètement après le tristement célèbre « massacre » du 17 juillet 1791. En réaction à la fuite du roi de Paris et à son arrestation à Varennes, une foule s’était rassemblée au Champs-de-Mars pour signer une pétition en faveur du gouvernement républicain. Lorsqu’une certaine confusion s’ensuivit, Bailly et Lafayette déclarèrent la loi martiale et firent ouvrir le feu par la garde nationale sur la manifestation ; une douzaine de manifestants ont été tués. Se rendant compte qu’il avait planté le dernier clou dans son cercueil, Bailly démissionne de ses fonctions de maire trois mois plus tard, mais n’échappe pas si facilement à la vengeance révolutionnaire : en juillet 1793, il est arrêté à Melun, où il s’est vu offrir refuge par son ancien collègue de l’Académie des sciences, Simon de Laplace. Il a été condamné à mort en novembre et guillotiné sur le Champ-de-Mars, plutôt que sur l’habituelle place de la Révolution (actuellement place de la Concorde), dans un clin d’œil macabre à son rôle dans la répression de juillet 1791.
Bien que sa vie ait été écourtée à 57 ans, son héritage s’est perpétué de manière surprenante et effrayante. Sa thèse sur une Atlantide hyperboréenne fut d’abord catégoriquement rejetée ; Jules Verne se moque même de Bailly dans 20 000 lieues sous les mers (1869), lorsque ses personnages découvrent la « vraie » Atlantide dans l’océan Atlantique. Mais une personne, un personnage étrange nommé Helena Petrovna (alias « Madame ») Blavatsky, a pris ses idées très au sérieux. Blavatsky était l’une des fondatrices de la théosophie, une société mystique dont le credo a été énoncé dans son livre The Secret Doctrine(1888). Dans cet ouvrage hermétique, Blavatsky renoue avec la théorie de Bailly (le citant vingt-deux fois) et incorpore son Atlantide hyperboréenne dans une histoire épique de continents et de « races-racines ». Le destin de son Atlantide était lié à celui d’une race particulièrement controversée : les Aryens. Alors que les Aryens migraient vers le sud vers l’Inde, une « sous-race » est sortie d’eux, les Sémites. Le mythe d’une Atlantide hyperboréenne fait ainsi son entrée dans les idéologies antisémites et aryanistes de la fin du XIXe siècle.
Cette période a également connu une sorte d’engouement pour « l’Atlantide », avec des érudits et des charlatans écrivant des livres pour prouver que le continent perdu avait autrefois existé au Maroc, en Afrique subsaharienne, en Amérique du Sud ou ailleurs. Mais la théorie de Bailly-Blavatsky a trouvé un soutien parmi certains des idéologues aryens les plus fantastiques de Vienne (comme Nicolas Goodrick-Clarke l’a détaillé). C’est de ces cercles que les groupes nationalistes allemands de l’après-guerre, comme la société « Thulé » (du nom de la capitale mythique d’Hyperborée), ont tiré bon nombre de leurs théories antisémites et aryennes. Les membres de la société Thulé, en particulier, ont contribué à aider Adolf Hitler (qui avait probablement lu certains des théosophes aryens viennois lorsqu’il vivait en Autriche) à fonder le NSDAP, ou parti nazi. L’un d’eux, Alfred Rosenberg, Le mythe du XXe siècle (1930). Rosenberg commence ce travail en supposant l’existence passée d’une Atlantide dans le Grand Nord :
Dans l’ensemble, les anciennes légendes de l’Atlantide peuvent apparaître sous un nouveau jour. Il semble loin d’être impossible que dans les zones sur lesquelles roulent les vagues de l’Atlantique et flottent des icebergs géants, un continent florissant s’élevait autrefois au-dessus des eaux et sur lui une race créative produisit une culture de grande envergure et envoya ses enfants dans le monde comme marins et guerriers. Mais même si cette hypothèse de l’Atlantide devait s’avérer insoutenable, un centre culturel nordique préhistorique doit encore être supposé.
Le mythe d’un « centre culturel nordique » a permis à Rosenberg d’attribuer à la race aryenne toutes les grandes réalisations culturelles de l’histoire humaine : à différents moments dans le temps (coïncidant avec les plus grands épanouissements de la civilisation), les Aryens sont descendus de leur perchoir du Nord pour travailler leurs merveilles dans les climats du Sud. La «preuve» de la supériorité aryenne reposait donc sur cette situation géographique clé : ce n’est que s’ils étaient situés dans le cercle polaire arctique que les Aryens pourraient éventuellement revendiquer la responsabilité des réalisations à la fois orientales et occidentales.
Il existe des différences considérables entre les interprétations de Bailly et de Rosenberg du mythe hyperboréen de l’Atlantide, et il est clair que Bailly ne doit pas être considéré comme un précurseur nazi. Mais il ne mérite pas non plus de s’en tirer complètement. S’il n’a pas explicitement racialisé sa théorie, il a cherché à s’approprier les avancées culturelles orientales pour l’Europe. En rendant un peuple du Nord responsable des gloires de l’Inde, il a finalement honoré les réalisations occidentales, tout en louant les brahmanes. L’Europe éclairée, dans son histoire, était le véritable successeur de l’Atlantide. Bailly a ainsi fourni aux mouvements nationalistes et racistes ultérieurs un récit puissant qui pouvait autoriser nombre d’idéologies. Jouer avec les mythes est toujours une entreprise dangereuse.
Jean-Sylvain Bailly (1736-1793)
Astronome français qui calcula une orbite pour la comète de Halley (1759) et étudia les quatre satellites de Jupiter alors connus. Il fut le premier maire de Paris (1789-91). Il a été exécuté par guillotine à Paris pendant la Révolution française.
https://exhibits.stanford.edu/super-e/feature/jean-sylvain-bailly-1736-1793
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