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10 février 2005 – Mouvement lycéen : retour sur quelques mobilisations historiques

Droit de grève lycéen : que dit la loi ? - Auxerre (89000)Manifestations dans plusieurs villes de France des lycéens dénonçant la réforme du baccalauréat C'est pour nos parents, nos profs, c'est pour la retraite de nos vieux ! » : les lycéens aussi se mobilisentActuellement le système éducatif français au lycée et sa procédure Parcoursup  est l’un des pires systèmes inefficaces dans le monde de la science. Le système d’orientation de l’école française semble de plus en plus en lien avec l’économie du profit comme une marchandise. Ce système est très loin des besoins humains dans le sens de l’évolution. C’est la raison pour laquelle les universités françaises sont sorties du top 150 des universités du monde. Inéluctablement, le bilan est désastreux.undefinedDes inégalités sociales à l’école, produites par l’école elle-même C’est la démonstration que fait le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), en rendant publiques, mardi 27 septembre 2016, les conclusions d’une vingtaine de rapports. Tout un spectre de la recherche – des sociologues aux économistes, des didacticiens aux psychologues, français et étrangers – a été mobilisé deux années durant, pour interroger ce mythe de l’égalité des chances dans notre système éducatif. Et rendre plus transparente la fabrique de l’injustice scolaire.undefinedPlus de 100.000 lycéens (selon des chiffres donnés par la police) sont descendus dans la rue jeudi 10 février 2005 dans les principales villes de France, répondant à l’appel de leurs syndicats, FIDL et UNL, pour une journée nationale contre le projet de loi Fillon, et notamment contre l’introduction d’un contrôle continu pour le bac. La mobilisation des lycées, engagée depuis maintenant une dizaine de jours, est montée d’un cran à l’approche du débat parlementaire qui démarre le 15 février. Les cortèges ont été nettement plus importants que les jours précédents, les revendications restant « radicales » et se radicalisant même, les cris de « Fillon démission » rejoignant souvent ceux qui se bornaient à réclamer le retrait de sa réforme. Les infos de 8h - Réforme du bac : 35 heures de garde à vue pour trois lycéensCette mobilisation peut être considérée comme massive –les lycéens sont environ 2 millions au total– d’autant plus qu’une partie de la France est en vacances d’hiver depuis le 5 février. Ainsi, les académies d’Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitiers, Reims, Rouen et Strasbourg manquaient à l’appel. Cent mille lycéens, les réticences des députés de l’UMP et Jacques Chirac lui-même ont eu raison de la réforme du baccalauréat. A l’issue des manifestations qui ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de jeunes dans les principales villes de France, jeudi 10 février, le ministre de l’éducation nationale, François Fillon, a annoncé que cette réforme ne serait pas mise en oeuvre tant que les craintes des lycéens ne seraient pas apaisées. Vendredi matin sur RTL, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin, a déclaré avoir « le sentiment que les jeunes sont aujourd’hui inquiets sur le baccalauréat ». photographie prise lors de la manifestation lilloise anti-LRU du 11 mars 2009 : Banderole : Pecresse perd ses facultes« Nous avons les moyens de les rassurer, a-t-il poursuivi. Il n’y a pas sur ce sujet de crispation. » Officiellement, c’est une pause. En réalité, c’est bien d’un abandon qu’il s’agit : « Pas d’accord, pas de réforme du bac », fait-on savoir Rue de Grenelle. La décision de changer le dispositif de la loi d’orientation sur l’école a été prise mercredi après-midi au cours d’un entretien de M. Fillon avec M. Chirac, après le conseil des ministres au cours duquel le président avait pourtant rappelé à l’ordre les ministres qui s’étaient laissé aller à critiquer le projet de loi Fillon. En tête à tête un peu plus tard, M. Chirac a demandé à son ministre de revoir sa copie.  Il n’y aura donc ni diminution du nombre d’options aux examens ni contrôle continu, deux dispositions qui faisaient craindre aux parents et aux élèves un « bac à deux vitesses ».RN 19 à Vesoul, Haute-Saône (17 novembre 2018).Les mobilisations historiques de lycéensDescription de cette image, également commentée ci-aprèsLes mobilisations lycéennes ont été nombreuses et variées depuis au moins un siècle et demi. Les mouvements lycéens, lorsqu’ils ont quelque ampleur, ne sauraient se réduire à de la « manipulation » ou de la « contagion » comme certains le croient. Pour avoir quelque chance d’en sortir par le haut, le mieux est de tenter de les comprendre dans leur physionomie propre, leur « tempo » et leur « géographie » évolutive. Les comparer à d’autres mouvements d’importance historique peut aider à en saisir la singularité. Les mobilisations de lycéens ont été nombreuses et variées depuis au moins un siècle et demi. On pourrait en faire un inventaire à la Prévert. On se limitera à trois d’entre elles, parmi les plus significatives, en éliminant deux épisodes pourtant dans toutes les mémoires, mais où l’impulsion est d’abord venue des étudiants : Mai 68 et les luttes contre la réforme dite « Devaquet » de 1986.On peut gagner ! Retours sur quelques mouvements sociaux ...1882-1883 : un mouvement déjà nationalLe blocage, c'est le seul moyen qu'on a de se faire entendre » : les lycéens dans la bataille des retraites - Basta!On commencera par l’un des mouvements lycéens les plus significatifs : celui qui a eu lieu durant la période « ferryste », il y a plus de cent cinquante ans. Il n’est pas inutile de le mettre en valeur face à ceux qui pensent que les mouvements lycéens et la possibilité même d’organisations lycéennes seraient l’effet d’un laxisme post soixante-huitard.  Suite des révoltes des lycées de Toulouse et Montpellier d’avril 1882, un premier congrès de lycéens du sud de la France se tient à Albi. Des représentants de ces deux établissements, et d’autres venant d’une dizaine de villes, dont Avignon, Bordeaux, Carcassonne, Lyon, Mâcon ou encore Nantes, y élaborent un « Manifeste ».  Ils y demandent une révision du régime disciplinaire, la mise en place – pour les classes supérieures – d’une commission d’élèves qui puisse émettre des vœux sur le fonctionnement du lycée, et l’amnistie pour les élèves qui ont pris part aux révoltes de Toulouse et Montpellier.  Un second congrès, qui se tient à Bordeaux en août 1883 après la grande révolte parisienne de Louis-le-Grand, accueille des délégués en provenance des lycées et collèges de toute la France, d’Albi à Nancy en passant par Angoulême, Dax, La Rochelle, Libourne, Lons-le-Saunier, Nice, Rochefort, ou Versailles. Les résolutions votées ressemblent beaucoup à celles du congrès d’Albi avec quelques exigences supplémentaires : supprimer le provisorat et le remplacer par un conseil d’administration devant lequel comparaîtraient les élèves ; créer un jury pour contrôler les examens et rendre impossible toute partialité. Ces deux congrès (et ces révoltes) de lycéens n’auront pas d’effets immédiats, mais ne seront pas pour rien dans la grande réforme disciplinaire engagée à la fin des années 1880.Manifestations lycéens et étudiants - Actualité, infos et vidéos en direct - page 21990 : la « périphérie » en pointePrésidentielle : blocage de lycées en cours à Paris avant le second tourLe mouvement de lycéens du dernier trimestre 1990 amorce un changement important dans le sens des revendications, mais aussi dans la nature géographique et sociale des lycées particulièrement mobilisés. Il est vrai qu’il se situe dans un contexte paradoxal, celui d’une crise de croissance des lycées à la suite de la décision du ministre de l’Éducation nationale Jean‑Pierre Chevènement – prise en 1985 – d’aller vars 80 % d’une classe d’âge au « niveau bac » à l’horizon 2000.  Ce dernier trimestre 1990 est marqué par des manifestations de lycéens de banlieue contre « l’insécurité » de leurs établissements scolaires à la mi-octobre, puis par l’ampleur extraordinaire du mouvement lycéen de l’automne 1990 – parti de la « périphérie ».  Les mouvements étudiants ou lycéens s’étaient jusque-là développés à partir des centre-ville et des établissements les plus huppés comme la Sorbonne, l’ENS d’Ulm, ou les grands lycées parisiens – avec, le plus souvent, des mots d’ordre, dans les années post-soixante-huitardes, contre les différentes figures de la « répression ».  C’est dire si cette inversion (la « périphérie » à l’initiative), sur un thème inédit – la sécurité et l’ordre dans les établissements scolaires – fait sensation, en particulier dans le monde des médias. La thématique des violences à l’école développée dans la sphère politico-médiatique en restera d’ailleurs très marquée, dans une équivalence : « violence scolaire égale établissements de la périphérie ».Grève du 9 mars : dans la rue avec les lycéens - Clique.tvLe 24 octobre, près d’une dizaine de milliers de lycéens, la plupart venant de lycées de la banlieue parisienne auxquels s’étaient joints des lycéens en provenance de quelques lycées de province ou de Paris, manifestent à Paris en réclamant « sécurité » et « propreté » dans leurs établissements, et plus de personnels et de moyens matériels. Le Monde ne s’y trompe pas, titrant Montreuil, Bondy et Saint-Denis : trois hauts lieux de la grogne lycéenne, le 25 octobre 1990, puis L’agitation lycéenne s’étend à la province, le 26 octobre, tout en soulignant : Paris traîne les pieds.  Face à un mouvement qui prend de l’ampleur, le ministre de l’Éducation, Lionel Jospin, qui avait initialement promis « cent postes de surveillants supplémentaires » dans les lycées « sensibles », est amené à annoncer « un plan d’urgence » le 12 novembre. À la mi-novembre plus de 100 000 manifestants se réunissent à Paris et environ 200 000 dans les grandes villes de province. La promesse du ministre de l’Éducation nationale était de l’ordre de 4 milliards et demi de francs en rallonge budgétaire pour son « plan d’urgence ». Avec l’appui du président de la République François Mitterrand (quelque peu en délicatesse avec le premier ministre Michel Rocard et Lionel Jospin), le mouvement lycéen de 1990 obtiendra finalement plus du double.Les lycéens dans la rue contre la réforme du bac [diaporama] - Charente Libre.fr

bac met le feu aux poudres

Au début de l’année 2005, la réforme du baccalauréat est inscrite dans le rapport annexé de la future loi d’orientation de l’éducation (dite loi « Fillon »). Sa préparation est confiée à un « groupe de travail comprenant des représentants des personnels, des parents d’élèves et des lycéens ». Le ministre de l’Éducation nationale François Fillon fixe le cadre lors de l’installation du groupe de travail le 17 janvier :

Réorganisation de l’examen autour de six épreuves terminales (au lieu d’une douzaine)

Évaluation sous d’autres formes des autres matières (contrôle continu ou en cours de formation).Blanquer en opération déminage face à la colère lycéenne - ChallengesLes organisations lycéennes, l’UNL et la FIDL, s’interrogent sur la pérennité de leur présence, et affirment qu’il ne saurait être question de participer à la mise en place d’un « bac par établissement » dont la valeur serait différente selon qu’il soit passé dans un lycée de centre-ville ou un lycée de banlieue  Des manifestations de lycéens regroupent plusieurs milliers, puis des dizaines de milliers de lycéens. Ils sont estimés à 100 000 dans la rue le 10 février 2005, lors d’une journée nationale à l’appel de la FIDL et de l’UNL, contre le projet de loi Fillon, et notamment contre l’introduction de contrôles continus au baccalauréat. « Non au bac à deux vitesses » ; « Fillon, serre les fesses, on arrive à toute vitesse » ; « Fillon, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ».  Le 14 février 2005, François Fillon annonce le dépôt d’un amendement gouvernemental retirant toute mention du bac dans le projet de loi. Quant aux discussions du groupe de travail, il est prévu qu’elles « repartiront à zéro », à une date non fixée : « le cahier des charges des négociations qui vont s’ouvrir sera le plus souple possible ».  Deux semaines plus tard, lors d’une interview au journal VSD, le ministre de l’Éducation nationale François Fillon déclare : « Dès le soir de la première manifestation, j’ai dit qu’on ne réformerait pas le bac si on ne trouvait pas le moyen d’apaiser les craintes […]. Il faut attendre que les esprits s’apaisent ». Mardi noir" des lycéens : de nombreuses manifestations, sans incident majeur

https://www.lemonde.fr/campus/article/2016/09/27/comment-le-systeme-francais-aggrave-ineluctablement-les-inegalites-scolaires_5003800_4401467.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/2005/02/12/p-le-gouvernement-renonce-a-reformer-le-baccalaureat-p_4301055_1819218.html

https://www.nouvelobs.com/societe/social/20050210.OBS8442/100-000-lyceens-dans-la-rue-contre-la-reforme-fillon.html

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/mouvement-lyceen-retour-sur-quelques-mobilisations-historiques-800966.html 

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