La milice française et le régime de Vichy, une force supplétive de la Gestapo,La milice française est créée par le régime de Vichy le 30 janvier 1943. Constituée d’environ 30 000 membres (dont 15 000 actifs), cette organisation paramilitaire a pour mission principale de lutter contre les mouvements « terroristes » de la Résistance. En réalité, la milice constitue rapidement la police politique de Vichy et en vient à jouer un rôle supplétif auprès de la Gestapo et des autres forces nazies présentes sur le territoire. Ouvertement fasciste, anticommuniste, antisémite et antirépublicaine, la milice est officiellement placée sous le commandement du Premier ministre Pierre Laval. Dans les faits, elle est dirigée par son secrétaire général Joseph Darnand, fondateur du Service d’ordre légionnaire (SOL, 1940-1943) qui en est l’ancêtre. Sur ordre des Allemands ou encore de leur propre initiative, les miliciens participent à la traque des juifs, des résistants, des maquisards, des réfractaires au service du travail obligatoire (STO) ou de tous ceux que le régime juge dangereux. Vendredi 14 juillet 1944, les milices allemandes et françaises du village breton d’Uzel (22460) extraient 55 personnes du bâtiment qui sert de prison et de chambre de torture depuis une rafle quatre jours plus tôt. Les prisonniers sont transportés quelques kilomètres au nord jusqu’à L’Hermitage-Lorge et conduits dans les bois. La plupart sont obligés de s’agenouiller avant de recevoir une balle dans la nuque – certains sont pendus à des arbres. L’un des corps retrouvés en octobre, toujours vêtu d’une robe d’été à fleurs rouges et bleues, est celui de Mireille Chrisostome, 20 ans, résistante. Sous le nom de code « Jacotte », elle était coursière du chef de la Résistance locale Jean Devienne. Elle a été torturée pendant trois jours mais n’a rien révélé.Dans tout le pays, les miliciens effectuent de véritables rafles, multipliant les actes de torture, les exécutions sommaires, les répressions sanglantes, mais aussi les exactions « de droit commun » (vols, viols, etc.) contre les populations civiles. De telles « opérations » deviennent relativement fréquentes au cours de l’année 1943, ancrant ainsi dans les consciences et les représentations le symbole durable du bras armé de la « collaboration française » sous son jour le plus sombre, le plus violent et le plus extrémiste.Une force supplétive de la Gestapo, sous les ordres de DarnandEn 1943, voyait la création de la F.F.I. (Forces françaises de l’intérieur) regroupant les différents mouvements de Résistance en une entité unifiée sous le commandement du général Pierre Dejussieu-Pontcarral. Ce dernier, vétéran de la Grande Guerre et de la Bataille de France, résiste dès le début, d’abord avec l’Organisation de Combat, puis avec l’Armée Secrète, commandant la région R5 à Clermont-Ferrand. Sa chance tourne le 2 mai 1944 lorsqu’il est arrêté par la Gestapo à Paris et déporté à Buchenwald puis à Dora-Mittelbau où il organise un groupe de résistance sabotant la fabrication des fusées V2. Il a survécu à la captivité.Quant aux F.F.I., ils joueront un rôle vital et souvent négligé dans la libération de la France, aidant le Plan Vert à saboter des chemins de fer vitaux et à retenir les renforts allemands en Normandie. Bien que les Alliés leur aient conféré un statut légal, la plupart de ceux qui tombèrent aux mains de l’ennemi furent exécutés sommairement. F.F.I. des unités combattent dans les poches portuaires à la fin de 44 et en 45, tandis que d’autres sont intégrées dans l’armée régulière française.Conçue à l’origine comme un relais possible entre le pouvoir et le peuple pour mettre en œuvre la « Révolution nationale » prônée par le maréchal Pétain au lendemain de la défaite, la Milice a pour vocation d’être « l’instrument principal de redressement moral, intellectuel et social du pays».
Jan 1943. The Milice française (French Militia), generally called la Milice (literally the militia) was a political brown shirt paramilitary organization created by the puppet Vichy regime (with German aid) to help fight against the French Resistance during World War II. pic.twitter.com/tUQK6cTLFj
— B Broadway (@BBroadway3) January 6, 2023
Dans la pratique, Darnand, sous l’autorité de Pierre Laval, en fait une police aux ordres des nazis, qui, forte d’un effectif de plus de 30 000 exécutants traque avec zèle les « ennemis intérieurs » (résistants, Juifs, communistes et francs-maçons). Basée à Lyon, en zone libre, la Milice lyonnaise compte un millier d’adhérents ; 600 d’entre eux forment les rangs de la Franc-Garde créé en juin 1943, qui, armée, devient le fer de lance de la lutte contre les maquis et se distingue par l’usage de ses procédés barbares (notamment dans le Vercors).Le « deuxième service » de la Milice lyonnaise, dirigé par Joseph Lécussan assisté de Paul Touvier, filtre les postulants, accumule les renseignements sur tous les opposants réels ou supposés. Au cours des six derniers mois du régime de Vichy, la Milice, recrutant sans cesse de nouveaux membres, se lance dans une politique de terre brûlée et sème la mort : assassinat de Jean Zay (20 juin 1944), de sept otages juifs à Rilleux-la-Pape (29 juin 1944), de Georges Mandel (7 juillet 1944).
https://histoire-image.org/fr/etudes/milice-francaise
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_Milice/133196