La nuit d’horreur où Tokyo est devenue une mer de flammesBombardement incendiaire de TokyoPlus 100 000 victimes périssent lors du bombardement de Tokyo par les AméricainsTokyo en feu après des bombardements nocturnes de B-29, plus de 100 000 personnes meurent, pour la plupart des civilsLa nuit où les Tokyoïtes ont été «bouillis et cuits à mort»Le 10 mars 1945, l’armée américaine déversait un tapis de bombes explosives et incendiaires sur la capitale pour acculer le Japon à la défaite et a coûté la vie à 100 000 de ses habitants. Le jour du « grand bombardement de Tokyo », 279 B-29 déversent, en deux heures et demie, plus de 300 000 bombes incendiaires, soit 1 665 tonnes d’explosif. Les quartiers populaires de l’est de la capitale, où il y avait une forte concentration de maisons en bois, ne sont plus qu’une mer de flammes.L’attaque a été éclipsée par le feu atomique des 6 et 9 août 1945. Mais ce qui s’était passé cinq mois plus tôt à Tokyo constitue «l’un des raids aériens les plus meurtriers de tous les temps, surpassant Dresde, Hambourg et Nagasaki, d’une échelle comparable à Hiroshima, et certainement l’un des plus destructeurs», écrivait l’historien militaire et ancien pilote américain Kenneth P. Werrell. Ce 10 mars, le Japon commémore les soixante-dix ans de cette attaque conçue par les Etats-Unis sous le nom de code «opération Meeting house» au cours de laquelle des milliers de Japonais ont été «brûlés, bouillis et cuits à mort», selon les mots du général d’aviation Curtis Lemay, responsable de ce crime de guerre. Dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, le nord et l’est de la capitale japonaise ont subi un déluge de bombes explosives et d’engins incendiaires qui ont réduit à néant plus de 40 kilomètres carrés (un tiers de la ville) et tué 95 000 personnes, selon le chercheur Masahiko Yamabe du Centre de Tokyo sur les raids aériens et les dommages de guerre, qui nous a autorisé à publier une série de clichés attestant de l’ampleur du carnage. En l’espace de quelques heures, 335 B-29, des avions au large rayon d’action, ont déversé plus de 1 700 tonnes de bombes sur Tokyo. La quantité et la densité étaient telles que plusieurs engins s’abattaient en même temps sur une seule et même maison.Des foules piégées dans le chaos Rare Occidental alors en poste au Japon où il travaillait pour l’Agence France Presse, le journaliste français Robert Guillain a raconté cette «nuit d’horreur» des Tokyoïtes qui ont «subi l’ordalie du napalm». Il a détaillé le plan d’attaque des Américains qui ont envoyé leurs premières forteresses volantes pour «marquer par les flammes le centre de la zone à détruire». Les avions suivants «en délimitèrent le contour et le quadrillèrent de feu pour enfermer les habitants, puis ce fut l’arrosage à volonté. Sous les ailes des terrifiants oiseaux qui semblaient voler en tous sens et à des hauteurs diverses, de 1 500 à 3 000 mètres, tombaient des milliers de cylindres de métal qui déversaient sur la ville une rosée incendiaire, première version du napalm».
Dans une capitale en grande partie bâtie en bois et à l’habitat serré, ce raid de terreur prit d’abord pour cible les civils, des foules en fuite piégées dans le chaos. «Pendant quelque temps, les B-29 étaient encore là, survolant l’enfer, et rouges eux-mêmes comme s’ils étaient en feu, par le reflet des incendies sous leurs ailes, écrit Guillain. Puis ils laissèrent le reste du travail au vent qui se chargeait de faire rejaillir l’embrasement d’un quartier à un autre.» Ceux qui ne périrent pas à cause des «chevelures de feu descendant du ciel», moururent asphyxiés, noyés ou écrasés dans la panique, d’autres furent «bouillis» dans les réservoirs d’eau ou la rivière Sumida, les derniers finirent «rôtis dans des bâtiments modernes de briques ou de béton». Des témoins ont évoqué «l’odeur de la chair humaine grillée». Des historiens, comme le spécialiste du Japon moderne Michael Lucken, ont rappelé comment ce «drame éveilla dans les esprits le souvenir du tremblement de terre de 1923». Le 1er septembre de cette année-là, un puissant séisme à Tokyo avait dégénéré en un immense incendie, également très meurtrier. «En incendiant des quartiers populaires de Tokyo, en détruisant les domiciles, les magasins et les infrastructures, des usines comme la compagnie aéronautique Nakajima, les forces aériennes américaines ont voulu infliger un maximum de dégâts à la capitale pour casser le moral du Japon et le dissuader de continuer sur le chemin de la guerre», analyse Masahiko Yamabe du Centre de Tokyo sur les raids aériens et les dommages de guerre.«L’un des massacres les plus impitoyables et barbares» Cette nuit du 9 mars, Tokyo ne subissait pas son premier assaut aérien. Depuis le 24 novembre 1944, les bombardiers américains avaient pris pour cible la capitale. Mais ce n’est qu’à partir de la fin février 1945 qu’ils utilisèrent des bombes incendiaires en grand nombre, notamment des M-69. Ces «bombardements stratégiques» étaient la signature de Curtis Lemay, général d’aviation basé à Guam pour piloter la campagne du Pacifique.Ce dernier avait demandé à ses troupes de multiplier les vols à basse altitude, de déverser des tapis de bombes et de recourir au napalm. Un assistant du général Mac Arthur, le commandant suprême des forces alliées dans le Pacifique Sud-Ouest, évoqua le bombardement de Tokyo comme «l’un des massacres les plus impitoyables et barbares de non-combattants de toute l’histoire». Ce raid constitua un précédent dans un Japon qui refusait de plier face à l’avancée des alliés dans le Pacifique. Même si la censure et la propagande de guerre atténuèrent l’ampleur du raid, «les Japonais savaient maintenant, cinq mois avant la bombe atomique, qu’ils avaient perdu la guerre», écrivait Robert Guillain en 1986. Les villes d’Osaka, Kobe, Nagoya, puis Tokyo à nouveau (du 24 au 26 mai), Aomori, Hokkaido durent affronter les forteresses volantes jusqu’à la capitulation, le 15 août 1945.Bombardement incendiaire de Tokyo – Contexte historique
L’attentat à la bombe incendiaire « Operation Meetinghouse » de Tokyo dans la nuit du 9 au 10 mars 1945 fut le raid aérien le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale.Les bombardements et les incendies qui en ont résulté ont infligé une plus grande superficie de dégâts par le feu et de pertes de vie que les bombardements nucléaires d’Hiroshima ou de Nagasaki en tant qu’événements uniques.Événements connexes
09/03/1945 334 superforteresses B-29 américaines attaquent Tokyo avec 120 000 bombes incendiaires
1945-03-10 Tokyo en feu après des bombardements nocturnes B-29, plus de 100 000 personnes meurent, principalement des civils
10 mars 1945 Bombardement incendiaire de TokyoDans la nuit du 9 mars 1945, des avions de combat américains lancent une nouvelle offensive de bombardement contre le Japon, larguant 2 000 tonnes de bombes incendiaires sur Tokyo au cours des 48 heures suivantes. Près de 16 miles carrés dans et autour de la capitale japonaise ont été incinérés, et entre 80 000 et 130 000 civils japonais ont été tués dans la pire tempête de feu de l’histoire enregistrée.Tôt le 9 mars, les équipages de l’armée de l’air se sont rencontrés sur les îles Mariannes de Tinian et Saipan pour un briefing militaire. Ils prévoyaient un bombardement à basse altitude sur Tokyo qui commencerait ce soir-là, mais avec une particularité : leurs avions seraient dépouillés de tous les canons à l’exception de la tourelle de queue. La diminution du poids augmenterait la vitesse de chaque bombardier Superfortress – et augmenterait également sa capacité de chargement de bombes de 65%, permettant à chaque avion de transporter plus de sept tonnes. La vitesse serait cruciale et les équipages étaient avertis que s’ils étaient abattus, il fallait se hâter de se jeter à l’eau, ce qui augmenterait leurs chances d’être récupérés par les équipes de sauvetage américaines. S’ils atterrissaient sur le territoire japonais, ils ne pouvaient s’attendre qu’aux pires traitements de la part des civils, car la mission cette nuit-là allait entraîner la mort de dizaines de milliers de ces mêmes civils.
Le bombardement en grappes de Shitamachi, une banlieue du centre-ville de Tokyo, avait été approuvé quelques heures plus tôt. Shitamachi était composé d’environ 750 000 personnes vivant dans des quartiers exigus dans des bâtiments à ossature de bois. Incendier cette «ville de papier» était une sorte d’expérience sur les effets des bombes incendiaires; cela détruirait également les industries légères, appelées «usines de l’ombre», qui produisaient du matériel de guerre préfabriqué destiné aux usines d’avions japonais.
Les habitants de Shitamachi n’ont jamais eu la chance de se défendre. Leurs pompiers étaient désespérément en sous-effectif, mal entraînés et mal équipés. À 17 h 34, les bombardiers Superfortress B-29 ont décollé de Saipan et Tinian, atteignant leur cible à 12 h 15 le 10 mars. Trois cent trente-quatre bombardiers, volant à seulement 500 pieds, ont largué leurs charges, créant un feu de joie géant attisé par des vents de 30 nœuds qui ont aidé à raser Shitamachi et à propager les flammes dans tout Tokyo. Des masses de civils japonais paniqués et terrifiés se sont précipités pour échapper à l’enfer, sans succès. Le carnage humain était si grand que les brumes rouge sang et la puanteur de la chair brûlée qui s’en dégageaient ont rendu les pilotes de bombardiers malades, les forçant à saisir des masques à oxygène pour éviter de vomir. Le raid a duré un peu plus de trois heures. « Dans la rivière noire Sumida, d’innombrables corps flottaient, des corps vêtus, des corps nus, tous noirs comme du charbon de bois. C’était irréel », a enregistré un médecin sur les lieux.
https://www.ici-japon.com/histoire-du-japon/10-mars-1945-bombardement-de-tokyo/
https://www.history.com/this-day-in-history/firebombing-of-tokyo