Chapitre 5 : 2ème principe de l’évolution – Accélération

Je préfère avoir un cerveau surpris par les découvertes étonnantes plutôt qu’un cerveau fermé avec la croyance dogmatique.

Chapitre 5 : 2ème principe de l’évolution – Accélération

Accélération dans le courant de l’évolution

Au début, il y a eu une ambiguïté, un malentendu, entre les scientifiques et le grand public concernant le Big-bang. Le grand public comprend « Big-bang » comme une description de l’origine de l’Univers. La quête pour l’origine de l’Univers se fait de proche en proche, en améliorant avec le temps nos connaissances théoriques et la sensibilité de nos instruments : télescopes et accélérateurs. Il y a un peu plus de 13,7 milliards d’années, selon la théorie du « Big – bang », l’Univers a émergé dans un état extrêmement dense et chaud.
Si l’on résume l’histoire de la vie sur la Terre : en 4,5 milliards d’années, des millions d’espèces sont apparues, se sont développées et ont finalement disparu.
Si nous supposons une échelle réduite : 13,82 milliards d’années égal à 14 ans, alors notre planète Terre est âgée de 5 ans, autrement dit presque un tiers de l’origine de l’Univers.
Il y a sept mois seulement que les plus grands animaux sont apparus sur la Terre.
Il y a trois semaines seulement, les dinosaures ont disparu.
Toute l’histoire des hommes ne dure que 3 minutes.
La révolution industrielle a commencé depuis 6 secondes.

Plus nous avançons dans le temps, plus l’évolution s’accélère, rendant nécessaire de zoomer dans l’échelle du temps. L’expérience majeure de la modernité est celle de l’accélération. Nous le savons, nous le sentons : dans la modernité, « tout devient toujours plus rapide ». C’est ce phénomène que Hartmut Rosa tente d’expliciter avec son ouvrage, qui livre une théorie systématique de l’accélération sociale, susceptible de penser ensemble l’accélération technique (celle des transports, de la communication, etc.), l’accélération des transformations sociales (des styles de vie, des structures familiales, des affiliations politiques et religieuses), et l’accélération du rythme de vie, qui se manifeste par une expérience du stress et de la carence temporelle.Nous avons parlé du passage des différentes étapes de l’évolution, mais ce passage n’est pas un passage uniforme, avec une vitesse constante. Son rythme d’évolution accélère, car le courant de l’évolution intensifie son rythme quand le milieu change partout, de la galaxie à l’homme ; du début jusqu’à aujourd’hui. L’évolution du cosmos est un processus régulier, ascendant, rythmé, successif et progressif, dont la vitesse progresse à chaque étape plus rapide que l’étape précédente et aussi à chaque étape de l’évolution comme celle des organismes, des cellules et des molécules ainsi que l’évolution sociale. C’est évident que dans chaque étape, la vitesse de l’évolution augmente. On peut l’observer dans la chronologie de l’évolution de la façon suivante ; le début de l’étape :

L’évolution des minéraux : 13,82 milliards d’années
L’évolution biologique : 2,8 et 3,3 milliards d’années
La communauté humaine et l’évolution sociale : environ 7 mille ans
L’esclavage : environ 4 à 5 mille ans
Le système féodal : environ 1600 ans
Le capitalisme : environ 300 ans

Quand on regarde le visage du monde, il y a une vingtaine d’années, par comparaison avec aujourd’hui, l’accélération s’est énormément amplifié.
Nous voyons les changements, par rapprochement avec des milliards d’années ou plusieurs millions d’années au début, et les révolutions sociales profondes en peu de temps.
Les éléments accélérateurs

Accélérateur (catalyseur)
Sexualité
Rôle de la viande
Le catalyseur est une substance qui augmente la vitesse d’une réaction chimique sans paraître participer à cette réaction, un élément qui provoque une direction précise par sa seule présence.

Le rôle d’accélérateur
Un catalyseur dans la réaction de chimie a pour effet de modifier la nature même des étapes qui permettent de passer des réactifs aux produits. Cependant, il n’est capable de modifier son état d’équilibre. Il influe sur la cinétique chimique, en accélérant une réaction ou en permettant de privilégier une direction par rapport à une autre (le sens de l’évolution du système).
En tant que catalyseur, une enzyme abaisse de manière marquée l’énergie d’activation d’une réaction, en règle générale par une interaction forte, mais transitoire de son site actif avec le substrat qui stabilise ce dernier dans un état particulier plus instable, dit état de transition ; dans cet état, le substrat est déformé et entre en interaction avec les radicaux réactifs de l’enzyme, ensemble de modifications qui permettent la transformation du substrat en un produit précis parmi les n réactions possibles. Par la présence d’une enzyme particulière d’une réaction (chimique), la transformation provoque une direction précise comme un vecteur parmi les n réactions possibles sans attendre avec la vitesse. On sait que grâce à la présence de certaines enzymes dans les chaînes de produits organiques, la vitesse augmente même en ordre de millions fois : « Dans la soupe primitive, il devait y avoir énormément d’espèces moléculaires différentes. Certaines peuvent soit catalyser, soit inhiber les réactions chimiques… Pendant des millions d’années, des molécules organiques ont donc dû s’accumuler dans les mers, formant la soupe primitive. Le pas suivant dans l’évolution de la Vie –un véritable pas de géant– a été l’organisation de ces molécules en cellules capables de se répliquer et de transmettre une information génétique à leur descendance. »
Comment les choses se sont-elles passées ? Par la cellule, par les enzymes ou par les gènes ?

Alexandre Oparine (1894 – 1980) grand biochimiste russe dans son livre L’Origine de la vie sur la terre a émis que la cellule était apparue la première, suivie des enzymes, et enfin des gènes. Il se fondait sur une analogie avec les coacervats, ces gouttelettes formées par certaines grosses molécules qui se regroupent spontanément dans l’eau sous certaines conditions. Pour Oparine, la vie aurait commencé quand des populations complexes de molécules se seraient accumulées dans ces gouttelettes. Les enzymes seraient apparues ensuite, et auraient établi des cycles métaboliques à l’aide de ces molécules ; les gènes seraient apparus les derniers. Oparine a précisé : « Certainement, la relation exacte et très utile entre des structures moléculaires d’une enzyme et l’acte biologie ne peut pas être hasardeuse. Ce processus a besoin d’un « choix » vers son évolution « biologique. »

Pour expliquer encore les rôles d’accélérateurs, on peut proposer deux exemples complètement différents :

A – Trouver une adresse dans une grande ville
On peut imaginer que sans GPS, il faut passer beaucoup de temps pour trouver une adresse précise dans une grande métropole, mais avec un GPS, la tâche est très facile. Il est considéré comme un catalyseur.

B – Transformation du lait en yaourt
Le yaourt est un produit laitier coagulé obtenu par fermentation du lait par des bactéries lactiques. Pour obtenir l’appellation yaourt, le produit doit être fermenté exactement par deux souches de bactéries lactiques. C’est évident que potentiellement, on peut transformer le lait en n’importe quel produit laitier comme la crème, le yaourt, le fromage, le beurre… mais en utilisant deux souches de bactéries précises, la transformation du lait en yaourt va prendre une direction avec une vitesse parmi les plusieurs réactions possibles.
Comme nous l’avons constaté, le catalyseur comme une enzyme, un GPS ou deux souches de bactéries sont des accélérateurs dans les différents phénomènes. Ces accélérateurs sans participation dans l’action en général provoquent une direction et augmentent la vitesse.

Le rôle de la Sexualité
L’apparition de la sexualité comme une composante biologique particulièrement importante a donné un coup d’accélérateur très élevé et appréciable dans la progression du processus de l’évolution. L’évolution doit beaucoup à la sexualité. Avant l’arrivée de la sexualité en biologie, les êtres vivants étaient asexués. Dans ce processus, le rôle de la sexualité dans l’évolution de l’être vivant est la création de la diversité. De fait, la fusion entre gamètes issus d’individus différents, la recombinaison et la ségrégation des chromosomes permet de créer des combinaisons génétiques nouvelles. La sexualité est généralement vue comme un générateur de variabilité génétique.
[En biologie, une espèce est dite asexuée si elle peut se reproduire sans l’existence d’individus de sexes distincts. C’est le cas notamment de la plupart des micro-organismes comme l’amibe. La multiplication asexuée est la règle chez les organismes procaryotes (cellules sans noyau), telles que les bactéries. Elle est très fréquente chez les organismes unicellulaires eucaryotes (cellules possédant un noyau), comme les amibes ou certains champignons. On y observe le plus souvent une succession de divisions cellulaires. L’amibe se reproduit par la méthode de reproduction asexuée ordinaire appelée fission binaire. Après la réplication de son matériel génétique par la division mitotique, la cellule se divise en deux cellules filles de taille égale.]John Pfeiffer dans son livre, From Galaxy to Man, explique qu’avec la sexualité, la vitesse progresse excessivement et exponentiellement dans l’ensemble du processus de l’évolution. La sexualité a donné la cohabitation et la mixité des gènes hérités. Le monde sans sexualité était très lent, endormi, indolent et paresseux : le processus de l’évolution était au moins des milliers de fois plus lent et engourdi. On peut donc conclure que sur la Terre n’existeraient même pas les organismes pluricellulaires et nous serions encore loin des organismes supérieurs comme les mammifères. Les océans et les mers étaient pleins d’organismes unicellulaires et sans avenir sur le courant de l’évolution. En plus, dans 5 milliards d’années, le jour où le soleil s’éteindra, la Terre sera un désert sans arbre et sans animaux. C’est incontestable que le monde sans sexualité n’était pas très intéressant et il est sûr que le courant de l’évolution se serait arrêté. La sexualité a été la foudre, la force supplémentaire avec un dynamisme, une vitalité et une énergie qui a créé une accélération phénoménale dans l’ensemble du processus de l’évolution biologique. C’est comme ça que les organismes simples unicellulaires se sont transformés, développés, améliorés et étendus aux organismes supérieurs jusqu’à l’homme.

Au contraire des idées reçues dans le système actuel qui utilise la sexualité comme un objectif final pour exploiter les femmes, on a observé que la sexualité est un élément indéniable et très positif dans l’ensemble du processus de l’évolution.Rôle de la viande pour l’être humain

La viande a-t-elle joué un rôle dans la longue histoire de notre espèce, les hominidés ? Malgré les critiques et les idées véhiculées en ce moment en matière alimentaire, la consommation de viande est-elle utile pour la survie de l’homme ? Comment et dans quel objectif, l’homme, la nouvelle espèce, a t-il pu devenir un « mangeur de viande » à l’époque paléolithique, hors domestication des animaux ?
Il est bien évident que manger de la viande transforme et développe rapidement quelques caractéristiques spéciales de l’anatomie des humains. Si l’on se réfère au singe, notre cousin, et cette nouvelle espèce, étaient des végétariens dévoyés et perdus qui avait peur des animaux sauvages. Toutefois, il est curieux de nature : il se cherche et surtout il ose tester la viande et en plus il l’aime. C’est l’accès aux protéines. Les protéines jouent un rôle essentiel dans notre organisme et dans chaque cellule : elles participent à la constitution des muscles, de la peau, des os, des hormones. Les protéines de la viande ont l’avantage d’être de très bonne qualité puisqu’elles contiennent tous les acides aminés indispensables en proportions équilibrées et sont bien assimilées par l’organisme. Par la suite, sont apparus beaucoup d’effets sur la physiologie du corps humain. Le corps a trouvé plus facilement et plus rapidement son équilibre et donc, il peut marcher sur ses deux pieds et être debout. Dorénavant, ses mains de nouvelle espèce sont libres. [Source : livre « l’origine de l’homme » de M.F. Nestourkh]

Libération de la main, capacité crânienne, une révolution dans l’évolution de la biologie !
Se tenir debout suppose la transformation du bassin, le raccourcissement du haut du corps, la capacité à se mouvoir et la position de la tête sur la colonne vertébrale. Avant d’être debout sur ses deux pieds, l’homme était obligé d’utiliser aussi ses mains pour marcher, mais maintenant, ses mains sont libres. C’est un énorme progrès et une vraie révolution.
Quand les mains sont libres, nous n’avons plus besoin de mâchoire très grande et longue pour manger donc, étape par étape, notre mâchoire s’est raccourcie et s’est adaptée.
Par conséquent, il y a de l’espace pour favoriser le développement du « cerveau » humain.
À la suite, quand nos mains sont devenues libres, on a fabriqué des outils que l’on a utilisés avec nos mains.
La plus grande mutation, l’épanouissement et la croissance qualitative du cerveau humain s’est produite. Le cerveau humain est devenu de plus en plus complexe et finalement, l’homme est devenu l’homme. Il faut savoir que le cerveau humain est unique, résultat de l’évolution des phases précédentes : éléments simples, organiques et biologiques.

L’accélération de l’évolution sociale – Les éléments importants

4 – Découverte, maîtrise et domestication du feu
Découverte du feu et son rôle dans l’accélération
Comment l’homme de la Préhistoire a-t-il découvert le feu ?

La découverte et la maîtrise du feu est peut-être la découverte la plus extraordinaire de l’histoire de l’homme et de l’enrichissement de l’humanité. La maîtrise du feu permet d’éloigner les carnivores, de faciliter le travail de nombreux matériaux et de se chauffer. Il rend aussi possible la cuisson de la viande, ce qui contribue à éliminer de nombreux parasites et à mieux conserver les aliments. Le rôle social du feu n’est certainement pas négligeable, car il resserre la cohésion du groupe qui se rassemble autour du foyer et qui l’entretient. La maîtrise du feu permet aussi l’augmentation de la population qui s’adapte à son environnement, car il se ne déplace plus à cause de froid. En bref, l’homme est devenu sociable et social.5 – La communication : parole et écrit

L’homme est identifié par des caractéristiques qui le distinguent des autres espèces. Du point de vue physiologique, on peut résumer l’homme en un mot : celui qui « communique » ou « échange ». La vie sociale des humains est basée sur la communication. La communication est l’ensemble des interactions avec autrui qui transmettent une quelconque information. Parler c’est communiquer et la communication est le principe même de toute relation humaine. Parler, c’est exprimer ses besoins, ses désirs, ses choix, sa raison d’être ; c’est se manifester à l’autre verbalement ; c’est franchir la distance qui nous sépare d’autrui en établissant une relation interlocutive. Lorsque nous parlons, nous créons du lien au travers du dialogue. L’acte de parler est un échange, un mouvement de réciprocité.

Dès son apparition, l’écriture a eu aussi de profondes conséquences sur l’homme et sur son environnement. Elle a suivi de près les développements des techniques et de l’intelligence. L’écriture sur la tablette d’argile, le papyrus, le parchemin, puis le papier ; de l’inscription à l’aide d’une plume, nous avons inventé la presse mécanique, puis la machine à écrire et enfin l’ordinateur.

Qu’entend-on par « société » ? C’est d’une manière générale la communauté humaine plus ou moins complexe où l’on vit, où vivent les individus. Les hommes qui font partie d’une société présentent cette caractéristique d’avoir entre eux des rapports volontaires ou involontaires, explicites ou implicites, réels ou potentiels ; ils sont à quelques degrés interdépendants et forment un groupe qui comporte généralement des sous-groupes plus ou moins consistants et entremêlés par les membres communs qu’ils comptent. La sociologie a convenu de l’appeler « société globale ». De ce point de vue, l’évolution sociale accélère encore grâce à l’ensemble de la communication.

6 – Fabrication des outils

Les outils ont accéléré aussi l’évolution sociale et ont accompagné l’ensemble de la communication. Un outil est un objet fabriqué pour réaliser une action déterminée. L’outil est extérieur à nous et à notre corps alors que la main nous est en quelque sorte incorporée. En réalité, les outils sont comme un organe de notre corps, mais détachés de nous.
Quand notre développement biologique s’achève, l’élargissement psychologique, l’avancement sociétal et la croissance culturelle commencent. La révolution industrielle est le processus historique de la fin du 18e siècle qui fait basculer — de manière plus ou moins rapide selon les pays et les régions — une société à dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle. Donc le monde ancien a disparu ! C’est pourquoi les outils sont appréciables, décisifs et même considérables pour la progression de notre vie sociale.