Les émeutes de Haymarket, Chicago 1er mai 1886 Les Martyrs de Chicago – aux origines du 1er maiGrève du 1er mai 1886Le 1er mai 1886, 350 000 travailleurs ont organisé un arrêt de travail à l’échelle nationale pour exiger l’adoption d’une journée de travail standard de huit heures. Quarante mille travailleurs ont fait grève à Chicago, Illinois ; dix mille frappés à New York ; onze mille frappés à Detroit, Michigan. Pas moins de trente-deux mille travailleurs ont fait grève à Cincinnati, Ohio, bien que certains de ces travailleurs aient été en grève pendant plusieurs mois avant le 1er mai.Le but de la grève du 1er mai était de faire pression sur les employeurs et les gouvernements des États pour créer une journée de travail de huit heures. Au cours de cette période, les travailleurs passaient généralement douze heures ou plus par jour au travail. Les syndicats, en particulier la Fédération des métiers et syndicats organisés des États-Unis et du Canada – le prédécesseur de la Fédération américaine du travail, ont encouragé les travailleurs à faire grève le 1er mai 1886 pour démontrer la nécessité d’une journée de huit heures. La grève devait durer une seule journée, bien que de nombreux travailleurs soient restés absents de leur travail pendant plusieurs semaines.Tous les syndicats n’ont pas toléré la grève du 1er mai. Les Chevaliers du travail ont préféré les négociations pacifiques et les boycotts pour garantir de meilleures conditions de travail aux employés. Terence Powderly, le chef des Chevaliers du Travail à cette époque, a interdit aux membres des Chevaliers du Travail de participer. Malgré la proclamation de Powderly, des milliers de membres de son syndicat ont fait grève le 1er mai. De nombreux membres des Chevaliers du travail se sont opposés aux tactiques plus pacifiques de Powderly.La grève du 1er mai a eu un certain succès. À Cincinnati, certains employeurs, espérant éviter la grève, ont accordé à leurs travailleurs une journée de huit heures. D’autres employeurs ont augmenté le salaire des travailleurs. À la fin des années 1800, les grèves du 1er mai sont devenues monnaie courante. Très vite des grèves similaires se sont produites dans le monde entier. Les grèves du 1er mai ont aidé à convaincre le président américain Grover Cleveland de mettre en œuvre la fête du Travail, une fête qui célèbre le travailleur américain. De nombreux pays célèbrent encore aujourd’hui le 1er mai.Travail, loisirs et repos : le mouvement pour la journée de huit heuresLe 1er mai 1886, la pression syndicale permet à travailleurs américains d’obtenir la journée de huit heures. Mais d’autres, moins chanceux, au nombre d’environ 350 000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder. Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square. La ville est en état de siège et une bombe explose tuant 15 policiers. Si les manifestants obtiennent gain de cause, le bilan est lourd avec plus de dix morts du côté des travailleurs.Trois ans après les émeutes de Chicago, en 1889, l’International socialiste se réunit à Paris et adopte le 1er mai comme «journée internationale des travailleurs». Pour la petite histoire, en 1890, les manifestants arboraient un triangle rouge qui symbolisait leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Mais l’insigne sera vite remplacée par une fleur d’églantine… avant de céder la place à du muguet. Le 1er mai 1891 se déroule la fusillade de Fourmies (Nord) : ce jour-là, la troupe met fin dans le sang à une manifestation pacifique d’ouvriers clamant : «C’est les huit heures qu’il nous faut !». Le bilan est de 10 morts et de 35 blessés.Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, en France, la manifestation tourne au drame : la troupe tire sur la foule, dix personnes sont tuées, dont deux enfants de onze et treize ans. Avec ce nouveau drame, le 1er mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les militants épinglent une églantine écarlate, fleur traditionnelle du Nord, en souvenir du sang versé et en référence à Fabre d’Eglantine. Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.1947 : le 1er mai devient chômé et payé Le 23 avril 1919, le Sénat ratifie la journée de 8 heures et fait du 1er mai de l’année suivante, à titre exceptionnel, une journée chômée. Depuis, le premier jour du mois de mai est resté la journée internationale des revendications salariales et des défilés des travailleurs. Le 1er mai 1936 va durablement marquer l’imaginaire français. «Le 1er mai 1936 a déclenché une vague de grèves conduisant à des mesures en faveur des travailleurs sous le Front populaire : les deux premières semaines de congés payés et la semaine de 40 heures». «Les ouvriers qui sont revenus au travail le 2 mai ont été licenciés mais leurs collègues se sont solidarisés». En 1941, sous l’occupation allemande, le maréchal Pétain décrète le 1er mai comme «Fête du Travail et de la Concorde sociale». À partir de cette année-là, l’expression «Fête du travail» remplace celle de «Fête des travailleurs». Le 30 avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération : le 1er mai devient alors chômé et payé. Il se caractérise par une interdiction légale de travail sans réduction de salaire. Toutefois, l’appellation «Fête du travail» reste une coutume et non une appellation officielle. Aujourd’hui, la Fête du travail est un jour chômée dans la quasi-totalité des pays d’Europe à l’exception des Pays-Bas et de la Suisse. Dans le reste du monde, le 1er mai est également fêté en Russie, au Japon, en Afrique du Sud et en Amérique latine. Aux États-Unis, où cette tradition est née, on célèbre le «Labo Da» le premier lundi de septembre.Le Mai des ouvriers et le Mai sanglant de Berlin en 1929Le 1er Mai a pris aujourd’hui les tournures d’une fête bon enfant : l’Etat en a fait une journée chômée, l’Église la fête de saint Joseph charpentier et, on ne sait quelle tradition, la foire du muguet. Il fut un temps où le 1er Mai n’avait rien d’une fête, où les bons chrétiens redoutaient les fureurs prolétariennes et où la rouge églantine remplaçait aux boutonnières les clochettes porte-bonheur. L’idée que ce pût être la « fête du travail » jetait dans l’indignation les militants de jadis, tel Émile Pouget, alias le « Père Peinard », disant de ces tentatives de « récupération » : « Pour un peu, les richards auraient payé les violons afin que leurs prolos se trémoussent ferme, car « qui danse dîne ! » Et le populo a mordu à l’hameçon que lui ont tendu les foireux politiciens qui se sont fichu un masque socialard. » Dans son style anar, Pouget dénonçait l’évolution, vers les flonflons rassurants, d’une histoire qui avait commencé dans le sang. Nous n’en étions pourtant qu’aux premières années du XXe siècle et Pouget n’avait pas tout vu !1er mai 1929 La police tue 19 manifestants Mayday à Berlin Le 1er mai 1929 est connu comme Blutmai («Mai sanglant») dans l’histoire de Berlin. Ce jour-là, des manifestations communistes à Berlin ont mené à plusieurs jours de combats de rue.Déjà en novembre 1928, Adolf Hitler avait prononcé un discours à Berlin (au Sportpalast) après de nombreuses années d’interdiction dans la capitale.Cela a conduit à de l’agitation politique et finalement le chef de la police Karl Zörgiebel (un social-démocrate) interdit toutes les manifestations en plein air à Berlin, y compris celles traditionnelles du 1er Mai. Les sociaux-démocrates (SPD) ont respectèrent l’interdiction et tinrent la leur à l’intérieur (au Sportpalast, llieu habituel de meetings politiques). Le vice-chef de la police était Bernhard Weiss.Mais le KPD (Parti communiste) a contesté l’interdiction. Des milliers de personnes déferlèrent sur le centre-ville, principalement des banlieues populaires de Wedding et Neukölln. Dans les jours qui suivirent, entre 15 et 30 civils furent tués par la violente intervention de la police.Les communistes saluèrent les événements comme un exploit héroïque, dans lequel des leçons avaient été apprises pour la «lutte finale» à venir ; le SPD salua une victoire décisive sur l’agression bolchevique. Les libéraux étaient préoccupés par la sévérité de l’action de la police ; Les nazis étaient satisfaits, voyant les préliminaires de la désintégration de toute stabilité sociale et politique. Surtout, les événements dramatiques de mai ont renforcé la tension dans la République de Weimar ce qui explique en partie l’effondrement final de 1933.
Les combats sanglants entre les communistes et la police avaient été monnaie courante dans les années 1920. Et la police était la plupart du temps aux ordres des sociaux-démocrates. Le pire épisode fut celui de la semaine sanglante de janvier 1919, où une tentative communiste (ou spartakiste, comme ils s’appelaient encore) de s’emparer du pouvoir à Berlin fut combattue par la police mais aussi par des forces paramilitaires. Au cours de cette semaine, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ont été assassinés, prétendument par ordre de Gustav Noske, ministre social-démocrate.
Il faut garder cela à l’esprit lorsqu’on analyse les relations entre les deux partis de la gauche allemande, les communistes et les sociaux-démocrates, sous la République de Weimar. Plus tard dans les années 1930, ces deux tendances vont collaborer dans d’autres pays européens, pour former des fronts populaires (France, Espagne, par exemple). Mais en 1929, ils se voyaient comme des ennemis. S’ils s’étaient unis pour combattre les nazis, le Troisième Reich n’aurait peut-être jamais advenu. Mais ils ont préféré se battre les uns contre les autres.
Il est vrai que tandis que les partis communistes d’aujourd’hui croient au parlementarisme et que leur lutte est essentiellement électorale, dans les années 1920, les organisations staliniennes travaillaient pour une révolution armée. Ils n’étaient pas des alliés faciles pour quiconque et ils n’étaient pas non plus intéressés par des alliances. A leur avis, la société socialiste ne tarderait pas à voir la lumière et ils n’avaient quoi faire des rêves républicains ou démocratiques, tels que la République de Weimar.
On a dit que Weimar était une république sans républicains : ni les communistes ni les nazis n’y croyaient, tous deux voulaient la remplacer par des régimes autoritaires. C’était également le cas de la plupart des partis «civilisés» de droite, qui voulaient rétablir l’Empire et mettre fin à la République. En fait, il n’y avait que trois partis, représentant moins de la moitié de l’électorat, qui défendait la République : les sociaux-démocrates, les catholiques et les libéraux-centristes (DDP). Assez pour le garder en vie pendant 14 ans, mais pas plus longtemps.
http://www.berlin-weimar.com/2018/04/le-mai-sanglant-de-berlin.html
https://rebellyon.info/Les-Martyrs-de-Chicago-aux-origines-du-6235