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25 Juillet 1943 – Mussolini est renversé et arrêté, l’Italie dans la tourmente

This Day In History: Mussolini Falls from Power (1943)L’invasion de la Sicile par les Alliés et la chute du Duce, le dictateur fasciste Histoire de l'Italie fasciste — Wikipédia12 septembre 1943, les nazis enlèvent MussoliniL'Italie fasciste et l'antifascisme : l'incompréhension de la question du régimeLe 25 juillet 1943, Mussolini se voit contraint de démissionner de son poste de président du Conseil, et se fait arrêter plus tard dans la journée sur ordre du souverain Victor-Emmanuel III.Mussolini on balcony hi-res stock photography and images - Alamy

Ce n’est pas une uchronie : l’été 43 est bien le moment où la seconde guerre mondiale bascule. Un récit de l’histoire, l’invasion de la Sicile et la chute du Duce. Président du Conseil du royaume d’Italie de 1922 à 1943, Benito Mussolini (1883-1945) est mis en minorité par le Grand Conseil fasciste le 25 juillet 1943. Destitué et placé en résidence surveillée, le Duce est arrêté et enfermé dans une caserne de carabiniers à Rome, puis dans plusieurs autres lieux de détention.  Mais le 12 septembre 1943, Mussolini est libéré par les forces allemandes qui occupent l’Italie et emmené en Allemagne. Deux jours après cette opération, il rencontre Hitler. Ce dernier l’«invite» à former une république protégée par les Allemands. Mussolini proclame alors la reconstruction du parti fasciste et rentre en Italie le 23 septembre pour y former un nouveau gouvernement.ImageDepuis cinq jours, les Allemands tentaient en vain de percer les défenses soviétiques au cours de la gigantesque bataille de Koursk quand soudain, à 2 500 kilomètres des plaines russes, Britanniques et Américains débarquèrent sans prévenir en Sicile. Décidément, pour l’Allemagne nazie, cet été 1943 sonnait le glas. Les Alliés pouvaient désormais croire qu’ils allaient gagner. Mais, comme l’écrit Churchill, «il y a bien des étapes entre la survie et la victoire. Désormais, nous n’avions plus à redouter l’anéantissement, mais seulement l’impasse».The Personal Files of Benito Mussolini – Pieces of HistoryEn Méditerranée, la météo était exécrable pour un mois de juillet. Forte houle, vents violents. C’est pourtant dans ces conditions qu’une armada de plus d’un millier de bateaux se présente, le 10 juillet, devant les côtes de la Sicile, au sud de l’île. En trois jours, 150 000 hommes sont mis à terre et ce chiffre triplera bientôt. Si les opérations amphibies se déroulent comme à l’exercice en l’absence de réaction ennemie sur les plages, le volet aéroporté est un désastre : les parachutistes sont largués n’importe où ; un tiers des planeurs, lâchés trop tôt, se posent en mer, ce qui se termine en noyade ; et des avions alliés sont abattus par la DCA… alliée ! Britanniques et Américains ont encore beaucoup à apprendre avant de disposer de l’outil formidable qui se présentera devant les plages de Normandie l’année suivante.Mussolini ousted in 1943.... - RareNewspapers.com

Que viennent-ils faire en Sicile ? Ils ne le savent pas vraiment, parce qu’ils ne sont pas d’accord entre eux. Leurs stratégies divergent. Les Britanniques, qui ont imposé l’idée aux Américains, veulent attaquer l’Allemagne par ses points faibles, son «ventre mou», au sud de l’Europe. Les Américains, eux, préfèrent un choc frontal dans le nord-est de l’Europe, au travers de la Manche et en direction de la Ruhr. C’est l’opposition, vieille comme le monde, entre stratégies indirecte et directe.  A la mi-1943, la situation se présente ainsi : les armées allemandes et italiennes ont été définitivement éliminées d’Afrique du nord, quand leurs dernières troupes ont capitulé à Tunis le 13 mai.L'Idéologie Fasciste de Mussolini | SuperprofCoïncidence des dates, c’est ce même 13 mai que les Alliés décident de lancer l’opération Husky, l’invasion de la Sicile, juste en face des côtes tunisiennes.  Pour tromper l’ennemi, une remarquable opération de «déception» est montée. Un cadavre, habillé en officier des Royal Marines, est lâché devant les côtes espagnoles par un sous-marin. Il transporte avec lui de faux documents qui parlent d’un débarquement en Sardaigne et dans les Balkans. L’épisode donnera lieu, après-guerre, à un film, The Man Who Never Was (1956) mais, sur le coup, Hitler tombe dans le piège anglais.Marche sur rome Banque de photographies et d'images à haute résolution - AlamyEnsuite, dans cette campagne d’Italie, le Führer va se piéger tout seul. Et notamment parce que l’armée allemande se bat remarquablement bien, l’armée italienne s’étant, elle, quasiment volatilisée. Le 13 juillet, Hitler comprend donc que quelque chose de sérieux se joue en Sicile. Il ordonne la fin de l’offensive à Koursk pour dégager des troupes.  Sous la pression de Patton, à l’ouest, et de Montgomery, à l’est, les divisions allemandes refluent à l’intérieur de la Sicile. «Un repli bien organisé». Les Allemands traversent en bon ordre le détroit de Messine pour rejoindre la Botte et le 17 août, la Sicile est libérée. Non sans dégâts collatéraux, dont on jugera bientôt les conséquences : pour préparer le terrain et trouver des alliés sur place, les Américains se sont appuyés sur la mafia — combattue par le régime fasciste — en négociant directement avec Lucky Luciano, emprisonné aux États-Unis. Il sera libéré en 1946…  Cette conquête de la Sicile a une conséquence politique inattendue, mais de première importance. ImageLe 25 juillet, le Grand Conseil fasciste, en accord avec le roi, dépose le Duce. Mussolini est arrêté par les siens et détenu dans une station de sports d’hiver dans les Abruzzes. L’Italie entre dans une zone d’incertitude qui aboutira, six semaines plus tard, à sa capitulation devant les Alliés, dans des conditions dignes de la commedia de ll’arte.  A ce moment-là, début septembre, Britanniques et Américains ont déjà débarqué dans le sud de l’Italie. Et là encore, la Wehrmacht est très mordante, comme les Alliés le découvrent lors du débarquement à Salerne, au sud de Naples, qui frôle la catastrophe. Plutôt que d’écouter le maréchal Rommel, qui lui conseille de se replier rapidement derrière la barrière des Alpes, Hitler s’accroche à l’Italie… et à Mussolini.

Naples est libérée fin septembre, mais les Allemands parviennent, à l’automne, à se rétablir sur la ligne Gustave, une barrière fortifiée qui traverse l’Italie, entre Rome et Naples, et dont le point fort est le Monte Cassino. Victoire ? Illusion plutôt, car l’Allemagne n’a pas, démographiquement et économiquement, les moyens de se battre sur plusieurs fronts à la fois. Benito Mussolini Ousted: Behind His Fall From Power - Warfare ...Or il y a déjà le front de l’Est et, dans quelques mois, il y aura l’invasion alliée sur les côtes de la Manche, que chacun attend. Sans compter la guerre sous-marine, les bombardements sur l’Allemagne, les foyers de résistance dans l’Europe occupée. Et voilà qu’Hitler décide de se battre pied à pied en Italie, plutôt que d’abandonner l’essentiel du pays et, au passage, son vieil allié Benito.  Comme en Afrique du Nord, il gaspille ses armées, oubliant les trois grands principes de la guerre : la concentration des forces, l’économie des moyens et la liberté d’action. Des principes définis par Foch, l’homme qui avait battu l’Allemagne vingt-cinq ans plus tôt. L’ancien caporal Hitler aurait dû s’en souvenir mais à l’été 1943, il pense d’abord à voler au secours de Mussolini. Le 12 septembre, des parachutistes et des commandos de la SS libèrent le Duce, au cours d’un raid audacieux sur le Gran Sasso. Hitler le rétablit à la tête d’un nouveau régime, la République sociale italienne, mais le nord du pays plonge aussitôt dans la guerre civile. Si l’issue ne fait plus de doute, il faudra encore près de vingt mois pour y parvenir.On 25 July 1943 Mussolini was ousted by two parallel plots led by ...Benito Mussolini tombe du pouvoirImage

Le 25 juillet 1943, Benito Mussolini, dictateur fasciste d’Italie, est chassé du pouvoir par son propre Grand Conseil et arrêté à la sortie d’une réunion avec le roi Vittorio Emanuele, qui annonce au Duce que la guerre est perdue. Mussolini réagit à tout cela avec une douceur inhabituelle.

Dans la soirée du 24 juillet et aux premières heures du 25, le Grand Conseil du gouvernement fasciste se réunit pour discuter de l’avenir immédiat de l’Italie. Alors que toutes les personnes présentes étaient nerveuses à l’idée de contrecarrer leur chef, Mussolini était malade, fatigué et accablé par les revers militaires subis par l’armée italienne. Il semblait chercher un moyen de quitter le pouvoir. L’un des plus raisonnables au sein du Conseil, Dino Grandi, fait valoir que la dictature a conduit l’Italie au bord du désastre militaire, a élevé des incompétents à des niveaux de pouvoir et s’est aliéné une grande partie de la population. Il propose un vote pour transférer une partie du pouvoir du leader au roi. La motion est adoptée, Mussolini réagissant à peine. Alors que certains extrémistes rechignent et tenteront plus tard de convaincre Mussolini de faire arrêter ceux qui ont voté avec Grandi, le Duce est tout simplement paralysé, incapable de choisir une ligne de conduite.Benito Mussolini avec Adolf Hitler à Munich, 1938 Photo Stock - AlamyPeu après le vote du Grand Conseil, Mussolini, groggy et mal rasé, a tenu sa réunion habituelle de 20 minutes avec le roi, au cours de laquelle il informait normalement Victor Emanuele de l’état actuel des affaires. Ce matin, le roi informa Mussolini que le général Pietro Badoglio allait assumer les pouvoirs de premier ministre et que la guerre était pratiquement perdue pour les Italiens. Mussolini n’émet aucune objection. En quittant la réunion, il est arrêté par la police, qui préparait secrètement depuis un certain temps un prétexte pour destituer le dirigeant. Ils avaient maintenant le vote de « défiance » du Conseil comme justification officielle. Assuré de sa sécurité personnelle, Mussolini acquiesce, comme il l’avait fait pour tout le reste jusqu’à ce dénouement pitoyable. Lorsque la nouvelle de l’arrestation de Mussolini est rendue publique, le soulagement semble être l’humeur dominante. Il n’y a pas eu de tentative de la part des fascistes de le sauver de la colonie pénitentiaire de l’île de Ponza où il a été interné. La seule question qui reste est de savoir si l’Italie continuera à se battre aux côtés de ses alliés allemands ou se rendra aux Alliés.Benito Mussolini - WW2 Dictator, Fascism, Italy | Britannica

Les dernières heures de MussoliniItalian duce Benito Mussolini visiting Adolf Hitler at Berlin, Germany 1930s Stock Photo - AlamyLes derniers jours du dictateur italien et l’étrange voyage de son corps dans les années qui ont suivi. Le 25 avril 1945, le rêve de Benito Mussolini de recréer l’Empire romain, tout comme le Forum romain lui-même qui s’écroule, est en ruines. Avec les Alliés qui se rapprochent par le sud et les partisans antifascistes qui se soulèvent pour s’emparer de ville en ville dans le nord de l’Italie, la base du pouvoir de Mussolini s’évapore rapidement.5,483 Benito Mussolini Photos & High Res Pictures - Getty ImagesLe dictateur italien de 61 ans, qui cherche à devenir un Jules César des temps modernes, avait accédé au pouvoir plus de deux décennies auparavant en devenant premier ministre en 1922. « Il Duce » s’est allié à son compatriote fasciste Adolf Hitler et à l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, mais son armée italienne obsolète a été largement surclassée. En juillet 1943, l’invasion de la Sicile par les Alliés et le bombardement de Rome amènent le haut commandement italien et le roi Victor Emmanuel III à écarter Mussolini du pouvoir et à le placer en résidence surveillée.Mussolini 1943 hi-res stock photography and images - AlamyEn septembre 1943, des parachutistes nazis organisent un audacieux raid commando qui permet de sauver Mussolini de la station de ski des Apennins où il était détenu. Hitler installa Mussolini à la tête de la République sociale d’Italie (connue officieusement sous le nom de République de Salo), un État fantoche nazi dans le nord de l’Italie occupé par les Allemands.The rise of fascism and Benito Mussolini's Partito Nazionale Fascista | The NationalLe 25 avril 1945, cependant, le Troisième Reich perd rapidement son emprise sur l’Italie du Nord. Son fief de Milan étant au bord du précipice, Mussolini accepte de rencontrer une délégation de partisans au palais du cardinal Alfredo Schuster de Milan. Là, Mussolini, furieux, apprend qu’à son insu, les nazis ont entamé des négociations en vue d’une reddition sans conditions.

Mussolini quitte le palais en trombe et s’enfuit de Milan avec sa maîtresse de 33 ans, Clara Petacci, dans la voiture de sport Alfa Romeo de 1939 qu’il avait achetée comme cadeau pour sa petite amie. Le lendemain, ils rejoignent un convoi de fascistes et de soldats allemands qui se dirige vers le nord, vers le lac de Côme et la frontière suisse. Mussolini porte un casque et un manteau de la Luftwaffe allemande, mais ce déguisement ne le sauve guère lorsque des partisans arrêtent le convoi dans la ville de Dongo, au bord du lac, le 27 avril. Pendant 20 ans, Mussolini avait construit un culte de la personnalité avec son image sur les affiches et les journaux. Aujourd’hui, la familiarité de son crâne rasé et de sa mâchoire de granit, même déguisée, le rendait vulnérable.

Les partisans s’emparent de Mussolini et de Petacci. Craignant que les nazis ne tentent à nouveau de libérer le dictateur, les partisans cachent les deux hommes dans une ferme isolée pour la nuit. Le jour suivant, Mussolini et Petacci sont sortis de la maison et conduits dans le petit village de Giulino di Mezzegra, sur les rives du lac de Côme. Ils ont reçu l’ordre de se tenir devant un mur de pierre à l’entrée de la Villa Belmonte, où ils ont été exécutés à la mitrailleuse. L’identité de l’auteur du coup de feu reste controversée, mais il s’agit probablement du commandant Walter Audisio, un partisan communiste.

Il n’y a cependant aucune incertitude quant à ce qui est arrivé au corps de Mussolini dans les heures qui ont suivi son exécution. À l’aube du 29 avril, les corps de Mussolini, Petacci et 14 autres fascistes ont été placés dans un camion et jetés comme des ordures sur la Piazzale Loreto de Milan, une place publique profondément symbolique pour les forces antifascistes. Huit mois plus tôt, des fascistes agissant sous les ordres des SS d’Hitler y avaient exposé publiquement les corps de 15 partisans exécutés.

Après l’arrestation de Mussolini en juillet 1943, des foules en liesse ont mutilé des images du dictateur. Aujourd’hui, alors que le soleil se lève sur la « Place des Quinze Martyrs », les habitants de Milan ont eu l’occasion de faire la même chose, mais cette fois pour de vrai. Ils ont lancé des invectives et des légumes sur le cadavre du dictateur avant de lui donner des coups de pied, de le battre et de lui cracher dessus. Une femme, décidant que Mussolini n’était pas assez mort pour elle, a vidé un pistolet dans le corps du dictateur et a crié : « Cinq coups pour mes cinq fils assassinés ! » La foule a ensuite suspendu les corps de Mussolini, Petacci et d’autres fascistes par les pieds aux poutres d’une station-service dans un coin de la place.

En début d’après-midi, les troupes américaines ordonnent de descendre les corps et de transporter le cadavre criblé de balles de Mussolini à la morgue de la ville. À ce moment-là, le corps sévèrement battu de Mussolini était à peine reconnaissable, mais un photographe de l’armée américaine a quand même mis en scène les corps de l’ancien dictateur et de sa maîtresse dans les bras l’un de l’autre dans une pose macabre.

Alors que les Soviétiques se rapprochent de Berlin, Hitler reçoit la nouvelle de la mort de Mussolini. Déterminé à ne pas donner à ses ennemis la satisfaction de le tuer ou de souiller son corps, Hitler se suicide le 30 avril et fait brûler son cadavre. Le corps de Mussolini, quant à lui, est enterré dans une tombe non marquée dans un cimetière de Milan. Son emplacement n’était cependant pas un secret et les antifascistes faisaient régulièrement des pèlerinages au cimetière pour profaner sa tombe jusqu’à ce que Mussolini fasse une sorte de résurrection le dimanche de Pâques 1946 lorsque Domenico Leccisi et d’autres fascistes déterrèrent le corps du Duce, le lavèrent dans une fontaine voisine et le poussèrent dans une brouette vers une voiture en fuite. La note laissée par le « Parti fasciste démocratique » indiquait qu’il ne supporterait plus « les insultes cannibales proférées par la lie humaine organisée au sein du Parti communiste ». Le cadavre a disparu pendant près de quatre mois avant d’être retrouvé en août 1946 dans un monastère des environs de Milan.

Une fois que le gouvernement italien a récupéré le corps de Mussolini, il a gardé le secret sur son emplacement pendant plus de dix ans. En 1957, cependant, le nouveau Premier ministre Adone Zoli a besoin du soutien d’un parti d’extrême droite et, en échange de ses votes, il livre les ossements de Mussolini à sa veuve. Après avoir passé 11 ans dans l’armoire d’un monastère capucin, le corps de Mussolini a finalement été enterré dans la crypte familiale de sa ville natale de Predappio, qui est devenue un lieu de pèlerinage pour les néofascistes. En 1966, le dernier morceau du corps de Mussolini a été rendu à sa veuve lorsque les États-Unis ont remis un échantillon du cerveau du dictateur, prélevé lors de l’autopsie et testé de manière non concluante pour la syphilis.Image

https://www.revuedesdeuxmondes.fr/25-juillet-1943-mussolini-renverse/

https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/ete-1943-allies-gagnent-guerre-27-mussolini-hors-jeu-3189

https://www.herodote.net/12_septembre_1943-evenement-19430912.php

https://www.herodote.net/L_Italie_dans_la_tourmente-synthese-102.php

https://www.history.com/this-day-in-history/mussolini-falls-from-power

https://www.history.com/news/mussolinis-final-hours

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