La lutte pour l’indépendance de la Grèce Comment la guerre d’indépendance grecque devient‑elle progressivement une cause européenne ?Au XIXe siècle, l’Empire ottoman, un vaste empire multiethnique, est encore une grande puissance politique et militaire, mais est fragilisé et contesté par la multiplication des aspirations nationalistes. En 1821, les Grecs se révoltent et réclament leur indépendance, déclenchant une violente répression. En avril 1822, les Ottomans massacrent plusieurs dizaines de milliers de Grecs sur l’île de Chios, pour faire un exemple. Le massacre marque l’opinion internationale, qui se prend de sympathie pour la cause grecque. Les combattants grecs à l’intérieur du pays ont résisté en formant des noyaux armés et à l’extérieur de la Grèce en levant une aide financière et politique, et après des années de lutte, ils ont pu mettre fin à la domination ottomane sur leur pays. La Grèce obtient finalement son indépendance en 1827.La Grèce est l’un des rares pays au monde à posséder deux fêtes nationales. Le 28 octobre qui célèbre le refus des grecs d’autoriser Mussolini à utiliser leur pays comme base militaire. Un NON vigoureux qui a précipité l’entrée de la Grèce dans la guerre en 1941. Et puis le 25 mars, début de l’insurrection grecque contre l’empire Ottoman. Le 25 avril 1821, l’archevêque de Patras Germanos, figure mythique de la révolution grecque, proclama la guerre de libération nationale. En réalité, le soulèvement était déjà commencé depuis le 15 mars sur toute la côte ouest du Péloponnèse mais la date du 25 a été symboliquement retenue car elle coïncidait avec le jour de l’annonciation à la vierge, fête très importante dans le calendrier orthodoxe.Lorsqu’en mars 1821, les Grecs se soulevèrent contre la domination ottomane, il y eut un grand mouvement à travers l’Europe pour les soutenir ; il se poursuivit avec une ampleur variable jusqu’à la reconnaissance de l’indépendance grecque en 1829. Quelques traces en sont restées dans la mémoire collective: le souvenir de Lord Byron, un poète britannique, mort le 19 avril 1824 à Missolonghi, en Grèce, un grand tableau de Delacroix évoquant les massacres de Chios, quelques vers de Victor Hugo.Héritier des Lumières, témoin des bouleversements engendrés par la Révolution française, Benjamin Constant est un écrivain d’origine suisse qui a pris fait et cause pour la lutte des Grecs contre les Ottomans.
Un dernier mot sur la légitimité du barbare qui campe à Constantinople. […] La légitimité s’établit-elle par le parricide, le fratricide, les révoltes des soldats, les insurrections de la populace? Telles sont les bases du trône des sultans. Ils y montent sur les cadavres les uns des autres. […] La cause des Grecs est la nôtre, elle n’est pas perdue car aucune cause n’est perdue quand elle a ses racines dans le cœur d’un peuple. Nous pouvons la secourir puissamment. […] C’est dans ce but que le Comité s’adresse à tous les chrétiens, à tous les Européens, à tous les Français.«Benjamin Constant», Appel aux Nations chrétiennes en faveur des Grecs, 1825
Le 25 mars 1821, en Grèce, l’archevêque de Patras donne le signal de la rébellion contre la tutelle ottomane. En moins de dix ans mais au prix de grandes souffrances et avec le concours précieux des Occidentaux, les Grecs vont obtenir l’indépendance d’une petite partie de leurs terres, incluant l’Attique (Athènes), le Péloponnèse et le sud de l’Épire. Le nouvel État balkanique, pauvre, de tradition byzantine et aux contours indécis, va dès lors se bâtir une identité nationale en cultivant le souvenir de l’Antiquité et en appelant les riches Grecs de la diaspora à le rejoindre.
Après la chute de l’empire byzantin et la prise de Constantinople en 1453 par les Turcs, les Grecs ont appris à vivre sous l’autorité du sultan ottoman. Leur sort est, il est vrai, très différent selon qu’ils appartiennent à la bourgeoisie citadine ou à la paysannerie.L’histoire de la Turquie au cours des 200 dernières années est celle de la guerre contre les Russes en constante progression et contre les révoltes des nationalités soumises. La Grèce, la Roumanie, la Serbie, la Bulgarie, le Monténégro, la Bosnie étaient tous des pays des Balkans et des parties de l’Empire ottoman. La Grèce, comme nous l’avons vu, s’est détachée en 1829 avec l’aide de l’Angleterre, de la France et de la Russie. La Russie est un pays slave, tout comme la Bulgarie et la Serbie dans les Balkans. La Russie tsariste a essayé d’apparaître comme le protecteur et le champion de ces Slaves des Balkans. Le véritable attrait de la Russie était Constantinople, et toute sa diplomatie visait à la possession éventuelle de cet ancien siège d’empire, le tsar se considérant comme le successeur des empereurs byzantins. En 1730 commença la série des guerres russo-turques, et elles se poursuivirent, avec des intervalles de paix, en 1768, 1792, 1807, 1828, 1853, 1877 et, enfin, en 1914. En 1774, la Russie a obtenu la Crimée de la Turquie et a ainsi atteint la mer Noire. Mais ce n’était pas très bien, car la mer Noire est embouteillée et Constantinople se trouve au cou. En 1792 et 1807, la frontière russe continue d’avancer vers Constantinople et la frontière turque recule. Pendant la guerre d’indépendance grecque, le tsar essaya d’en profiter en attaquant les Turcs alors qu’ils avaient les mains pleines ailleurs. Il aurait capturé Constantinople si l’Angleterre et l’Autriche n’étaient pas intervenues.
[Source : Glimpses of World History // Jawaharlal Nehru// pages566-567/992]
A ce propos Nehru a écrit : « Un « autre » regard sur l’Histoire du Monde »
Lettre N° 106 – Une observation générale du monde
Dans l’est de l’Europe, la Turquie s’était fortement affaiblie. Il subissait un processus de lente décomposition. L’Égypte était censée faire partie de l’Empire turc, mais était semi-indépendante. La Grèce s’est révoltée contre la domination turque en 1821 et, après huit ans de guerre, a gagné sa liberté avec l’aide de l’Angleterre, de la France et de la Russie. C’est dans cette guerre que le poète anglais Byron est mort en tant que volontaire combattant pour la Grèce. Il a écrit de très beaux poèmes sur la Grèce que vous connaissez peut-être….
Autant évoquer ici deux autres changements politiques intervenus en Europe en 1830. La France, fatiguée de la répression et de la tyrannie des Bourbons, les chassa de nouveau. Mais au lieu d’une république, un autre roi a été choisi. C’était Louis Philippe, qui se comportait un peu mieux, et plus ou moins en roi constitutionnel. Il réussit à régner jusqu’en 1848, quand il y eut une autre et plus grande explosion. En Belgique également, il y eut une révolte en 1830. Cela aboutit à la séparation de la Belgique et de la Hollande. Les grandes puissances européennes, bien entendu, désapprouvaient fortement une république. Ils ont donc présenté un prince allemand en Belgique et l’ont fait roi là-bas. Un autre prince allemand a été fait roi de Grèce. Les nombreux États d’Allemagne semblent avoir toujours eu une abondance de tels princes, à avoir chaque fois qu’un trône était vacant. La maison royale anglaise qui règne encore, vous vous en souviendrez, venait du petit État de Hanovre en Allemagne.
L’année 1830 fut une année de révoltes dans de nombreux autres endroits d’Europe également – en Allemagne et en Italie et surtout en Pologne. Mais les révoltes ont été écrasées par les rois. Il y eut en Pologne une répression cruelle de la part des Russes, et même l’usage de la langue polonaise était interdit. Cette année, 1830, était une sorte de prélude à 1848, qui, nous le verrons, fut une année de révolution en Europe.12 Janvier 1822 – L’Assemblée nationale d’Épidaure proclame l’indépendance de la Grèce.
3 février 1830 : la Grèce devient un État
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5710078x/texteBrut
https://www.lelivrescolaire.fr/page/6576423
https://core.ac.uk/download/pdf/39845897.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27ind%C3%A9pendance_grecque