Melina Mercouri, la dernière héroïne grecqueMelina Mercouri : la voix héroïque de la GrèceMélina Mercouri, une femme de talents et d’engagementsMelina Mercouri (1920-1994) est née à Athènes, en Grèce, le 18 octobre 1920. Militante de la première heure, elle a été élue au Parlement grec en 1977. Plus tard, Mlle Mercouri deviendra la première femme à occuper un poste de ministre de la Culture en Grèce. le gouvernement grec. En 1971, elle a écrit son autobiographie intitulée « I Was Born Greek ». Melina a épousé l’acteur Jules Dassin en 1966 et est restée mariée avec lui jusqu’à sa mort en 1994. Le 6 mars 1994, à New York, Melina Mercouri s’éteint des suites d’un cancer du poumon.
Un dimanche, pour l’emblématique actrice de Jamais le dimanche ! Vingt-cinq ans après sa mort, l’artiste, activiste politique et ministre, est devenue un symbole de la défense de la culture grecque et, plus encore, de la démocratie. « Mon plus grand amour, c’est la Grèce. C’est la mer grecque, les collines grecques, la lumière du ciel grec. Mais c’est mon amour pour la Grèce qui m’interdit d’y revenir pour le moment. » Sous le régime des colonels, de 1967 à 1974, Melina Mercouri, artiste grecque de renommée internationale, s’emploie à combattre la junte.
Militante et principale opposante à la dictature, l’actrice a de qui tenir. Petite-fille de Spyridon Mercouris, le maire d’Athènes, et fille de Stamatis Mercouris, député, puis ministre, elle va, d’abord malgré elle et puis par passion, marcher dans leurs pas. Députée, puis ministre, elle finira par briguer… la mairie d’Athènes.
De son enfance passée entre son père et son grand-père, Mélina apprend l’art de la représentation Quand Maria Amelia pousse son premier cri, le 18 octobre 1920, son père Stamatis est, à 22 ans, le plus jeune député du pays, et son grand-père Spyridon, le premier magistrat de la capitale. Pour Melina, la préférée de cet éminent personnage, « Spyros » est un demi-dieu : « Élégant, distingué, mon grand-père avait une barbe blanche, les cheveux blancs […] Il était terriblement beau et d’une séduction inouïe. Pour moi, il était éternel. » Depuis près de trente ans, il est maire d’Athènes : « Les gouvernements tombaient, les rois se succédaient, mais le règne de mon grand-père se poursuivait. Il était invulnérable parce qu’il était aimé. Et il était aimé parce qu’il aimait. » Tous les dimanches, à ses côtés, dans une voiture attelée, la fillette parcourt les rues de la capitale. « Après cette promenade glorieuse, nous nous sentions très contents, très fiers l’un de l’autre parce que nous avions bien joué notre rôle, et nous rentrions à la maison. » La fillette et ses parents occupent le rez-de-chaussée de la demeure familiale toujours pleine d’amis, de politiques, de solliciteurs. Et elle grandit, comme elle l’écrit dans sa biographie Je suis née grecque*: « […] dans un désordre extraordinaire et fabuleux ».Formée dès son plus jeune âge à la représentation « […] de la calèche, comme on me l’avait appris, je saluais gracieusement la joie du peuple », Melina se délecte d’être le centre des attentions. Un été, à Spetses, l’île des vacances, elle découvre sa vocation: « J’avais 10 ans. Je m’étais attifée avec des robes de ma mère, j’étais entrée hardiment dans un café qui m’était interdit, et je m’étais mise à danser […] Mais en quelques minutes, ma mère a été avertie par le mystérieux téléphone arabe de l’île. J’ai reçu une gifle monumentale, magistrale. Mais ça n’avait aucune importance. Une seule chose comptait pour moi: les gens m’avaient applaudie. »Melina apprend à partager la vedette avec un petit frère, Spyros, de quatre ans son cadet. Mais cette enfance dorée, aux accents de bibliothèque rose, n’est pas exempte de peines. Déchirements familiaux quand son père, puis son grand-père quittent épouses et foyers pour des actrices. Et politique, après le premier renversement du roi Georges II, en 1924. Stamatis, fidèle au monarque, est jeté en prison, quand son père Spyridon, contre toute attente, se range dans le camp des républicains. Ses administrés ne lui pardonneront pas, il finira par perdre sa chère mairie d’Athènes.Aux côtés de Panis Characopos, son premier mari, elle découvre l’univers du théâtre parisien Melina a 14 ans quand elle tombe amoureuse pour la première fois. C’est sur la scène du théâtre Kotopouli, qu’elle découvre le beau Giorgios, bourreau des coeurs des jeunes Athéniennes. Multipliant les prétextes pour échapper à la surveillance maternelle, elle voit la pièce quinze soirs d’affilée. Le comédien lui propose de lui apprendre « à jouer ». La comédie? Après un premier rendez-vous secret, et éventé, au jardin du Zappéion, le clan Mercouris exige de sa « fille perdue » qu’elle se soumette à un contrôle médical de virginité. Melina ne pardonne pas l’humiliation. Même à Spyridon qui s’éteint quelques semaines plus tard. Pour échapper à sa famille, elle se laisse enlever et épouser par Panis Characopos, un fils de famille séduisant et fortuné, diplômé de Cambridge. Pan lui offre la liberté, et elle découvre à ses côtés l’univers du théâtre parisien. Et il s’accommode du tourbillon perpétuel qu’elle entretient autour de lui: « J’étais cruellement insensible au besoin de calme et de paix qui tourmentait Pan. J’ai transformé sa maison en kibboutz tapageur. »
Alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Melina se divertit. « Des garçons et des filles bien plus jeunes que moi mouraient pour que la Grèce soit libre… » L’actrice jugera toujours sévèrement sa légèreté d’alors: « Pendant l’Occupation, je n’ai pas été à la hauteur de l’épreuve. »
Son rôle dans Jamais le dimanche de Jules Dassin la propulse au rang de star
Sa première apparition sur scène, en 1944, dans Le Chemin de liberté, d’Alexis Solomos, convainc peu. Un critique virulent juge Melina: « Trop grande. Trop jeune. Trop blonde. Trop gauche. Aucun talent. Il y a des jeunes comédiennes plus douées qui ont besoin de gagner leur vie. Pourquoi mademoiselle Mercouri ne reste-t-elle pas dans le milieu qui est le sien? » À Paris, où elle s’installe au début des années 1950, l’actrice se lie à Cocteau, Sartre, Colette, Dalí… Elle joue Anouilh et Achard. Mais c’est avec le film Stella, de Michael Cacoyannis, en 1955, qu’elle va connaître le succès. Tous saluent sa performance, en particulier à Cannes, où elle croise Jules Dassin. Elle a 34 ans, et elle est toujours mariée. Jules, qui a dû fuir les États-Unis, victime de la chasse aux sorcières maccarthyste, en a neuf de plus. Également une épouse et trois enfants, dont Joe, le futur chanteur d’Aux Champs Élysées. Le coup de foudre est partagé, amoureux et professionnel.
Le rôle d’Ilya, dans Jamais le dimanche, en 1960, propulse la muse comédienne au rang de star. Nommée pour un Oscar de la meilleure actrice, Melina reçoit, à Cannes, le prix d’interprétation féminine. Elle chante dans ce film Les Enfants du Pirée, de sa voix rauque et envoûtante, et ne cessera plus d’enregistrer. Dassin et Mercouri se marient, le 18 mai 1966, avant de partir pour Broadway créer Ilya Darling, transposition de Jamais le dimanche en comédie musicale. Melina est toujours sur scène, un an plus tard, quand elle apprend, le 21 avril 1967, le coup d’État des colonels.Elle se bat pour le rétablissement de la démocratie en Grèce dès 1967 Melina Mercouri dans le rassemblement pour la libertéLe député Stamatis Mercouris, séjournant alors à Londres, condamne le putsch. Sa fille s’engage aussi, à la faveur d’une interview: « Il n’y a plus de bonheur en Grèce, aujourd’hui, plus de joie. C’est un pays enchaîné. » Entre l’icône grecque du 7e art et les apprentis dictateurs, la guerre est déclarée. Jugée traître à sa patrie, l’actrice est privée de ses biens et déchue de sa nationalité. Pour faire bonne mesure, l’Église orthodoxe l’excommunie pour avoir épousé un Juif! Melina ne tremble pas. Au colonel Pattakos, qui annonce publiquement sa « déchéance », elle lance: « Je suis née grecque et je mourrai grecque. Monsieur Pattakos est né fasciste. Il mourra fasciste. » Réplique qui deviendra le titre de son autobiographie, parue en 1972.Melina Mercouri et Mikis Theodorakis : « On a combattu pour la liberté tout en jouant de la musique»
Sa terre lui est désormais interdite, comme à son père qui meurt en exil. Un déchirement. Mais deux jours seulement après la chute des colonels, en juillet 1974, Melina est de retour. Les Athéniens lui réservent un accueil triomphal. La vie professionnelle de Melina est cependant à un tournant.
La nouvelle génération la connaît peu et l’ancienne la confond souvent avec ces femmes libres et « sulfureuses » qu’elle a aimé interpréter. Aussi quand le leader socialiste, Andréas Papandréou, lui demande d’être candidate aux législatives, c’est avec le plus grand sérieux qu’elle fait campagne.
À son poste de ministre, elle s’emploie à défendre la culture helléniste En novembre 1977, Mercouri devient la première femme députée du Pirée. Et quand cinq ans plus tard, le Pasok, son parti, remporte les législative, Papandréou, devenu Premier ministre, offre le portefeuille de la Culture à Melina. Ministre de 1981 à 1989, puis de 1993 à 1994, Mercouri institue le principe de « capitale européenne de la culturelle », afin de décentraliser les arts. Et même perdu, son grand combat pour le retour des fresques du Parthénon, « retenues » par le British Museum, la rend très populaire. Ses compatriotes l’associent désormais à la défense de la culture helléniste. Comme son père, elle est devenue ministre, Melina ambitionne maintenant, comme son grand-père, la mairie d’Athènes. Au journal Le Monde, du 13 octobre 1990, elle confie: « Athènes coule dans mes veines, j’ai rêvé d’Athènes quand j’étais enfant, et je veux lui rendre sa dignité. »Mais Jules Dassin est victime d’un malaise cardiaque. Melina, à son chevet, interrompt sa campagne. Elle perd ces élections. Et elle se sait aussi déjà malade. Les médecins ont diagnostiqué le cancer du poumon qui l’emportera, le 6 mars 1994.
La Grèce lui offre, quatre jours plus tard, des funérailles nationales. Drapeaux en berne, écoles et administrations fermées, le convoi funèbre est salué, au passage devant le Parlement, par une salve de 15 coups de canon. Après l’hymne national, devant sa tombe ouverte, les Grecs entonnent ses chansons. Plus qu’une ministre ou une grande artiste, ils pleurent leur dernière héroïne.Elle débute au cinéma dans « Stella » (1955) de Cacoyannis puis dans les films de celui qui deviendra son mari en 1966, Jules Dassin : « Celui qui doit mourir » (1956), « Jamais le dimanche » (1960), « Topkapi » (1964), « Phaedra » (1962). A partir des années 70, « la » Mercouri se lança dans la politique, menant un combat courageux contre la dictature. Contrainte à l’exil, elle put retourner en Grèce en 1974 et fut élue député en 1977 puis nommée ministre de la culture en 1981.
La femme qui a marqué l’histoireArtiste primée, politique active, amoureuse de son pays, personnalité fascinante qui a marqué l’histoire de notre pays et de l’étranger. Melina Mercouri, qui avec ses luttes et son amour pour la nation et la culture de la Grèce, s’est fait adorer par le peuple et a réussi même après vingt-quatre ans à conserver une place unique dans le cœur et les mémoires du pays. La famille Mercouri était d’origine arbanaise, venue d’Argolide et certains de ses membres ont combattu à la Révolution de 1821. Melina est née le 18 octobre 1920, au domicile de son grand-père, Spyros Mercouris, maire d’Athènes pendant une vingtaine d’années, une maison qui était toujours ouverte à tous ceux qui voulaient visiter.Le fait que Melina ait appris à s’engager avec toutes sortes de personnes, des plus puissantes aux plus humbles, combiné à l’amour de Spyridon Mercouris pour Athènes et à la relation étroite qu’ils entretenaient, a cultivé son éducation à la civilisation humaine, son charisme communicatif, mais aussi son propre amour pour la capitale et la Grèce. Sa relation « héréditaire » avec la politique n’est pas seulement due à l’aîné des Mercouris, puisque son père, Stamatis, était officier de la cavalerie et a été député et ministre, tandis que son oncle, George Mercouris, était le fondateur du parti national-socialiste grec. Faire la fête.Melina n’était pas une « enfant de lettres », elle trouvait les cours terriblement ennuyeux et il lui était impossible de se consacrer à la lecture. Au lieu de cela, elle a rêvé et erré dans ses rêves de devenir actrice, ce qui l’a amenée à lire beaucoup sur le théâtre et l’histoire. Il était cependant impossible de persuader sa famille de politiciens de la laisser poursuivre une carrière d’actrice. Leurs classes sociales avaient d’autres attentes, tant du côté de sa mère avec un amiral et un diplomate pour frères que de son père en exil car il s’opposait à la dictature de Metaxa. En 1939, à l’âge de dix-huit ans, elle accepte d’épouser Panos Harokopos, puissant financièrement et, diplômé de Cambridge, esprit très cultivé et libre, car il accepte de la laisser étudier le théâtre. Ils se sont mariés en secret, sans le consentement de sa famille. Ils s’installent ensemble dans l’un des penthouses les plus luxueux de la ville et avec l’aide de son ami, Dimitris Horn, elle intègre l’école d’art dramatique du Théâtre National.Elle est apparue pour la première fois sur scène, en 1944, au Britannia Theatre, avec la troupe de Giorgos Pappas et Antonis Giannidis, dans l’œuvre d’Alexis Solomos « The Path of Freedom » et a continué avec des dizaines de représentations qui l’ont fait se démarquer de plus en plus. aux yeux du public et des critiques. En 1949, « Bus du désir » est l’une des performances marquantes de sa carrière car le Théâtre d’Art de Karolos Koun était jusqu’alors « interdit » aux comédiens du Théâtre National. « Anna des mille jours » était une performance historique, dirigée par Dimitris Myrat et jouée entre autres par Melina Merkouri, Irene Pappa, Anna Synodinou, Nitsa Tsaganea, Christos Tsaganeas et d’autres. Depuis 1951, elle a commencé à jouer sur la scène française ainsi, où il est devenu la muse de l’un des plus grands dramaturges, Marcel Asar. Son premier film, le mythique « Stella », a été projeté pour la première fois en 1955. La réalisation de Michalis Cakogiannis, le scénario de Iakovos Kambanellis et la performance de Melina ont donné au film une reconnaissance mondiale et ont reçu le prix du meilleur film rétrospectif au Festival du film de Thessalonique, 1960, avec le Golden Globe du meilleur film étranger de 1956, ainsi que le prix Isa Miranda pour la performance de Melina Merkouri au Festival international du film de Cannes 1955.En 1960, ce fut l’année marquante de la carrière de Melina Merkouri, l’année du triomphe international de « Jamais le dimanche » de Zil Dassen, film qui obtint l’Oscar de la meilleure chanson et, elle, le Prix du rôle féminin au Festival de Cannes. Festival, la nomination pour l’Oscar de la meilleure actrice et a été le point de départ de sa carrière internationale. Les « Enfants du Pirée » de Manos Hadjidakis, qui, un an après avoir remporté l’Oscar de la meilleure chanson, a fait du bouzouki, la musique grecque, le port du Pirée, la Grèce dans son ensemble célèbre, en en faisant la destination touristique la plus attractive au niveau international. Melina est descendue à l’Art Theatre Underground et a interprété la star déchue, Alexandra del Lago, dans « Sweet Bird of Youth » de Tennessee Williams, qui a apporté une rafale de suggestions de rôles au cinéma. Elle voyage en France et parfois en Italie pour participer aux films de Claude Autant-Lara ou Vittorio de Sica. Les plus grands magazines américains et européens ont envoyé leurs collègues photographier Melina dans sa ville natale, et elle a mis tout son charme et son élégance pour faire la publicité de sa patrie. Plus célèbres sont les photos de Slim Aarons pour un magazine américain, dans son quartier préféré, Plaka. A partir de ce moment, elle apparaît souvent en photographie sur l’Acropole, jusqu’à ce que la chaîne américaine ABC envoie une équipe en 1964 et tourne la Grèce de Melina. La musique était de Stavros Xarchakos et il a annoncé Athènes ainsi que de nombreuses régions de la Grèce.Elle et Zile Dessen se sont mariés le 18 mai 1966 à la mairie de Lausanne, Nikos Kourkoulos étant le seul témoin grec en mariage. « C’est le moment le plus heureux de ma vie », a déclaré Melina Mercouri. « Nous nous serions mariés en Grèce, mais ensuite nous aurions dû appeler beaucoup de monde et aucun bruit et bruyant ne rentrerait dans une cérémonie simple qui marque une cohabitation de 10 ans. » La même soirée a suivi une fête grecque avec une seringue et beaucoup de plaisir à Lausanne Pallas. En plus de sa carrière théâtrale et cinématographique en Grèce et à l’étranger, Melina a sorti plus de quinze albums, avec des œuvres de Manos Hatzidakis, Mikis Theodorakis , Stavros Xarhakos, Yannis Markopoulos, Vassilis Tsitsanis, Kourt Vaill et Bertolt Brecht.
Le coup d’État du 21 avril 1967 s’est produit alors qu’elle était à l’étranger, à Broadway dans « Iliya Darling » et a dit en criant aux médias américains « S’il vous plaît, n’allez pas dans mon pays ». Melina Mercouri avait été privée de sa nationalité grecque et de son passeport grec depuis le coup d’État en raison de sa lutte anti-dictatoriale. Informé de la décision de la junte, il a fait la déclaration historique « Je suis né grec et je mourrai grec. Patakos est né fasciste et mourra fasciste. ”Avec des interviews, des concerts, des enregistrements, des grèves de la faim et des événements politiques, Melina était un problème permanent pour la junte qui a tenté de l’assassiner de diverses manières, sans succès, puisque le régime des colonels la qualifiait d’« ennemie de la Grèce » et d’« ennemie ». du tourisme grec – une femme qui avait tout fait pour la Grèce et, avec « Jamais le dimanche », avait contribué de manière décisive à l’essor touristique du pays. Pendant les années de la dictature, à partir du moment où elle a terminé les représentations de « Ilia Darling », Melina a joué seule « Lysistrata », en 1972, à Broadway, mise en scène par Michael Cacoyannis.
Deux jours après le retour de Constantine Karamanlis, le 26 juillet 1974, elle est retournée dans sa Grèce bien-aimée avec une foule d’amis qui l’attendaient à l’aéroport. Deux concerts sont immédiatement organisés, l’un de Mikis Theodorakis à Karaiskaki et l’autre de Markopoulos au stade Panathinaikos, que Nikos Koundouros inclura dans son documentaire « Les chants du feu ». Melina, aux côtés de Xylouris, Dalaras, Katrakis, Loizos, Mariza Koch, Karezi et Kazakos, a chanté de sa voix typiquement passionnée le « Cloudy Sunday » de Tsitsanis, le « Caffe Hellas » de Markopoulos et deux de Savvopoulos, « Karagiozis » et « Chypre ».En 1975, elle dirige « L’Opéra du Cent » au théâtre Kappa avec Nikos Kourkoulos, en 1976, « Médée » avec le Théâtre National et, en 1978, la « Compagne de Brecht » du théâtre grec, Manos Katrakis, un spectacle pour que Thanos Mikroutsikos a écrit « Anna Do not Cry » pour être chanté par elle et Yiannis Koutras. En 1980, elle remet en scène le « Sweet Bird of Youth » avec Giannis Fertis et, essentiellement, termine sa carrière théâtrale avec « Oresteia » au Théâtre Antique d’Epidaure par le Théâtre d’Art. L’arrivée au pouvoir du Mouvement socialiste panhellénique, après les résultats des élections d’octobre 1981, a été un nouveau départ pour la Grèce, Melina a été placée par le Premier ministre, Andreas Papandreou, à la tête du ministère de la Culture et n’a ne pas perdre son poste jusqu’à ce que le PASOK perde le pouvoir sur le pays, en 1989. Elle est revenue en 1993 et a conservé ses fonctions jusqu’à sa fin prématurée.
Ses subordonnés, qu’elle appelait à « rêver » avec elle depuis le premier jour, ont appris au fil des années à l’aimer et à l’apprécier, bien que si la majorité d’entre eux appartenaient à un parti politique autre que celui du parti au pouvoir, elle n’a viré personne. . Ainsi, en plus d’une bonne retraite, les fonctionnaires d’un ministère incolore ont appris et « rêvé » de nouvelles façons d’améliorer la culture et de remettre la Grèce sur la carte culturelle internationale. Les politiciens avaient fait remarquer que le ministère hellénique de la culture n’avait jamais travaillé avec autant de succès auparavant. De plus, elle voulait connaître les problèmes des gens « de l’intérieur », alors elle ouvrait son bureau une fois par semaine et les gens lui rendaient visite et parlaient de ce qui les concernait.
Melina Mercouri est celle qui a proclamé que « l’industrie lourde du pays est la culture » et s’est battue pour la promouvoir tant à l’étranger qu’à l’intérieur des frontières de la Grèce. Elle avait lancé la campagne pour le retour des marbres du Parthénon, abordant officiellement la question lors de la Conférence internationale des ministres de la culture de l’UNESCO à Mexico, en juillet 1982. « Vous devez comprendre ce que les marbres du Parthénon signifient pour nous. Ils sont notre fierté. Ce sont nos sacrifices. Ils sont le symbole suprême de la courtoisie. Ils sont un hommage à la philosophie démocratique. Ils sont notre ambition et notre nom. Ils sont l’essence de notre grécité », a-t-elle déclaré, ajoutant : « Si vous me demandez si je vivrai lorsque les marbres du Parthénon reviendront en Grèce, je vous répondrai que oui, je vivrai. Mais même si je ne vis plus, je renaîtrai. ”
Afin de permettre le retour des Marbres, en 1989, elle lance un concours pour la construction d’un nouveau Musée de l’Acropole, tout en mettant l’accent sur les travaux de restauration de l’Acropole et la préservation de notre patrimoine culturel. Aussi, l’unification du centre historique d’Athènes pour la création d’un parc archéologique était son idée. « Il est impératif qu’il soit du devoir de la Grèce de préserver le cœur de son histoire, le cœur d’Athènes, son centre historique, avec un projet qui changera complètement l’image et la vie au centre de la ville », a-t-elle déclaré. En 1983, elle pose la question « comment est-il possible qu’une communauté dépourvue de sa dimension culturelle se développe ? Devant les ministres de la culture de la CEE d’alors, notant que la culture « est l’âme de la société » et que l’identité européenne « repose sur le respect de la diversité et la création d’un exemple vivant à travers un dialogue des cultures européennes. Il est temps que notre voix soit entendue avec la même puissance que celle des technocrates. La culture, l’art et la création ne sont pas moins importants que le commerce, l’économie, la technologie. ”
Le PASOK est resté trois ans hors du pouvoir, et lorsqu’elle est revenue au gouvernement, en 1993, Melina, au vu de ses graves problèmes de santé liés au cancer du poumon, a repris son ministère de prédilection, en collaboration avec Thanos Mikroutsikos. Selon ses déclarations, elle a regardé sa maladie droit dans les yeux. En effet, il fut une période où tous les matins, devant son cabinet, elle partait en chimiothérapie, au moment même où 357 journaux, chaînes de télévision et radios du monde entier réclamaient une entrevue avec elle. La veille du voyage à New York pour opérer, elle se rendit au ministère pour faire ses adieux à ses proches, et alors qu’elle leur disait au revoir et les quittait, elle revint quelques minutes plus tard, retourna à son bureau sans parler à personne, essoufflée un petit orgue de Barbarie que Tsarouchis lui avait cédé et laissé sur l’air des « Enfants du Pirée ».A l’annonce de sa mort le 6 mars 1994, la presse internationale a rendu des hommages détaillés à la vie de la mythique femme grecque au rire tonitruant, alors qu’à Broadway les théâtres étaient fermés au moment des obsèques. Le pèlerinage des milliers d’Athéniens qui sont passés par la chapelle de la Métropole pour dire leur dernier adieu a duré quatre-vingt-quatre heures, et le 10 mars, après la cérémonie funéraire, de nombreux Athéniens l’ont accompagnée jusqu’à sa dernière demeure au premier cimetière de Athènes. Elle a été la première femme en Grèce à être enterrée après un deuil national de trois jours, avec les honneurs d’un Premier ministre. Il s’agissait des funérailles les plus importantes en volume et en émotion qu’Athènes ait jamais vues, dépassant même celles des personnalités les plus en vue.
Rencontrez les femmes de passion grecquesLe one woman show dramatique inspiré par Maria Callas, Melina Mercouri et Médée
Melina Mercouri : la voix héroïque de la GrèceEn montant les escaliers de la station de métro Acropolis à Athènes, vous vous retrouverez sous l’élément le plus symbolique de la capitale grecque : le Parthénon sur le rocher sacré de l’Acropole. Sur le mur de la plate-forme, vous voyez un tableau immense : au fond, le Parthénon et au premier plan une femme blonde au large sourire qui vous fait signe. C’est un portrait de Melina Mercouri, représentée à l’échelle nationale comme la «dernière déesse grecque». Pourtant, Melina n’était pas mythique. Elle était actrice et politicienne. Elle est mondialement connue pour son rôle principal de prostituée flamboyante dans le film Never on Sunday de 1960, ses performances à Broadway, mais surtout pour son esprit combatif contre la junte militaire de 1967-1974 et son désir de voir la Grèce prospérer à travers sa culture patrimoine. « Si nous perdons notre culture, nous ne sommes rien. Nous sommes notre culture », disait-elle.
Melina Mercouri a eu un long mariage heureux avec le réalisateur hollywoodien Jules Dassin, qu’elle a rencontré pour la première fois au Festival de Cannes au début de sa carrière – son jeu et son âme ont décollé lorsqu’ils se sont rencontrés. Never on Sunday a été leur plus grande réussite avec cinq nominations aux Oscars et le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes. Melina et Jules ne pouvaient pas avoir d’enfants, mais elle en plaisantait en disant qu’à chaque fois qu’elle montait sur scène, elle accouchait d’une autre personne.En 1956, Melina commençait à apprivoiser Hollywood avec Stella de Michael Cacoyannis remportant le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. Son nom a commencé à apparaître à côté de Sophia Loren, Brigitte Bardot et Lina Lollobrigida. Melina a également eu l’occasion de rencontrer tous les hommes éminents de son temps : Bobby Kennedy, Marlon Brando, Salvador Dalí et Charlie Chaplin. Mais sa rencontre avec Tennessee Williams à New York en 1960 est la plus fantaisiste. « Quand je lui ai dit que j’avais joué ses deux héroïnes dans Sweet Bird of Youth et A Streetcar Named Desire, il m’a demandé de voir mes mains. Je lui ai montré mes mains et il a commenté : « tu es trop jeune pour jouer Del Lago ».
La politique lui a été inculquée par son grand-père, qui a été par intermittence maire d’Athènes pendant un record de 18 ans, ainsi que son amour pour la Grèce, qui pourrait être interprété à tort comme presque nationaliste. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle était si active politiquement, elle a répondu qu’elle était une artiste en raison de son talent et une citoyenne en raison de ses sentiments de responsabilité et d’obligation. En 1967, le ministre grec de l’Intérieur a déclaré Melina ennemie de l’État, a confisqué ses biens et l’a privée de sa nationalité grecque. Mais l’exil n’a pas pu briser son idéologie et des déclarations telles que « Je déteste jouer à Illya parce que c’est un mensonge. Il n’y a pas de bonheur en Grèce aujourd’hui. C’est un pays enchaîné » et « Si vous voulez que vos dollars soutiennent un gouvernement fasciste alors allez en Grèce » l’ont amenée sous la protection du FBI dans la crainte d’être assassinée. C’est avec ce tempérament qu’elle « incarne l’idéal grec de liberté » et fait prendre conscience à l’étranger de la misère de son pays.
Pour Melina, l’art et la politique allaient de pair – ce sont les gens spirituels des arts qui font des révolutions et changent le cours des choses. « Soit je n’aurais été qu’un petit symbole de la résistance contre la junte, soit je me consacrerais vraiment au bien commun », a-t-elle déclaré. Melina n’a jamais permis à son sexe d’affecter sa décision, et elle a également orienté ses actions politiques vers l’avancement des droits des femmes : « Je n’ai jamais été victime de discrimination. J’ai fait ma vie de femme, et ce n’est pas mal.Lorsque la junte s’est effondrée en 1974, Melina est retournée en Grèce et, en 1981, elle a été nommée ministre de la Culture, transformant pendant huit ans un ancien ministère marginal en un lieu de discussion, d’action et d’enthousiasme. Au cours de son service, Melina a lancé l’institution des capitales culturelles d’Europe et, en 1985, Athènes a été nommée la première capitale culturelle. Mais l’apothéose de Melina a été sa campagne pour le retour des marbres du Parthénon (ou les marbres d’Elgin comme on les appelle au Royaume-Uni) du British Museum – 56 blocs de la frise et 19 statues ou « notre âme que nous voulons récupérer ». comme l’a mentionné Melina. « J’espère voir les Marbres revenir à Athènes avant de mourir. Mais si cela se produit plus tard, je renaîtrai », a-t-elle déclaré.
À propos de son autobiographie I Was Born Greek, l’écrivain américain Rex Reed a écrit : « Dans des années, quand nous serons tous morts et partis, ils parleront encore de Melina Mercouri. Ils parleront parce qu’à une époque pleine de gens en plastique, elle était la vraie chose. Maria Amalia Mercouri – la femme connue même des chauffeurs de taxi new-yorkais sous le nom de notre Melina – est décédée le 6 mars 1994 d’un cancer du poumon, et 300 000 personnes, quelle que soit leur allégeance politique, ont escorté son cercueil drapé de drapeau jusqu’à sa tombe en applaudissant et en appelant : « Melina Melina notre Melina. » « Je pense que ce n’est que si vous êtes un génie que vous pouvez supporter la solitude. J’ai besoin de gens et le plus grand compliment que je reçois, c’est quand j’entends les gens m’appeler Melina, quand ils me font sentir que j’appartiens à tout le monde », a-t-elle dit un jour.
https://www.pointdevue.fr/society/portraits/melina-mercouri-la-derniere-heroine-grecque
https://www.imdb.com/name/nm0580479/bio
https://www.ellines.com/en/myths/39394-the-woman-who-made-history/