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6 février 1637 – La « crise » de la tulipe aux Pays-Bas

ImageLa crise de la tulipe : le premier krach de l’histoireFlower power in the Netherlands II* – Notes from Camelid Country

Le 6 février 1637, dans les tavernes d’Amsterdam et Harlem, villes opulentes des Provinces-Unies (Pays-Bas actuels), des négociants se retrouvent comme à l’habitude pour acheter et vendre des tulipes. Il ne s’agit que de promesses de ventes car les bulbes ne seront disponibles qu’au printemps. Mais voilà qu’en rupture avec les semaines précédentes, les acheteurs se font réticents. Les cours, qui avaient atteint des sommets faramineux dans les mois précédents, entament une tout aussi vertigineuse plongée. Sur la base de quelques comptes rendus d’actualité, Charles Mackay, un journaliste britannique du XIXe siècle, verra dans ce phénomène la première bulle spéculative de l’Histoire, prélude à la faillite de Law ou à notre « crise des subprimes » (2008).undefinedLa tulipe, comme une œuvre d’art  ImageÀ partir de la fin du XVIe siècle, le nord de l’Europe voit se développer un engouement extraordinaire pour les fleurs en général et les tulipes en particulier. Les bulbes les plus recherchés s’échangent pour plusieurs milliers de florins, alors qu’un ouvrier spécialisé gagne environ 150 florins par an. On se met à acheter des parts de bulbe d’autant plus facilement qu’on ne règle pas comptant mais à terme : on s’engage dès l’hiver à acheter en été – au moment où il pourra être transplanté -, tel ou tel bulbe, avec l’espoir de le revendre soi-même avec profit. Un projet discuté à l’automne 1636 et soumis au Parlement l’année suivante prévoit que les contrats n’incluront plus une obligation d’achat, mais ne seront que des options. C’est une aubaine pour les spéculateurs, qui affluent sur le marché. jusqu’à ce jour de février 1637 où les cours s’effondrent brusquement et les acheteurs se trouvent dans l’incapacité d’honorer leurs contrats.  Faut-il parler pour autant de crise ? La spéculation n’aurait touché qu’un cercle restreint de commerçants et aucun n’a été ruiné par l’effondrement des cours…descanso-gardens | tarnmoorEt krach, la tulipe : histoire de la première bulle spéculativeundefinedLa crise des tulipes décryptée, l’un des premiers et des plus connus krach de l’histoire financière : explications et mécanismes de la première bulle spéculative de l’Histoire qui reste encore aujourd’hui une référence. L’histoire de la crise des tulipes, est aux bulles spéculatives ce que la Traviata est à l’opéra : un grand classique ! L’histoire se passe en 1635 dans les Provinces-Unies, les Pays-Bas de l’époque. Au sommet de la tulipomanie en février 1637, un seul et unique bulbe de tulipe s’échange contre l’équivalent de 10 fois le salaire annuel d’un artisan qualifié. Après l’éclatement de la bulle, un bulbe ne vaut guère plus qu’un vulgaire – mais néanmoins comestible – oignon.Flower power in the Netherlands II* – Notes from Camelid CountryNombreux sont ceux qui ont perdu des fortunes, dans un concert de facepalms des élites calvinistes exaspérées par cette artificielle euphorie, si contraire aux vertus du travail authentique, de discrétion et de tempérance.  La tulipomanie atteint son comble en février 1637. Un bulbe de tulipe vaut l’équivalent de 10 fois le salaire annuel d’un honnête artisan. La crise de la tulipe est souvent considérée comme une des premières bulles spéculatives qui aient été documentées.  L’épisode a été popularisé par le livre d’un journaliste Grand-breton Charles McKay, publié en 1841 sous le titre Illusions populaires extraordinaires et la folie des foules. D’après McKay, un bulbe de type Semper Augustus s’échangeait contre un terrain de 5 hectares. Tout cela est à prendre avec des pincettes car toutes les données économiques des années 1630 proviennent essentiellement de pamphlets anti-spéculateurs, donc biaisées.  Un peu comme si nos économistes à nous consultaient aujourd’hui les données économiques d’ATTAC pour fonder leurs thèses. Encore que certains le font certainement. Mais revenons à nos tulipes.Tourists Come to See Tulips in Holland Once Again, Grabbing Incredible Photos of Spring - LOOKTulipomanie : pourquoi diable tant de passion pour des tulipes ?  undefinedAvec ses couleurs intenses et marbrées, la tulipe est très différente de toutes les fleurs connues en Europe à cette époque-là. Nouvellement libérées de la domination espagnole, les marchands hollandais bâtissent des fortunes colossales grâce au commerce avec les Indes orientales. Avec un seul voyage (si toutefois il rentrait à bon port …), un marchand pouvait espérer multiplier son investissement par cinq.  Cette nouvelle classe de marchands étale ses nouvelles richesses en se faisant bâtir de somptueuses maisons, entourées de jardins fleuris. Et la star du jardin de ces messieurs, c’est la spectaculaire tulipe. undefinedRésultat, elle devient rapidement un objet de luxe, symbole de réussite et de richesse. Et on en trouve une grande variété. On sait aujourd’hui que les motifs marbrés multicolores proviennent d’un virus contracté par les bulbes. On dit que le virus « casse » la tulipe, car il brise la monochromie des pétales.  La nature-même de la tulipe a contribué a alimenté la pénurie et donc à attiser la spéculation. Car il faut entre 7 et 12 ans pour qu’une graine produise un bulbe à même de fleurir. Dans le jargon des économistes du XXIe siècle, c’est un cas classique d’inélasticité de l’offre par rapport à la demande.  Avant que les tulipes cassées ne déboulent sur le marché, les tulipes saines – et monochromes – se vendaient au kilo. Les tulipes affectées par le virus, elles, sont très rares. Qui plus est, le virus a pour autre effet de ralentir le développement des tulipes. L’offre en est d’autant plus contrainte. Parce qu’elles sont rares et désirables, ces tulipes cassées deviennent chères.undefinedBourse de la tulipe : un des premiers marchés à terme  undefinedLes tulipes fleurissent entre avril et mai, pour une semaine environ. Pendant la phase de sommeil de la plante, entre juin et septembre, les bulbes peuvent être déracinés et transportés, donc les transactions effectives ne se passent qu’à cette période. Le reste de l’année, les fleuristes signent des contrats devant notaire pour l’achat de bulbes en fin de saison. Ce sont effectivement des contrats à terme, l’ancêtre de nos futures. C’est ainsi que les Hollandais ont développé une de nombreuses techniques de la finance moderne, créant par là une bourse de la tulipe ouverte toute l’année. Lire également notre dossier 8 conseils pour bien débuter en

Bourse des tulipes : les spéculateurs fleurent le bon coupImageÀ mesure que les fleurs gagnent en popularité, les professionnels paient de plus en plus cher les bulbes infectés par le virus, et les prix continuent à monter. En 1634, la demande venue de France attise la hausse des prix. Fleurant le bon coup, les spéculateurs entrent sur le marché. Le prix d’un contrat de bulbe cassé continue à monter tout au long de l’année 1636. Mais en novembre, le prix des tulipes normales commence à grimper lui aussi. Tant et si bien qu’en peu de temps, n’importe quel bulbe s’échange plusieurs centaines de florins. En 1635, il faut 100 000 florins pour acheter un lot de 40 bulbes. Pour vous donner une idée de ce que cela représente, 100 florins vous permettent d’acheter une tonne de beurre, et 240 florins « huit cochons bien dodus ». D’après les savants calculs de l’International Institute of Social History, un florin de 1635 équivaut à environ 10,30€ de 2002.  La bulle atteint son sommet durant l’hiver 1636-1637. À cette période, les bulbes changent de propriétaire jusqu’à 10 fois dans la même journée. Mais aucune livraison n’aura le temps de se faire. En février 1637, le prix des contrats s’effondre et les échanges s’arrêtent net. Il ne reste plus que des vendeurs. Les acheteurs ont déserté la place. Soulignons tout de même que l’épidémie de peste bubonique qui sévit au même moment à Haarlem n’a pas aidé.  Les vendeurs font des méga promos flash mais il n’y a rien à faire, la demande s’est fanée. Les bulbes ne valent plus qu’un centième de leur prix d’une semaine auparavant.DOW secular bull market 205% gain from 40s to 60s and 998% gain from 70s to 90s. Chart is a courtesy of Chris Ciovacco @CiovaccoCapital. Not a forecast, past performance is not a guarantee of future outcome.Les crypto monnaies sont-elles les nouvelles tulipes ? Ce qui est certain, c’est que la crise des tulipes reste une référence majeure de l’histoire financière que l’on ressort et étudie à chaque bulle spéculative, plus de 4 siècles après les faits.The Netherlands Tulip Trail | Spring's Floral Beauty - Reawaken AdventureLa frénésie spéculative sur les tulipes dans la Hollande du XVIIe siècle a engendré des prix exorbitants pour les bulbes de fleurs exotiques. Mais les récits du crash qui a suivi sont peut-être plus de la fiction que des faits.

En 1636, selon un récit de 1841 de l’auteur écossais Charles MacKay, l’ensemble de la société hollandaise est devenue folle de tulipes exotiques. Comme Mackay l’a écrit dans son très populaire Mémoires des délires populaires extraordinaires et la folie des foules, à mesure que les prix augmentaient, les gens étaient emportés par une fièvre spéculative, dépensant un an de salaire sur des bulbes rares dans l’espoir de les revendre à profit.Charlie Dimmock To Join Our New Spring Tour Of Holland's Dazzling Tulip Fields |Mackay a surnommé le phénomène «The Tulipomania».

« Un appât doré était suspendu devant les gens, et l’un après l’autre, ils se sont précipités vers les marchés de tulipes, comme des mouches autour d’un pot de miel », a écrit Mackay. « Nobles, citoyens, fermiers, mécaniciens, marins, valets de pied, servantes, même ramoneurs et vieilles drapières, ont touché aux tulipes. » Lorsque la bulle des tulipes a soudainement éclaté en 1637, Mackay a affirmé qu’elle avait fait des ravages dans l’économie néerlandaise.Image« Beaucoup de ceux qui, pendant une brève saison, avaient émergé des milieux les plus humbles de la vie, ont été replongés dans leur obscurité d’origine », a écrit Mackay. « De nombreux marchands ont été réduits presque à la mendicité, et de nombreux représentants d’une lignée noble ont vu la fortune de sa maison ruinée au-delà de toute rédemption. » Mais selon l’historienne Anne Goldgar, les récits de Mackay sur d’énormes fortunes perdues et des personnes désemparées se noyant dans des canaux sont plus une fiction qu’un fait. Goldgar, professeur d’histoire moderne au King’s College de Londres et auteur de Tulipmania : Money, Honor and Knowledge in the Dutch Golden Age, comprend pourquoi la création de mythes de Mackay a perduré.Amsterdam Tulip Festival - 2023 & 2024 | Grand European Travel« C’est une belle histoire et la raison pour laquelle c’est une belle histoire est qu’elle rend les gens stupides », dit Goldgar, qui déplore que même un économiste sérieux comme John Kenneth Galbraith ait répété le récit de Mackay dans A Short History of Financial Euphoria. « Mais l’idée que la manie des tulipes a provoqué une grande dépression est complètement fausse. Autant que je sache, cela n’a causé aucun effet réel sur l’économie. Le problème, dit Goldgar, est la matérielle source utilisée par Mackay. Dans la Hollande du XVIIe siècle, il y avait une riche tradition de poésie et de chanson satiriques qui se moquaient de ce que la société néerlandaise considérait comme des échecs moraux. De cette tradition sont sortis des pamphlets et des poèmes divertissants ciblant la prétendue folie des acheteurs de tulipes, dont le crime était de penser que le commerce des tulipes serait leur billet pour la haute société néerlandaise.

« Mon problème avec Mackay et les écrivains ultérieurs qui se sont appuyés sur lui – c’est-à-dire pratiquement tout le monde – est qu’il prend un tas de documents qui sont des commentaires et les traite comme s’ils étaient factuels », explique Goldgar. Pour obtenir le vrai scoop sur la manie des tulipes, Goldgar est allé à la source. Elle a passé des années à parcourir les archives de villes hollandaises comme Amsterdam, Alkmaar, Enkhuizen et surtout Haarlem, le centre du commerce des tulipes. Elle a minutieusement recueilli des données manuscrites du XVIIe siècle auprès de notaires publics, de cours de petites créances, de testaments et plus encore. Et ce que Goldgar a trouvé n’était pas un engouement irrationnel et répandu pour les tulipes, mais un marché relativement petit et éphémère pour un luxe exotique.ImageAu milieu des années 1600, les Néerlandais ont connu une période de richesse et de prospérité inégalées. Nouvellement indépendants de l’Espagne, les marchands néerlandais se sont enrichis grâce au commerce par le biais de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Avec de l’argent à dépenser, l’art et l’exotisme sont devenus des objets de collection à la mode. C’est ainsi que les Hollandais sont devenus fascinés par les rares tulipes « cassées », des bulbes qui produisaient des fleurs striées et mouchetées.  Ces précieuses tulipes ont d’abord été achetées comme pièces d’exposition voyantes, mais il n’a pas fallu longtemps pour que le commerce des tulipes devienne un marché à part entière. « J’ai trouvé six exemples d’entreprises qui ont été créées pour vendre des tulipes », explique Goldgar, « les gens ont donc rapidement pris le train en marche pour profiter de quelque chose qui était un produit recherché. »

Les prix des tulipes ont grimpé en flèche de décembre 1636 à février 1637, certains des bulbes les plus prisés, comme le très convoité Switzer, connaissant une hausse de prix multipliée par 12. Les reçus de tulipes les plus chers que Goldgar a trouvés étaient de 5 000 florins, le taux en vigueur pour une belle maison en 1637. Mais ces prix exorbitants étaient des valeurs aberrantes. Elle n’a trouvé que 37 personnes qui ont payé plus de 300 florins pour un bulbe de tulipe, l’équivalent de ce qu’un artisan qualifié gagnait en un an. Mais même si une forme de folie des tulipes a frappé la Hollande en 1636, a-t-elle atteint tous les échelons de la société, de la noblesse terrienne aux ramoneurs ? Goldgar dit non. La plupart des acheteurs étaient du genre à s’attendre à spéculer sur les produits de luxe – des gens qui pouvaient se le permettre. C’étaient des marchands et des artisans prospères, pas des femmes de chambre et des paysans.People Are Destroying Dutch Tulip Fields to Get Instagram Photos« Je n’ai identifié qu’environ 350 personnes impliquées dans le commerce, bien que je sois sûr que ce nombre est plutôt bas parce que je n’ai pas regardé toutes les villes », dit Goldgar. « Ces personnes étaient très souvent liées les unes aux autres de diverses manières, par le biais d’une profession, d’une famille ou d’une religion. » Ce qui a vraiment surpris Goldgar, compte tenu des histoires de ruine financière de Mackay, c’est qu’elle n’a pas été en mesure de trouver un seul cas d’individu qui a fait faillite après l’effondrement du marché des tulipes. Même le peintre néerlandais Jan van Goyen, qui aurait tout perdu dans le crash des tulipes, semble avoir été victime de la spéculation foncière. Les véritables retombées économiques, selon l’évaluation de Goldgar, étaient beaucoup plus contenues et gérables.

« Les personnes qui risquaient de perdre le plus d’argent sur le marché des tulipes étaient suffisamment riches pour que perdre 1 000 florins ne leur causerait pas de gros problèmes », déclare Goldgar. « C’est pénible et ennuyeux, mais cela n’a eu aucun effet réel sur la production. »  Alors que la manie des tulipes et le crash qui a suivi n’ont pas mis à plat l’économie néerlandaise comme l’a affirmé Mackay, il y avait encore des dommages collatéraux. Dans les archives judiciaires, Goldgar a trouvé des preuves de réputations perdues et de relations rompues lorsque des acheteurs qui avaient promis de payer 100 ou 1 000 florins pour une tulipe ont refusé de payer. Goldgar dit que ces défauts ont causé un certain niveau de «choc culturel» dans une économie basée sur le commerce et des relations de crédit élaborées.World's First Financial Bubble – The Tulip Mania | Wall Street ClubMême si l’engouement pour les tulipes a pris fin de manière abrupte et ignominieuse, Goldgar n’est pas d’accord avec Galbraith et d’autres qui rejettent tout l’épisode comme un cas d’exubérance irrationnelle.  « Les tulipes étaient quelque chose qui était à la mode, et les gens paient pour la mode », explique Goldgar. « Le ridicule apparent de cela a été joué à l’époque pour se moquer des gens qui n’ont pas réussi. »Image6 bulles économiques désastreuses

De l’engouement hollandais pour les tulipes au XVIIe siècle au tristement célèbre krach boursier de 1929, découvrez les histoires derrière six booms historiques qui ont finalement fait faillite.

(1). La folie des tulipes 

Les fleurs de tulipe ont souvent été utilisées pour symboliser l’amour, mais dans la Hollande du XVIIe siècle, elles en sont venues à représenter le destin de nombreux investisseurs trop zélés. Les Néerlandais sont tombés amoureux des tulipes peu de temps après l’introduction des lys en Europe au milieu du XVIe siècle. Les tulipes sont devenues un symbole de statut social puissant, et les nobles et les admirateurs de la classe moyenne ont commencé à se démener pour mettre la main sur des spécimens rares. Dans les années 1630, les marchés aux tulipes avaient vu le jour dans les centres villes et les bulbes étaient échangés de la même manière que les actions modernes à Wall Street. Un seul bulbe de tulipe se vendait souvent au même prix que tout, d’une calèche et d’une paire de chevaux à 1 000 livres de fromage.Discover the Vibrant Beauty of Endless Tulip Fields in Holland - Scenic HunterLa folie des tulipes s’est poursuivie sans relâche jusqu’en février 1637, lorsque le marché s’est effondré après que quelques-uns des plus grands acteurs aient décidé de vendre. Les prix ont chuté et une brève panique s’est ensuivie alors que les investisseurs se précipitaient pour vider leurs magasins de lys. « De nombreux marchands ont été réduits presque à la mendicité », a écrit Charles Mackay, qui a ensuite contribué à populariser l’histoire de l’engouement pour les tulipes. « Beaucoup de représentants d’une lignée noble ont vu la fortune de sa maison ruinée au-delà de toute rédemption. » Le gouvernement néerlandais a formé une commission pour nettoyer le gâchis des tulipes, mais l’économie a sombré dans une dépression mineure dans les années qui ont suivi.

(2). La bulle des mers du Sud  ImageL’utilisation du terme « bulle » pour décrire l’essor et la récession financière est entrée dans le lexique au début du XVIIIe siècle, lorsque la South Sea Company britannique s’est effondrée et a emporté avec elle la fortune personnelle de nombreux investisseurs. L’entreprise condamnée avait été lancée en 1711, lorsque ses propriétaires avaient accepté d’assumer des millions de dettes de guerre britanniques en échange de droits commerciaux exclusifs en Amérique du Sud. L’entreprise connut peu de succès – l’Espagne avait toujours la mainmise sur le commerce sud-américain – mais en 1720, quelques pots-de-vin bien placés permirent à la South Sea Company de remporter un nouvel accord pour subsumer l’intégralité de la dette nationale britannique. Après avoir répandu des rumeurs sur les vastes richesses qu’ils avaient déjà revendiquées dans les mers du Sud, la société a lancé plusieurs nouvelles offres d’actions au public. Les investisseurs ont été autorisés à payer leurs actions en plusieurs versements. Le cours des actions est passé de 128 £ en janvier à environ 1 000 £ en juin, mais la fortune a tourné peu de temps après lorsqu’une frénésie de vente a vu les actions de la South Sea Company chuter. En décembre, les prix avaient chuté à 124 £, laissant des milliers d’investisseurs débordés dans la ruine financière. Les enquêtes gouvernementales ont par la suite révélé les pots-de-vin et la corruption impliqués dans la crise, et plusieurs politiciens et hauts responsables de la South Sea Company ont été arrêtés.

(3). La bulle du MississippiImageEn 1716, la France était en proie à des dettes publiques écrasantes et à des pénuries de devises. Pour résoudre la crise, le régent français s’est tourné vers John Law, un joueur écossais et magicien de la finance qui a proposé d’utiliser le papier-monnaie pour relancer l’économie. Avec la bénédiction du régent, Law a créé une banque et a commencé à émettre des billets en papier censés être remboursables dans une monnaie forte comme l’or et l’argent. Un an plus tard, il créa la Mississippi Company, une entreprise commerciale qui reçut le monopole du territoire français de la Louisiane et de ses prétendus gisements d’or. Law a commencé à vendre des actions de la société en échange d’obligations garanties par le gouvernement et de billets en papier, et l’intérêt du public a rapidement atteint son paroxysme. En moins d’un an, le prix est passé de 500 livres à 18 000 livres.The Most Beautiful Places To See Spring In Europe in 2022 - CHARLIES WANDERINGSLe plan de Law a initialement stimulé l’économie et enrichi de nombreuses personnes, mais sa société du Mississippi n’a jamais réussi à trouver des richesses dans les Amériques. Sa banque a également surimprimé du papier-monnaie pour répondre à la demande du public d’acheter des actions, ce qui a fait grimper l’inflation. L’ensemble du système s’est effondré en 1720 après que des investisseurs suspects sont allés racheter leurs billets en papier et ont découvert qu’il n’y avait qu’assez d’or en France pour couvrir une fraction de leurs créances. Des ruées bancaires ont suivi et la valeur des actions de la Mississippi Company a chuté. De nombreux nouveaux millionnaires ont été paupérisés du jour au lendemain. Law, quant à lui, a été contraint de fuir le pays déguisé par crainte pour sa vie.

(4). Le boom foncier en FlorideImageLa réputation de la Floride en tant que hotspot tropical s’est développée pour la première fois après la Première Guerre mondiale, lorsque la prospérité accrue a vu de nombreux Américains se diriger vers le Sunshine State à la recherche de propriétés bon marché et d’une vie facile. Les gens ont commencé à acheter et à vendre des terres avec un abandon téméraire et, au milieu des années 1920, les prix doublaient souvent tous les quelques mois. Dans certains cas, les spéculateurs n’avaient même pas l’argent pour payer leurs achats. Ils ont simplement déboursé les acomptes, puis les ont revendus avec un profit avant que le solde ne soit dû. Au fur et à mesure que l’aubaine se poursuivait, le marché immobilier de la Floride s’est encombré de colporteurs. Charles Ponzi – déjà connu pour avoir escroqué des investisseurs dans un système pyramidal de 1920 – a amené des acheteurs de l’extérieur de l’État à acheter des parcelles de terrain censées être situées à Jacksonville. Les propriétés se trouvaient en fait dans un marais à environ 65 miles de là.Why Does The Netherlands Grow Tulips? - AboutTheNetherlandsPendant un certain temps, il semblait qu’il n’y avait pas de plafond au boom foncier en Floride, mais au début de 1926, l’approvisionnement en matériaux de construction et en acheteurs potentiels s’est tari. Les investisseurs ont été contraints de se débarrasser de leurs avoirs avec des pertes astronomiques. Un autre coup est venu cet automne lorsqu’un ouragan a ravagé l’État et détruit des dizaines de propriétés. En 1928, les compensations bancaires de la Floride avaient plongé de plus d’un milliard de dollars à moins de 150 millions de dollars.

(5). La folie des chemins de fer ImageDans les années 1840, l’introduction des chemins de fer modernes a déclenché l’équivalent du XIXe siècle d’un boom technologique en Grande-Bretagne. Des centaines de nouvelles lignes de chemin de fer ont été proposées en quelques années seulement, chacune plus ambitieuse et opulente que celle qui l’a précédée. Les prix du marché ont explosé et le Parlement britannique a approuvé des plans pour plus de 9 000 miles de voies ferrées potentielles. Selon le chercheur Andrew Odlyzko, le montant d’argent impliqué dans la construction de chemins de fer était à un moment donné plus du double de ce que le gouvernement britannique dépensait pour son armée.Bright bulbs: Wow is the word for tulips in The Netherlands' spring showcase | Home/Garden | theadvocate.comMalgré la frénésie de la spéculation, l’industrie ferroviaire s’est avéré plus inconstante que de nombreux investisseurs avaient été amenés à le croire. Après avoir culminé en 1845, les actions des chemins de fer ont subi une déchirante chute de plusieurs années. De nombreux investissements valaient moins de 50% de leur valeur initiale en 1850. Des milliers de Britanniques ont ressenti la pression, y compris la célèbre romancière Charlotte Brontë, qui a vu la valeur de ses actions chuter de 120 £ à son apogée à un maigre 20 £. « Les affaires vont certainement très mal », a-t-elle noté. « Beaucoup, très beaucoup, sont par l’étrange système ferroviaire défunt presque privés de leur pain quotidien. »

(6). Le crash de Wall Street en 1929

Pendant les années folles, la bourse américaine a explosé comme jamais auparavant. Des légions d’Américains ordinaires ont contracté des emprunts et investi dans l’espoir de s’enrichir, et le marché les a récompensés en quadruplant entre 1920 et 1929. Les gens achetaient en toute confiance des actions sur « marge » – c’est-à-dire en empruntant de l’argent à des courtiers – et les banques ont commencé à spéculer avec l’argent de leurs clients sans autorisation. À la fin de 1929, les cours boursiers avaient atteint des sommets apparemment irrationnels. D’autres secteurs de l’économie étaient à la traîne par rapport au marché, et il y avait des rumeurs d’une chute imminente, mais bon nombre des économistes les plus respectés du pays ont promis que le « marché haussier » était là pour rester.Tulpen mengsel 'Big Ups' (Tulipa) - FluwelL’optimisme s’est finalement évaporé le 24 octobre 1929, mieux connu sous le nom de « jeudi noir ». Les actions ont chuté ce jour-là et les investisseurs paniqués ont effectué quelque 13 millions de transactions, si nombreuses que les téléscripteurs de Wall Street n’ont pas pu suivre toute l’action. La chute s’est poursuivie le «mardi noir», lorsque le marché a encore plongé. Des milliards de dollars ont été aspirés de l’économie, déclenchant un pandémonium financier qui verrait la faillite de quelque 4 000 banques en 1933. Le chaos a contribué à provoquer la Grande Dépression, qui s’attardera sur les États-Unis pendant environ une décennie.

L’éclatement de la bulle des tulipes

Le 3 février 1637, à Haarlem, aux Pays-Bas, les prix contractuels des bulbes de tulipes se sont effondrés brusquement et le commerce des tulipes s’est arrêté. Cela devrait mettre un terme à la « Tulip Mania », l’une des premières bulles économiques à éclater. Vous voyez, la crise financière n’est pas une invention des temps modernes. Déjà au 17ème siècle , au début du baroque , les gens devenaient fous d’un bien qui manquait d’approvisionnement, et les prix montaient et montaient encore. Mais qui a vraiment besoin de tulipes ? Voyons comment tout cela a commencé.

Tulipes en Europe Chart: Follies With Tulips & Bitcoins | StatistaL’introduction de la tulipe en Europe est généralement attribuée à Ogier de Busbecq, l’ambassadeur de Ferdinand Ier, empereur romain germanique auprès du sultan de Turquie, qui a envoyé les premiers bulbes et graines de tulipe à Vienne en 1554 depuis l’Empire ottoman. Les bulbes de tulipes furent bientôt distribués de Vienne à Augsbourg, Anvers et Amsterdam. On pense généralement que sa popularité et sa culture dans les Provinces-Unies (Pays-Bas) ont commencé sérieusement vers 1593 après que le botaniste flamand Carolus Clusius a établi l’hortus academicus, le plus ancien jardin botanique des Pays-Bas à l’Université de Leiden. Il a planté sa collection de bulbes de tulipes et a constaté qu’ils étaient capables de tolérer les conditions plus difficiles des Pays-Bas, et la popularité des tulipes a commencé à croître.

Pourquoi les tulipes ?

La tulipe était différente de toutes les autres fleurs connues en Europe à cette époque, avec une couleur de pétale intense et saturée qu’aucune autre plante ne possédait. C’était aussi l’époque de l’essor des fortunes commerciales de la Hollande nouvellement indépendante, qui n’étaient plus les Pays-Bas espagnols. Les ressources économiques de la Hollande pouvaient désormais être canalisées vers le commerce et le pays entrait dans son âge d’or. Les marchands d’Amsterdam étaient au centre du commerce lucratif des Indes orientales. Cette nouvelle classe grandissante de riches marchands a affiché son succès, principalement en créant de grands domaines entourés de jardins fleuris, et la plante qui avait la place d’honneur était la sensationnelle tulipe. En conséquence, les tulipes sont rapidement devenues un produit de luxe convoité, et une profusion de variétés a suivi. Les effets multicolores des lignes complexes et des stries ressemblant à des flammes sur les pétales de tulipes étaient vifs et spectaculaires et rendaient les bulbes qui produisaient ces plantes encore plus exotiques très recherchées. On sait maintenant que cet effet est dû au fait que les bulbes sont infectés par un type de virus de la mosaïque spécifique à la tulipe, connu sous le nom de « virus de la rupture de la tulipe ». », ainsi appelé parce qu’il « casse » la couleur d’un pétale en deux ou plus.

Le marché aux tulipes

De plus, la demande de tulipes était supérieure à l’offre, simplement parce que la tulipe est cultivée à partir d’un bulbe qui ne peut pas être produit rapidement. Il faut 7 à 12 ans pour faire pousser un bulbe à fleurs à partir de graines. Les bulbes peuvent produire à la fois des graines et deux ou trois clones de bourgeons par an, mais le « bulbe mère » ne dure que quelques années. Correctement cultivées, les « offsets filles » deviendront des bulbes à fleurs au bout d’un à trois ans. Les tulipes fleurissent en avril et en mai pendant environ une semaine seulement. Pendant la phase de dormance de la plante de juin à septembre, les bulbes peuvent être déracinés et déplacés, de sorte que des achats réels (sur le marché au comptant) ont eu lieu au cours de ces mois. Le reste de l’année, les fleuristes, ou marchands de tulipes, signaient devant notaire des contrats d’achat de tulipes en fin de saison.Image Ainsi les Hollandais, qui ont développé de nombreuses techniques de la finance moderne, a créé un marché pour les bulbes de tulipes, qui étaient des biens durables. Au fur et à mesure que les fleurs gagnaient en popularité, les producteurs professionnels payaient des prix de plus en plus élevés pour les bulbes infectés par le virus, et les prix augmentaient régulièrement. En 1636, les tulipes étaient devenues le quatrième produit d’exportation des Pays-Bas, après le gin, le hareng et le fromage. Le prix contractuel des bulbes rares a continué d’augmenter tout au long de 1636, mais en novembre, le prix des bulbes communs « ininterrompus » a également commencé à augmenter, de sorte que bientôt n’importe quel bulbe de tulipe pourrait rapporter des centaines de florins. Cette année-là, les Néerlandais ont créé un type de marchés à terme formels où des contrats d’achat de bulbes à la fin de la saison étaient achetés et vendus. Le prix des tulipes a grimpé en flèche à cause de la spéculation sur l’avenir des tulipes parmi les personnes qui n’ont jamais vu les bulbes.

L’effondrement de la BulleImageLa manie des tulipes a atteint son apogée au cours de l’hiver 1636-1637, lorsque certains bulbes auraient changé de mains dix fois par jour. Aucune livraison n’a jamais été effectuée pour exécuter l’un de ces contrats, car en février 1637, les prix contractuels des bulbes de tulipes se sont effondrés brusquement et le commerce des tulipes s’est arrêté. L’effondrement a commencé à Haarlem, le 3 février, lorsque, pour la première fois, des acheteurs ont apparemment refusé de se présenter à une vente aux enchères de bulbes de routine. Cela peut être dû au fait que Haarlem était alors au plus fort d’une épidémie de peste bubonique. Alors que l’existence de la peste a peut-être contribué à créer une culture de prise de risque fataliste qui a permis à la spéculation de monter en flèche en premier lieu, cette épidémie a peut-être également contribué à faire éclater la bulle.

Les commerçants de tulipes ne trouvaient plus de nouveaux acheteurs prêts à payer des prix de plus en plus gonflés pour leurs bulbes. Certains se sont retrouvés en possession de contrats d’achat de tulipes à des prix désormais dix fois supérieurs à ceux du marché libre, tandis que d’autres se sont retrouvés en possession de bulbes qui valaient désormais une fraction du prix qu’ils avaient payé. Ainsi, la manie des tulipes a finalement pris fin, avec des individus coincés avec les bulbes qu’ils tenaient à la fin du crash. Aucun tribunal n’imposerait le paiement d’un contrat, puisque les juges considéraient les dettes comme contractées par le jeu, et donc non exécutoires par la loi.  La fascination des tulipes et la manie des tulipes ont également fait l’objet d’un roman d’Alexandre Dumas, père, publié en 1850. Là, Dumas raconte l’histoire fascinante d’un amateur de tulipes à l’époque peu après la manie des tulipes et sa quête pour élever la légendaire tulipe noire

https://www.history.com/news/tulip-mania-financial-crash-holland

https://www.history.com/news/6-disastrous-economic-bubbles

http://scihi.org/the-burst-of-the-tulip-bubble/

https://www.herodote.net/6_fevrier_1637-evenement-16370206.php

https://www.cafedelabourse.com/dossiers/article/bulles-financieres-la-crise-de-la-tulipe

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