Qu’était la Terreur pendant la Révolution française ?Le règne de la terreur a été une période violente de la Révolution française, commençant à un moment donné en 1793 et se poursuivant jusqu’à la chute de Robespierre au milieu de 1794. Les histoires et les images du règne de la terreur ont fini par dominer nos perceptions de la Révolution française.Définir la terreur
Selon le folklore, la Terreur fut une période brève mais meurtrière où Maximilien Robespierre, le Comité de salut public et les Tribunaux révolutionnaires condamnèrent des milliers de personnes à mourir sous le couteau tombant de la guillotine. Les réalités de la Terreur étaient plus complexes. Le règne de la terreur n’a pas été dirigé par un homme, un corps ou une politique. C’était un enfant avec de nombreux parents, déclenché et poussé par différentes forces et facteurs. Quelles qu’en soient les causes, la Terreur fut certainement la période la plus violente de la Révolution française. Entre les deux étés 1793 et 1794, plus de 50 000 personnes ont été tuées pour activités contre-révolutionnaires présumées ou soi-disant «crimes contre la liberté». Un tiers de ce nombre est mort sous la lame tombante de la guillotine. Si l’on inclut les représailles brutales de la Convention contre les civils en Vendée et dans d’autres provinces rebelles, le nombre de victimes de la Terreur pourrait être plus proche de 250 000.
Pourquoi la Terreur ?
Quand et pourquoi le règne de la terreur a commencé sont des questions de débat historique. Pour certains historiens, la Terreur a commencé avec l’exécution de Louis XVI en janvier 1793. D’autres la datent de la formation du Tribunal révolutionnaire (mars 1793), de l’expulsion des députés girondins de la Convention nationale (juin 1793) ou de l’assassinat de Jean-Paul Marat (juillet 1793). Si le règne de la Terreur eut un seul début législatif, ce fut le 5 septembre 1793, jour où les députés montagnards à la Convention nationale exprimèrent un besoin perçu de terreur contre-révolutionnaire. S’adressant à la Convention, le jacobin radical et membre du Comité de salut public Bertrand Barère a résumé ce qu’il fallait :« La terreur est à l’ordre du jour. C’est ainsi qu’on se débarrasse instantanément des royalistes et des modérés et de la racaille agitée et contre-révolutionnaire. Les royalistes veulent du sang, eh bien, ils auront le sang des conspirateurs, comme Brissot et Marie-Antoinette. Ce sera une opération pour des tribunaux révolutionnaires spéciaux.Peur et paranoïa
Ces craintes étaient motivées par la guerre de la France avec l’Europe, les rumeurs d’une invasion étrangère et la trahison des émigrés, des espions et des contre-révolutionnaires. Cette hystérie paranoïaque sévissait particulièrement chez les radicaux parisiens : les Jacobins et les Cordeliers, les hommes des sections et les sans-culottes. Certains d’entre eux ont attribué les souffrances économiques des classes ouvrières à des subterfuges et à des conspirations contre-révolutionnaires. Ensemble, ils pressèrent la Convention de durcir le ton contre les « ennemis de la révolution ».De cette source de panique et de suspicion est née une année de terreur sanctionnée par l’État. Toute personne accusée ou même soupçonnée d’activités contre-révolutionnaires pourrait être visée. Des milliers de citoyens français ont été dénoncés, jugés à la va-vite, dépourvus d’équité et de procédure régulière, puis envoyés soit en prison, soit au « rasoir national » (la guillotine).Protéger la révolution
Ceux qui ont initié la Terreur y voyaient une médecine amère mais nécessaire, une purge des éléments réactionnaires pour que la révolution puisse survivre et garder le cap. Peu de politique nouvelle était nécessaire pour initier une politique de terreur. Les discours à la Convention donnent le ton, tandis que les radicaux du Comité de salut public (CPS) donnent leur approbation. La loi sur les suspects, votée en septembre 1793, constitua la base législative de la Terreur en précisant qui pouvait être ciblé. La loi sur les suspects prévoyait la détention immédiate de toute personne appartenant à l’une des six catégories. Tout, qu’il s’agisse de thésauriser du grain, d’héberger des suspects, d’échapper à la levée en masse (conscription), de posséder des documents subversifs, voire de critiquer le gouvernement, pourrait entraîner une accusation. Les arrestations et les procès ont été menés par les tribunaux révolutionnaires, qui ont été élargis et dotés de nouvelles autorités juridiques.Victimes éminentes
Le règne de la terreur a amené de nombreuses vies, à la fois importantes et autres, à une fin violente et peu glorieuse. Contrairement aux idées reçues, seule une petite proportion de ses victimes est morte sous le couteau de la guillotine.Parmi les victimes les plus notables de la Terreur figuraient l’ancienne reine Marie-Antoinette; l’orateur girondin Jacques Brissot; l’ancien chef jacobin Antoine Barnave; Jean-Sylvain Bailly, premier maire de Paris; d’éminentes femmes révolutionnaires Madame Roland et Olympe de Gouges; l’ancienne maîtresse de Louis XV, Madame du Barry; Charlotte Corday, l’assassin de Jean-Paul Marat; Philippe Égalité , ancien duc d’Orléans; l’avocat de la défense du roi défunt Guillaume Malesherbes; Antoine Lavoisier, l’un des scientifiques les plus célèbres de France; le chef radical sans-culotte Jacques Hébert; l’éminente journaliste Camille Desmoulins; et le leader politique populiste Georges Danton .La plupart des victimes de la Terreur restent cependant sans visage et inconnues de l’histoire. Certains étaient des ecclésiastiques, des nobles, des conspirateurs et des défenseurs de l’ancien régime – mais la grande majorité étaient des membres du Tiers État.L’élan de la Terreur
Une fois lancé, le règne de la terreur a développé son propre élan et est devenu presque impossible à arrêter. La terreur est devenue la révolution, donc s’opposer ou critiquer la terreur était en soi un acte contre-révolutionnaire. Parler négativement de la Terreur, c’était se porter volontaire comme suspect. Le règne de la terreur ne pouvait que s’intensifier ou s’effondrer – et il s’est donc intensifié. L’homme le plus responsable de cela n’était pas Robespierre mais un de ses alliés, Georges Couthon. Avocat de Clermont qui s’est autrefois consacré à représenter les pauvres, Couthon a été élu à l’Assemblée législative et à la Convention nationale, où il a d’abord siégé avec la Plaine avant de graviter vers les Montagnards. Il a également servi brièvement comme chef militaire, supervisant la répression des groupes contre-révolutionnaires à Lyon avant d’être frappé d’une forme inconnue de paralysie. Couthon parlait doucement, réservé jusqu’à la timidité et se levait rarement de son fauteuil roulant – mais ces qualités cachaient un cœur révolutionnaire qui n’était pas moins impitoyable que celui de Robespierre. Couthon était un homme qui ferait n’importe quoi pour protéger la révolution, quel qu’en soit le prix.La « Grande Terreur »
Frustré par le rythme insuffisant de la justice et les prisons débordantes de Paris, Couthon agit. Début juin, il a présenté la loi du 22 prairial, surnommée plus tard la «loi de la grande terreur», sur le parquet de la Convention nationale. Elle est votée le 10 juin 1794 avec l’appui de Robespierre et du CPS. La loi prairiale a supprimé le contrôle de la Convention nationale sur les tribunaux révolutionnaires, élargissant le pouvoir des tribunaux et leur permettant d’agir rapidement, de manière autonome et sans examen ni appel. Les citoyens ordinaires pourraient dénoncer les suspects directement aux Tribunaux, plutôt que de les dénoncer à la police, au CPS ou aux autres comités de la Convention.
La loi du 22 prairial a modifié les procédures des Tribunaux de sorte que les accusés se sont retrouvés quasiment sans défense. L’interrogatoire ou la déposition préalable des suspects était jugé « superflu », permettant aux accusés d’être renvoyés directement en jugement. Le contre-interrogatoire des témoins a été interdit et seul le ministère public a été autorisé à produire des preuves. Dans certains cas, les jurys pouvaient suspendre un procès et rendre un verdict, avant même que toutes les preuves aient été entendues.De manière significative, la loi du 22 prairial exigeait également des tribunaux révolutionnaires qu’ils acquittent les suspects ou les condamnent à mort. Les amendes, l’emprisonnement, la libération conditionnelle, la libération conditionnelle et la commutation n’étaient plus disponibles comme options de condamnation. Les accusés sont soit sortis libres, soit emmenés à la guillotine. Inutile de dire que cette loi provoqua une nette augmentation du nombre d’exécutions. La législation prairiale est intervenue à un moment où l’armée révolutionnaire française commençait à s’affirmer sur le champ de bataille et où la menace étrangère se dissipait au lieu d’augmenter. Mais mai 1794 est également marqué par plusieurs conspirations et tentatives d’assassinat, notamment contre Robespierre. Le 20 mai, un ancien employé de la loterie nommé Henri Ladmirat entreprit d’assassiner Robespierre mais, incapable de le retrouver, tira des coups de pistolet sur un autre homme politique, Collot d’Herbois. Selon un contemporain, Robespierre est devenu obsédé par les complots d’assassinat et avait « peur que sa propre ombre ne l’assassine ».Des rues ensanglantées
Quelles qu’en soient les causes, les changements du 22 prairial accélérèrent les rouages de la Terreur. La période entre le 10 juin et la chute de Robespierre le 27 juillet est connue sous le nom de Grande Terreur. Au cours de ces sept semaines, près de 1 400 personnes ont été exécutées à Paris, soit environ 200 de plus qu’au cours des 12 mois précédents. Les exécutions étaient auparavant en moyenne d’environ trois par jour ; après le 22 prairial, celle-ci décuple. Les suspects ont été jugés, condamnés et exécutés en groupes, souvent des dizaines à la fois. Les guillotinages sont si fréquents que les dalles de la place de la Révolution se bouchent de sang et que toute la place commence à sentir le rance. Le gouvernement a répondu en déplaçant la plupart des exécutions sur le site de l’ancienne Bastille, mais les sans-culottes se sont plaints que cela perturbait les affaires, de sorte que la guillotine a été déplacée encore plus à l’est. Les foules aux exécutions ont commencé à diminuer, bien qu’il ne soit pas clair si les Parisiens étaient devenus opposés à la Terreur ou simplement indifférents aux guillotinages.Les points clés
(1). Le règne de la terreur a été la phase la plus violente de la Révolution française, une période d’un an entre les étés 1793 et 1794. Pendant cette période, environ 50 000 citoyens français ont été exécutés.
(2). Les historiens sont divisés sur le début et les causes de la Terreur, cependant, la guerre révolutionnaire, les craintes d’une invasion étrangère, les rumeurs sur l’activité contre-révolutionnaire, les complots d’assassinat et les fanatiques au sein du gouvernement ont tous été des facteurs contributifs.
(3). Le règne de la terreur a été officiellement lancé en septembre 1793, lorsque les Montagnards radicaux se sont soulevés et ont affirmé qu’une période de terreur et de répression était nécessaire pour protéger la révolution.
(4). Pendant la Terreur, la justice est rendue par les Tribunaux révolutionnaires, qui sont élargis et dotés de nouveaux pouvoirs. Ce fut notamment le cas après la loi du 22 prairial, rédigée par Georges Couthon.
(5). La période de sept semaines entre le 10 juin et la chute de Robespierre le 27 juillet est connue sous le nom de Grande Terreur. Au cours de cette période, les tribunaux révolutionnaires ont abandonné nombre de leurs procédures et le rythme quotidien des exécutions a décuplé.
Qu’était la Terreur pendant la Révolution française ?
La Terreur désigne une période de la Révolution française (1793-1794) qui a vu se radicaliser par la violence les mouvements républicains en France.
L’exécution de Robespierre et de ses partisans met fin à la Terreur le 28 juillet 1794. La Terreur aura causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Une guerre contre les ennemis de la République
Le 10 août 1792, la monarchie de Louis XVI est renversée, et est alors créée une nouvelle assemblée, la Convention. Trois grands partis politiques y siègent : les Girondins, le Marais et les Montagnards. Ces derniers sont les plus attachés aux volontés du peuple, et prêts à radicaliser leur mouvement. La situation de la France, attaquée par les monarchies européennes coalisées, donne l’occasion aux montagnards, sous l’impulsion de Robespierre, de partir en guerre contre les ennemis de la Révolution, qu’ils soient aux frontières ou à l’intérieur du pays (guerre de Vendée, insurrections royalistes).
La Grande Terreur et la Révolution française
Au cours de la Révolution, c’est paradoxalement en défendant le principe de liberté du peuple que Robespierre va imposer une véritable dictature politique. Un tribunal révolutionnaire est mis en place en mars 1793 comme organe central de la répression. La Terreur est officiellement déclarée par la Convention le 5 septembre 1793. Les Girondins, accusés d’être trop mesurés, sont guillotinés en place publique, comme bientôt tous les adversaires déclarés ou soupçonnés de la République. C’est un véritable bain de sang dans toute la France, qui prit fin en juillet 1794 avec la chute de Robespierre et de son clan.