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31 Août 1946 – L’unité Yougoslave par la Confédération

SFR Yugoslavia - Major Powers of the 21st Century by AonfyrLoegaire on DeviantArtLa Yougoslavie fédérale, un État disparu, un pays impossibleFichier:Flag of Yugoslavia (1946-1992).svg — WikipédiaOn distingue trois Yougoslavies. La première, qui prit le nom de Royaume de Yougoslavie en 1929 dans l’entre-deux-guerres, fut dominée par la monarchie serbe. La seconde, la République fédérale socialiste de Yougoslavie, sur laquelle régna Tito jusqu’à sa mort en 1980, prit fin en 1991 avec la sécession de la Slovénie et de la Croatie, suivies des déclarations d’indépendance de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Yugoslav partisan leaders Josip Broz Tito and Mosa Pijade | Holocaust EncyclopediaLa Serbie et le Monténégro proclamèrent alors la troisième Yougoslavie : la République fédérale de Yougoslavie (RFY), qui correspond essentiellement au règne de Slobodan Milosevic (1992-2000). Le 14 février 2003, la RFY porta le nom officiel de Communauté d’États de Serbie-et-Monténégro (2003–2006). Mais, après cette période probatoire, le 21 mai 2006, un référendum sur l’indépendance du Monténégro fut organisé dans cette république, où le camp indépendantiste l’a emporté, ce qui eut comme conséquence de rendre indépendants les États du Monténégro et de la Serbie.Hari Ini Dalam Sejarah, 7 April 1963, Josip Broz 'Tito' Diangkat Presiden Seumur Hidup Yugoslavia - Tribunnewswiki.com MobileLa république populaire fédérative de Yougoslavie 

Sous la pression des Alliés qui voulaient un gouvernement d’union nationale avec une continuité juridique entre l’ancien État et la nouvelle Yougoslavie, un accord avait été conclu entre le secrétaire du Parti communiste yougoslave (K.P.J.), Josip Broz dit « Tito », et le président du gouvernement exilé, Ivan Subasic : l’accord Tito- Subasic du 16 juin 1944. Cependant, l’application de cette entente allait être par la suite compromise. Formant la nouvelle Assemblée nationale, le Conseil antifasciste de libération nationale yougoslave (A.V.N.O.J.) ne fut pas complété par des membres du dernier parlement yougoslave d’avant-guerre. Des leaders de certains partis politiques non compromis durant le conflit furent intégrés au Front populaire, sans pour autant disposer de pouvoir effectif.Tito and Churchill in Naples, August 1944. Sl. 1: Tito in Churchill v... | Download Scientific Diagram Le Front populaire devint assez rapidement la succursale administrative du Parti communiste, Ivan Subasic et Milan Grol (chef du Parti démocrate) démissionnèrent. L’opposition boycotta les élections législatives du 11 novembre 1945, complètement organisées et contrôlées par le K.P.J. La seule liste, celle du Front populaire, obtint 90,48 p. 100 pour et 9,52 p. 100 contre. Le 29 novembre 1945, la monarchie était officiellement abolie et la dynastie royale des Karadjordjević dépossédée de ses biens. L’Assemblée constituante proclamait à l’unanimité la république populaire fédérative de Yougoslavie (F.N.R.J.), avec Belgrade pour capitale. Calquée sur la Constitution soviétique de 1936, la nouvelle Constitution fut promulguée le 31 janvier 1946, Tito déclaré maréchal et chef de l’État. La Constitution proclamait l’égalité en droit de tous les peuples sans distinction de nationalité, race ou religion (art. 21).ImageLa République fédérale de Yougoslavie (1946-1992)

Au moment de sa création en novembre 1945 par le chef communiste croate Josip Broz dit Tito, la République fédérale socialiste de Yougoslavie était une fédération formée de six républiques et de deux régions autonomes. La composition ethnique de ce pays, alors de 23 millions d’habitants, était relativement complexe, car on y comptait plus d’une vingtaine de communautés linguistiques. Dans l’ancienne Yougoslavie, on ne trouvait jamais le mot minorité dans les textes juridiques, mais plutôt les termes nation et nationalité. Au nombre de six, les nations correspondaient aux ethnies d’origine slave : les Serbes, les Croates, les Macédoniens, les Slovènes, les Monténégrins et ceux qu’on appelait les «Musulmans», ces Slaves de religion musulmane parlant un croate fortement turquisé. À eux seuls, les Serbes et les Croates formaient 66 % de la population. Le serbo-croate de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine s’écrivaient en alphabet latin, celui de la Serbie et du Monténégro, en cyrillique.On what basis did Yugoslavia draw the borders of the republics and autonomous provinces? - Quora Une fédération de six républiques

D’après la Constitution de l’époque (1946), chacune des nations — slaves — disposait, du moins en principe, d’une république :

– la Serbie pour les Serbes, et deux régions autonomes (la Voïvodine pour les Hongrois et le Kosovo pour les Albanais);

– la Croatie pour les Croates ;

– la Macédoine pour les Macédoniens ;

– la Slovénie pour les Slovènes ;

– le Monténégro pour les Monténégrins ;

– la Bosnie-Herzégovine pour les Musulmans bosniaques.On what basis did Yugoslavia draw the borders of the republics and autonomous provinces? - QuoraAujourd’hui, toutes ces républiques sont devenues des États indépendants : la Serbie, la Croatie, la Macédoine, la Slovénie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. Quant au Kosovo, il ne fait plus partie de la Serbie, étant devenu un État indépendant de facto en 2008.

Les nationalités 

Quant aux nationalités, elles correspondaient aux communautés qui ne disposaient pas d’une république assignée : les Albanais du Kosovo, les Hongrois de Voïvodine, les Bulgares, les Tchèques, les Roumains, les Italiens, les Allemands, les Ruthènes, les Turcs, les Ukrainiens, les Valaques, les Roms/Tsiganes, etc. Historiquement, les Bulgares, les Tchèques, les Ruthènes et les Ukrainiens étaient tout de même des peuples slaves, mais ils ne disposaient pas d’une république ! La Yougoslavie titiste était un pays très multilingue et les républiques «ethniques» reconnues formellement ne correspondaient pas toujours à la réalité. Sauf en Slovénie et un peu au Kosovo, les populations dans chacune des républiques yougoslaves demeuraient très diversifiées à peu près partout, notamment en Bosnie-Herzégovine et en Voïvodine, mais aussi en Croatie et en Serbie, au point où de nombreux citoyens ont préféré se déclarer «yougoslaves» lors des recensements fédéraux.  2 La question linguistique Du fait que la Yougoslavie titiste était une fédération, il faut distinguer la situation concernant le régime linguistique fédéral et celui des républiques.When Tito Turned to the WestLa Constitution et les langues 

Sous le régime de Tito, la Yougoslavie connut trois constitutions, en 1946, en 1963 et en 1974.

– La Constitution de 1946 

La Constitution (1946) de la République populaire fédérale de Yougoslavie ne mentionnait aucune langue officielle. L’article 13 déclare que «les minorités nationales de la République populaire fédérale de Yougoslavie jouissent du droit et de la protection de leur développement culturel et du libre usage de leur langue». L’article 65 énonce que «les lois et autres règlements généraux de la République populaire fédérale de Yougoslavie sont publiés dans les langues des républiques populaires». Bref, il n’existait pas de langue officielle pour la fédération.Josip Broz 'Tito': Too Tough for Stalin - YouTube– La Constitution de 1963 

Sous la République fédérative socialiste de Yougoslavie, la Constitution de 1963 était plus explicite en matière de langue avec cinq articles. Cependant, seuls deux articles mentionnent nommément les langues :

Article 42

1) Les langues des peuples de Yougoslavie et leurs écritures sont égales.  2) Les membres du peuple yougoslave ont, conformément à la loi de la République, le droit de recevoir leur instruction dans leur propre langue sur le territoire d’une autre république.  3) Exceptionnellement, dans l’armée populaire yougoslave, le commandement, la formation militaire et l’administration sont donnés en serbo-croate.Article 131

1) Les lois fédérales et autres actes généraux des organismes fédéraux sont publiés au Journal officiel de la fédération comme des textes authentiques dans les langues des peuples de Yougoslavie, c’est-à-dire en serbo-croate ou en croato-serbe, en slovène et en macédonien. 2) Les organismes de la fédération dans leurs communications officielles adhèrent aux principes de l’égalité de la langue des peuples yougoslaves.  Aucune description de photo disponible.Il faut retenir à l’article 42 que le serbo-croate devait servir de façon exceptionnelle comme langue de commandement dans l’armée yougoslave, mais ce n’était pas la langue officielle de la fédération. De fait, l’article 131 énonce que les lois fédérales devaient être publiées «dans les langues des peuples de Yougoslavie», c’est-à-dire en serbo-croate ou en croato-serbe, en slovène et en macédonien. Bref, il y a trois langues plus égales que les autres parmi «les langues des peuples de Yougoslavie» : le serbo-croate, le slovène et le macédonien. Les autres langues étaient considérées comme les «langues des nationalités»

 – La Constitution de 1974 

La Constitution yougoslave de 1974 compte sept articles portant sur «les  langues des peuples de la Yougoslavie», mais c’est l’article 243 qui diffère le plus par rapport à la Constitution de 1963:

Article 243

1) Conformément à la Constitution de la RFSY, l’égalité des langues et des alphabets des peuples et des nationalités de la Yougoslavie est assurée dans les forces armées de la République fédérative socialiste de Yougoslavie.

2) Conformément à la loi fédérale, l’une des langues des peuples de la Yougoslavie peut être utilisée dans le commandement et l’entraînement militaire de l’armée populaire yougoslave, et en partie dans les langues des peuples et des nationalités.

Aucune langue n’est mentionnée dans cette constitution, alors que pour l’armée il est déclaré que «l’une des langues des peuples de la Yougoslavie peut être utilisée dans le commandement et l’entraînement militaire».  Dans les faits, l’État fédéral devait employer le serbo-croate pour les Serbes (en cyrillique) et le croato-serbe pour les Croates (en alphabet latin), ainsi que, selon le cas, le slovène et le macédonien, pour communiquer avec les peuples de la Yougoslavie. Toutefois, la pratique a révélé que l’État fédéral communiquait parfois en albanais et en hongrois dans les zones où étaient concentrées ces nationalités. Les faits ont aussi démontré que l’État fédéral ne respectait pas toujours les prescriptions constitutionnelles.

Les républiques et les langues 

Les républiques et les régions autonomes, la Voïvodine et le Kosovo, avaient leur propre constitution et légiféraient en matière de langue ; elles pouvaient reconnaître des langues sans statut au niveau fédéral. Il s’agissait donc de législations autonomes de celles du gouvernement fédéral, mais les unes et les autres demeuraient généralement compatibles et relativement harmonisées.

À part la région autonome de la Voïvodine, tous les autres États ne comptaient qu’une langue officielle sur l’ensemble du territoire, ce qui n’empêchait pas certaines langues des «nationalités» d’obtenir localement un statut de Co-officialité, notamment dans les collectivités autonomes. Ce statut n’impliquait ni l’État fédéral ni une république, mais une ville ou une municipalité.

Yougoslavie, le pays disparu

Les frontières d’un pays ne sont pas que physiques, elles sont aussi mentales. Que reste-t-il d’un État après qu’il a disparu ? Mosaïque de peuples née du règlement de la Première Guerre mondiale, intégrée au bloc communiste à partir de 1945 malgré les tentations sécessionnistes de Tito, la république socialiste fédérale de Yougoslavie ne résiste pas à l’effondrement du bloc de l’Est. Au terme d’élections libres qui, partout sauf en Serbie et au Monténégro, ont donné la victoire aux partis nationalistes, quatre républiques proclament leur indépendance en 1991-1992. Si Belgrade renonce vite à imposer sa loi en Slovénie et en Macédoine, ce n’est pas le cas en Croatie et en Bosnie-Herzégovine où vivent d’importantes minorités serbes. Sous les yeux d’une communauté internationale impuissante s’engage donc une longue guerre, accompagnée d’une véritable épuration ethnique menée par les Serbes de Slobodan Milosevic, qui ne prend fin qu’en novembre 1995, avec les accords de Dayton.

En 1998, les Albanais de la province autonome du Kosovo passent à leur tour à la lutte armée et subissent la répression ordonnée par Milosevic, laquelle cesse après les bombardements de l’O.T.A.N. sur la Serbie au printemps de 1999. Après la chute de Milosevic en octobre 2000, la République fédérale de Yougoslavie devient, le 4 février 2003, l’État de Serbie-et-Monténégro. Celui-ci éclate à son tour en deux États distincts avec la proclamation d’indépendance du Monténégro, le 3 juin 2006. Le Kosovo, qui avait le statut de protectorat international depuis juin 1999, s’autoproclame indépendant le 17 février 2008, malgré les protestations serbes. L’ensemble des États nés de l’ancienne Yougoslavie se tournent vers l’Union européenne, à laquelle ils sont désormais liés à divers niveaux, sans que le problème des minorités ait été pour autant résolu.

http://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/Yougoslavie-titiste.htm

https://www.universalis.fr/encyclopedie/yougoslavie/2-la-republique-populaire-federative-de-yougoslavie/

https://www.universalis.fr/encyclopedie/eclatement-de-la-yougoslavie/

https://www.courrierdesbalkans.fr/La-Yougoslavie-federale-un-Etat-disparu-un-pays-impossible

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