Le Bernini : 6 de ses œuvrées les plus iconiquesA la rencontre de Gian Lorenzo BERNINIBernini fut un artiste majeur, un maître dans l’art de la sculpture qui fut également peintre, architecte et s’est occupé de théâtre. Châteaubriand a dit un jour que «la sculpture donne une âme au marbre». Très franchement cela se justifie lorsque l’on admire les œuvrées du Bernin. Ce dernier voulait rendre le marbre aussi souple et fluide que ne pouvait l’être la cire : il y est parfaitement parvenu, et ce dans les moindres détails. Ces sculptures ont, en effet, non seulement une âme, mais elles sont très expressives, dégagent de l’émotion. Que ce soit dans l’expression des gestes ou du visage, ou bien encore dans le frisé ou bouclé des cheveux, le plissé des tissus, la marque des mains sur la chair, il s’est évertué à une exécution parfaitement détaillée où le réalisme y est incroyablement surprenant.Il a été à son époque un immense sculpteur baroque, très imaginatif, doté d’une grande technique, doué pour le rendu des mouvements. Son talent ne s’est pas limité à la sculpture de groupes ou de bustes, mais s’est étendu à sa peinture, et à l’architecture avec notamment les fontaines de Rome ( La fontaine des quatre fleuves (achevée en 1652) – – La fontaine du Triton – La fontaine du Maure – La fontaine des Abeilles – La fontaine de la Place d’Espagne – La fontaine Barcaccia etc… )qui, aujourd’hui, sont tant admirées des touristes, la réalisation de palais (Palais Montecitorio, Palais de St André du Quirinal ou Palais Barberini entre autres), l’édification et décoration de chapelles (Chapelle Cornaro etc. …), la restructuration des routes et des places de la ville et tant d’autres choses encore, la liste est longue !. Tout son travail demeure un témoignage important de l’époque baroque.Il reste le grand architecte de la basilique St Pierre de Rome un lieu où il a travaillé et a été engagé pour de nombreux ouvrages de décorations internes, mais également en extérieur sur la place St Pierre. Cela avait commencé en 1624 quand il était un tout jeune artiste et trente ans plus tard il y était encore alors que depuis, différents papes s’étaient succédés. Et pourtant il fut aussi critiqué, jalousé, il n’a pas toujours plu à certains amateurs d’art et comme d’autres artistes le furent avant lui, il tombera même en disgrâce. Il faudra attendre quelques siècles plus tard pour que son travail soit véritablement compris, reconnu et admiré.Il a, de par son travail, réuni les différentes caractéristiques du type baroque que ce soit dans la dynamique, le mouvement, l’énergie. Ses œuvrées furent le miroir de sa personnalité : il y a tout ce que son père a pu lui enseigner, mais tout le côté novateur et imaginatif que lui a mis en place et qui vont inspirer les générations à venir.Il a vécu très vieux (82 ans), verra neuf papes se succéder à Rome. Ce que l’on sait de lui en tant qu’homme c’est qu’il était très social, à l’écoute des autres, entretenant d’excellentes relations avec ses commanditaires. Un homme de principes, de foi, de forte spiritualité, allant à la messe chaque jour pour assister à l’office, et, ayant un sens assez profond de la famille. Il a été marié à la fille d’un avocat : Caterina Tezio, laquelle lui a donné 9 enfants : Pietro, Paolo, Angelica, Agnese, Cecilia, Dorotea, Maria, Francesco, Francesco-Domenico.
Bernini est né à Naples en 1598. Son père, Pietro, est un sculpteur (sur marbre) d’origine toscane. Ce dernier détail va compter dans la vie de son fils qui, curieusement, se sentira plus toscan que napolitain et très proche de la tradition issue de la Renaissance florentine. Pietro se rendra très vite compte que son fils partage la même passion que lui et qu’il est doué pour le dessin. C’est donc tout naturellement que débutera sa formation dans l’atelier de son père.En 1606, la famille part pour Rome où règne une grande ferveur artistique qui semblait plus bénéfique à Pietro pour son travail. Gian Lorenzo va bénéficier durant un certain temps de l’enseignement et des conseils de son père. Ce dernier a reçu une demande de travaux de la part du pape Paul V pour des stèles funéraires (la sienne et celle de Clément VII qui l’avait précédé) et bien entendu son fils l’accompagne sur le chantier. Cela lui permettra d’apprendre non seulement comment on conçoit ce type de sculpture (groupe) mais également ce qui se trame tout autour dans l’architecture pour l’accueillir. Il sera inscrit, par la suite, à l’Académie du peintre baroque Annibal Carracci qui va se montrer fortement impressionné par ses dons. Là commence les premières sculptures. Il avait déjà séduit le Pape Paul V avec un portrait qu’il avait fait de lui, mais ses premières œuvrées sculptées retiendront son attention, tant et si bien qu’il le présentera à des personnalités qui comptaient à Rome, des mécènes, dont Scipione Borghese son neveu.Ce dernier lui commande différentes pièces : Enée Anchise et Ascagne en 1619, le Rapt de Proserpine en 1620/23, Apollon et Daphné en 1624/25 et un buste de lui en 1632.
Parmi les autres mécènes se trouvait Maffeo Barberini qui deviendra le pape Urbain VIII après le pontificat de Grégoire XV. Il est sous le charme du travail de Bernini. Il le voit comme un digne successeur de Michel-Ange, capable non seulement d’exceller en tant que sculpteur, mais également comme peintre et architecte. Entre eux va naître un rapport de travail certes, mais affectif également.Le premier travail qu’il lui confiera en 1624 fut l’édification d’un monument pour le maître-autel de la croix. Bernini va voir les choses en grand (monumental même) et en bronze pour réaliser un baldaquin avec des colonnes torsadées, dont la hauteur atteint presque les 30 mètres ! Une œuvre qui sera vivement critiquée, non pas pour elle-même mais pour tout le bronze qui fut utilisé et prélevé des poutres du Panthéon pour la réaliser. Elle sera achevée en 1633.Entre temps, en 1627, on lui commandera le tombeau du pape qu’il terminera quelques années plus tard. Critiqué certes, mais nommé architecte en chef en 1629 par le Pape. Nombreuses furent les œuvrées tant sculptées qu’architecturales qui suivront et avec elles la guerre de rivalité entretenue avec d’autres artistes, notamment celui qui était l’assistant de Carlo Moderno (chef-architecte de Saint Pierre à Rome) à savoir Francesco Borromini. Ils se disputeront, de façon assez mémorable, le poste de Moderno lorsque celui-ci décèdera et c’est Bernini que le pape Urbain VIII affectionnait, qui va l’obtenir. En 1644 le pape Urbain VIII décède. C’est Gianbattista Pamphili qui devient pape sous le nom d’Innocent X. L’entente et la collaboration ne sera pas la même car ce nouveau pape est une personnalité très froide, austère. Il ordonnera même la démolition du campanile de St Pierre réalisé par Bernini ce qui entraînera l’arrivée d’autres artistes avides et souhaitant profiter de cette opportunité pour le faire tomber en disgrâce.
Il réussira malgré tout à obtenir quelques chantiers importants pour des fontaines mais cette époque sera celle de ce merveilleux chef-d’œuvre dans la chapelle Cornaro, en l’église Santa Maria de la Vittoria à Rome, à savoir » L’extase de Sainte Thérèse » une commande du cardinal Cornaro pour rendre hommage à la sainte qui fut canonisée en 1622. La réalisation de ce groupe se fera entre 1647 et 1652.Bernini continuera sa collaboration avec les papes qui suivront, notamment Alexandre VII Chigi après Innocent X. C’est à sa demande qu’il réalisera la colonnade de la place Saint Pierre. En 1665, c’est le départ pour la France. Colbert, ministre du Roi Soleil, le convie à la Cour, ce qui ne fut pas chose facile car le pape ne souhaitait pas trop le laisser partir. Il fut fut bien reçu, visita Versailles, pu rencontrer le roi et avoir avec lui des entretiens, notamment au château de St Germain en Laye. Il semblerait qu’ils se soient bien entendus. On le fait venir pour des travaux ayant référence à la restructuration du Louvre, mais son projet ne sera pas retenu. Il réalisera néanmoins un buste du roi ainsi qu’une statue équestre (laquelle sera terminée à Rome et livrée à la France plus tard)..De retour en Italie il travaillera sur le tombeau du pape Alexandre VII en la basilique St Pierre. C’est une de ses merveilleuses œuvrées. Le Bernin a réalisé une sculpture au-dessus d’une porte (symbole de l’enfer) et tout autour de son encadrement. Le pape est à genoux en signe d’humilité avec à ses pieds un sablier référence au temps qui s’écoule.En 1674 il terminera » La bienheureuse Ludovica Albertoni » un de ses derniers groupes, une sculpture absolument magnifique, forte émotionnellement puisqu’elle la représente dans son dernier soupir. Elle se trouve à l’église San Francesco à Ripa.
Il est mort à Rome en 1680 après avoir voué sa vie à l’art qu’il soit sculptural, architectural ou pictural, une vie faite de joies mais aussi de moments difficilement dramatiques où il a dû notamment affronter la critique. Sa popularité de l’époque et sa spiritualité intense furent liées. Il s’est voulu libre, a imposé son style à toute une époque, il a étonné, émerveillé et magnifié dans cette ville qui a forgé toute son inspiration : Rome. Le Bernin et l’architecture
Le Bernin a également été une figure de proue de l’émergence de l’architecture baroque romaine avec ses contemporains, l’architecte Francesco Borromini et le peintre et architecte Pietro da Cortona. Au début de leur carrière, ils avaient tous travaillé en même temps au Palazzo Barberini, d’abord sous Carlo Maderno et, après sa mort, sous Bernini.
Bernini était généralement considéré comme l’artiste prééminent de son temps, et il obtint les commandes les plus prestigieuses, battant des rivaux tels que Borromini et Cortona, Bernini obtint l’approbation des papes Urban VIII (1623–44) et Alexander VII (1655–65) L’un des projets architecturaux les plus importants a été de terminer les embellissements de la Basilique Saint-Pierre. La conception de Bernini de la Piazza San Pietro devant la basilique est l’une de ses conceptions architecturales les plus innovantes et les plus réussies. Au sein de la basilique, il est également responsable du Baldacchino, de la décoration des quatre piliers sous la coupole, de la Cathedra Petri ou Chaire de Saint-Pierre dans l’abside, de la chapelle du Saint-Sacrement dans la nef droite et de la décoration de la nouvelle nef.Sculpteur
Bernini était également innovateur et très admiré en tant que sculpteur. Il a pu ajouter un réalisme touchant à ses sujets, en utilisant l’ombre et même en donnant une conscience textuelle de la peau et des cheveux. En particulier, Bernini a rompu avec la tradition en créant des figures dans l’acte de mouvement. Cela a ajouté une couche supplémentaire de drame et d’émotion, encourageant le spectateur à s’identifier non seulement à la personne, mais à son moment de vie. Rompre avec la tradition était une caractéristique de l’approche du Bernin, a-t-il déclaré de manière célèbre. « Ceux qui n’osent jamais enfreindre les règles ne les dépassent jamais »
Le David du Bernin (qui a été créé comme une réplique grandeur nature du David biblique) illustre ses différences avec Michel-Ange. Plutôt que la pureté immaculée du David de Michel-Ange, Bernini offre une figure terrestre plus vivante, qui semble prête à éclater dans la vie et à jeter sa pierre. Bernini était également révolutionnaire dans sa plus grande utilisation de l’émotion dans ses statues. Dans cet exemple, nous avons la juste colère de David.
Le Bernin : 6 de ses œuvrées les plus iconiquesDécouvrons ensemble huit des œuvres les plus célèbres du Bernin, telles qu’Apollon et Daphné, l’Enlèvement de Proserpine et David.
Gian Lorenzo Bernini est certainement l’un des artistes les plus représentatifs du baroque italien. L’artiste napolitain polyvalent, considéré par beaucoup comme le digne successeur du grand Michel-Ange, excellait dans la peinture, l’architecture et la sculpture. Ses sculptures sont parmi les plus admirées au monde et nous allons maintenant passer en revue certaines de ses œuvres les plus représentatives.(1). Apollon et Daphné
Cet ensemble sculptural en marbre de Carrare se distingue tant par son caractère dramatique que par son dynamisme. L’œuvre, basée sur les Métamorphoses d’Ovide, représente le moment exact où Apollon atteint Daphné, qui commençait déjà à se transformer en laurier. Pour mieux comprendre la sculpture, il est utile de rappeler brièvement le mythe d’Apollon et de Daphné : Cupidon, pour se venger d’Apollon, lança une flèche d’or sur ce dernier et une flèche de plomb sur Daphné, provoquant un amour intense chez le premier et un fort rejet chez la nymphe. Terrifiée, Daphné s’enfuit de son prétendant et, pour lui échapper, demande à son père de l’aider à changer de forme. Au moment où Apollo la rejoint, la nymphe se transforme. Si vous regardez attentivement la sculpture, vous pouvez voir comment les pieds de Daphné s’entrelacent avec ses racines dans la terre, tandis que son corps commence à se remplir d’écorce et ses cheveux de feuilles. Les expressions faciales des deux protagonistes montrent pleinement le drame du moment. Aujourd’hui, la sculpture est conservée à la Villa Borghèse, à Rome, avec d’autres œuvres qui ont fait l’histoire de l’art.(2). Le Baldaquin de Saint-Pierre
Cette œuvre, qui mélange des éléments sculpturaux et architecturaux, est située dans la Basilique Saint-Pierre de Rome. L’imposante verrière, composée de quatre colonnes salomoniques supportant un grand baldaquin, mesure près de 29 mètres et a été commissionnée par le pape Urbain VIII. Sa décoration riche, dans laquelle les éléments de la nature (tels que le laurier et les grappes) abondent, a servi d’inspiration pour de nombreuses œuvres baroques ultérieures. Fait curieux, il convient de rappeler que le bronze utilisé dans la voûte provient du Panthéon de la ville d’Agrippa.
Apollo e Dafne Gian Lorenzo Bernini 🇮🇹
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(3). L’Enlèvement de Proserpine
Cette œuvre, conservée à la Villa Borghèse et réalisée à partir d’un bloc de marbre de Carrare, démontre une fois de plus la capacité du Bernin à saisir le drame du moment. La sculpture, commandée par le cardinal Scipion Borghèse, est inspirée du mythe de Pluton et de Proserpine. Les amateurs de mythologie se souviendront que Proserpine (fille de Jupiter et de Cérès) a été capturée par Pluton (dieu des Enfers) sur les rives du lac de Pergusa, et emmenée de force aux enfers. Le Bernin a saisi ce moment avec un grand réalisme et un grand sens du drame. L’un des détails les plus frappants, précisément en raison de son réalisme, est la main de Pluton tenant la cuisse de Proserpine.
(4). L’extase de Sainte Thérèse Cet ensemble sculptural situé dans la chapelle Cornaro de Santa Maria della Vittoria, à Rome, est l’une des œuvres les plus représentatives du baroque. À cette occasion, le Bernin ne s’est pas inspiré de la mythologie, mais du Livre de la vie écrit par Sainte Thérèse d’Avila, pour recréer l’expérience mystique de la transverbération que la sainte décrit dans son récit. Le résultat est une œuvre à forte composante théâtrale, dans laquelle on peut voir l’expression de la douleur et du plaisir sur le visage de la sainte alors que l’ange extrait la flèche dorée qui transperce son cœur. En contraste avec la couleur du marbre des deux personnages principaux, les rayons de soleil en bronze et la flèche dorée se détachent.
(5). Enée, Anchise et Ascagne Également conservé dans la Villa Borghèse, ce groupe de sculptures est l’une des premières œuvres du Bernin et, selon de nombreux historiens de l’art, la composition en forme de tour « montre » l’influence de son père. Le groupe de sculptures, en marbre, mesure 2.20 mètres et représente une scène décrite dans le deuxième livre de l’Énéide de Virgile : le jeune Énée fuyant Troie avec son père âgé (Anchise) sur ses épaules, tandis que son fils (Ascagne) le suit de près.
(6). David Comme Donatello et Michel-Ange, le Bernin possède également une sculpture dédiée au héros biblique. Dans cette œuvre de 1,70 mètre de haut, le Bernin montre exactement le moment où le jeune David s’apprête à jeter une pierre sur le géant Goliath. La position de David donne du dynamisme à la sculpture, tout en capturant la tension du moment. Cette tension est également accentuée par les gestes du visage, tels que le froncement des sourcils et la position de la lèvre inférieure. Comme beaucoup d’autres sculptures, cette œuvre se trouve également dans la Villa Borghèse. Il n’est donc pas surprenant que pour la visiter, vous deviez organiser votre visite bien à l’avance et vous préparer de manière adéquate.
Sculpteur baroque italien Gian Lorenzo Bernini (1598-1680)
Sculpteur de premier plan de son époque, crédité de la création du style baroque de la sculpture. En outre, il peint, écrit des pièces de théâtre et conçoit des ferronneries et des décors de théâtre. Il possédait la capacité de représenter des récits dramatiques avec des personnages montrant des états psychologiques intenses, mais aussi d’organiser des œuvres sculpturales à grande échelle qui transmettent une grandeur magnifique. Son habileté à manipuler le marbre lui a valu d’être considéré comme un digne successeur de Michel- Ange, surpassant de loin les autres sculpteurs de sa génération.
Événements historiques
1633-02-22 Le baldaquin de Saint-Pierre, pièce maîtresse sculpturale de la cathédrale, de Gian Lorenzo Bernini est inauguré par le pape Urbain VIII à Rome
1651-06-12 La nouvelle Fontana dei Quattro Fiumi (Fontaine des Quatre Fleuves) de Gian Lorenzo Bernini est dévoilée à Rome
https://pointespalettespartition.wordpress.com/2022/09/11/a-la-rencontre-de-gian-lorenzo-bernini/
https://blog.musement.com/fr/le-bernin-6-de-ses-oeuvres-les-plus-iconiques/
https://www.biographyonline.net/artists/bernini.html
https://www.theartstory.org/artist/bernini-gian-lorenzo/