Premier ministre du Pakistan et 1ère femme dirigeante d’une nation musulmane, assassinée à Rawalpindi Qui a tué Benazir Bhutto ? Le dernier rempart contre l’intégrisme et le fondamentalisme comme les Talibans La présidente du Parti du peuple du Pakistan (PPP), Benazir Bhutto (1953-2007), est assassinée lors d’un attentat suicide. Celui-ci survient dans un climat politique très tendu, quelques jours avant la tenue des élections législatives pakistanaises. Fille de Zalfiqar Ali Bhutto, un homme politique progressiste qui dirigea le gouvernement pakistanais dans les années 1970, Mme Bhutto fut première ministre du Pakistan à deux reprises (1988-1990, 1993-1996). Ses deux mandats se terminèrent abruptement par sa destitution, laquelle fut exigée par les présidents de l’époque pour des motifs de corruption. Elle fut innocentée lors du premier procès, mais dû s’exiler lors du second afin d’échapper à la justice. Reconnue coupable, elle fut bannie du Pakistan. En octobre 2007, Mme Bhutto est amnistiée par le général Pervez Musharraf, nouvellement élu à la présidence. Il avait initialement accédé à ce poste grâce à un coup d’État orchestré en octobre 1999. Mme Bhutto rentre alors au pays afin de préparer le PPP, un parti d’opposition laïque fondé par son père, pour les législatives de janvier 2008. Entre temps, face à la contestation, Musharraf quitte son poste de chef de l’armée. Néanmoins, la confiance à son endroit continue de s’effriter. La tension monte dans la population et les manifestations s’intensifient. Le 3 novembre, Musharraf déclare l’état d’urgence, suspend la Constitution et musèle les médias. En réaction, Mme Bhutto appelle la population à manifester, ce qui lui vaut d’être assignée à résidence. L’état d’urgence est levé le 15 décembre et les élections fixées au 8 janvier. Mais le 27 décembre, alors qu’elle quitte une réunion du PPP, Mme Bhutto est assassinée dans un attentat suicide. Le geste est dénoncé mondialement et de violentes émeutes éclatent au Pakistan, ce qui pousse la Commission électorale à reporter les élections au 18 février. Lors des législatives, le PPP arrivera en tête, mais il devra partager le pouvoir avec son ancien rival, la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N) de l’ancien premier ministre Nawaz Sharif. Elle est donc morte là, le 27 décembre 2007. Benazir Bhutto a été assassinée par un kamikaze taliban alors qu’elle quittait un meeting électoral de son Parti du peuple pakistanais (PPP) tenu en ce parc Liaquat à Rawalpindi, ville de garnison située en lisière de la capitale, Islamabad. Elle avait 54 ans. « Elle s’est effondrée sur mes genoux, elle saignait abondamment de la tête », se souvient Naheed Khan, sa secrétaire particulière, assise à ses côtés ce jour-là à l’arrière d’une Toyota Land Cruiser blindée fendant péniblement la foule en liesse. Après tant d’années de souffrance et deuil, politique jamais franchement levé, blessure toujours ouverte au flanc de ce Pakistan malade dont les convulsions ébranlent bien au-delà de ses frontières. De révélations partielles et de frustration générale. Saura-t-on jamais qui a vraiment armé cet adolescent pachtoun de 15 ans, Bilal, alias Saeed, qui a actionné sa veste d’explosifs après avoir tiré trois balles sur sa victime au moment où celle-ci, radieuse, saluait ses partisans à travers le toit ouvrant de la Toyota ? Saura-t-on un jour jusqu’où remontent les fils du complot ? Les diverses enquêtes diligentées par plusieurs instances, y compris celle des Nations unies, n’ont pas encore permis de faire toute la lumière sur l’arrière-plan du drame. Le mystère s’ajoute à la liste déjà longue des conspirations non élucidées au Pakistan. « Le résultat de l’enquête officielle n’est absolument pas satisfaisant », grince Naheed Khan.Les commanditaires de l’assassinat de l’ex-Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto restent impunis, après mort de la première femme à gouverner un pays musulman, nourrissant de nombreuses théories sur leur identité. Alors que des milliers de personnes se sont recueillies autour de son tombeau, seuls deux policiers ont été condamnés dans cette affaire, reconnus coupables, en août 2017 de « mauvaise gestion de la scène du crime » close volume off Selon la version la plus communément acceptée, Benazir Bhutto a été tuée le 27 décembre 2007 de plusieurs balles dans le cou. L’assaillant a ensuite déclenché sa charge explosive près de son convoi, fauchant 24 personnes.L’Etat ou les islamistes
Mme Bhutto, fervente critique des extrémistes islamistes, était menacée par Al-Qaïda, les talibans et d’autres groupes jihadistes locaux, et potentiellement aussi par des éléments au sein des institutions pakistanaises.
Le régime du général Pervez Musharraf a accusé du meurtre le chef des talibans pakistanais de l’époque, Baitullah Mehsud. Ce dernier, qui avait démenti toute implication, a été tué par un drone américain en 2009. Mais le général Musharraf a lui-même été inculpé en 2013 pour le meurtre de sa rivale, une première pour un ex-chef de la puissante armée pakistanaise. Pervez Musharraf a fui le Pakistan en 2016, et il est en exil depuis lors. La justice le considère depuis août dernier comme « fugitif » dans cette affaire.
Mercredi 27 décembre 2017, pour le dixième anniversaire de la mort de Benazir Bhutto, son fils Bilawal a scandé « assassin, assassin. Musharraf assassin », devant son tombeau. La foule a repris en cœur.
La commission d’enquête de l’ONU
A la demande du Parti du peuple pakistanais (PPP), la formation du clan Bhutto, l’ONU a dépêché une commission d’enquête qui a publié en 2010 un rapport de 70 pages. L’ONU a estimé que M. Musharraf n’avait pas fourni à sa rivale politique, pourtant menacée, la sécurité nécessaire pour éviter une telle attaque.Selon l’ONU, la police a également manqué à ses devoirs en faisant laver à grande eau la scène du crime moins de deux heures après l’attentat le 27 décembre 2007 et en ne pratiquant pas d’autopsie du corps de Mme Bhutto. La police a indiqué n’avoir collecté que 23 preuves matérielles sur les lieux « dans un cas où l’on aurait pu s’attendre à en avoir des milliers », souligne le rapport onusien. L’ONU évoque autre chose que la simple incompétence, estimant que l’enquête a probablement été étouffée par les institutions militaires du pays. « Ces responsables, partiellement par peur que cela (l’attentat) soit le fait des agences de renseignement, n’étaient pas sûrs de la vigueur avec laquelle ils étaient censés prendre les mesures normalement exigées d’eux en tant que professionnels », souligne le rapport. Mais l’ONU n’a pointé du doigt aucun suspect, estimant que cela relevait de la responsabilité des tribunaux pakistanais.
Théories du complot
Le veuf de Mme Bhutto, Asif Ali Zardari, surfant sur la popularité de son épouse, a été élu président mais n’a jamais éclairci le mystère de sa mort. Les spéculations ont été alimentées par le décès de son assistant Bilal Sheikh dans un attentat-suicide en 2013. Ce dernier était responsable de la sécurité de Mme Bhutto lorsqu’un premier attentat avait visé son convoi à son retour d’exil en octobre 2007. Mais pour l’ancien président de la commission d’enquête de l’ONU Heraldo Munoz, il est ridicule de penser que M. Zardari soit impliqué dans le meurtre de son épouse. Pour lui, « Al-Qaïda a donné l’ordre, les talibans pakistanais ont exécuté l’attaque, éventuellement appuyés (…) par des éléments de l’establishment (militaires et/ou services secrets), le gouvernement de Musharraf a facilité le crime par sa négligence, les responsables de la police locale ont tenté de camoufler l’affaire, les gardes du corps de Bhutto ont échoué à la protéger et la majorité des politiciens pakistanais préfèrent tourner la page ». D’autres théories mettent en cause le fidèle garde du corps de Mme Bhutto, Khalid Shahensha, vidéos à l’appui le montrant en train de faire des signes bizarres peu avant l’attentat. M. Shahensha a été mystérieusement abattu à Karachi quelques mois plus tard.
Événements historiques
1986-04-10 Benazir Bhutto retourne au Pakistan
1986-08-14 Arrestation du chef de l’opposition pakistanaise Benazir Bhutto
1988-11-16 Le PPP de Benazir Bhutto au Pakistan remporte les premières élections libres au Pakistan en 11 ans
1990-08-06 Le président Ghulam Ishaq Kahn limoge le Premier ministre Benazir Bhutto au Pakistan
2007-10-18 Après 8 ans d’exil, Benazir Bhutto retourne au Pakistan. La même nuit, des kamikazes se sont fait exploser près du convoi de Bhutto, tuant plus de 100 personnes, dont 20 policiers. Bhutto s’en sort indemne.
2007-12-27 L’ancien Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto est assassiné par un kamikaze à Rawalpindi
https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/27-decembre-2007-assassinat-de-benazir-bhutto_3072729.html
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/972
1 Décembre 1988 – Benazir Bhutto est devenue la première femme Premier ministre d’un pays islamique