Le navire marchand britannique Arandora Star est coulé, on dénombre 800 mortsLe navire marchand britannique Arandora Star est coulé le 2 juillet 1940, hors de la côte d’Irlande par un U-boat de la Kriegsmarine. Des 1200 personnes à bord, plus de 800 sont mortes noyées. Cet acte s’inscrit dans le cadre du blocus maritime et aérien qu’Hitler a décidé de renforcer avant de donner le feu vert à l’invasion de la Grande-Bretagne qui est le prochain objectif de Berlin.
Étoile d’Arandora, navire à passagers à vapeur britanniqueLe 1er juillet 1940, le SS Arandora Star entame son dernier et fatidique voyage, transportant des internés de Liverpool vers des camps au Canada. Le navire a été touché par une torpille le matin du 2 juillet, tuant de nombreuses personnes à bord.865 vies ont été perdues lors du torpillage du SS Arandora Star, le 02 juillet 1940. Malgré une enquête officielle à l’époque, de nombreux faits entourant cet incident controversé n’ont pas encore été révélés et sont toujours classés secrets. Pour beaucoup, il est considéré comme une tragédie oubliée bien que l’impact sur la communauté italienne à travers le Royaume-Uni et en Italie soit encore profond.
Les circonstances Années 30, en Italie, Mussolini (Président du Conseil des ministres depuis le 31 octobre 1922), est en pleine ascension. Même s’ils vivaient loin, il chérit les « Italiens à l’étranger ». Sur les passeports, la mention « citoyen italien à l’étranger » a remplacé « émigrant ». Il a financé des écoles de langue italienne au Royaume-Uni pour les enfants de familles italiennes ; il a fait en sorte que ces enfants puissent aller dans des écoles d’été en Italie, pour apprendre à connaître le pays et son patrimoine ; il a financé la création de clubs où les Italiens pouvaient se rencontrer et se « socialiser » ; des cercles de loisirs et d’entraide, comme maints autres clubs ; politique innocente, en apparence.Pour les Conférences de Londres, Mussolini avait été invité à Downing Street en 1922. Puis, la British Union of Fascists (BUF, Union britannique des fascistes), fondée le 1er octobre 1932 par Oswald Mosley à la suite d’une entrevue avec Benito Mussolini, devait se développer rapidement avec notamment un service d’ordre militarisé (les Chemises noires, ou Black shirts). L’attrait des avantages matériels et réglementaires a fait que beaucoup d’Italiens ont « innocemment » pu prendre la carte du parti fasciste ; le fascisme n’était-il pas pour la majorité des émigrés synonyme de l’Italie ?A l’entrée en guerre, le 1er septembre 1939, le gouvernement britannique émit l’ordonnance 18B qui suspendait le droit d’Habeas corpus (l’Acte d’Habeas corpus de 1679, est le principe juridique britannique qui énonce la liberté fondamentale de ne pas être emprisonné sans jugement) pour les individus soupçonnés de constituer une menace pour la sécurité nationale. De plus, le gouvernement britannique décida que les ressortissants étrangers vivant en Grande-Bretagne seraient évalués en fonction de leur menace potentielle pour la sécurité de la nation. Les détenus furent ainsi classés selon trois catégories : A (« hauts risques de sécurité » déjà arrêtés), B (soupçonnés, à arrêter), C (considérés sans risque, à laisser en liberté). Ceux qui étaient considérés comme présentant un risque important seraient internés à l’étranger. Des tribunaux ont donc été créés pour examiner chaque cas individuel. En mai 1940, les tribunaux avaient examiné 78.000 cas, dont à peine un pour cent avaient été classés comme présentant un risque élevé et donc susceptibles d’être internés.Lorsque la guerre a éclaté en 1939, l’Italie est restée neutre. Mussolini attendait de voir. Cependant, lorsqu’il est apparu en juin 1940 que Hitler envahissait l’Europe, sans obstacles, Benito Mussolini, le 10 juin 1940 à 18h00, en grand uniforme noir de la milice (MVSN), du balcon de la Piazza Venezia, annonça la déclaration de guerre à l’Angleterre et à la France, ce qui déclencha une réaction immédiate du gouvernement britannique.Le Premier ministre britannique, Winston Churchill, sous la pression des bombardements et la menace d’une invasion crainte imminente, ne voulut pas risquer la présence d’une cinquième colonne de sympathisants nazis sur le sol britannique. En ce temps de guerre alors brouillé par la paranoïa et la suspicion d’une xénophobie grandissante, ignorant les dispositions prises par le ministère de l’intérieur depuis le début de la guerre, il rendit ce même 10 juin l’ordonnance « Collar the lot », (une expression qui ne figure d’ailleurs pas dans les archives de Churchill !) ordonnant les arrestations sans inculpation et l’internement sans procès de tous les Italiens résidant en Grande-Bretagne, parmi des juifs et d’autres étrangers (allemands, autrichiens, tchèques, …).Alors qu’à cette date, environ 20.000 italiens étaient installés en Grande-Bretagne, dont 11.000 à Londres, les hommes italiens âgés de 16 à 70 ans qui y résidaient depuis moins de vingt ans ont été immédiatement internés. Mais contrairement aux réfugiés juifs allemands et autrichiens récemment arrivés en Grande-Bretagne, il n’y a pas eu d’évaluation préalable ou de catégorisation des Italiens pour évaluer leur niveau de danger pour la sécurité nationale.
La seule différenciation qui a été opérée ne concerna que 1.500 individus, qualifiés par les services de sécurité (MI5) de « personnalités dangereuses », qui devaient être expulsés vers les territoires britanniques d’outre-mer (tels que l’Australie et le Canada). La liste comprenait les membres des sections anglaises des « faisceaux italiens » et du PNF (Parti national fasciste), cette participation étant considérée comme synonyme de risque pour la sécurité nationale. La situation était-elle critique au point de rendre impossible la distinction entre amis et ennemis ? Plus tard, à l’automne 1940, le gouvernement reconnaîtra que l’appartenance à un « faisceau » n’indiquait pas nécessairement une intention de soutenir l’effort de guerre contre la Grande-Bretagne et il admit que la majorité des membres ordinaires des « faisceaux » étaient très probablement « inoffensifs ». Et Churchill admettra son erreur, puisqu’en 1943, neuf étrangers ennemis employables sur dix seront remis au travail dans le royaume.Les Italiens résidant en Grande-Bretagne ont appris la nouvelle qu’ils craignaient le plus ; du jour au lendemain, ils sont devenus des étrangers ennemis (enemy aliens) qu’il fallait arrêter. Des manifestations violentes sont organisées contre les Italiens, en particulier à Little Italy : lancers de pierres, bris de vitrines, magasins saccagés, pillages, arrestations arbitraires immédiates. En une nuit, les Italiens étaient devenus des ennemis.Le sort de centaines d’Italiens innocents résidant au Royaume-Uni était scellé. Le 30 juin 1940, les forces allemandes envahissent les îles anglo-normandes. Cette nuit-là, les officiers de la Special Branch arrêtent plusieurs centaines d’Italiens vivant à Londres. Certains rapportent que des enfants de quatorze ans seulement ont été « raflés », bien qu’aucun document ne l’atteste ; rumeur discutable tant la confusion était grande à l’époque. Des civils âgés qui n’avaient jamais pris la citoyenneté britannique ont été arrêtés, bien que parfois ils aient eu des fils qui combattaient dans l’armée britannique. Ces hommes étaient des civils dont la plupart avaient élu domicile au Royaume-Uni au début des années 1900. Même Sir Oswald Mosley, le leader fasciste, ami à la fois de Churchill et Mussolini, est arrêté le 23 mai. Pourtant certains italiens bien placés, mettant à profit leurs bons contacts, voire des fascistes qui avaient pris la précaution de se faire naturaliser très tôt, ont pu échapper aux rafles.Les policiers, qui jusqu’alors avaient régulièrement fréquenté les bars et les commerces italiens et sympathisé avec les propriétaires et les employés ont été chargés de les arrêter. Beaucoup ont été perturbés sachant que c’étaient de simples commerçants qui ne s’intéressaient pas à la politique, ni n’adhéraient à la politique guerrière de Mussolini. D’autres en revanche ont traité ces Italiens avec mépris, les maltraitant et les arrachant à leur lit et à leur maison, devant leurs femmes et leurs enfants en pleurs.
Les internés, rassemblés en masse de manière hasardeuse (les noms ont été confondus ; les papiers mélangés ; les antifascistes ont été regroupés avec des sympathisants connus ; …) durent parcourir de nombreux kilomètres vers des entrepôts désaffectés et insalubres, des camps de transit. Ils ont été emmenés au Warner camp, un ancien camp de vacances à Seaton dans le Devon, au Knightsbridge Barraks, une caserne du quartier de Kensington, à l’hippodrome de Lingfield Camp (sud-ouest de Londres), ou au camp de Warth Mills, à Bury (nord de Manchester), certains après une détention provisoire dans un camp du Midlothian (au sud d’Edimbourg).
Là ils rejoignirent quelque 9.000 ressortissants allemands et autrichiens, tous destinés à des camps d’internement au Canada et en Australie. En effet, outre ces internés civils, il y avait un certain nombre de prisonniers de guerre dont, par exemple, le capitaine J. H. Burfeind, ainsi que certains de ses officiers et des hommes, du navire marchand allemand Adolf Woerman qui avait été intercepté par le destroyer britannique Neptune dans l’Atlantique Sud le 22 novembre 1939.Les internés n’avaient aucun droit et se voyaient même refuser les droits fondamentaux accordés aux prisonniers en vertu de la Convention de Genève. Tous ont été dépouillés de leurs objets de valeur alors qu’ils étaient encore en internement.
Maintenus dans des conditions extrêmement mauvaises, ils n’avaient pas de vêtements de rechange, étaient soumis à une grave surpopulation, parfois comme à Lingfield à dix ou douze dans des boxes à chevaux, et forcés de dormir sur des sols en béton avec, s’ils avaient de la chance, un mince matelas fait de vieux sacs remplis de paille, posés sur un sol imbibé d’huile où les rats sortaient la nuit pour chercher des restes de nourriture. Il n’y avait pas d’installations pour la toilette, et encore moins de facilités sanitaires (les hommes devaient utiliser des seaux). La nourriture était également minimale ; il n’est donc pas surprenant que beaucoup de ces hommes, sachant que certains avaient 15 ou 16 ans, ou plus de 70 ans, soient tombés malades.
Pendant de nombreuses semaines, les familles ne surent pas où se trouvaient leurs hommes ni ce qui leur était arrivé. Très peu d’informations étaient communiquées par les canaux officiels. Et, en même temps, bien souvent, la vie des familles était rendue encore pire par des gangs qui les terrorisaient et les qualifiaient de « traîtres », avant de procéder à la destruction des vitrines de leurs magasins qu’ils saccageaient.Généralement, lorsque les familles apprenaient où trouver leurs proches, il était trop tard. De nombreux internés avaient déjà été emmenés à Huyton, près de Liverpool, à Bury au nord de Manchester, au « Warner », à Seaton, sur la côte du Devon, prêts à être transférés sur des navires qui les emmèneraient dans des camps d’internement sur l’île de Man, au Canada ou en Australie.
Pour des milliers d’hommes italiens de la première et de la deuxième génération, c’est le début d’un épisode de leur vie où ils languiront jusqu’à la fin de la guerre dans des camps d’internement de l’île de Man, au Canada et en Australie. Pour des centaines d’Italiens, ce sera le début d’une série d’événements qui les verront « portés disparus, présumés noyés » après le naufrage de leur navire, l’Arandora Star, coulé au large de l’Ecosse alors qu’il les menait dans des camps d’internement au Canada.
La Tragédie du SS Arandora StarUn sous-marin allemand coule l’Arandora Star, qui transportait au Canada des prisonniers allemands et italiens, faisant 750 morts.
Le bateau quitte Liverpool le 2 juillet à 4h et se dirige vers la haute mer. À 6h15 sa route croise celle d’une torpille lancée de l’U47 commandé par Gunther Prien. Une heure plus tard, alors que tous les passagers n’ont pas encore quitté l’Arandora star, le bâtiment chavire et coule. Sur les 1 673 personnes embarquées, 805 laissent leur vie dans ce naufrage.
Le NCSM St. Laurent (Capitaine de frégate Harry DeWolf) arrive, vers 13 h 25, et trouve un groupe de dix canots de sauvetage remplis et une traînée de deux milles de radeaux et de petits débris sur lesquels s’appuient une « véritable île flottante » de survivants.
Le capfitaine DeWolf, préférant ignorer l’u-boot qui rôde dessous, descend tous ses canots pour repêcher les gens et négocie un passage sur le site de l’attaque, dirigé par l’équipage du Sunderland, pour retirer de l’eau les personnes qui s’accrochent aux radeaux. Le sauvetage dure près de trois heures à l’issue desquelles le St. Laurent accueille 860 survivants, que l’on doit faire descendre sous le pont pour éviter que le destroyer, déjà lourd en surface, ne chavire.
https://www.liverpoolmuseums.org.uk/stories/maritime-tales-tragedy-of-arandora-star
https://histochronum.com/la-tragedie-du-ss-arandora-star-02-jul-1940/