Le paquebot transatlantique RMS Lancastria fait naufrage au large de Saint-Nazaire, attaqué par l’aviation allemande.Le RMS Lancastria était un Cunard Liner réquisitionné au début de la Seconde Guerre mondiale . Le navire a été impliqué dans l’évacuation des troupes britanniques du nord de la France à l’été 1940. Alors qu’il était bourré de troupes fuyant l’avancée de la Wehrmacht, le Lancastria a été attaqué et coulé. Le nombre de morts est estimé à environ 4000 vies, ce qui en fait la plus grande perte de vie maritime subie par la marine britannique. La perte du RMS Lancastria a été fortement censurée pendant la guerre et au moment de la rédaction de cet article, il ne reste aucune commémoration officielle de la tragédie.Blitzkrieg et évacuation du nord de la France et des Pays-BasAlors que la Blitzkrieg entraînait des avancées rapides de la Wehrmacht en France et aux Pays-Bas, les Britanniques furent contraints d’évacuer l’Europe continentale. Célèbre, ils ont mené une action d’arrière-garde à Dunkerque et ont vu des milliers d’hommes monter à bord des «petits navires» pour la sécurité du sud-est de l’Angleterre. Ce que l’on sait moins, c’est que d’autres troupes britanniques ainsi que des soldats français et du personnel de la RAF ont été évacués d’autres régions de France.Après la fin de l’évacuation de Dunkerque le 4 juin 1940, il reste encore des dizaines de milliers de militaires en France. L’évacuation de ces hommes devait avoir lieu depuis les principaux ports. L’un d’eux était Saint-Nazaire sur la côte de Loire-Atlantique. Saint-Nazaire est un important port français, qui abrite des chantiers navals qui ont construit certains des plus grands paquebots océaniques de France. Il était parfaitement adapté au transport des troupes vers les navires.RMS Lancastria et opération ArielLe 14 juin 1940, le RMS Lancastria appareilla de Liverpool. Sa mission était de naviguer vers le port français de Saint-Nazaire pour participer à l’opération Ariel. Cette opération consistait à évacuer les soldats britanniques et français, le personnel de l’ambassade britannique, certains fonctionnaires et civils britanniques pris après la chute de Dunkerque.
Le Lancastria est arrivé à Saint-Nazaire le 17 juin. Son capitaine, Rudolph Sharp, entreprit de charger le navire avec autant de réfugiés et de soldats que possible. En effet, les ordres étaient de ne pas tenir compte des limites conventionnelles sur le nombre sûr de passagers pouvant être transportés. La limite habituelle était de 2200 dont un équipage de 375. Le 17 juin 1940, environ 9000 se pressaient à bord.Départ retardéBien que le Lancastria soit plein et que l’autorisation de départ de Saint-Nazaire ait été accordée, le capitaine Sharp a choisi de ne pas le faire immédiatement. Il y avait deux risques à peser pour lui. L’un venait des airs car la Luftwaffe avait déjà frappé le RMS Oronsay, l’autre venait des U-Boats allemands. Peu de paquebots auraient une chance contre les U-Boats s’ils n’étaient pas accompagnés de Destroyers. A Saint-Nazaire, le risque était moindre. Le risque aérien serait présent soit au port, soit en mer. Au moins à Saint-Nazaire, il y avait des canons anti-aériens supplémentaires. Dans l’ensemble, il a été décidé qu’attendre l’escorte des destroyers était le plus sûr.Naufrage du LancastriaLe 17 juin 1940 à 15h48, un Junkers Ju88 attaque le Lancastria. Au total, quatre bombes ont atteint la cible. L’un d’eux a explosé dans la salle des machines. Les explosions ont ouvert les réservoirs de carburant qui se sont déversés dans l’eau autour du navire maintenant en gîte. Cela a eu des conséquences horribles. Beaucoup de ceux qui ont sauté du navire se sont retrouvés dans le pétrole brut. Il est incroyablement difficile d’y nager, provoquant la noyade de certains. Pire encore, la Luftwaffe mitraille alors les mers autour du Lancastria. Cela a enflammé le pétrole, créant un incendie dans la mer. Moins de 20 minutes après avoir été bombardé, le Lancastria avait coulé.Nombre de morts et survivantsAucun chiffre précis n’est disponible pour le nombre de morts. Comme les navires étaient surchargés, des comptages précis n’ont pas été effectués. Les estimations des pertes varient d’une extrémité inférieure de 3500 à une extrémité supérieure de 6500.On sait que 2477 ont survécu au naufrage. 900 ont été ramassés par un chalutier. D’autres navires dans la zone ont pu en sauver d’autres.
Comme les pertes étaient si élevées, la nouvelle du naufrage a été censurée. Les familles de ceux qui ont péri dans le Lancastria savaient seulement que leurs proches étaient morts alors qu’ils servaient avec le Corps expéditionnaire britannique en France.Site de l’épave de Lancastria et monuments commémoratifsLe RMS Lancastria a coulé dans l’estuaire de la Loire. Ceci est à l’intérieur des eaux territoriales françaises et n’a donc pas été désigné comme tombe de guerre par le gouvernement britannique. Le gouvernement français a placé une zone d’exclusion autour de l’épave.Il n’y a pas de mémorial officiel aux morts du naufrage du Lancastria au Royaume-Uni. Une association a été formée pour ceux qui sont des survivants ou apparentés à ceux qui ont péri.
La Commission des sépultures de guerre du Commonwealth possède des archives des tombes de 1816 militaires morts sur le Lancastria.17 juin 1940, le Lancastria, catastrophe classée « Secret »Il est des naufrages qui ont été de grandes tragédies, mais qui sont passés quasiment inaperçus, bien qu’ils aient causé la mort d’un très grand nombre de personnes. C’est le cas du paquebot Lancastria, coulé par l’aviation allemande le 17 juin 1940 devant l’estuaire de la Loire qui, malgré ses plus de 5000 morts, 3 à 4 fois plus que le Titanic, n’eut pas la notoriété de celui-ci…
Le Lancastria est né en 1922 sous le nom de Tyrrhenia, dans les chantiers Beardmore & Co, de Glasgow en Ecosse, pour le compte de la compagnie Anchor Line, située elle aussi à Glasgow. C’était un paquebot en acier de 16243 tonnes, de 176 mètres de long sur 21 mètres de large et 11 mètres de tirant d’eau. Ses 6 turbines à vapeur de 2527 cv alimentées par 3 chaudières doubles et 3 chaudières simples entraînaient deux hélices pour atteindre la vitesse de 16,5 nœuds. Pour cette compagnie, le Tyrrhenia assura la ligne vers New York.En 1924, le paquebot est devenu la propriété de la compagnie Cunard Steamship / White Star Line, de Liverpool et a été rebaptisé Lancastria. A partir de 1930, il fut utilisé comme navire de croisières entre l’Angleterre et la Méditerranée, ainsi que dans les fjords de Norvège.
En 1940, le Lancastria a été réquisitionné par la Royal Navy, pour être transformé en navire de transport de troupes.Le 12 juin 1940, le front n’a pas résisté aux les troupes allemandes, malgré sa réputation d’invincibilité. Après avoir envahi tout le nord de la France et notamment les côtes de la Manche pour couper tout ravitaillement de ce côté, les troupes allemandes se rapprochaient de la côte atlantique. L’évacuation du port de Dunkerque venait d’avoir lieu deux semaines auparavant dans des conditions catastrophiques, Saint-Valery-en-Caux et Le Havre venaient de tomber dans les jours précédents.
À partir du 15 juin 1940, près de 40 000 soldats britanniques ont reflué vers le port de Saint-Nazaire pour tenter de regagner la Grande-Bretagne. Ils étaient une partie des 136 000 officiers et soldats du Corps Expéditionnaire Britannique, que l’on tentait de rapatrier depuis des ports français devant l’irrésistible avancée allemande. Pour exécuter cette mission, surnommée Opération Ariel, de nombreux navires ont été envoyés vers la France avec pour mission d’embarquer le maximum de personnes, soldats et même civils.Dans la nuit du 14 juin 1940, le Lancastria quitta le port de Liverpool pour une destination tenue secrète. Il fit escale à Plymouth le 15 juin, puis se dirigea vers Brest, la baie de Quiberon et enfin l’embouchure de la Loire près de Saint-Nazaire. Le Lancastria était officiellement engagé dans l’opération d’évacuation Ariel. Près de 80 bâtiments de commerce avaient été réquisitionnés et attendaient en rade de Saint-Nazaire.
Le 17 juin 1940, vers 6h00 du matin, le Lancastria jeta l’ancre à 4 km du port pour réduire les risques d’être pris pour cible par des attaques aériennes ou depuis la côte. Les troupes allemandes étaient alors à 40 km de Saint-Nazaire. L’embarquement des passagers se ferait donc par des navires qui feraient le va-et-vient entre le port et le mouillage du paquebot.La capacité normale du paquebot était de 2200 personnes, mais son capitaine, Rudolf Sharpe, reçut l’ordre des officiers de la Royal Navy d’embarquer autant de passagers que possible, sans tenir compte des limites règlementaires, ni même des simples mesures de sécurité. Dans la précipitation de la débâcle qui régnait alors face à la Blitzkrieg (guerre éclair), les quais du port de Saint-Nazaire étaient remplis et c’est environ 9 000 soldats et civils qui montèrent à bord d’après les notes des officiers britanniques, sans avoir de compte exact. Les premières navettes arrivèrent au Lancastria dès 7h du matin. L’embarquement terminé, les soldats du Corps expéditionnaire britannique et autres réfugiés étaient tassés au point de ne plus pouvoir se déplacer sur les ponts du navire. Même les canots de sauvetage étaient occupés ainsi que les coursives, les entreponts et même les cales.Comme il est le plus gros navire de la flotte, le Lancastria représentait une cible idéale pour les bombardiers de la Luftwaffe. Alors qu’il s’apprêtait à quitter l’estuaire de la Loire, peu avant 16h00 une escadrille de bombardiers allemands Junkers Ju 88 apparut à l’horizon et passa aussitôt à l’attaque. Les avions arrivaient au ras de l’eau et larguèrent des bombes de 500 kg sur le navire, à différents endroits de celui-ci : la première explosa dans la cale N°2 au milieu de 800 hommes de la RAF ; la deuxième éventra la cale N°3 qui contenait 1500 tonnes de fioul ; la troisième tomba dans la cheminée et explosa juste sur la machine et la quatrième explosa dans la cale N°4. Le fioul libéré de la cale N°3 se répandit dans la mer et forma bientôt une immense couche visqueuse et irrespirable à la surface, dans laquelle de nombreux hommes qui sautaient à l’eau se retrouvèrent piégés, englués, étouffés, asphyxiés, noyés dans des conditions horribles.Ceux qui avaient échappé aux explosions s’agrippaient à tout ce qu’ils trouvaient et tentaient de rester le plus longtemps possible sur la coque du paquebot. Puis une nouvelle vague de bombardiers survint, cette fois des Heinkel He 1115 qui lancèrent une salve de bombes incendiaires pour enflammer le fioul qui s’était répandu autour du navire en perdition, comptant enflammer l’ensemble. Heureusement, les bombes incendiaires, lancées trop bas, n’eurent pas le temps de s’amorcer et ne se déclenchèrent pas.
En une vingtaine de minutes seulement, le Lancastria chavira sur bâbord et coula en projetant à la mer les derniers rescapés qui se maintenaient encore sur sa coque.Officiellement, le naufrage a fait entre 4000 et 6000 victimes (en absence de compte précis des passagers embarqués, il est impossible de fournir un bilan précis, cette estimation est faite en rapport aux témoignages des officiers de la Royal Navy), ce qui place cette catastrophe en 5e ou 6e place sur la liste des naufrages les plus meurtriers de l’histoire maritime moderne.Les 2 477 survivants du naufrage du Lancastria, dans lesquels on trouvait son capitaine Rudolf Sharpe, ont été pris en charge par des escorteurs, des bateaux pilotes et des chalutiers qui sont intervenus immédiatement. Le capitaine Rudolf Sharpe a plus tard perdu la vie dans le naufrage du nouveau navire qu’il commandait, le paquebot Laconia, torpillé le 12 septembre 1942.
De nombreuses victimes du naufrage ont été inhumées au cimetière militaire international de Pornichet, près de Saint-Nazaire.
À la suite du naufrage, Churchill imposa le secret sur la nouvelle du désastre, afin de ne pas démoraliser davantage les citoyens britanniques. L’information du naufrage ne commencera à fuiter que cinq semaines plus tard.
Churchill ne décrira ce naufrage que dans ses mémoires, en avançant un chiffre de 4 000 victimes. Si l’on peut comprendre l’intention du Premier Ministre anglais de ne pas démoraliser sa population avec l’annonce d’une telle catastrophe, on comprend déjà moins pourquoi il a décidé de placer un embargo de 100 ans sur tous les documents ayant un lien avec le naufrage. Et même si, en 2015, soit 75 ans après les faits, le Parlement anglais a enfin célébré officiellement l’anniversaire de la catastrophe, il n’empêche qu’en vertu de la loi sur les secrets officiels, le rapport sur le naufrage du Lancastria ne peut être publié avant 2040… Pourquoi ?
Un autre fait étonnant s’est produit en juin 2005, lorsqu’une centaine de personnes, d’une association britannique rassemblant des familles des victimes, se sont réunies pour commémorer l’anniversaire de la perte de leurs proches et se recueillir sur leurs tombes au cimetière militaire de Pornichet, elles ont eu la surprise de découvrir, au pied des tombes, la cloche du Lancastria, qui avait été déposée là par un anonyme qui a laissé un mot expliquant l´avoir remontée de l´épave il y a trente ans…
Aujourd’hui, l’épave du Lancastria dort toujours dans l’estuaire de la Loire en face de la pointe Saint-Gildas, par 26 mètres de fond, aux coordonnées : latitude 47° 08’ 989 N et longitude 2° 20’ 417 W. Le site est désormais sanctuarisé en tant que sépulture de guerre et un arrêté de la Préfecture Maritime interdit la plongée de loisir sur l’épave. Seules quelques interventions à vocation scientifique, historique ou informatives, peuvent y être menées sur autorisation.
https://schoolshistory.org.uk/topics/world-history/second-world-war/sinking-of-rms-lancastria/
https://www.historic-uk.com/HistoryUK/HistoryofBritain/Sinking-Of-RMS-Lancastria/