Delacroix disait que les couleurs vives de ses tableaux représentaient son enthousiasme et sa créativité.Eugène Delacroix (1798-1863) né le 26 avril 1798, est un peintre et lithographe français. Il a été le chef de l’école romantique. Il a réalisé de vastes peintures murales à Paris. L’œuvre de Delacroix inspirera nombre de peintres, tel Vincent Van Gogh. Ses œuvres témoignent d’une grande maîtrise
Une enfance choyée, les drames de la jeunesse Eugène Delacroix est né le 26 avril 1798, tout près de Paris, à Charenton-Saint-Maurice. Sa maison natale est aujourd’hui la médiathèque de la Ville de Saint-Maurice (dans l’actuel Val-de-Marne). Quand il naît, son père, Charles Delacroix, occupe des fonctions importantes comme ministre des Affaires étrangères, puis comme ambassadeur en Hollande. Il est ainsi ensuite nommé préfet à Marseille, puis à Bordeaux, où il meurt alors que le jeune Eugène est âgé de six ans. Sa mère, Victoire Delacroix, est la fille d’un des plus grands ébénistes de son temps, Jean-François Oeben, au service du roi Louis XV.Eugène est le petit dernier d’une famille de quatre enfants ; quand il naît ses frères Charles et Henri, sa sœur Henriette, dont le peintre David a fait le portrait, sont déjà grands. La famille Delacroix a servi la Révolution, puis l’Empire. L’enfance de Delacroix est choyée mais fragile. Le petit garçon a des ennuis de santé récurrents. A la mort de son père, sa mère et lui s’installent à Paris, rue de l’Université. Le jeune Eugène fréquente le lycée Impérial, l’actuel lycée Louis-le-Grand. Il y noue des amitiés fidèles, qui l’ont accompagné toute sa vie. Il a le goût de l’étude, et déjà celui du dessin et de la lecture. La mort de sa mère, en 1814, le laisse désemparé et seul, malgré la présence de ses aînés, Charles et Henriette.Grâce à l’appui de son oncle, le peintre Henri-François Riesener, Eugène Delacroix entre en 1815 dans l’atelier du peintre Pierre-Narcisse Guérin. C’est alors un des plus grands ateliers de Paris, fréquenté par de nombreux artistes. Peintre d’histoire, très sensible à l’art théâtral de son temps, Guérin est très apprécié. Malgré son attention à ses élèves, il ne reconnaît pas le talent du jeune Delacroix. La protection de Théodore Géricault, déjà célèbre pour les tableaux montrés au Salon de 1812 puis à celui de 1814, est précieuse pour le jeune homme. Delacroix pose même pour le grand tableau de son aîné, Le Radeau de la Méduse (1819, musée du Louvre).Des débuts remarquables
Au Salon de 1822, il n’a alors que vingt-quatre ans, Delacroix présente au Salon une première grande toile, inspirée de l’histoire littéraire, Dante et Virgile aux Enfers (musée du Louvre). Cette œuvre le fait immédiatement remarquer de la critique. Il incarne, très vite, une nouvelle génération d’artistes, que l’on désigne comme romantique, terme inspiré de la littérature. Delacroix est contemporain de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas, d’Hector Berlioz, d’Alfred de Musset. Comme eux, il a le désir de suivre sa manière propre, de renouveler la conception artistique. Comme eux, il est aussi un grand connaisseur de l’art des maîtres anciens. Au Louvre, qui a ouvert en 1793, Delacroix découvre et admire les œuvres de Raphaël, de Michel-Ange, de Titien, de Rubens, de Poussin. Il présente au Salon de 1824 un grand tableau, inspiré des événements de la guerre d’Indépendance de la Grèce, Scène des Massacres de Scio (musée du Louvre). En 1827, Delacroix expose, avec plusieurs autres toiles, une magistrale Mort de Sardanapale (musée du Louvre). Liée à une pièce du poète anglais Lord Byron, l’œuvre montre le souverain oriental assis en haut d’un bûcher, entouré de ses chevaux, de ses richesses, de ses femmes, dont il a souhaité qu’ils disparaissent avec lui, condamné pour trahison. Le tableau séduit Victor Hugo et Dumas autant qu’il agace la critique académique par sa composition tournoyante, le primat de la couleur, la violence des tons. Delacroix apparaît, définitivement, comme un peintre remarquable, mais dont la manière bouleverse les habitudes et les règles académiques.La Liberté guidant le peuple, une œuvre devenue mythiqueLes journées des 27, 28 et 29 juillet 1830 voient le soulèvement du peuple parisien, révolté par les nouvelles lois sur la liberté de la presse et par la dureté du régime de la Restauration. Le 29 juillet marque la fin du retour des Bourbons sur le trône de France. Louis-Philippe, duc d’Orléans, devient roi des Français. Eugène Delacroix peint un tableau d’histoire inspiré par les événements de 1830 ; il présente au Salon de 1831 sa Liberté guidant le peuple, œuvre magistrale liant allégorie antique et représentation contemporaine. L’œuvre est acquise par l’Etat et exposée au musée du Luxembourg, le musée des artistes vivants où les toiles des créateurs contemporains sont montrées. L’année suivante, les massacres, par la police, des manifestants de la rue Transnonain à Paris, rendent difficile l’exposition du tableau au public, celui des Barricades, comme le disait Delacroix. Il est même rendu à l’artiste, qui réussit, cependant, à le montrer lors de son exposition personnelle au sein de l’Exposition universelle de 1855. Exposée au Louvre à partir de 1874, avec les autres œuvres de Delacroix acquises par l’Etat, La Liberté guidant le peuple (musée du Louvre) devient, sous la Troisième République, un tableau iconique.1832, le voyage au Maroc
En janvier 1832, Delacroix accompagne l’émissaire du roi Louis-Philippe, le comte de Mornay, au Maroc. La conquête de l’Algérie par la France, l’année précédente, a, en effet, inquiété le sultan marocain. Une ambassade est nécessaire. Pour le peintre qui n’est pas un grand voyageur, il n’a alors quitté la France que quelques mois, à l’été 1825, pour aller en Angleterre, le périple marocain, de Tanger à Meknès, est un éblouissement. Les paysages, les sons, les couleurs, le séduisent, comme la beauté des habitants et de leurs costumes. Il lui semble trouver là l’Orient dont il a rêvé, mais aussi une Antiquité intacte, préservée. Le souvenir du Maroc a, ensuite, accompagné Delacroix toute sa vie. Les notes qu’il y a prises, les aquarelles réalisées, les objets rapportés, rassemblés dans son atelier, lui offrent de composer, jusqu’en 1863, plus de soixante-deux toiles liées au Maroc.Des murs à peindre, Delacroix décorateur
Une part importante de la création d’Eugène Delacroix est dédiée à la conception de grands décors au sein d’édifices civils et religieux parisiens. En 1826, il avait, déjà, reçu la commande du Christ au Jardin des Oliviers pour l’église Saint-Paul Saint-Louis, dans le Marais. En 1834, grâce à l’appui d’Adolphe Thiers, Delacroix est commissionné pour la réalisation des décors du Salon du Roi au Palais Bourbon, la Chambre des Députés. En 1837, il reçoit la commande du plafond de la bibliothèque de cette même Chambre des Députés, consacré aux arts et aux sciences. Au milieu des années 1840, il peint également le décor de la bibliothèque du Palais du Luxembourg, l’actuel Sénat. Au début des années 1850, Delacroix est honoré de la commande du décor central de la Galerie d’Apollon, conçu au XVIIe siècle par le peintre Charles Le Brun, et resté inachevé. Il représente le dieu Apollon, vainqueur du serpent Python. C’est la victoire de la lumière sur l’obscurité, une victoire de la couleur. La Ville de Paris lui commande les peintures décoratives du Salon de la Paix de l’Hôtel de Ville, malheureusement détruites par l’incendie de 1871.Ses œuvres sont également présentes dans les églises de Paris ; après Saint-Paul Saint-Louis, Delacroix peint une très émouvante Pietà dans l’église Saint-Denis-du-Saint-Sacrement, dans l’actuelle rue Turenne. En 1849, il reçoit la commande pour les décors d’une chapelle de la très vaste église Saint-Sulpice, la chapelle des Saints-Anges. Cette œuvre magistrale l’occupe jusqu’en 1861. Il réalise deux grandes peintures murales qui se font face, La Lutte de Jacob avec l’Ange et Héliodore chassé du temple, ainsi que le plafond, Saint Michel terrassant le démon.
La reconnaissance de l’Exposition universelle de 1855 L’organisation de la première Exposition universelle à Paris, en 1855, souhaitée par l’empereur Napoléon III, est l’occasion d’une reconnaissance offerte à Eugène Delacroix. Il est, aux côtés des peintres Jean-Auguste Dominique Ingres et Horace Vernet, honoré au cœur du Palais des beaux-arts, installé avenue Montaigne. Une exposition particulière, réunissant plus de trente de ses œuvres, qu’il a lui-même choisi de réunir, lui est dédiée. Delacroix est ainsi désigné comme un des plus grands peintres français de son temps.
L’installation rue de Furstemberg, un ermitage parisien Delacroix s’installe en 1857 rue de Furstemberg, afin de finir les peintures de Saint-Sulpice. Son appartement est également à deux pas de l’Institut ; en janvier 1857, à la septième tentative, le peintre a, enfin, été accepté au sein de l’Académie des beaux-arts. Le jardin dont il a seule jouissance et qu’il peut aménager à sa guise emporte sa décision. Le lieu, entre cour et jardin, est un ermitage au cœur de Paris, un lieu propice à la création picturale comme à l’écriture. Le peintre se rend aussi fréquemment dans sa maison de Champrosay, à deux pas de la forêt de Sénart, aujourd’hui sur la commune de Draveil (Essonne). Ce solitaire, ce rêveur, ce mélancolique aime la nature, les promenades, l’observation de la forêt. La fidèle Jenny Le Guillou, sa gouvernante entrée à son service en 1835, est la seule à vivre à ses côtés, lui épargnant les tracas de la vie quotidienne.
13 août 1863, la mort d’Eugène Delacroix
Eugène Delacroix meurt, le 13 août 1863, dans son appartement de la rue de Furstemberg. Jenny Le Guillou recueille son dernier souffle, aux premières heures de la matinée.
Delacroix ou les territoires de la couleur
Le 13 août 1863, à sept heures du matin, tenant la main de la fidèle Jenny Le Guillou, Eugène Delacroix rend le dernier soupir dans la petite chambre de son appartement, 6 rue de Furstenberg. Le 17 août, ses obsèques ont lieu en l’église Saint-Germain-des-Prés, en présence de son cousin germain et plus proche parent, le chef d’escadron Philogène Delacroix : les cordons du poêle sont tenus par le comte de Nieuwerkerke, surintendant des Musées impériaux, le sculpteur François Jouffroy, le peintre Hippolyte Flandrin et l’architecte Alphonse de Gisors. Au cimetière du Père-Lachaise, où Delacroix avait stipulé que son tombeau, copié “ sur l’antique ou Vignole ou Palladio ”, devait se tenir sur la hauteur, dans un endroit un peu écarté, Jouffroy prend la parole, au nom de l’Institut, suivi par Paul Huet, au nom des amis du peintre. L’assistance n’est pas nombreuse. Miné par la maladie, Delacroix était parvenu néanmoins à mener à bien deux cycles décoratifs importants, au Louvre (plafond central de la galerie d’Apollon, 1850), puis à l’Hôtel de Ville (salon de la Paix, détruit en 1871), et c’est au prix d’un labeur acharné, en menant “ une vie de chartreux ”, qu’il avait terminé “ sa ” chapelle – la chapelle des Saints-Anges à l’église Saint-Sulpice – dans le courant de l’été 1861. L’année précédente, il avait exposé seize peintures à la galerie Martinet, “ au profit de la caisse de secours des artistes ”, dont la Mort de Sardanapale (Paris, musée du Louvre), qui arracha à Baudelaire ce cri vibrant : “ le Sardanapale revu, c’est la jeunesse retrouvée ! ”. Conformément aux dernières volontés du peintre, l’intégralité de ce qui se trouvait dans son atelier fut dispersée au cours d’une vente mémorable, organisée à l’hôtel Drouot, du 17 au 19 février 1864 pour les tableaux, du 22 au 27 février pour les dessins, et le 29 février pour les eaux fortes et les lithographies. Cette même année, l’exposition organisée par les amis du peintre rassemblait à la Société nationale des Beaux-Arts, selon Théophile Gautier, “ tout ce qui n’était pas scellé à jamais en peintures murales aux parois des monuments, ou des églises ”, soit “ les spécimens les plus complets et les plus variés de son génie multiple ”. En 1885, une exposition, plus importante encore, se tint dans les salles de l’École nationale des Beaux-Arts, au profit de la souscription destinée à élever à Paris un monument à la mémoire du peintre : celui-ci, érigé au jardin du Luxembourg, fut inauguré le 5 octobre 1890.
Eugène Delacroix: La Liberté guidant le peuple, 1830
Quatrième enfant de Charles Delacroix (1741-1803) et de Victoire Oëben (1758-1814) – mais pour certains, fils naturel de Talleyrand – Delacroix appartient par son père à cette bourgeoisie en pleine ascension dont la Révolution, puis l’Empire, assurèrent le triomphe. Par sa mère, il descend du célèbre ébéniste de Louis XV. Orphelin très jeune, et sans argent, élevé par sa sœur, Henriette, qui avait épousé Raymond de Verninac, Delacroix est admis dans l’atelier de Guérin où il fait la connaissance – capitale – de Géricault. Par son oncle Riesener, il est introduit dans le salon parisien du baron Gérard, l’année même – 1822 – où il expose pour la première fois au Salon. Sa Barque de Dante (Paris, musée du Louvre) qui récolte plus de critiques que d’éloges est pourtant achetée pour le musée du Luxembourg. En 1824, son tableau, Scènes des massacres de Scio (Paris, musée du Louvre), inspiré par un épisode de la guerre d’indépendance des Grecs contre les Turcs est mieux accueilli. La mort prématurée de Géricault le propulse, cette année-là et malgré lui, au premier rang de la jeune génération romantique. En 1827, la Mort de Sardanapale (Paris, musée du Louvre), exposée tardivement au Salon, est la cible de critiques dévastatrices.
Meurtri, mais toujours possédé par un furieux désir de peindre, Delacroix diversifie son inspiration, peignant, dessinant et gravant des sujets tirés de l’histoire ancienne et moderne, de la religion et de la littérature, française et étrangère. Sa carrière prend alors un tournant plus favorable. Protégé par le duc d’Orléans, l’artiste est bien placé dès les débuts de la monarchie de Juillet. Il en sera de même sous le Second Empire, même s’il rechigne à se rendre aux invitations de Napoléon III. Rattrapé par l’actualité la plus brûlante, celle des journées révolutionnaires de juillet 1830, Delacroix en tire un chef-d’œuvre, la Liberté guidant le peuple, objet d’une violente controverse mais acquis par Louis-Philippe sur ses crédits privés (Paris, musée du Louvre). Quelques années plus tard, la commande de deux peintures, l’une pour la galerie des Batailles du château de Versailles (Bataille de Taillebourg, 1837, toujours en place), l’autre pour la galerie des Croisades (Entrée des croisés à Constantinople, 1840, Paris, musée du Louvre), le hausse parmi les plus grands peintres d’histoire de l’école française. Entre-temps survient l’épisode qui aura une incidence décisive et durable sur l’évolution de son art, un séjour de plus de cinq mois en terre africaine aux côtés du comte Charles de Mornay, envoyé par Louis-Philippe auprès de l’empereur du Maroc (fin janvier-juillet 1832). Peu après son retour en France, Delacroix a l’occasion de montrer un aspect de son art jusque là inconnu. Grâce à la protection de Thiers, il est invité à participer au programme décoratif de la Chambre des Députés (Salon du Roi et Bibliothèque) qu’il va mener de pair avec celui de la Chambre des Pairs.
Tout au long de ces années, l’artiste mène une vie harassante, partagée entre le travail – il est présent au Salon presque chaque année – et les mondanités. On le voit au théâtre, au concert, à l’Opéra, fréquentant les salons parisiens. De temps à autre, il lui faut prendre du repos, soit à la campagne, dans la petite maison de Champrosay, soit au bord de la mer, à Dieppe. La sélection des œuvres qu’il présente à l’Exposition universelle de 1855 lui vaut la grande médaille d’honneur et une promotion au grade de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur. Deux ans plus tard, après sept échecs, il est enfin élu à l’Institut.
“ On ne se donne point la réputation, il faut la mériter et l’attendre ” a écrit Delacroix dans son Journal. “ Dernier des Renaissants, premier des Modernes ”, selon la formule de Baudelaire, personnalité complexe, tiraillée entre des aspirations antinomiques, Delacroix a laissé une œuvre immense, tant dans le domaine de la peinture que dans celui du dessin et de la gravure. Si la richesse et les audaces de sa palette ont déconcerté de son vivant bon nombre de ses contemporains, les générations suivantes de peintres – Renoir, Redon, Cézanne, Gauguin, Signac, Maurice Denis, Matisse ou Picasso – lui ont rendu hommage pour avoir su faire “ parler passionnément les couleurs du prisme. ”
Scène des massacres de Scio ;
La Liberté guidant le peuple
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