L’une des héroïnes du XXe siècle : Irena Sendlerowa était son nomL’un des grands héros de la Seconde Guerre mondiale a mené une opération secrète pour faire sortir 2 500 enfants juifs du ghetto de Varsovie, les sauvant ainsi d’une mort quasi certaine. Pourtant, jusqu’à récemment, peu de gens avaient entendu l’incroyable histoire d’Irena Sendler (1910-2008). Cette infirmière et assistante sociale catholique polonaise a défié les nazis au péril de sa vie et a failli payer le prix ultime pour ses actions courageuses. Et même lorsqu’elle a été torturée par la Gestapo, elle n’a jamais révélé le nom ou l’emplacement des enfants qu’elle avait sauvés. Son histoire est celle d’une grande force morale et de la détermination à combattre le mal, quel qu’en soit le prix.Née en 1910 près de Varsovie, Sendler a commencé à aider les Juifs dès 1939, après l’invasion de la Pologne par les Allemands. Au début, elle a aidé à créer de faux documents pour plus de 3 000 familles juives, mais elle a ensuite rejoint la Żegota, l’organisation de résistance polonaise clandestine créée pour aider la population juive du pays. En 1943, Sendler devint chef de la division des enfants de Żegota et utilisa son accès spécial au ghetto de Varsovie, accordé aux employés du département de la protection sociale pour effectuer des inspections contre le typhus, pour mettre en place une opération de contrebande. Elle et ses collègues ont commencé à transporter secrètement des bébés et des enfants hors du Ghetto en les cachant dans une ambulance à faux fond ou dans des paniers, des cercueils et même des sacs de pommes de terre.Une fois les enfants sortis du ghetto, Sendler s’arrange pour qu’on leur donne de fausses identités et les place dans des familles polonaises ou dans des orphelinats. Cependant, elle n’a jamais perdu l’espoir qu’après la guerre, les enfants puissent retrouver leur famille et reprendre leur identité juive. Dans cet espoir, Sendler a conservé des listes méticuleuses du vrai nom de chaque enfant. Entre de mauvaises mains, ces documents auraient été fatals à Sendler, aux autres membres de son réseau et aux enfants qu’ils ont sauvés ; pour les protéger, Sendler a scellé les listes dans des bocaux et les a enterrées. Elle seule savait où se trouvaient les informations, attendant le jour où elle pourrait les déterrer en toute sécurité.Après avoir sauvé plus de 2 500 enfants, Sendler a été arrêtée par la Gestapo, torturée et condamnée à mort. Heureusement, Żegota a pu soudoyer les gardes allemands alors qu’elle était sur le chemin de l’exécution ; c’était au tour de Sendler d’être mis en sécurité. Sendler a été contrainte de vivre dans la clandestinité pendant le reste de la guerre, bien qu’elle ait continué à travailler pour Żegota sous un faux nom. Après la fin de la guerre, Sendler et ses collègues ont rassemblé les dossiers contenant les détails de tous les enfants qui avaient été placés dans la clandestinité, mais presque tous leurs parents avaient été tués dans le camp d’extermination de Treblinka ou figuraient parmi les disparus. En 1965, Sendler a été honorée par Yad Vashem comme l’une des Justes parmi les Nations polonaises pour ses efforts en temps de guerre.Une partie fascinante de l’incroyable histoire de Sendler est qu’elle a été presque entièrement perdue – mais a été sauvée par les efforts de recherche impressionnants de plusieurs lycéens du Kansas. En 1999, Norm Conard, professeur de lycée, a encouragé trois de ses élèves, Megan Steward, Elizabeth Cambers et Sabrina Coons, à travailler sur un projet d’un an dans le cadre de la Journée nationale de l’histoire. À partir d’une courte coupure de presse mentionnant Sendler, les filles ont mené une enquête d’un an sur sa vie et ont finalement écrit une pièce de théâtre sur Sendler intitulée « Life in a Jar ». La pièce a suscité l’intérêt pour l’histoire de Sendler et a été jouée des centaines de fois aux États-Unis, au Canada et en Pologne. L’histoire de Sendler et de trois lycéennes a également été racontée dans un livre émouvant, « Life In a Jar » : Le projet Irena Sendler.Après que leur pièce ait connu un succès inattendu, les jeunes chercheurs ont eu l’occasion de rencontrer le héros oublié dont ils avaient contribué à révéler l’incroyable histoire en 2001. Les étudiants ont été tellement inspirés par elle qu’ils ont également organisé une campagne pour proposer la candidature de Sendler au prix Nobel de la paix. Elle a été nominée en 2007, mais elle n’a pas pu gagner, car l’une des conditions d’attribution du prix est que l’individu doit répondre au critère d’ « activités significatives au cours des deux dernières années » et les réalisations pour lesquelles elle était nominée avaient eu lieu des décennies auparavant.Irena Sendler infirmière au Bureau d’aide sociale de Varsovie dans la Pologne de 1940, celle dont le nom est resté quasi inconnu a sauvé la vie de 2 500 enfants juifs parqués avec leur famille dans le ghetto de Varsovie. Le Yad Vashem Memorial, mémorial israélien de l’holocauste, lui reconnaissait le titre de « Juste parmi les Nations » dès 1965, alors que la Pologne a attendu 2007 pour lui offrir un hommage national et proposer son nom pour le Prix Nobel de la Paix. Irena Sendlerowa ne le recevra jamais : elle s’éteignait en mai 2008,
Nous sommes en 1942, à Varsovie. Irena Sendlerowa est une employée du Comité d’aide sociale. Elle est Polonaise, catholique. Oui, moi aussi, j’ai pensé aussitôt : antisémite. Mais non. Non. Elle est Polonaise, catholique et son père l’a «éduquée dans l’idée qu’il faut sauver quelqu’un qui se noie, sans tenir compte de sa religion ou de sa nationalité».En face d’elle, le ghetto. Un mouroir, ceux qui survivent partent pour les chambres à gaz. Le Comité d’aide sociale est autorisé à apporter un peu d’aide aux juifs: quelques vivres, des couvertures… Les Nazis laissent entrer le camion, allez savoir pourquoi. Il faut braver l’épidémie de typhus. Il n’y a presque pas de médicaments. Irena Sendlerowa voit mourir ceux qu’elle aide. Les parents. Les enfants.Un jour, elle accepte l’impossible. Sauver un enfant. Le sortir du ghetto. Passer les contrôles, dans un camion. Les autres employés deviennent complices. La crainte du typhus est un atout, qui raccourcit les inspections. Dehors, il faudra lui trouver un foyer d’accueil. D’autres enfants suivent, cachés dans le fourgon, planqués sous une banquette, dans un panier linge, une boîte à outils, parfois les égouts, une brèche dans un mur… Des institutions catholiques les accueillent. Irena pense alors que les parents reverront leurs enfants après la guerre. Elle note scrupuleusement les noms, les foyers d’accueil, sur des bouts de papier qui s’amoncellent dans un bocal. Irena Sendlerowa a fait sortir 2.500 enfants juifs du ghetto de Varsovie. Deux-mille cinq cents. L’imagination ne peut suffire. Sous l’œil des kapos, des nazis, à la merci à tout instant des pleurs d’un bébé, d’une rafale de mitraillette, d’une dénonciation, d’un éternuement, elle a fait passer 2.500 enfants, la trouille au ventre et la certitude d’avoir raison. Et puis, il a fallu convaincre aussi. Convaincre les familles à qui on prenait les gosses aux familles.Je ne suis pas ta mère…
Imaginez ce que c’est que de convaincre des parents d’abandonner un enfant. Mais non, c’est impossible à imaginer. Apprendre aux gosses à prononcer leur nom en polonais, à faire les prières catholiques, se dire qu’un bébé a plus de chances qu’un gamin de 5 ans qui parle le yiddish… «Souviens-toi. Tu n’es pas Icek, mais Jacek, pas Rachela, mais Roma. Et moi, je ne suis pas ta mère, j’étais seulement la bonne chez vous. Tu iras avec la dame qui viendra te chercher un jour, elle t’emmènera dans un lieu sûr où je te rejoindrai.» Elle fait partie de la Résistance polonaise. Chaque enfant sauvé fait courir un risque supplémentaire à son réseau. Tous les savent. Un bébé qui chialerait lors d’une inspection ferait plonger tout le monde. Le réseau la soutient. Les bonnes sœurs accueillent des enfants, toujours plus. Parfois, l’humain se surpasse. Sous son nom de code Jolanta, Irena organise son réseau, pour sauver toujours plus d’enfants.«À l’équipe habituelle étaient venus s’ajouter de nombreux bénévoles, de jeunes passeurs qui, pour la plupart, étaient des membres de Żegota. Deux ou trois fois par semaine, ils plongeaient dans la vase, nageaient dans des boyaux encombrés de cadavres et de rats pour arracher les enfants au ghetto. Ensuite, ils devaient les guider dans une boue nauséabonde, relever certains quand ils s’évanouissaient à cause des nappes de méthane, les encourager et surtout les rassurer sans cesse.» Regardez Irena Sendlerowa, regardez-la encore. Elle est assise. On ne voit pas très bien mais son fauteuil est un fauteuil roulant. Trois mois de torture
Le 20 octobre 1943, Irena a été arrêtée par la Gestapo. Elle est torturée trois mois. Coups de gourdin, nerf de bœuf trempé dans l’eau. Les coups s’accumulent sur ses tibias, ses cuisses, ses seins, ses fesses… La peau est à vif. On lui fait compter les coups. En cas d’erreur, le supplice repart de zéro. Elle ne parle pas. Elle s’accroche à ses souvenirs, ses parents, ses amis. «Au plus fort des séances de torture, elle se cramponnait à une idée fixe : combien de personnes mourraient si elle craquait?» Trois mois. Trois mois de souffrances innommables, sans livrer un seul nom. Elle est condamnée à mort. Mais Jolanta est un symbole. La Résistance soudoie un gardien, et la fait évader. Regardez Irena Sendlerowa, dans son fauteuil roulant, les pieds et les jambes brisées par la Gestapo, incapable de marcher.Jusqu’en 1945, elle se cache, s’interdisant d’aller à l’enterrement de sa mère. Après la guerre, elle divorce pour épouser Stefan, qui était dans le même réseau de résistants. Elle déterre le bocal qui recèle ses petits bouts de papier, inestimable et misérable trésor. Elle essaye de reconstituer les familles. Les parents sont morts. Elle a sauvé des orphelins.
Irena Sendler est décédée en 2008 à l’âge de 98 ans, mais aujourd’hui, son histoire reste l’un des grands exemples d’héroïsme discret pendant la Seconde Guerre mondiale – même si elle ne s’est jamais considérée comme un héros. « Les héros font des choses extraordinaires. Ce que j’ai fait n’avait rien d’extraordinaire. C’était normal », a déclaré un jour Sendler. « Vous voyez un homme se noyer, vous devez essayer de le sauver même si vous ne savez pas nager ».
http://www.slate.fr/story/135932/liste-sendlerowa-2500-enfants-juifs
https://www.taurillon.org/femin-histoire-irena-sendlerowa
http://collectifhistoirememoire.org/Pages/129_Irena-Sendler.html