Le 12 mai 1881, un traité institue le protectorat de la République française sur la Tunisie, une régence ou province autonome de l’empire ottoman.La Tunisie est devenue un protectorat français lorsque le traité du Bardo a été conclu le 12 mai 1881. Ce traité a permis à la France de contrôler certaines zones géographiques sous couvert de rétablir l’ordre et de protéger le Bey de l’opposition interne, et a également permis aux agents diplomatiques français de protéger Intérêts tunisiens à l’étranger.
Le traité du Bardo (ou traité de Kasser Said) a été signé le 12 mai 1881 entre des représentants de la République française et le Bey tunisien Muhammed as-Sadiq. Un raid de l’Algérie par la tribu tunisienne Kroumer a servi de prétexte aux forces armées françaises pour envahir la Tunisie. Jules Ferry, le ministre français des Affaires étrangères, a réussi à envoyer un corps expéditionnaire français d’environ 36 000 hommes pour vaincre la tribu Kroumer. Les Français ont rencontré peu de résistance à la fois de la tribu Kroumer et d’as-Sadiq. Finalement, les Français ont retiré leurs forces après la signature du traité. Cependant, les termes de l’accord confiaient à la France la responsabilité des décisions de défense et de politique étrangère de la Tunisie. L’occupation militaire a été déclarée temporaire ; néanmoins Tunis devint un protectorat français. Le Bardo où les Beys Husainid s’étaient établis au début du 18ème siècle.Premiers contacts et concurrence colonialeLa Tunisie était une province de l’Empire ottoman depuis la conquête de Tunis (1574), mais avec une grande autonomie sous l’autorité d’un bey. En 1770, l’amiral De Broves pour Louis XV bombarde les villes de Bizerte, Porto Farina et Monastir en représailles à des actes de piraterie. Au XIXe siècle, les contacts commerciaux tunisiens avec l’Europe étaient nombreux et il y avait une population d’expatriés français, italiens et britanniques dans le pays, représentés par des consulats. La France avait également fait un prêt important à la Tunisie au milieu du XIXe siècle. Le gouvernement tunisien était faible, avec un système fiscal inefficace qui ne lui apportait qu’un cinquième de l’impôt collecté. L’économie a été paralysée par une série de sécheresses et l’élimination des corsaires par les flottes occidentales. Dernièrement, Les Tunisiens avaient peu de contrôle sur le commerce extérieur, car les anciens accords du XVIe siècle avec les puissances européennes limitaient les taxes douanières à 3 %. En conséquence, sa petite industrie a été dévastée par les importations, en particulier dans le domaine des textiles.Occupation françaiseAprès la guerre franco-prussienne de 1870-71, les Français souhaitaient naturellement prendre le contrôle de la Tunisie, voisine de la colonie française d’Algérie, et y supprimer l’influence italienne et britannique. Lors de la conférence de Berlin de 1878, un arrangement diplomatique est conclu pour que la France prenne le contrôle de la Tunisie tandis que la Grande-Bretagne obtient des Ottomans le contrôle de Chypre. Enfin, l’utilisation du territoire tunisien comme sanctuaire par les bandes rebelles du Khroumir a donné un prétexte à l’intervention militaire. Le 28 avril 1881, 28 000 hommes du général Forgemol de Bostquénard entrent en Tunisie. Le 1er mai, la ville de Bizerte se rend aux 8 000 hommes de Jules Aimé Bréart, qui poursuit ensuite sa route vers Tunis. Bréart entre à Tunis entre le 3 et le 6 mai 1881. Il a en sa possession le traité du Bardo établissant un protectorat sur la Tunisie, qui lui a été câblé la veille par le gouvernement français. Le 11 mai, le général Bréart, le consul général Théodore Roustan et le général Pierre Léon Mauraud, accompagnés d’une escorte armée, présentent au bey de Tunis, résidant à Ksar Saïd, les clauses du traité du Bardo. Surpris, le bey Sadok demande plusieurs heures de réflexion, et réunit aussitôt son cabinet. Certains de ses membres insistent pour que le bey s’échappe vers Kairouan pour organiser la résistance, mais Sadok Bey décide finalement d’accepter le protectorat. Le traité du Bardo est signé par les deux parties, sous la menace des troupes françaises, le 12 mai 1881. Une insurrection éclate bientôt dans le sud, le 10 juin 1881, puis à Sfax. Six cuirassés sont expédiés de Toulon (Colbert, Friedland, Marengo, Trident, Revanche, Surveillante) pour rejoindre les navires de la marine française dans les eaux tunisiennes.
A Sfax, trois cuirassés de la Division du Levant sont déjà présents (Alma, Reine Blanche, La Galissonnière), ainsi que quatre canonnières. Sfax est bombardée, et le 16 juillet la ville est investie après de durs combats, avec 7 morts et 32 blessés pour les Français. A Kairouan, 32 000 hommes, 6 000 chevaux et 20 000 tonnes d’approvisionnements et de matériel sont débarqués. Kairouan est prise sans combat le 28 octobre 1881.ConséquencesLa Tunisie devient ainsi un protectorat français, avec de grands pouvoirs pour les Français, le Résident français étant à la fois Premier ministre, contrôleur des finances de l’Etat, et Commandant en chef de ses forces armées. En 1882, le Résident, laissant le Bey essentiellement impuissant, et administrant en fait la Tunisie comme une autre colonie française. Plus tard, les Français établirent une importante base navale à Bizerte en 1898. L’Italie répondra par la guerre italo-turque de 1911-12 menant à l’occupation italienne de la Libye.
https://tracesdefrance.fr/2018/09/22/12-mai-1881-traite-du-bardo-avec-la-tunisie/
https://military-history.fandom.com/wiki/Treaty_of_Bardo