Pourquoi votre liberté d’expression est si importante Le journal satirique, est devenu un fer de lance du journalisme d’investigation en révélant des affaires qui ont ébranlé la Ve République.Le premier numéro de l’hebdomadaire satirique français «Le Canard enchaîné» est fondé par Maurice et Jeanne Maréchal aidés d’Henri-Paul Deyvaux-Gassier. Le journal satirique, créé le 10 septembre 1915, est devenu un fer de lance du journalisme d’investigation en révélant des affaires qui ont ébranlé la Ve République.Patrice GELINET et son invité Claude ANGELI, rédacteur en chef du Canard Enchaîné, évoquent la création du Canard Enchaîné le 10 Septembre 1915. Qu’il fasse rire ou grincer des dents depuis 82 ans(en 1997), le journal satirique terrorise la classe politique, renverse des gouvernements et fait descendre les puissants de leur piédestal. C’est contre la censure dont la presse était victime durant la première guerre mondiale que cet hebdomadaire décapant a été lancé par Maurice Maréchal et sa femme. Retour sur les grands moments de l’histoire du Canard. En guise d’introduction, diffusion d’un montage de lancements de journaux parlés faisant référence au « Canard Enchaîné» ; puis, tout au long de l’entretien, diffusion d’une chanson d’archives et de documents d’archives extraits du documentaire « La marre au Canard » de Roger Fressoz et Alain Dhénaut :- A 5′ 29 : Alain Gérard Slama explique pourquoi le Canard est indispensable. (Extrait de « La marre au Canard »)- A 7’47 : revue de presse de Stéphanie DUNCAN.- A 10’36 : diffusion de la chanson « Chantons la carmaniole ».- A 12’18 : Stéphanie DUNCAN rappelle les évènements de septembre 1915.- A 13’34 : extrait du journal parlé du 3 décembre 1973 : découverte des micros dans les nouveaux locaux du Canard. (Notice INA PHD95059020)- A 18’10 : Marcel Dassault réagit à la publication d’un article révélant sa feuille d’impôts. (Extrait de « La marre au Canard »)- A 20’23 : Robert Galley, ministre de la coopération à l’époque du couronnement de Bokassa. (Extrait de « La marre au Canard »)- A 23’50 : évocation du suicide de Robert Boulin et de Pierre BérégovoyLes débuts du « Canard Enchaîné »
Il a beau être devenu une institution, ces derniers mois ont montré que Le Canard enchaîné était toujours redoutable et redouté : dans les mares politiques, gare à ses coups de bec ! Mais de quelle couvée sort-il, cet étrange palmipède ? « Il y a eu dans la guerre de 14-18 deux miracles, celui de la Marne dû, comme on sait, à sainte Geneviève et celui du Canard enchaîné », disait l’humoriste Henri Monier. Combien de ses lecteurs savent-ils en effet que Le Canard enchaîné est né de la guerre de 1914 ? N’est-il pas paradoxal que le périodique qui s’est voulu le plus anticonformiste de la presse française, soit apparu alors qu’elle était soumise à la censure la plus implacable des pays belligérants et que sa seule mission semblait être de se livrer au « bourrage de crâne » ? Il est vrai que, même si mettre bout à bout des extraits bien choisis de journaux sans tenir compte du contexte est un exercice facile et souvent injuste, la plupart des journaux ont sacrifié allègrement à « l’action psychologique », que beaucoup de journalistes par zèle patriotique ne firent preuve d’aucune retenue, et que certaines phrases de Maurice Barrés ou d’Henri Lavedan, pour ne citer que deux chantres particulièrement éclatants, ternissent la réputation – sinon la gloire – de ces écrivains. Néanmoins, cela n’eut qu’un temps, c’est surtout pendant la première moitié de la guerre que les soldats « moururent joyeusement » à en croire écrivains et journalistes. Après avoir dominé complètement presse et littérature, « l’héroïsme de l’arrière » dut battre en retraite. Trop de morts, trop de mutilés, trop d’effroyables souffrances, trop d’échecs aussi, pour que l’on puisse continuer à peindre sous des couleurs riantes et délibérément optimistes l’horrible tragédie !Hommes enchaînés et canards libresCe n’est donc pas par hasard si, à partir de la fin de 1915, apparaissent de nouveaux journaux qui tranchent sur le conformisme ambiant et qui vont connaître le succès : parmi eux, L’Œuvre, quotidien depuis le 10 septembre 1915, et Le Canard enchaîné. C’est un jeune journaliste du Matin, Maurice Maréchal, trente-quatre ans en 1915, qui fut le fondateur du Canard enchaîné. L’origine du titre prête à discussion : fut-il simplement la reprise de celui d’une de ces « feuilles de tranchées » que les soldats confectionnaient au front – un Canard enchaîné avait été publié par le 74e régiment d’infanterie -, ou une création originale de l’équipe de journalistes qu’un jour de l’été 1915 Maurice Maréchal avait réuni chez lui, Rodolphe Bringer, La Fouchardière, Victor Snell, Lucien Laforge, H.-P. Gassier. ?Dans l’une ou l’autre hypothèse, il est évident qu’il y a eu influence consciente ou inconsciente du titre que Clemenceau avait donné à son Homme libre devenu, dans les fers de la censure, L’Homme enchaîné. Les débuts du nouveau journal ne furent pas heureux. Le premier numéro avait été publié le 10 septembre 1915, mais alors qu’il avait été prévu de paraître trois fois par mois, Le Canard enchaîné ne dépassait pas le cinquième numéro. Il disparaissait le 4 novembre de la même année. Il est facile d’imaginer les raisons de l’échec : il était encore trop tôt à la fin de 1915 pour pouvoir rire, même d’un rire grinçant, à propos de la guerre. Il fallut encore près d’un an pour qu’un nouveau lancement, le bon, ait lieu, le 5 juillet 1916. Quel était l’objectif du nouveau périodique, maintenant hebdomadaire et paraissant déjà le mercredi ? Répondre aux « professeurs de patriotisme », en utilisant comme arme « l’ironie ». « Chacun sait en effet, disait-il dans sa présentation de 1915, que la presse française sans exception, ne communique à ses lecteurs, depuis le début de la guerre, que des nouvelles implacablement vraies. Eh bien, le public en a assez. Le public veut des nouvelles fausses… pour changer. Il en aura. » Il voulait aussi être « un journal vivant, propre et libre ». « Propre et libre », ce fut certainement le souci primordial de Maurice Maréchal qui le dirigea jusqu’à son sabordage en 1940. Fondé avec un capital très modeste – dix mille francs -, installé d’abord dans l’appartement de son directeur, Le Canard enchaîné ne disposa pour débuter que de moyens très réduits. Maurice Maréchal s’occupait lui-même de la fabrication du journal, tandis que sa femme en assurait l’administration, ce qui signifiait outre tenir la comptabilité, faire les paquets et les livrer à bicyclette aux dépositaires parisiens ! Véritable maniaque de l’indépendance, le directeur du Canard refusa dès le départ toute publicité – c’est toujours vrai aujourd’hui ! -, ainsi que toutes les petites faveurs dont peuvent profiter journaux et journalistes.Le Canard contre le Coq
Mais comment, en pleine guerre, un journal satirique qui ne manifestait guère de sympathie pour la guerre parvint-il à se maintenir ? On peut en trouver l’explication dans l’analyse de son contenu. Certains journaux taxèrent Le Canard enchaîné de pacifisme, les autorités militaires surveillèrent avec suspicion sa diffusion dans la zone des armées, mais en réalité si l’hebdomadaire se situait résolument à gauche, s’il était pacifiste en ce sens qu’il souhaitait le retour à la paix, il n’était en rien défaitiste. La paix certes, mais pas à n’importe quel prix. Sa critique visait non pas la poursuite de la guerre, mais ce que trop de ses confrères disaient de la guerre. Ce à quoi Le Canard s’attaqua, ce sont les mensonges patriotiques et le chauvinisme outrancier, ce qu’il poursuivit de sa vindicte, ce sont les spécialistes du « bourrage de crâne », les Alfred Capus, les Bazin, les Richepin, et, au-dessus du lot, Gustave Hervé, l’ancien champion tonitruant de l’antimilitarisme, l’homme au « drapeau dans le fumier », converti au nationalisme, et Maurice Barrés, le ténor le plus distingué du boulangisme et de l’antidreyfusisme. Une des trouvailles du Canard fut le lancement d’un plébiscite national pour l’élection du « grand chef de la tribu des bourreurs de crâne ». Pendant plusieurs mois, il tint en haleine ses lecteurs en publiant les meilleures réponses. Finalement, le 20 juin 1917, Gustave Hervé l’emporte sur Maurice Barrés d’une courte crête de coq, 5 653 voix contre 5 402 ! Les chroniqueurs militaires que les principaux journaux s’étaient attachés, et dont, il faut bien le dire, l’extravagance fut souvent le lot, furent également une cible de choix pour Le Canard, particulièrement le lieutenant-colonel Rousset dans Le Petit-Parisien et le général Cherfils dans L’Écho de Paris. Faisant de ce dernier le Guynemer de la plume, il titrait le 31 janvier 1917 :
Les « As » de la Presse,« Le général Cherfils abat son cinquantième lecteur. »
Cette polémique souvent féroce n’était-elle pas de nature à affaiblir le moral des Français ? Ce n’est pas l’avis d’Alain Schifrès qui a étudié l’idéologie du Canard enchaîné. « C’est l’inverse qui se produisait ; cette bouffée d’air pur qu’il apportait chaque semaine, cette cure de désintoxication […] vengeait ses lecteurs des misères qu’ils devaient subir. Et ce déferlement hebdomadaire aidait le public à prendre son mal en patience au lieu d’exaspérer son pacifisme. »Qu’ils aient été conscients ou non de ce rôle du Canard, les pouvoirs publics l’ont laissé vivre. Il a eu évidemment maille à partir avec la censure. Ainsi le 5 mars 1917, elle lui réclamait dix échoppages avec les commentaires suivants :
(1). « trop de feuilles », deux lignes pessimistes ;
(2). « La fiancée du poilu », en entier, poésie inopportune ;
(3). « On refuse du monde », un passage tendancieux sur les socialistes ; […]
(5). « Pouvons-nous laisser lire Jules Verne à nos enfants ? », citation désobligeante pour nos alliés (anglais); […]
(10). « Et la carte de pain bénit », une phrase ironique déplacée : « La guerre est une épreuve salutaire envoyée par Dieu. »Néanmoins, il ne fut pas victime d’une persécution systématique ; des numéros entiers pendant plusieurs semaines consécutives ne subirent pas la moindre remarque de la censure. La fin de la guerre, Le Canard enchaîné la salua d’une simple manchette « Ouf » et d’un éditorial mesuré : « Honneur ».
« Et d’abord, honneur aux Poilus ! Honneur aux nobles et bons bougres qui, pendant des mois, des années – ceux du moins qui ont duré tout le temps -, ont montré tant d’admirable abnégation. »
Mais né de la guerre, allait-il pouvoir lui survivre ?Ce fut-là probablement le second miracle du Canard, et son succès ne s’est pratiquement jamais démenti depuis. Il le doit au style trouvé dès le début – le lecteur de 1980 n’est pas dépaysé en feuilletant la collection de 1916 -, mélange de satire et de sérieux, sens des titres qui font mouche, style apparemment inimitable – il n’y a pas d’autres Canard dans le monde -, toutefois plus qu’à ses thèmes de prédilection, antimilitarisme, anticléricalisme, antiétatisme, il le doit aussi à un état d’esprit, assurer la défense du Français moyen, citadin, salarié, consommateur, de condition modeste, ce qui, comme il a été dit, « lui a assuré le soutien indéfectible de la petite bourgeoisie de gauche (fonctionnaires, enseignants…) ».
Pourquoi votre liberté d’expression est si importante
La liberté d’expression est nécessaire pour obliger les gouvernements à rendre des comptes, mais elle est menacée en Europe. Voici pourquoi ce droit est si important et ce que Liberties fait pour le protéger.
Qu’est-ce que la liberté d’expression ? Nous communiquons en parlant, en écrivant, en nous habillant, en protestant et de tant d’autres façons. La communication est une partie importante de nos vies, et le niveau de liberté de communiquer a un impact significatif sur notre société et sur la force de notre démocratie. La liberté d’expression est essentiellement notre droit de communiquer sur des questions politiques. Cela signifie que toute communication pertinente pour le public, comme les commentaires sur les actions du gouvernement, les critiques d’agents publics ou les demandes de certains droits, est protégée par le droit à la liberté d’expression.Chez Liberties, nous travaillons pour protéger le droit à la liberté d’expression en ligne et hors ligne. Bien que la liberté d’expression soit un droit humain fondamental de grande envergure, elle n’est pas illimitée. La plupart de nos droits doivent être mis en balance les uns avec les autres, ce qui signifie qu’une personne ne peut revendiquer la protection de la liberté d’expression pour inciter à la haine contre les autres ou les mettre en danger. C’est pourquoi le discours de haine et la pédopornographie ne sont pas protégés en tant que liberté d’expression. D’autres limitations, telles que le matériel protégé par le droit d’auteur ou les informations personnelles, définissent la liberté d’expression de manière étroite et proportionnelle. La protection du droit d’auteur sert principalement les intérêts du créateur. Personne ne peut publier Harry Potter sous son propre nom ou en faire un film sans l’autorisation de l’auteur, mais de simples citations ou l’utilisation de matériel à des fins éducatives sont généralement exclues de la protection du droit d’auteur. Le droit à la vie privée limite également la liberté d’expression. Dans la plupart des cas, il est interdit de publier des informations privées sensibles – le droit de garder votre dossier de santé privé l’emporte sur les intérêts de la liberté d’expression, par exemple. Cet équilibre ne peut être décidé qu’au cas par cas.Pourquoi travaille-t-on sur ce sujet ?
À propos de nous Notre travail Impliquez-vous Histoires Contact S’abonner Faire un don Technologie et droits Voici pourquoi votre liberté d’expression est si importante La liberté d’expression est nécessaire pour obliger les gouvernements à rendre des comptes, mais elle est menacée en Europe. Voici pourquoi ce droit est si important et ce que Liberties fait pour le protéger by Liberties EU juillet 12, 2017 Share Qu’est-ce que la liberté d’expression ? Nous communiquons en parlant, en écrivant, en nous habillant, en protestant et de tant d’autres façons. La communication est une partie importante de nos vies, et le niveau de liberté de communiquer a un impact significatif sur notre société et sur la force de notre démocratie. La liberté d’expression est essentiellement notre droit de communiquer sur des questions politiques. Cela signifie que toute communication pertinente pour le public, comme les commentaires sur les actions du gouvernement, les critiques d’agents publics ou les demandes de certains droits, est protégée par le droit à la liberté d’expression. La liberté d’expression compte. Aidez-nous à protéger le vôtre !Démocratie assiégée
Alors qu’une pandémie mortelle, une insécurité économique et physique et un conflit violent ravageaient le monde, les défenseurs de la démocratie ont subi de nouvelles lourdes pertes dans leur lutte contre des ennemis autoritaires, modifiant l’équilibre international en faveur de la tyrannie.Alors qu’une pandémie mortelle, une insécurité économique et physique et un conflit violent ont ravagé le monde en 2020, les défenseurs de la démocratie ont subi de nouvelles lourdes pertes dans leur lutte contre des ennemis autoritaires, modifiant l’équilibre international en faveur de la tyrannie. Les dirigeants en place ont de plus en plus utilisé la force pour écraser les opposants et régler leurs comptes, parfois au nom de la santé publique, tandis que les militants assiégés – manquant d’un soutien international efficace – ont été condamnés à de lourdes peines de prison, à la torture ou au meurtre dans de nombreux contextes. Ces coups durs ont marqué la 15e année consécutive de déclin de la liberté mondiale. Les pays connaissant une détérioration étaient plus nombreux que ceux connaissant des améliorations par la plus grande marge enregistrée depuis le début de la tendance négative en 2006.La longue récession démocratique s’aggrave. L’impact du déclin démocratique à long terme est devenu de plus en plus global, suffisamment large pour être ressenti par ceux qui vivent sous les dictatures les plus cruelles, ainsi que par les citoyens des démocraties de longue date. Près de 75% de la population mondiale vivait dans un pays qui a connu une détérioration l’année dernière. Le déclin continu a donné lieu à des allégations d’infériorité inhérente à la démocratie. Les partisans de cette idée comprennent des commentateurs officiels chinois et russes cherchant à renforcer leur influence internationale tout en échappant à la responsabilité des abus, ainsi que des acteurs antidémocratiques au sein des États démocratiques qui voient une opportunité de consolider le pouvoir. Ils applaudissent à la fois l’effondrement de la démocratie et l’exacerbent, se dressant contre les groupes et les individus courageux qui ont entrepris d’inverser les dégâts.L’influence néfaste du régime en Chine, la dictature la plus peuplée du monde, a été particulièrement profonde en 2020. Pékin a intensifié sa campagne mondiale de désinformation et de censure pour contrer les retombées de sa dissimulation de l’épidémie initiale de coronavirus, qui a gravement entravé une rapide réponse mondiale dans les premiers jours de la pandémie. Ses efforts ont également comporté une ingérence accrue dans le discours politique national des démocraties étrangères, des extensions transnationales des violations des droits courantes en Chine continentale et la démolition des libertés et de l’autonomie juridique de Hong Kong. Pendant ce temps, le régime chinois a gagné en influence dans les institutions multilatérales telles que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, que les États-Unis ont abandonné en 2018.Alors que le COVID-19 se propageait au cours de l’année, les gouvernements de tout le spectre démocratique ont eu recours à plusieurs reprises à une surveillance excessive, à des restrictions discriminatoires des libertés telles que la circulation et la réunion, et à l’application arbitraire ou violente de ces restrictions par la police et les acteurs non étatiques. Des vagues d’informations fausses et trompeuses, générées délibérément par des dirigeants politiques dans certains cas, ont inondé les systèmes de communication de nombreux pays, obscurcissant des données fiables et mettant en danger des vies. Alors que la plupart des pays dotés d’institutions démocratiques plus solides ont veillé à ce que toute restriction à la liberté soit nécessaire et proportionnée à la menace posée par le virus, un certain nombre de leurs pairs ont poursuivi des stratégies maladroites ou mal informées, et des dictateurs du Venezuela au Cambodge ont exploité la crise pour écraser l’opposition et fortifier leur pouvoir.
L’expansion d’un régime autoritaire, combinée à la disparition et à la présence incohérente des grandes démocraties sur la scène internationale, a eu des effets tangibles sur la vie humaine et la sécurité, notamment le recours fréquent à la force militaire pour résoudre les différends politiques. Alors que des conflits de longue date se déroulaient dans des endroits comme la Libye et le Yémen, les dirigeants de l’Éthiopie et de l’Azerbaïdjan ont lancé des guerres l’année dernière dans les régions du Tigré et du Haut-Karabakh, respectivement, s’appuyant sur le soutien de leurs voisins autoritaires, l’Érythrée et la Turquie, et déstabilisant les régions environnantes. Les répercussions des combats ont brisé les espoirs de mouvements de réforme hésitants en Arménie, qui s’est heurtée au régime azerbaïdjanais au sujet du Haut-Karabakh, et en Éthiopie.
L’Inde, la démocratie la plus peuplée du monde, est passée du statut de libre à partiellement libre dans Freedom in the World 2021. Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi et ses alliés au niveau de l’État ont continué de sévir contre les critiques au cours de l’année, et leur réponse au COVID -19 comprenait un confinement brutal qui a entraîné le déplacement dangereux et imprévu de millions de travailleurs migrants internes. Le mouvement nationaliste hindou au pouvoir a également encouragé le bouc émissaire des musulmans, qui ont été blâmés de manière disproportionnée pour la propagation du virus et ont été attaqués par des groupes d’autodéfense. Plutôt que de servir de champion de la pratique démocratique et de contrepoids à l’influence autoritaire de pays comme la Chine, Modi et son parti conduisent tragiquement l’Inde elle-même vers l’autoritarisme.
L’état alarmant de la démocratie américaine était visible au début de 2021 alors qu’une foule d’insurgés, encouragée par les paroles du président sortant Donald Trump et son refus d’admettre la défaite aux élections de novembre, a pris d’assaut le bâtiment du Capitole et a temporairement interrompu la certification finale du Congrès du vote. Cela a couronné une année au cours de laquelle l’administration a tenté de saper la responsabilité pour malversation, notamment en limogeant les inspecteurs généraux chargés d’éradiquer les fautes financières et autres au sein du gouvernement ; de fausses allégations amplifiées de fraude électorale qui ont alimenté la méfiance d’une grande partie de la population américaine ; et a toléré la violence disproportionnée de la police en réponse à des manifestations massives appelant à la fin de l’injustice raciale systémique. Mais le déchaînement de violence politique au cœur symbolique de la démocratie américaine, incité par le président lui-même, a plongé le pays dans une crise encore plus grande. Nonobstant l’investiture d’un nouveau président conformément à la loi et à la constitution, les États-Unis devront travailler vigoureusement pour renforcer leurs garanties institutionnelles, restaurer leurs normes civiques et tenir la promesse de leurs principes fondamentaux pour tous les segments de la société s’il est de protéger sa vénérable démocratie et de retrouver une crédibilité mondiale.
Les mouvements de protestation généralisés de 2019, qui avaient signalé le désir populaire de bonne gouvernance dans le monde entier, se sont souvent heurtés à une répression accrue en 2020. Alors que des manifestations réussies dans des pays comme le Chili et le Soudan ont conduit à des améliorations démocratiques, il existe de nombreux autres exemples dans lesquels les manifestants ont succombé à la répression, les régimes oppressifs bénéficiant d’une communauté internationale distraite et divisée. Près de deux douzaines de pays et territoires qui ont connu de grandes manifestations en 2019 ont subi un net déclin de la liberté l’année suivante. Bien que la liberté dans le monde Alors que les pays les plus performants étaient en recul depuis plusieurs années, en 2020, ce sont les démocraties en difficulté et les États autoritaires qui expliquent le plus le déclin mondial. La proportion de pays non libres est désormais la plus élevée des 15 dernières années. En moyenne, les scores de ces pays ont baissé d’environ 15 % au cours de la même période. Dans le même temps, le nombre de pays dans le monde obtenant une amélioration nette du score pour 2020 était le plus bas depuis 2005, ce qui suggère que les perspectives d’un changement dans la tendance mondiale à la baisse sont plus difficiles que jamais. Avec le déclin de l’Inde en partie libre, moins de 20 % de la population mondiale vit désormais dans un pays libre, la plus faible proportion depuis 1995. Alors que la répression s’intensifie dans des environnements déjà non libres, de plus grands dommages sont causés à leurs institutions et sociétés.
Les ennemis de la liberté ont poussé le faux récit selon lequel la démocratie est en déclin parce qu’elle est incapable de répondre aux besoins des gens. En fait, la démocratie est en déclin parce que ses exemples les plus marquants ne font pas assez pour la protéger. Le leadership mondial et la solidarité des États démocratiques sont nécessaires de toute urgence. Les gouvernements qui comprennent la valeur de la démocratie, y compris la nouvelle administration de Washington, ont la responsabilité de s’unir pour tirer parti de ses avantages, contrer ses adversaires et soutenir ses défenseurs. Ils doivent également mettre leurs propres maisons afin de consolider leur crédibilité et de fortifier leurs institutions contre les politiciens et autres acteurs qui sont prêts à piétiner les principes démocratiques dans la poursuite du pouvoir. Si les sociétés libres ne prennent pas ces mesures fondamentales.
https://www.lhistoire.fr/les-d%C3%A9buts-du-%C2%AB-canard-encha%C3%AEn%C3%A9-%C2%BB
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/audio/00232428/10-septembre-1915-le-canard-enchaine
https://freedomhouse.org/report/freedom-world/2021/democracy-under-siege