Fascisme : histoire, idéologie et influenceLe 21 novembre 1921, Benito Mussolini créa le Parti National Fasciste (PNF). Cette date marque le funeste anniversaire de la fondation d’un parti officiellement dissous le 2 août 1943, peu après la destitution du Duce par le roi Victor-Emmanuel III, le 25 juillet de la même année. Cette décision provoqua l’invasion allemande de l’Italie qui devint le théâtre d’une sanglante campagne de reconquête par les Alliés et d’une guerre civile entre fascistes et forces de la résistance.
Suite à la création de ses milices fascistes (les faisceaux italiens de combat) en 1919, Mussolini décida de transformer son mouvement en parti politique. Il organisa sa prise de pouvoir peu après, en octobre 1922, après avoir fait marcher ses chemises noires sur Rome et contraint le roi à le nommer président du conseil.Malgré l’instauration d’un régime dictatorial, Mussolini suscita initialement une certaine admiration auprès des démocraties pour avoir éradiqué les contestations ouvrières. Le Washington Post du 1er novembre 1926 écrivait : «Le fascisme est une institution inspirant une dévotion fanatique tout comme une fanatique opposition, mais malgré ses tendances répressives il transforme l’Italie en une nation productive et prospère […] Mussolini est un homme courageux. […] Il mérite l’admiration du monde.»Après avoir toléré et couvert des assassinats politiques, aboli toute forme d’opposition, toute liberté de presse et tous les partis, après avoir instauré les tribunaux spéciaux et la peine de bannissement, après avoir réintroduit la peine de mort, le Duce sombrera par la suite dans ses délires de grandeur impériale en se lançant dans une politique de conquêtes coloniales et en liant le destin de son pays à celui de l’Allemagne nazie. Il finira par se voir en nouvel empereur Auguste à la tête d’un vaste empire méditerranéen. Grisé par ses succès initiaux, poussé par une mégalomanie sans limites, ne se fiant plus qu’à ses instincts après avoir épuré son entourage de toute voix dissidente, le dictateur se considérera comme infaillible. Il édictera les ignobles lois raciales et fera entrer son pays dans la guerre aux côtés des Nazis. Il persistera dans l’erreur jusqu’au bout de l’enfer.Le fascisme est resté au pouvoir pendant près de 22 ans, soit 10 ans de plus que le nazismeLe peuple italien a rapidement succombé à sa rhétorique revancharde et triomphante. Il ne fut pas le seul, mais il fut le premier. Le fascisme est resté au pouvoir pendant près de 22 ans, soit 10 ans de plus que le nazisme. Quand un obscur agitateur autrichien écrivait encore Mein Kampf dans une prison bavaroise, Mussolini était au pouvoir depuis deux ans. En 1923, il n’avait même pas daigné accéder à la demande de ce trublion qui lui demandait une photo dédicacée. L’idéologie fasciste a inspiré Hitler qui admirait profondément le Duce. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1933, Mussolini dirigeait l’Italie depuis une décennie. Cette admiration personnelle du Führer pour le Duce persista malgré les piteuses performances militaires italiennes durant le conflit mondial. Quelques heures après l’attentat raté d’Hitler en juillet 1944, ce dernier reçut le Duce qu’il qualifia de son meilleur ami, probablement le seul au monde. Difficile de lui donner tort !Dans son utopie maléfique de créer un Italien nouveau, Mussolini ne reculera devant aucun sacrifice
Bien évidemment, le fascisme d’il y a un siècle dérive de circonstances bien particulières, propres à cette époque tourmentée qui suivit la révolution bolchevique en 1917 et la fin de la Première guerre mondiale en 1918, conjuguant désenchantement, marasme économique, menace rouge, insurrections paysannes et ouvrières dans un climat nationaliste effréné. Toutefois, même si le PNF n’existe plus depuis des décennies, certains attributs du fascisme comme l’attrait pour l’homme fort, le mépris du multilatéralisme et de la démocratie, l’intolérance envers les personnes qui ne partagent les mêmes valeurs, la violence rhétorique refont surface, amplifiés par les réseaux sociaux. Ce centenaire devrait être l’occasion d’une bonne piqûre de rappel sur les désastres provoqués par Benito Mussolini, l’homme qui par son verbe avait l’Italie à ses pieds et qui, par son narcissisme et sa mégalomanie, l’a mise à genoux. Dans son utopie maléfique de créer un Italien nouveau, Mussolini ne reculera devant aucun sacrifice. Plus d’un demi-million d’Italiens ont péri, sans compter les victimes encore plus nombreuses des guerres de conquêtes fascistes en Libye, Éthiopie, Albanie, Grèce et Yougoslavie.Il faut démystifier l’image du brave dictateur qui n’éprouve que de l’amour pour son bon peuple. Son cynisme se reflète dans quelques réflexions confiées à son beau-fils Galeazzo Ciano (qu’il fera par ailleurs exécuter en janvier 1944…) que ce dernier a rapporté dans son journal : 24 décembre 1940 : le Duce regarde dehors. Il est content qu’il neige. Il dit : cette neige et ce froid tombent bien. Ainsi mourront les demi-portions et cette médiocre race italienne s’améliorera. Une des raisons pour lesquelles j’ai voulu le reboisement des Apennins était celle de rendre l’Italie plus froide et neigeuse.Fascisme : histoire, idéologie et influenceLe fascisme est une idéologie politique dangereuse qui s’est développée après la Première Guerre mondiale en Italie et en Allemagne. Cette leçon décompose la définition et les caractéristiques du fascisme, son histoire et son influence négative sur le monde.Définition du fascisme
Le fascisme est sans doute l’une des idéologies politiques les plus dangereuses. Voyons pourquoi.
Le fascisme est une idéologie politique qui s’est développée après la Première Guerre mondiale en Italie et en Allemagne. Le fascisme se caractérise par un nationalisme fort, un niveau extrême d’autoritarisme, de corporatisme, de militarisation et d’hostilité envers le libéralisme et le marxisme. Décomposons cette définition en ses éléments constitutifs pour mieux appréhender le fascisme.
Le fascisme implique un degré élevé de nationalisme, qui est un fort sentiment de patriotisme envers votre État et son peuple. En fait, le nationalisme du fascisme est si fort qu’il implique souvent des sentiments de supériorité nationale et raciale sur les autres. L’exemple le plus sombre en est l’Holocauste juif provoqué par le fascisme nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les gouvernements fascistes emploient une forme extrême d’autoritarisme. Les gouvernements autoritaires ont le pouvoir concentré dans un petit groupe de personnes ou même une personne. Les citoyens ne sont souvent pas autorisés à former des partis d’opposition et des élections libres n’ont souvent pas lieu. La propagande et la politique secrète sont des outils d’État. Les dirigeants autoritaires ne sont généralement pas soumis à l’état de droit – les lois ne s’appliquent pas à eux. Peut-être qu’aucun personnage historique n’a mieux représenté l’autoritarisme du XXe siècle que Benito Mussolini, le dirigeant de l’Italie de 1925 à 1943, connu sous le nom de « Il Duce » – « Le chef ».
Le fascisme est également caractérisé par le militarisme, où les institutions militaires et la force militaire ont une forte influence sur la société. Le militarisme peut être caractérisé par quatre facteurs. Premièrement, cela implique la participation d’officiers militaires au gouvernement civil. Deuxièmement, l’État se concentre sur une politique étrangère fondée sur une armée forte et sur la projection du pouvoir. Troisièmement, les valeurs et les normes militaires sont persuasives au sein de la culture de la société. Enfin, l’accent est mis sur la préparation de la guerre dans les institutions culturelles, politiques et économiques.
Le corporatisme fait aussi partie de l’État fasciste. Le corporatisme se produit lorsqu’un gouvernement fait entrer dans le gouvernement certains groupes commerciaux, syndicaux et sociaux privilégiés pour qu’ils participent directement à la formulation et à la mise en œuvre de la politique. Notez que cela est différent du communisme, car l’État ne possède pas les industries et ne contrôle pas la main-d’œuvre. En fait, le corporatisme promeut souvent le capitalisme mais l’oriente vers des objectifs étatiques. C’est aussi différent du pluralisme à l’américaine, où les groupes d’intérêt tentent d’influencer le gouvernement par le biais du lobbying. Au lieu de cela, les groupes d’intérêt participent directement au processus d’élaboration des politiques.
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