L’affaire Markovic qui mêle mafia, politique et star de cinémaFrance 5 raconte, pas à pas, les dessous sombres de l’affaire Markovic, qui défraya la chronique en 1968 et remonta jusqu’au sommet du pouvoir français. Passionnant.Diffusé dans « La case du siècle », sur France 5, le documentaire L’Affaire Markovic, coups bas chez les Gaullistes, retrace l’histoire du meurtre de Stefan Markovic, où se mêlèrent mafia, hautes sphères du pouvoir et la star de cinéma Alain Delon.Le documentaire resitue d’abord le contexte politique. Nous sommes en 1968 et Georges Pompidou, fidèle du général de Gaulle, présente sa démission de Premier ministre au président, après les élections législatives qui ont suivi les événements de mai. Pompidou suscite des jalousies au sein des milieux politiques, car il n’est pas issu des réseaux de la Résistance, il ne fréquentait pas les mêmes cercles et avait une vie mondaine active, avec sa femme, Claude. Cette dernière ne souhaitait d’ailleurs pas que son mari soit nommé Premier ministre, selon le témoignage d’Alain Pompidou, fils adoptif du couple.
Un cadavre qui lie politique, star et mafia Trois mois après, le 1er octobre, un chiffonnier découvre dans la décharge publique d’Élancourt un cadavre enveloppé dans une housse de nylon et un sac de jute. Il s’agit de Stefan Markovic, Yougoslave de 31 ans, ami et garde du corps d’Alain Delon. Mais on n’apprendra son identité qu’une semaine plus tard. C’est le point de départ d’une affaire qui va mêler la mafia, les sphères politiques et la star Alain Delon, qui tournait alors La Piscine, avec Romy Schneider, à Saint Tropez. Dans ce milieu navigue aussi François Marcantoni, mafieux de son état et proche de l’acteur. Rapidement, des rumeurs courent selon lesquelles Markovic, play-boy et séducteur, faisait souvent la fête dans l’appartement parisien d’Alain Delon, avenue de Messine, et participaient aussi à des parties fines.
Loi du silence et photos compromettantes Un adjoint yougoslave de Markovic aurait ainsi reçu l’ordre de son patron, un soir en sortant d’un appartement où se déroulait une soirée spéciale, de ne pas parler de la dame qui était présente et qui aurait été la femme d’un ex-Premier ministre. Marcantoni aurait aussi dîné avec les Pompidou chez Alain Delon. Bref, tout ce petit monde se fréquente. Des photos compromettantes représentant Claude Pompidou avaient même circulé à cette époque. Les anciens ministres Michelle Cotta et Roland Dumas expliquent leur version, affirmant avoir vu les images, qui n’étaient que des montages grossiers. Toutefois, Markovic est assassiné.« On n’a jamais rien trouvé »
Les archives montrent Alain Delon convoqué chez le juge d’instruction Patard. Et tout le monde est au courant sauf Georges Pompidou. Ce dernier l’apprend d’un collaborateur et reste sidéré du jeu des gens du pouvoir. Personne ne le défend. Ni le Premier ministre en place, ni le Garde des sceaux. Le général de Gaulle reste muet aussi. Pompidou décide de tout mettre en œuvre pour laver l’honneur de sa femme. Mais, comme le conclut un policier : « On n’a jamais rien trouvé. Rien qui mette sur la piste de l’assassinat de Markovic. Il y a des mobiles, mais pas les auteurs ». Finalement, François Marcantoni sera le seul inculpé, mais bénéficiera d’un non-lieu le 12 janvier 1976. Une sombre affaire.
L’affaire Markovic et le président Pompidou Le 1er octobre 1968, le corps de Stephan Markovic, ancien garde du corps de l’acteur Alain Delon, est découvert enfoui dans une décharge publique à Elancourt (Yvelines). Dans une lettre envoyée quelques jours avant sa disparition, il écrivait : « S’il m’arrive quelque chose, il faut chercher du côté d’Alain Delon et de François Marcantoni, un vrai gangster ». Rapidement, l’enquête dévie et s’intéresse aux soirées très chaudes qu’organisait Stephan Markovic. Le journal d’extrême-droite Minute avance que le truand négociait très cher des photos compromettantes de ses invité(e)s, y compris la femme d’un homme politique de premier plan. Le nom de Claude Pompidou, épouse aimante du Premier ministre, est jeté en pâture avec même une photo à l’appui… Georges Pompidou, tardivement informé de la rumeur, prend conscience d’une manipulation montée contre lui par ses rivaux du parti présidentiel qui affûtent leurs couteaux en vue de la succession du président Charles de Gaulle. Il en est profondément affecté et en 1969, quand il accède à la présidence, il obtient le départ sur-le-champ de Jean-Charles Marchiani, agent secret dont il pense (à tort) qu’il est à l’origine de la photo truquée de sa femme. La Brigade mondaine (aujourd’hui Brigade de répression du proxénétisme) découvrira que la photo vient d’une revue pornographique suédoise sur laquelle on a collé le visage de Madame Pompidou…L’affaire Markovic – coup bas chez les Gaullistes
En juillet 1968, le Premier ministre Georges Pompidou est remercié et placé « en réserve de la République » par le général de Gaulle. Entre les deux hommes, la crise de mai 68 a laissé des traces, des déceptions et des blessures. C’est alors que, le 1er octobre 1968, un corps est retrouvé dans une décharge des Yvelines. Il s’agit d’un Yougoslave, un certain Stefan Markovic, homme à tout faire d’Alain Delon, play boy et petit délinquant. Des rumeurs de chantage à la suite de parties fines fuitent bientôt. A partir de cette affaire criminelle s’élabore alors un incroyable complot politique destiné à mêler le nom du couple Pompidou à ce fait divers. Des montages photographiques grossiers montrent en effet Claude Pompidou participant à des soirées sexuellement débridées. Quand Georges Pompidou apprend la rumeur, instrumentalisée par tous ses adversaires au sein du gaullisme, il explose, reproche à de Gaulle de ne pas l’avoir défendu et décide de contre-attaquer : en janvier 1969, il annonce qu’il est candidat à la présidence de la République si de Gaulle s’en va ! Au moment où le président est en train de lancer son référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, cette dissidence risque de coûter cher. Entre le grand Charles et Pompidou, ce n’est pas une simple querelle d’héritiers, mais un véritable drame affectif. Le père en veut au fils de se rebeller, le fils en veut au père de ne pas l’aimer assez. Une histoire politique à suspense, faite de blessures et de trahisons, de coups bas et de petits calculs. Il faut « tuer » Pompidou, par tous les moyens, même les plus sales ! Une véritable tragédie gaulliste, un complot, qui nous rappelle que le monde politique peut être brutal et sans pitié.
«L’Affaire Markovic : coup bas chez les gaullistes», les égouts de la République
Jean-Yves Le Naour et Cédric Condon reviennent sur le scandale qui, à la fin des années 60, envenima les rapports entre De Gaulle et Pompidou.
La politique française regorge de sales affaires, de coups bas ou de complots à la «House of Cards». Au casting de «l’affaire Markovic» : le général de Gaulle, Pompidou, sa femme Claude, Alain Delon et son épouse d’alors, Nathalie. «C’est une histoire qui commence comme une affaire de droit commun banal et qui va se terminer comme une affaire politique de premier plan », résume l’avocat Roland Dumas. 1968 : des divergences se font jour entre le président Charles de Gaulle et son Premier ministre Georges Pompidou sur les réponses à apporter aux manifestations étudiantes et aux grèves générales. Pompidou est mis « en réserve de la République ». La découverte du cadavre de Stefan Markovic dans une décharge à Elancourt, dans les Yvelines, le 1er octobre, va définitivement envenimer leurs relations : qui du père (de Gaulle) ou du fils (Pompidou) tuera politiquement l’autre ? Markovic, un Yougoslave de 31 ans, homme à tout faire d’Alain Delon et auteur de menus larcins, est impliqué dans des histoires de chantage, de parties fines et d’argent sale.
Un photomontage grossier fait bientôt surface tandis que la rumeur enfle. Elle désigne Claude Pompidou et insinue que celle-ci aurait pris part à des soirées chaudes organisées par Markovic. Dans un premier temps, chacun se garde de mettre le Premier ministre « au parfum ». Il ne pardonnera jamais à de Gaulle son silence ni le manque de soutien, voire l’instrumentalisation de l’affaire, des gaullistes. « Il s’est senti meurtri et désavoué, alors il a décidé de transformer cette épreuve en opportunité », explique son frère Alain Pompidou, qui témoigne dans ce documentaire. A la surprise générale, Georges Pompidou annonce sa candidature à la présidentielle de 1969 et remporte les élections. Sans un mot d’excuses à l’égard du nouveau chef de l’Etat, de Gaulle s’envole pour l’Irlande. L’identité du meurtrier de Markovic reste aujourd’hui encore inconnue. Dimanche 13 octobre à 22h40 sur France 5. Documentaire français de Jean-Yves Le Naour et Cédric Condon (2019). 52 min. (Disponible en replay sur france.tv).