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Femmes dans l'histoire

1 décembre 2003 – Gertrude Caroline Ederle, la femme de la Manche a fermé ses yeux

ImageQui était Gertrude Ederle ?  ImageGertrude Ederle, la femme de la MancheAucune description de photo disponible.Gertrude Ederle (1905- 2003) a été la première femme à traverser la Manche à la nage en 14 heures et 31 minutes et à rejoindre l’Angleterre depuis la France. Il est décédé le 1er décembre 2003, à l’âge de 98 ans dans sa ville natale du New Jersey.

En 1926, la jeune Américaine est la première femme à traverser la Manche à la nage. Elle n’était pas préparée à supporter la gloire, et la pression attenante qui l’attendaient.Gertrude Ederle Biography - American swimmer (1906–2003) | PantheonElle intègre l’Association Américaine de Natation Féminine. Et à partir de l’âge de 14 ans, elle participe à de nombreuses compétitions, enchaînant victoires et records en 100, 200 et 400 mètres. Une précision, à la suite d’une rougeole contractée alors qu’elle était enfant, Gertrude est malentendante.ImageEn 1924, aux Jeux Olympiques de Paris, en tant que membre de l’équipe des Etats-Unis, elle remporte une médaille d’or en relais 400 mètres nage libre et des médailles de bronze en 100 et 400 mètres nage libre. Favorite dans les trois épreuves, elle en revient pourtant très déçue et considère ces médailles de bronze comme la plus grosse déception de sa carrière.Aucune description de photo disponible.La nageuse américaine Gertrude Ederle est devenue célèbre lorsqu’elle a participé aux Jeux olympiques de 1924 et est devenue la première femme à traverser la Manche à la nage en 1926.

Qui était Gertrude Ederle ? ImageGertrude Ederle était une nageuse championne à la fin de son adolescence et elle a participé aux Jeux olympiques de 1924. En 1926, elle devient la première femme à traverser la Manche à la nage ; sa réalisation record lui a valu une période de renommée et d’acclamation. Dans sa vie privée plus tard, elle a enseigné la natation dans une école pour enfants sourds. S

Jeunesse et carrière  ImageGertrude Caroline Ederle est née le 23 octobre 1905 à New York. Elle était l’un des cinq enfants d’Henry et Anna Ederle, des immigrants allemands qui possédaient une boucherie dans l’Upper West Side de Manhattan. Dès son plus jeune âge, elle se passionne pour la natation, qu’elle apprend à la piscine publique locale et à la plage du New Jersey où sa famille passe les étés.  À l’adolescence, Ederle a quitté l’école pour s’entraîner en tant que nageuse de compétition et a rejoint la Women’s Swimming Association. En compétition locale, elle remporte sa première victoire à l’âge de 16 ans et, entre 1921 et 1925, elle détient 29 records.

Faits saillants de la carrière et renommée  ImageEn 1924, Ederle a nagé aux Jeux olympiques de Paris, où son équipe de style libre a remporté trois médailles. En 1925, elle a commencé à s’entraîner pour nager à travers la Manche, les 21 milles d’eau entre l’Angleterre et le continent européen. Cinq nageurs masculins avaient déjà traversé la Manche (le premier était le nageur anglais Matthew Webb en 1875), mais elle voulait être la première femme à atteindre cet objectif.  La première tentative d’Ederle de nager dans le chenal, en 1925, a été disqualifiée à mi-parcours pour un détail technique. Elle a fait son deuxième essai réussi le 6 août 1926. Elle a commencé au cap Gris-Nez sur la côte française, vêtue d’un maillot de bain deux pièces avec des lunettes et un bonnet de bain. Elle s’enduit le corps de lanoline pour se protéger des piqûres de méduses et de la température froide de l’eau.ImageUne fois qu’Ederle est entrée dans l’eau, sa progression à travers des vagues agitées et des courants puissants a été supervisée par un remorqueur qui naviguait à proximité, transportant son entraîneur TW Burgess et les membres de sa famille. Elle est arrivée à terre à Kingsdown, en Angleterre, après 14 heures et 31 minutes, battant le record établi par les précédents nageurs masculins du canal.  Ederle a été accueillie par des foules presque émeutes lorsqu’elle est rentrée chez elle à New York. Des admirateurs ravis l’ont accueillie sur le quai, ont envahi les rues le long du défilé de téléscripteurs en son honneur et l’ont assaillie à son arrivée à l’hôtel de ville, où le maire Jimmy Walker l’a félicitée. Elle a également reçu les éloges du président Calvin Coolidge, qui l’a appelée « la meilleure fille de l’Amérique » et l’a invitée à la Maison Blanche.  Pendant plusieurs années, la « reine des vagues » américaine a été une star du sport et une sensation culturelle au même titre que Babe Ruth ou Charles Lindbergh. Son record est resté ininterrompu jusqu’en 1950.                  Gertrude Ederle, la première femme à traverser la Manche à la nage | Pourquoi pas parler de sportVie et mort ultérieures 

Après sa baignade dans les canaux, Ederle a fait une tournée fructueuse sur le circuit de vaudeville, donnant des démonstrations de natation. Elle est également apparue dans un court métrage sur sa vie et sa carrière. Après avoir subi une grave blessure au dos en 1933, elle n’a plus jamais pu concourir, bien qu’elle ait donné des performances de natation à l’attraction « Aquacade » de l’Exposition universelle de New York de 1939.  Sa vie ultérieure a été calme : elle a dit qu’elle avait réalisé sa seule ambition en traversant la Manche. Elle a enseigné la natation aux enfants de la Lexington School for the Deaf. Elle ne s’est jamais mariée et elle a vécu tranquillement avec plusieurs amies dans le quartier de Flushing, Queens, à New York. Un problème d’audition qui avait troublé Ederle depuis son enfance a causé sa surdité éventuelle.  Ederle est décédée à Wyckoff, New Jersey, en 2003 à l’âge de 98 ans. Le centre de loisirs Gertrude Ederle, doté d’une piscine, porte son nom dans l’Upper West Side de Manhattan, non loin de l’endroit où elle a grandi et appris à nager.                                        Gertrude ederle Banque de photographies et d'images à haute résolution - AlamyGertrude Ederle, la femme de la Manche

En 1926, la jeune Américaine est la première femme à traverser la Manche à la nage. Elle n’était pas préparée à supporter la gloire, et la pression attenante qui l’attendaient.

Nager de la France à l’Angleterre, la chose n’est alors pas inédite. Cinquante-et-un ans plus tôt, les 24 et 25 août 1875, le capitaine britannique Matthew Webb est devenu le premier homme à traverser la Manche en 21 heures et 45 minutes. Mais le Channel attend toujours sa première conquérante. En 1905 puis 1906, la jeune Australienne Annette Kellermann a doublement échoué dans le sens île-continent. L’Américaine Gertrude Ederle, présente sur la susdite plage avec notamment sa sœur et son père, a elle-même effectué une tentative en 1925. D’autant plus audacieuse qu’elle ne visait pas seulement à devenir la première femme transmanche. «La juvénile Américaine a, en effet, la prétention, étant une spécialiste des nages rapides – et en particulier du crawl, ou nage indienne – de battre le record de l’Italien Tiraboschi et de réussir la traversée du détroit en quatorze heures seulement…», écrivait le Journal du 3 août 1925.Gertrude Ederle, l'Américaine qui a mis la Manche à ses pieds - ÀBLOCK!Le 18 août 1925 Gertrude, surnommée «Trudy» Ederle se jette à l’eau. Elle n’est alors pas tout à fait inconnue dans le monde de la natation qui commence à s’affirmer comme sport majeur. Sur des distances bien évidemment très inférieures aux 34 kilomètres de la Manche, elle a détenu jusqu’à 18 records du monde en même temps et remporté trois médailles aux Jeux olympiques d’été 1924, à Paris (ceux-là même où se révéla au monde son compatriote Johnny Weismuller). Mais son physique (près de 68 kilos pour 1,53 m), sa force, sa résistance et sa volonté l’ont taillée pour la natation de longue distance en eau libre. Elle a d’ailleurs battu le record de la traversée de Battery Park (pointe sud de Manhattan) à Sandy Hook (New Jersey), à peine moins longue que la distance entre le Cap Gris-Nez et Douvres, en sept heures, onze minutes et trente secondes. Mais le Channel (ses marées, ses vagues, ses courants), c’est une autre paire de manches, ainsi qu’en témoigne, le 19 août, l’envoyé spécial de l’Excelsior à bord d’un des bateaux accompagnateurs. «Lorsqu’à la mer d’huile du début eut succédé un flot agité, Miss Ederle commença de désunir et de nager par saccades […]. Les bras ne s’élevèrent plus qu’avec peine au-dessus d’une eau convulsée.» Après 8h45 de lutte contre les éléments, elle renonce : «J’ai abandonné, exténuée, inconsciente, parce que les lames et les vagues m’avaient fait boire de l’eau salée.»Disney + veut adapter le roman Young Woman and the SeaCette première tentative d’août 1925, se solde par un échec et s’accompagne d’une polémique. La jeune femme a été subventionnée par l’Américan Woman’s Association. Laquelle, privée des retombées médiatiques qu’aurait immanquablement provoquées le succès, sollicite quelques explications. «Cette organisation demanda à Gertrude pourquoi elle n’avait pas réussi et surtout pourquoi elle était restée si longtemps sur les bords de la Manche», écrit la Presse du 15 octobre. La nageuse se défend et sort une tout autre explication que lors de son abandon. Elle assure que ce jour-là, la Manche, elle l’avait dans les bras et dans les jambes. «Elle mit tous les torts sur le dos de Jabez Wolffe son entraîneur, raconte le journal : « Il m’a fatiguée au cours de la préparation et puis lors de ma tentative, il m’a sortie de l’eau alors que je pouvais encore continuer et réussir. »» Version démentie par une accompagnatrice, elle-même nageuse émérite : «Gertrude avait déjà eu deux vertiges et sa nage devenait de plus en plus lente. Tout à coup nous vîmes son bonnet jaune s’enfoncer à une dizaine de centimètres dans l’eau.»Comment Gertrude Ederle était capitaine Marvel de son temps - Quand Femmes InspirerLa Manche est à la natation ce que l’Everest est à l’alpinisme. Un Graal à conquérir. Pas question d’y renoncer après un premier échec. Elle décide donc de repartir à l’attaque de la Manche en 1926. Cette fille d’un prospère boucher allemand émigré aux Etats-Unis au début du XXe siècle, troisième d’une fratrie de six, se consacre dès 13 ans à la natation au sein d’une prestigieuse institution, le Women’s Swimming Association de New York dont sont sorties des générations de championnes. Elle bénéficie des conseils d’un entraîneur véritable révolutionnaire de la nage féminine, qui insiste sur le travail des jambes dans le crawl.Grit May Be Great but Teamwork Is Better | by Brenda Byrne Greene | MediumEchaudée par l’expérience précédente, l’Américan Woman’s Association lui a retiré son soutien. Trudy doit se résoudre à passer professionnelle – ce qui obère une future carrière olympique – en cherchant des partenaires commerciaux. En échange d’un accès exclusif à la nageuse pendant sa préparation le Chicago Tribune et le New York Daily News financent son entraînement et le voyage en Europe. Pour ces journaux, Gertrude Ederle est une icône parfaite. L’incarnation de la girl next door. Elle ne fume pas, elle ne boit pas, on ne lui connaît aucune liaison. Presque un anachronisme dans cette Amérique des années folles qui bringue au rythme du jazz naissant. Elle laisse toutefois planer une ambiguïté quand le 5 août 1926, à la veille de plonger pour la deuxième fois elle répond au Chicago tribune and the Daily news, New York, le journal américain d’Europe : «I’m ready : let’s go. I don’t see how I can wait much longer to flirt with old Mister Channel. He’s the only masculine I’d bother to flirt with.» («Je suis prête : allons-y. Je ne peux pas attendre plus longtemps de flirter avec ce vieux monsieur Channel. D’ailleurs, c’est le seul homme avec lequel j’ai envie de flirter.»)

Gertrude Ederle plonge le 6 août à 7h08. Elle a changé d’entraîneur. Elle porte un inhabituel maillot deux-pièces, des lunettes spécialement créées pour l’occasion. Sa sœur l’a enduite de saindoux, lanoline et huile d’olive pour la protéger du froid et des piqûres de méduses. La Manche affiche un timide 16 degrés. Trois bateaux l’accompagnent. Deux à rames encadrent la nageuse. A leur bord, embarquent son père, sa sœur, son entraîneur et quelques nageurs ou nageuses qui lui tiendront épisodiquement compagnie dans l’eau. Sur le troisième, le remorqueur l’Alsace, s’entassent une foultitude de journalistes, photographes, radioreporters. Les conditions météo, clémentes au départ, virent à la pluie. Les courants déportent l’Américaine vers le Nord. Dans son pays natal, on peut suivre la performance en quasi direct. «L’Alsace, qui était muni d’un appareil de TSF, signalait ses progrès par des messages qu’une station Marconi transmettait aux Etats-Unis et qui étaient publiés aussitôt dans des éditions spéciales», raconte le Petit Parisien du 7 août 1926.

Après 14 heures et 31 minutes de combat contre le Channel, Gertrude Ederle remet le pied sur la terre ferme sur la plage Kingdown, au nord de Douvres. Les courants l’ont forcée à nager 40 km en tout, 6 de plus que les 34 km prévus. Comme elle l’avait trompeté, elle enfonce le record (masculin) de la traversée de près d’une heure. La presse française est enthousiaste. «Le triomphe de Miss Ederle est en même temps une victoire pour la natation sportive et les techniciens de ce beau sport utilitaire», écrit le Petit Parisien du 7 août. L’Intransigeant du lendemain se félicite que la jeune femme ait remis l’église au milieu du village : «Sa belle performance mettra probablement fin à cette trop longue série de tentatives qu’exploitaient heureusement nombre de concurrents vraiment peu qualifiés par leurs qualités à la réalisation d’un tel exploit», cingle le journal. Qui conclut : «Une fois encore la valeur sportive l’emporte sur l’exhibitionnisme et nous n’avons vraiment qu’à nous en réjouir.»

Son exploit vaut à Gertrude Ederle un retour triomphal à New York où deux millions de personnes l’acclament. L’Œuvre du 29 août 1926 raconte : «Lorsque le paquebot Berengaria entra dans le port, ses ponts étaient littéralement jonchés de fleurs jetées par les aéroplanes qui escortaient le navire. […] Les journaux américains ne pouvaient prévoir le véritable délire de joie qui s’empara de la nation tout entière lorsque « Trudy » reprit contact avec le sol natal.» L’Excelsior rend compte en deux photos de l’impressionnante liesse qui célèbre l’héroïne.

La jeune fille timide et réservée n’était certainement pas préparée à tant de gloire et d’argent. Elle participe à des exhibitions dans un aquarium géant qui se balade de ville en ville. Elle tourne même un petit film à Hollywood, Swim, Girl, Swim en 1927. Gertrude Ederle était faite pour nager, pas pour supporter la pression du public sur une star qu’elle n’avait pas voulu devenir. Son naturel timide et sa méfiance envers tout ce qui lui est inconnu ne s’améliorent pas alors qu’elle s’enfonce dans la surdité. Ses années dans l’eau ont définitivement aggravé une déficience auditive qu’elle traînait depuis l’enfance. Même si elle ne s’est jamais plainte et sans doute filoutée par ses agents, elle n’a jamais empoché l’argent que sa gloire lui promettait. En 1933, blessée à la colonne vertébrale après une mauvaise chute, on craint qu’elle ne puisse plus ni marcher ni nager. Mais elle se reconstruit et participe en 1939 à un show aquatique à New York, ravissant ses encore nombreux fans.

Entre-temps, la presse française l’a déjà coulée. Le Jour du 19 mai 1937 : «Plus personne ne se souvient de celle qui fut la plus grande nageuse du monde ! Gertrude Ederlé n’est plus cette belle et saine personne que vous avez connue dans la splendeur de ses vingt ans et l’harmonie de ses formes. Maintenant elle gît sur un lit d’hôpital, et cela depuis trois ans.» Paris Soir du 19 décembre 1938 : «Gertrude Ederle, la plus célèbre nageuse du monde veut entrer, à 40 ans, dans un asile de vieillards.»Image

https://www.liberation.fr/sports/2020/05/17/gertrude-ederle-la-femme-de-la-manche_1788590/

https://www.biography.com/athlete/gertrude-ederle 

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