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9 mars 1942 – Exécution de 7 étudiants par les Nazis fusillés au mont Valérien.

Procès du Palais Bourbon - Mémoires de GuerreArrestations et procès du palais bourbon les combattants des bataillons de la jeunesse résistantsFrance, Paris, le cimetière du Père-Lachaise en hiver, monument aux héros et martyrs de la résistance des Nazis à Châteaubriant parmi eux Pierre Timbaud et Guy Môquet Photo Stock - AlamyLe 9 mars 1942 : âgés de dix-huit à vingt-sept ans, sept jeunes résistants communistes sont passés par les armes au Mont-Valérien après avoir été « jugés » au Palais Bourbon

Je meurs la tête droite et avec le sourire»: ce qu'écrivaient les fusillés de la Seconde Guerre mondiale avant leur exécution | Slate.fr

Ils étaient sept. Sept copains. Cinq étaient du XIe arrondissement de Paris : Roger Hanlet, né le 4 décembre 1922 ; Acher Semahya, né le 20 août 1915 ; Christian Rizo, né le 30 mai 1922 ; Tony Bloncourt, né le 23 novembre 1921, et Pierre Milan, né le 28 août 1924. Le sixième, Fernand Zalkinov, né le 23 septembre 1923, était du XXe. Le septième, Robert Peltier, né le 9 août 1921, était de Goussainville. Sept jeunes communistes. Membres des Bataillons de la jeunesse commandés par le colonel Albert Ouzoulias. Et, à ce titre, auteurs des premières actions armées contre les forces d’occupation. Le 9 mars 1942, ils prenaient la plume. Pour la dernière fois. Lettre aux parents et amis. Avant d’affronter le peloton d’exécution. Fin de course au mont Valérien. Arrêtés par la police vichyste, livrés aux autorités d’occupation nazies, ils ont comparu, les 4, 5 et 6 mars 1942 devant une cour martiale allemande siégeant dans les locaux mêmes de la Chambre des députés. Le président de l’Assemblée nationale, Laurent Fabius, a dévoilé, le 9 mars 2000, à l’hôtel de Lassay, une plaque commémorant leur sacrifice.

Diffusion de rares photos d'exécution de résistants français en 1944 - ladepeche.fr

Le 9 mars 1942, donc, Christian Rizo, étudiant, à ses frères et à sa sœur, écrit : « On arrive à tout, avec le courage ; même à mourir à dix-neuf ans, le sourire aux lèvres. »  Et Robert Peltier, ouvrier modeleur, à ses grands-parents : «  Soyez sûrs que je suis mort en Français qui ne voulait que le bien de ses compatriotes et de sa patrie. »  Et Tony Bloncourt, fils de notables guadeloupéens : « Je regrette profondément de quitter la vie car je me sentais capable d’être utile. Toute ma volonté a été tendue pour assurer un monde meilleur. » Fernand Zalkinov, une figure méconnue de la résistance a écrit à ses parents : « Dites-vous bien que je suis mort d’une belle mort et que, plus tard, vous serez fiers de moi. »

Procès du Palais Bourbon - Memoires de guerre

Une figure méconnue de la résistance intérieure : Fernand Zalkinov, à l’âge de 18 ans et demi fusillé avec ses camarades au Mont Valérien, le 9 mars 1942.

https://focus.nouvelobs.com/2019/11/14/0/0/1091/685/580/0/75/0/5d102fe_jgDl_me2Eg2ibvSvsT0CA_UY.jpgMémoire vive de la résistanceIl y a 80 ans au Mont-Valérien, la première exécution. Tous les ...Suzanne Momon le matricule 31686, il était une fois vif en résistanceLe Mont-Valérien, principal lieu d'exécution de résistants et d ...Suzanne Momon naît le 10 août 1896 à Paris, dans le faubourg Saint-Antoine. Son père, chef de chantier, disparaît quand Suzanne a huit ans. Pour aider à élever les quatre autres enfants, elle quitte rapidement l’école communale pour travailler à domicile, avec sa mère, qui fait des brosses. Plus tard, elle est ouvrière dans une usine de peinture, chez Desfossés. Pendant la guerre de 1914, elle rencontre Gustave Brustlein, soldat de la classe 1911, qui est réformé pour tuberculose contractée en service. Originaire d’une famille protestante de Mulhouse qui avait opté pour la France après l’annexion de 1870, Brustlein est socialiste. Suzanne Momon et lui se mettent en ménage : ils ont deux enfants, dont Gilbert, André, Brustlein, né le 20 mars 1919. Il y a 80 ans, l'attentat du métro Barbès : "Titi est vengé"Très malade en 1919, Brustlein se voit perdu et veut régulariser leur union ; pour les enfants, pour sa femme. Elle refuse : « Tu as le temps d’y penser. Tu guériras. » Il meurt sans que sa veuve obtienne droit à pension, sans que les enfants soient reconnus pupilles de la Nation. Suzanne élève ses enfants sans l’aide de personne. Il se peut qu’elle doive se séparer un temps de Gilbert, orphelin à huit mois, puisque celui-ci, élevé également par sa grand-mère, connaîtra l’orphelinat et l’internat.  Gilbert fait des études secondaires, passe son brevet et tente le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs, mais il échoue (1936). En avril 1938, il est licencié d’une banque. undefinedAu moment de son arrestation, il est déclaré comme ouvrier-tapissier. Ayant appris le métier de tapissière, Suzanne Momon travaille à façon et se fait une clientèle qui l’aime bien. Elle élève ses enfants dans l’idéal de leur père : socialiste, laïque. N’étant allée à l’école que deux ans à peine, elle s’est instruite seule, lisant beaucoup, allant voir toutes les pièces classiques à la Comédie Française, écrivant sans faute et s’exprimant bien.  Elle habite au 1 (ou au 20 ?), rue de Montreuil, près du métro Faidherbe-Chaligny

 

La Résistance en Europe occidentale

Son fils Gilbert entre dans la Résistance arméeundefinedEn août 1940, Gilbert Brustlein trouve le contact avec les Jeunesses communistes clandestines (JC) du 11e. Dès l’automne, il est promu chef de groupe. En janvier 1941, alors qu’avec un camarade il trace des slogans au fusain sur les murs, il est interpellé, interrogé (restant silencieux), jugé et relaxé. Puis il participe activement aux manifestations organisées dans le 11e arrondissement au cours de l’été. Son courage lui vaut d’être proposé par Odile Arrighi, pour diriger un des trois Bataillons de la jeunesse, en cours de création en marge de l’O.S. sous la direction miliaire de Pierre Georges, dit « Frédo » (le colonel Fabien), engagé à seize ans dans les Brigades internationales. Gilbert Brustlein est secondé par Fernand Zalnikow, alias « Benoît ». Son groupe – le plus important en nombre – comprend également Tony Bloncourt, Roger Hanlet et Pierre Milan – deux copains des HBM de la rue Henri-Ranvier fréquentant le club sportif du 11e -, Robert Peltier, Christian Rizo et Ascher Semahiya. Photographie de l'exécution au Mont-Valérien de membres du groupe ...Gilbert teste ses combattants : à sept (sans Peltier), ils se dirigent « vers le mur situé un peu en dessous de l’église de Ménilmontant. Arrivés là, nous sortons nos armes et, devant les ménagères apeurées, Rizo, Roger et Milan arrachent les affichent vantant les victoires nazies en URSS. » Le 2 août 1941, Danielle Casanova apprend à Albert Ouzoulias qu’il est nommé commissaire politique des Bataillons, huit jour après son évasion d’un Stalag de prisonniers de guerre en Autriche. Le 23 août, Gilbert Brustlein participe au coup du métro Barbès avec “Fabien”, en assurant sa protection. À partir du 15 octobre, il partage sa planque avec Fernand Zalnikow, une chambre au 6e étage du 126, avenue Philippe-Auguste (Paris 11e), qui sert également de cache pour les armes et le matériel de sabotage (après avoir abrité une ronéo au printemps).

MILAN Pierre, Jules, Élie [dit Pierrot] - Maitron

À la mi-octobre, le Comité militaire national, qui vient d’être créé – avec à sa tête Charles Tillon et Eugène Hénaff – par la direction du Parti communiste clandestin, décide d’envoyer à Bordeaux, Nantes et Rouen des commandos parisiens afin d’organiser des actions d’éclat dans ces grandes villes de province. Chacun de ces trois groupes de « brûlots », composés d’anciens brigadistes et de jeunes combattants, a pour mission de provoquer le déraillement d’un train militaire et d’exécuter un officier de l’armée d’occupation. Gilbert Brustlein est envoyé à Nantes avec Marcel Bourdarias sous la direction de Spartaco Guisco. Ils y arrivent le 16 ou 17 octobre. Choisi au hasard des circonstances, le militaire tué le lundi matin 20 octobre à l’entrée de la rue du Roi-Albert à Nantes se trouve être le plus haut gradé du secteur, le lieutenant-colonel Karl Hotz, Feldkommandant de la région militaire.

Tony Bloncourt

Brustlein abat Hotz de deux balles de 6,35 mm tandis que le revolver de Guisco s’enraye, sauvant la vie de l’autre officier, un capitaine, qui pourra témoigner de la jeunesse des assaillants. C’est en représailles à cette action que 48 otages sont fusillés à Châteaubriant (27), Nantes (16) et Paris (5) deux jours plus tard, le 22 octobre. Après avoir mangé une dernière fois dans le petit restaurant qu’ils fréquentent depuis leur arrivée, les deux jeunes gens se séparent pour rentrer par des chemins séparés.

RIZO Christian, Louis, Théodore [Pseudonyme dans la Résistance : (...) - Maitron

Dès le soir du 21 octobre, Gilbert Brustlein revient à Paris, via Rennes et Versailles. Il se rend d’abord chez Roger Hanlet, un membre du groupe, alors que le père de celui-ci est présent. Puis il retrouve Fernand Zalnikow dans leur chambre. Le lendemain, il rend compte de sa mission à Conrado Miret-Muste, alias « Lucien ». Dans les jours suivants, il va dîner presque tous les soirs chez sa mère, Suzanne Momon, qui semble désapprouver l’action de Nantes et les représailles qu’elle entraîne.  Dans la même période, Roger Hanlet est repéré par la police française à la suite de la filature d’un sympathisant ayant proposé de vendre au groupe Brustlein des armes récupérées par les égoutiers (l’homme a été dénoncé).undefinedLe 30 octobre, vers midi trente, Roger Hanlet est arrêté chez lui, au domicile de ses parents, rue Ranvier, par des officiers de la brigade criminelle dirigés par le commissaire principal Georges Veber. Au cours de la perquisition, deux (ou trois ?) pistolets sont trouvés dans sa chambre et Roger Hanlet conduit lui-même les policiers vers deux autres pistolets cachés dans la cave. Dans la voiture qui le conduit au 36 quai des Orfèvres, il commence spontanément à livrer de nombreuses informations sur les activités de son groupe. Dans le bureau des inspecteurs, il poursuit en livrant des noms et des adresses.  À 14 heures, son ami Pierre Milan – précédemment repéré au cours de la même filature – est arrêté chez sa mère, au 3 rue Ranvier, au retour de sa tournée de facteur.undefinedDans la soirée, des policiers interrogent le concierge de l’immeuble de la rue de Montreuil où habite Suzanne Momon et établissent un cordon dans tout le quartier. Suzanne, qui a constaté le manège et en a eu confirmation par le concierge, parvient à sortir de la maison. Tout le faubourg Saint-Antoine la connaît. Elle fait le tour des amis qui, en un moment, dressent un cordon plus large que celui des policiers, se postant à toutes les rues par où pourrait déboucher Gilbert Brustlein. « Soudain, arrivé à la hauteur du 125 [rue du Faubourg Saint-Antoine], à cinquante mètre de chez moi, Louis Nogarède, un familier, est à la porte cochère. Il m’attend. Il me prend par le bras. “Toi, viens par ici.” J’entre sous la voûte. “Les flics sont chez toi.” ».  Au même moment, c’est Fernand Zalnikow qui est arrêté en rentrant à leur planque de l’avenue Philippe-Auguste. Déjà alerté, Gilbert Brustlein évite de s’y rendre et demande à des amis de vérifier si la chambre est surveillée, ce qui lui sera confirmé le lendemain. Les parents de Zalnikow sont arrêtés dans la nuit, puis la mère de Pierre Milan. undefinedLe 1er novembre, les parents de Robert Peltier sont arrêtés au domicile familial, à Goussainville ; le jeune homme est arrêté sur son lieu de travail à Creil (Oise). Ascher Semahiya est pris en se rendant chez les Hanlet, où le commissaire Veber a dressé une souricière ; sa sœur sera aussi arrêtée.

 

Dès l’arrestation de Roger Hanlet, le commissaire Veber a prévenu la police allemande de la rue des Saussaies (Sipo-SD) qui procède également à un interrogatoire des inculpés. Zalnikow et Semahiya résistent et ne livrent aucune information. Christian Rizo est arrêté le 25 ou 26 novembre, après une filature commencée au domicile de sa mère à laquelle il était allé porter de l’argent. Tony Bloncourt est le dernier arrêté, le 5 janvier 1942, interpellé pour avoir fuit un contrôle d’identité.

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Suzanne Momon, la mère de Gilbert Brustlein, est arrêtée entre le 30 octobre et le 1er novembre (à vérifier…). Les policiers français arrêtent aussi sa sœur, son frère, leurs enfants, mais les relâchent après quelques jours. Suzanne, d’abord interrogée à la préfecture de police, l’est ensuite par la Gestapo, puis est emprisonnée à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), au secret.

Gilbert Brustlein chez la Mère My  undefinedLe 31 octobre, après une nuit passée chez des amis, Gilbert Brustlein retrouve Conrado Miret-Muste auquel il apprend les arrestations et demande de lui trouver une planque. Celui-ci improvise et conduit Brustlein au 121, boulevard Sérusier (Paris 19e), à L’Aquarium Bar, le petit café-restaurant tenu par Constance Rappeneau, la Mère My, lieu de rencontre des communistes participant à la lutte armée. Conrado Miret-Muste convainc le colonel Dumont [4], alias « Monsieur Journet », que Brustlein puisse se réfugier dans le “laboratoire” dans lequel sont fabriqués les explosifs, situé au rez-de-chaussée des HBM du 5, avenue Debidour (une impasse), à côté de la loge de la concierge. Gilbert Brustlein y reste une quinzaine de jours. Après que Louis Coulibœuf, responsable d’un réseau de propagande et compagnon de la gardienne du 5, avenue Debidour, ait décidé qu’il ne lui apporterait plus ses repas, Gilbert Brustlein va les prendre Chez My, dont le restaurant est situé à proximité.                                                                       Mémorial du Mont-Valérien | ONaCVGAu cours de la première quinzaine de novembre, un agent de police qui fréquente l’établissement depuis le Front populaire et qui n’attire plus la méfiance reconnaît Gilbert Brustlein d’après un portrait qui vient d’être affiché dans son commissariat, celui du quartier des Lilas (saisie au cours de la perquisition chez sa mère, une photographie de Brustlein présentée à des témoins de Nantes a confirmé son identification). L’information remonte aussitôt jusqu’à brigade spéciale des Renseignements généraux de la préfecture de police. Un système de surveillance et de filature est mis en place, qui permet rapidement de repérer l’adresse passagère du 5, rue Debidour. Le 19 novembre, le portrait de Gilbert Brustlein est publié dans les journaux, accompagné d’un avis de recherche. Le jeune résistant disparaît, ainsi que la plupart des camarades avec lesquels il était en contact. L’inspecteur David décide cependant d’attendre encore quelques jours, espérant prendre un maximum de résistants dans le piège. undefinedMais, le 25 novembre, deux filatures sont successivement repérées, les résistants sont alertés : l’habile coup de filet programmé se transforme alors en une “descente” improvisée. La patronne de Chez My, Constance Rappeneau, son mari, sa serveuse, et tous les consommateurs présents sont arrêtés. La cache d’armes/“laboratoire” de l’O.S. est découverte, mais Gilbert Brustlein l’a quitté depuis une semaine.  Brutalement interrogé, Louis Coulibœuf dévoile toutes les caches dissimulées dans sa cave du 5, avenue Debidour. Grâce à une adresse trouvée dans un des documents ainsi récupérés, les policiers arrêtent Antoine Émorine, dit Tonin, chez Gaétan Meynard (époux de Marthe) à Angoulême le 9 décembre. À son tour, celui-ci livre de nombreuses informations avant d’être retrouvé suicidé (?) dans sa cellule le 1er avril 1942.Suresnes : collégiens et lycéens rendent hommage aux fusillés du Mont Valérien - Le ParisienLe tribunal spécial du Palais Bourbon 

Les années noires du Palais Bourbon | Hikari, producteur, éditeur, agence de presse.

Du 4 au 6 mars 1942, neuf membres du groupe des Bataillons de la jeunesse sont traduits devant un tribunal spécial allemand siégeant au Palais Bourbon : un procès “médiatique”. Le 9 mars, sept sont fusillés au fort du Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Hormis, Fernand Zalnikow, de Paris 20e, et Robert Peltier, de Goussainville (Val-d’Oise), tous sont des jeunes du 11e arrondissement.

Le 13 mars, après l’exécution des jeunes Résistants, quatorze hommes et femmes appréhendés dans la même affaire sont mis à la disposition de la préfecture de police (renseignements généraux) par les “autorités d’occupation” : trois sont libérés, les onze autres sont internés administrativement. Raymond Moyen, époux de Juliette Zalkinow et beau-frère de Fernand, est transféré à Royallieu le 5 mai et déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.  Les quatre femmes (dont Suzanne Momon et Rachel Zalnikow) sont internées à la prison de la Petite-Roquette. Transférées ensuite à la caserne des Tourelles, elles seront de nouveau remises aux Allemands le 7 août 1942.  Suzanne Momon est envoyée au camp du Fort de Romainville, sur la commune des Lilas (Seine-Saint-Denis).Le Mont Valérien en quelques chiffres – Association pour le souvenir des fusillés du Mont-Valérien et d'Île-de-FranceLe 3 septembre, elle est soudainement appelée à la Kommandantur du fort pour être libérée ; comme cela, sans explication. Flairant un piège – la police recherche toujours son fils -, elle rentre néanmoins chez elle afin de ne pas prêter à soupçon. Convoquée à la préfecture, elle s’y rend délibérément, préférant se livrer que voir arrêter sa famille.  Le 8 septembre 1942, elle est renvoyée à Romainville. Enregistrée sous le matricule n°713, elle reprend sa place dans la chambrée sous les quolibets, selon Charlotte Delbo : « Pourquoi est-elle restée chez elle ? Faut-il être bête… Elle ne dit rien : elle a choisi. ». Mais Suzanne Momon semble également être tenue à l’écart par certaines résistantes à cause des rumeurs sur les prétendues erreurs ou la trahison de son fils.undefinedLe 22 janvier 1943, Suzanne Momon fait partie des cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »). Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police de Paris). Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies. Ce sera le dernier signe de vie reçu par la famille de Suzanne.undefinedEn gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.

Suzanne Momon y est enregistrée sous le matricule 31686. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche. Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail dans les Kommandos, mais pas de corvée. Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie de la police allemande : vues de trois-quarts, de face et de profil (la photo d’immatriculation de Suzanne Momon a été retrouvée, puis identifiée par des rescapées à l’été 1947). Suzanne Momon meurt au camp de femmes de Birkenau en février ou mars 1943 : pas d’archive, pas de témoignage.undefinedUn jeune homme pauvre 

ZALKINOV Fernand - Maitron

Fernand Zalkinov est né à Paris, le 29 septembre 1923, dans une famille juive immigrée en 1910, originaire de Pologne et de Biélorussie. Ses parents, Haina Kantof et Nojme Zalkinov, yddishophones, naturalisés en 1927, ont trois enfants : Juliette, née en 1915, Rachel en 1918, (les deux aînées deviendront sténo-dactylos), le dernier est Fernand. Ils habitent 51 rue des Amandiers, dans le 20e, le père est artisan-cordonnier. Le fils, boursier, bon élève à l’école primaire supérieure Arago, aspire à être professeur d’allemand, mais faute de moyens, il devient apprenti, puis ouvrier-fourreur, qualifié dans un rapport de police de « fourreur juif »…La famille est communiste militante, lui-même, membre des Jeunesses communistes parlera dans sa dernière lettre de « cause qu’il a toujours servie », jusqu’au sacrifice assumé.undefinedJC engagé dans la lutte armée  undefinedAdolescent dans les Jeunesses communistes puis dans la Résistance armée. Adhérant très jeune aux Jeunesses communistes, il soutient activement les Républicains espagnols, puis entre dans la Résistance active à l’été 41, en intégrant l’OS, Organisation spéciale, dans ce qu’il est convenu d’appeler «  Les bataillons de la Jeunesse ». Enrôlé par Gilbert Brustlein, dont il devient l’adjoint dans le XIe arrondissement, il est sous l’autorité du responsable militaire : Pierre Georges, dit Frédo, futur colonel Fabien. Gilbert Brustlein est à la tête d’un groupe de 7 combattants dits par la police française et la presse de la collaboration « Bande à Brustlein » ou « bandits ». Lui-même dirige un sous-groupe de trois avec Roger Hanlet et Pierre Milan, deux jeunes cyclistes, l’un livreur, l’autre télégraphiste, habitant *des HBM du 11e. Clandestin, ayant pris pour pseudonyme « Benoît », il partage la planque de Gilbert Brustlein, une chambre de bonne située au 6e étage avenue Philippe Auguste (XIe), qui se transforme en cache d’armes et de matériel, ce qui au regard des consignes (militaires) de cloisonnement, est imprudent, il sera d’ailleurs arrêté, seul, dans ce local le 30 octobre 1941.undefinedRésistant courageux, pour ne pas dire intrépide, il commence par manifester publiquement son hostilité à l’occupation militaire allemande, en distribuant des tracts que la police française trouvera stockés et cachés chez ses parents, ajoutant des prises de parole, y compris sur son lieu de travail. Puis comme ses devanciers de 1870, il se transforme en franc-tireur, multipliant sabotages et attentats : dans le livre de Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre Le sang des communistes-les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée-automne 1941, il est nommément cité pour 10 actions allant d’incendies de camions allemands, d’un hangar de fourrages et de garages jusqu’à la tentative d’assassinat contre un sous-officier de l’armée allemande, Ernst Hoffmann, qu’il blesse devant l’hôtel Terminus-est, boulevard de Strasbourg (10e), le 3 septembre 1941. De même, il use de son arme contre l’inspecteur Debernardi venu l’interpeller, et il le blesse légèrement. Arrêté le 30 octobre 1941, dans une traque policière qui commence le 29 octobre 1941, par l’arrestation de Roger Hanlet et Pierre Milan, et prend fin le 6 janvier 1942 avec les « captures » de Robert Peltier, Christian Rizo, Ascher Semahiya et Tony Bloncourt, soit 7 jeunes hommes nés entre 1915 et 1924, ayant de 16 à 24 ans, condamnés à être jugés pour « actes de violence répétés contre l’armée allemande » soit depuis le 14 août 1941, la peine de mort pour actes de résistance et appartenance communiste, serait-elle à caractère politique (propagande).undefinedL’arrestation rapide de ces jeunes combattants révèle trois faits : face à des policiers expérimentés et mis sous pression par leur hiérarchie de la Brigade criminelle antiterroriste de la Préfecture de Police de Paris, commandés par le commissaire Georges Veber, ces jeunes gens courageux mais sans expérience ni formation militaires ne font pas longtemps le poids. Ils sont vulnérables aussi du fait de quelques imprudences : ne pas « couper » avec des relations personnelles (et familiales) qui pour certaines, les trahiront, par leur bavardage, partager une planque dans le même quartier où ils habitent, travaillent et se ravitaillent, se rencontrer dans des lieux publics. Enfin après leur arrestation, certains se révèleront vulnérables à des méthodes policières que l’on peut qualifier de tortures, ce qui n’est pas le cas de deux membres résistants de la famille Zalkinov, Fernand et Rachel.undefinedReprésailles contre la famille Zalkinov

La famille Zalkinov, communiste et juive, victime de mesures de représailles (1942-1944).  Mais les autorités allemandes ne s’arrêtent pas là, en fonction de l’ordonnance du 10 juillet 1942 signée de Carl-Albrecht Oberg, général SS, commandant de toutes les polices allemandes en France occupée, à partir du printemps 1942, selon laquelle «  les parents masculins des partisans en fuite, en ligne ascendante, ainsi que les beaux-frères et cousins à partir de 18 ans seront fusillés ». S’y ajoute le fait que les parents et enfants Zalkinov sont juifs et relèvent de la politique génocidaire des nazis. Par mesures de représailles, ils sont tous arrêtés et emmenés à la Préfecture de police de Paris : Haina et Nojme Zalkinov, leur fille ainée Juliette et son mari Raymond Moyen, leur fille cadette Rachel et son compagnon André Jacquot, des résistants, puis emprisonnés. André Jacquot, ancien combattant des Brigades internationales, s’évade et deviendra un cadre communiste de la Résistance armée. Rachel torturée, victime d’une hémorragie interne, est transférée à la Santé, au quartier allemand, où elle partage une cellule avec Agnès Humbert, une résistante du réseau du Musée de l’homme qui témoignera que quand Rachel a appris, dans un silence de mort, l’exécution de son frère : « C’est l’Allemand qui a baissé les yeux, bouleversé devant cette admirable communiste juive de 23 ans ».Fichier:Montvalerienclairière.JPG — WikipédiaLe 7 août 1942, les parents de Fernand Zalkinov sont transférés au fort de Romainville et deviennent otages. Le 11 août 1942, le père, Nojme Zalkinov, est fusillé, la mère de Fernand et sa sœur Juliette, sont transférées le 3 septembre 1942, dans « le camp de Juifs » de Drancy. Haina est déportée le 23 septembre, par le convoi 36, à Auschwitz-Birkenau. Juliette Moyen est d’abord transférée à Beaune-la-Rolande (Loiret), le 9 mars 1943, puis déportée de Drancy à Sobibor, par le convoi 53, le 25 mars 1943. Son mari, Raymond, est déporté de Compiègne, le 6 juillet 1942, par le convoi de politiques dit des 45000. Rachel, transférée à la caserne des Tourelles le 26 mars 1942, est déportée de Drancy à Auschwitz-Birkenau, par le convoi 3 du 22 juin 1942. Aucun ne reviendra. La famille Zalkinov est décimée.File:Clairière des fusillés du mont Valérien 2.jpg - Wikimedia Commons

https://www.memoresist.org/rencontre/hommage-aux-etudiants-fusilles-par-les-nazis-par-r-aubrac/

https://www.humanite.fr/les-fusilles-du-palais-bourbon-223743

http://www.resistance-ftpf.net/pages/histoire/tragedie.html

https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article149320

http://www.memoirevive.org/suzanne-momon-31686/

https://www.cercleshoah.org/spip.php?article648

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