Qui avait intérêt à tuer Rajiv Gandhi ? La démocratie indienne vient d’être frappée de plein fouetAlors qu’il est en campagne électorale, le leader du Parti du congrès(I) et ex-premier ministre de l’Inde, Rajiv Gandhi (1944-1991), est victime d’une explosion qui lui est fatale. Il avait 46 ans. En cette troisième semaine de mai 1991, l’Inde était entrée dans la dernière phase d’une longue campagne électorale en vue des législatives anticipées. Il est 22 heures ce jour-là quand Rajiv Gandhi, chef du parti du Congrès, arrive dans la ville-temple de Sriperumbudur, dans le sud de l’Inde, où il doit participer à un meeting électoral De la foule en liesse émerge une jeune femme qui lui passe autour du cou une guirlande piégée. Puis elle s’agenouille pour lui toucher le pied, actionnant par son geste la bombe. Rajiv est pulvérisé, ainsi qu’une vingtaine d’autres personnes. L’attentat avait été commandité par la guérilla tamoule du Sri Lanka. Relégué dans l’opposition depuis sa défaite cuisante de 1989, Rajiv Gandhi s’était personnellement investi dans la campagne électorale pour assurer la victoire du Congrès. Arrivé au pouvoir avec une majorité écrasante en 1984, Rajiv avait dilapidé, par inexpérience, l’immense capital de sympathie dont il bénéficiait en raison de sa jeunesse et, surtout, de son appartenance à la dynastie des Nehru-Gandhi. Deux années dans l’opposition lui avaient permis de réfléchir à ses erreurs passées et au fossé qui s’était progressivement creusé entre lui et la population. Il attribuait cela aux dispositifs sécuritaires qui l’empêchaient d’entrer en contact avec ses électeurs. Aussi, tout au long de la campagne de 1991, avait-il pris l’habitude d’écarter ses gardes du corps pour se mêler à la foule. Une pratique qu’il savait risquée. D’autant plus risquée que la région de Sriperumbudur, où il s’est rendu le 21 mai fatidique, était connue pour être la base arrière des rebelles tamouls sri-lankais.Inde : révélations sur la mort de Rajiv GandhiParlement indien met gravement en cause l’un des petits partis de la coalition gouvernementale pour son rôle dans l’attentat-suicide à la bombe qui a tué Rajiv Gandhi, le 21 mai 1991 près de Madras (sud-est). Cette formation politique de l’Etat du Tamil Nadu, Dravida Munnetra Kazagham (DMK), qui participe au gouvernement fédéral, aurait selon des indiscrétions parvenues à la presse, été complice des assassins de Gandhi, qui dirigeait alors le parti du Congrès I («I» pour Indira). Le DMK est accusé d’avoir aidé et armé des guérilleros sri lankais des Tigres de libération de l’Ealam tamoul (LTTE), mis en cause par l’Inde dans cet attentat. Le parti du Congrès, dont dépend la survie de la coalition au pouvoir, a menacé hier de la faire tomber si elle ne s’était pas débarrassée «dans les trois jours» de sa composante DMK, qui compte deux ministres.Rajiv Gandhi est arrivé au pouvoir en 1984, quelques heures après l’assassinat de sa mère, le Premier ministre Indira Gandhi (1917-1984). Enclin à mener une vie sans histoires, ce pilote de ligne n’avait été poussé vers la vie publique que par la mort accidentelle, en juin 1980, de son frère Sanjay puis par l’assassinat de sa mère par ses gardes sikhs en 1984. Élevé dans la maison de son grand père Jawaharlal Nehru (1889-1964), le fils aîné d’Indira Gandhi avait peut-être hérité de son père Feroze Gandhi le sens de la modernité que l’on prête à la communauté parsie dont ce dernier était issu. En tout cas, les goûts qui lui firent accélérer le passage de l’Inde au XXIe siècle l’avaient surtout porté vers l’univers de la technologie et un culte de sa famille et de ses amis que le pouvoir n’entama jamais vraiment et qui le fit accuser de préférer les « coteries » de ses proches aux élus de la nation. Lors de l’élection qui a suivi, une vague de sympathie l’a porté au pouvoir en son nom propre. Il a promis le changement, la modernisation, de nouvelles idées en matière d’éducation pour les personnes défavorisées et la fin des courtiers en pouvoir politique. Ses détracteurs comme ses partisans lui reconnaissent une bonne intuition de ce dont l’Inde a besoin, mais ils ajoutent qu’il a souvent manqué de volonté pour mener à bien ces changements. Pendant ce temps, le développement rural et la réduction de la pauvreté urbaine sont passés de tâches hautement prioritaires à des questions de crise. Depuis que Rajiv Gandhi a pris ses fonctions en 1984, plus de 100 millions de nouveaux Indiens sont nés, et la plupart d’entre eux vivent à un niveau proche ou inférieur au seuil de subsistance. (…) Pour de nombreux Indiens, l’héritage de Rajiv Gandhi comporte un point positif : il a donné l’impulsion nécessaire pour que la nation, qui a toujours eu du mal à se défaire des mythes de son passé romantique et mystique, se tourne vers l’extérieur. N’ayant pas honte de porter des jeans et de conduire une voiture rapide, il a fait appel à l’imagination d’une nouvelle génération d’Indiens impatients de l’ascétisme, du puritanisme et de l’autonomie zélée consacrés par l’héritage de Mahatma. Gandhi.Membre de la grande dynastie politique indienne, Rajiv Gandhi a été Premier ministre de l’Inde pendant cinq ans jusqu’à sa démission en 1989.
Rajiv a été recruté en politique après la mort de son frère et homme politique Sanjay Gandhi, dans un accident, par sa mère. Indira Gandhi, première femme Premier ministre de l’Inde. Sa mère était elle-même la fille de Jawaharlal Nehru, 1er Premier ministre indien et disciple du Mahatma Gandhi (aucun parent).
Gandhi a démissionné après sa défaite aux élections législatives de 1989 et après que des scandales financiers eurent nui à son gouvernement. Il a été assassiné alors qu’il était en campagne électorale par les Tigres tamouls en 1991 et sa femme Sonia Gandhi lui succède à la tête du Parti du Congrès.
Événements historiques
1984-10-31 Rajiv Gandhi prend ses fonctions de 6e Premier ministre indien, succédant à sa mère Indira Gandhi qui a été assassinée
1984-12-28 Le parti du Congrès de Rajiv Gandhi remporte les élections générales en Inde
1984-12-29 Le Premier ministre indien Rajiv Gandhi revendique la victoire aux élections législatives
1985-07-24 Le Premier ministre indien Rajiv Gandhi signe un accord de paix avec le chef sikh Harchand Singh Longowai pour régler la crise du Pendjab qui dure depuis trois ans
1985-08-17 Rajiv Gandhi annonce des élections dans l’État du Pendjab en Inde
1986-10-02 Les sikhs tentent d’assassiner le Premier ministre indien Rajiv Gandhi
1989-11-26 Le Parti du Congrès indien dirigé par le Premier ministre de l’époque, Rajiv Gandhi, perd les élections générales face à un front d’opposition dirigé par le VP Singh
1989-11-29 Rajiv Gandhi démissionne de son poste de Premier ministre de l’Inde après avoir perdu les élections nationales
https://www.jeuneafrique.com/85778/archives-thematique/assassinat-de-rajiv-gandhi/
https://www.liberation.fr/planete/1997/11/21/inde-revelations-sur-la-mort-de-rajiv-gandhi_220412