Hull aux portes de l’enfer : le grand feu de 1900 Incendie dévastateur à Hull – La journée du jeudi 26 avril 1900 devait être une journée comme les autres pour la population de la ville de Hull. La majorité des ouvriers des usines se trouvaient fidèlement à leurs postes, les commerces étaient ouverts comme à l’habitude et les maisonnées étaient bien tenues comme à l’accoutumée. Toutefois, vers 11h, toute bascule lorsqu’un incendie de cheminée se déclare dans une résidence de la rue Chaudière.Incendie éclairEn moins de trois heures, le tiers de la ville de Hull est consumée. De nombreuses résidences et infrastructures municipales, construites en bois, sont détruites. Plusieurs usines sont la proie des flammes, notamment l’E.B. Eddy Company, l’usine de pâtes et papiers la plus importante de la ville et la manufacture d’allumettes et ses 20 000 caisses d’allumettes phosphorées. La population locale se serre les coudes pour combattre l’incendie. Toutefois, il devient rapidement évident que la population sera submergée par l’ampleur du désastre puisque les outils disponibles sont malheureusement insuffisants. Par exemple, le réseau de distribution d’eau possède des tuyaux dont la circonférence est trop petite. Par conséquent, le débit de l’eau s’avère trop faible.Les pompiers sont promptement appelés sur les lieux. Mais, à leur arrivée, l’incendie est déjà devenu conflagration. On mande tout de suite à Hull la brigade des pompiers d’Ottawa qui, malgré ses deux pompes à incendie, est tout aussi impuissante devant l’océan de flammes qui déferle sur la ville. La chaleur est telle qu’aucun pompier ne peut s’approcher à moins de 30 mètres du brasier. Puis les brigades de pompiers des usines entrent en action, sans plus de succès. L’incendie se déplace à un rythme d’enfer. Des fragments de bardeaux en feu, poussés par le vent, se détachent des toits des maisons pour aller choir sur d’autres toits de bardeaux qui s’enflamment à leur tour. Les scieries font alors entendre leurs sifflets pour que des milliers de travailleurs combattent l’incendie qui menace les grandes industries des Chaudières. Devant l’intensité des flammes qui enveloppent les maisons les unes après les autres et la chaleur insupportable qui leur grille le visage, les pompiers retraitent.La ville baigne dans une atmosphère irréelle. Vers 11 h 45, le feu s’attaque aux cours à bois de la compagnie Eddy et de la Hull Lumber. Puis, une colonne de feu traverse la rue Bridge (Eddy) pour s’attaquer à la manufacture de papier où elle brûle10 000 tonnes de papier. La chaleur est telle que l’un des rouleaux de 7 tonnes de la machine à papier numéro 5 casse en deux. C’est ensuite au tour de la manufacture d’allumettes à prendre feu; elle contient 20 000 caisses de bâtonnets phosphorés. À 13 heures, le tiers de la ville est la proie des flammes.Des milliers de personnes sont massées sur les hauteurs d’Ottawa ; elles croient que la rivière des Outaouais suffira à protéger la capitale de la conflagration. Mais, le vent soufflant du nord-ouest projette une nuée de débris embrasés de l’autre côté de la rivière qui communique le feu à un hangar de la scierie Booth et aux innombrables piles de planches de bois qui propagent la conflagration dans tout le Flat et les faubourgs environnants – Rochesterville et Hintonburg –, jusqu’à la Ferme expérimentale.À l’usine de pompage de Hull, située sur un petit ilôt du ruisseau de la Brasserie, les employés municipaux François Bélanger, Paul Miron et Isaïe Trudel sont restés au poste en dépit du drame qui se déroule sous leurs yeux : de l’usine, ils peuvent voir leur famille aux prises avec la conflagration et même leur maison brûler ! Puis, vingt fois l’usine et le ponceau qui les relient à la terre ferme prennent feu. Et vingt fois, ils éteignent les flammes. Poussés par un sens d’abnégation et une conscience civique extraordinaire, les trois courageux Hullois – véritables héros du Grand Feu – réussirent à maintenir la pression d’eau de l’aqueduc à 45 kilogrammes, donc à alimenter les bornes-fontaines de la ville tout au long de cette horrible journée. À 18 h 20, les flammes s’attaquent à l’hôtel de ville, dans l’indifférence générale.
Finalement, les flammes ne sont maîtrisées que vers minuit, soit un peu plus de douze heures après le début de l’incendie.À Ottawa
L’incendie est terrifiant. Les flammes, poussées avec rage par le vent qui rugit, s’étendent de Hull à Ottawa sur une distance de six kilomètres. C’est une véritable mer de feu déchaînée ; 75 millions de mètres de planches de bois brûlent. On fait appel aux pompiers de Montréal, de Brockville, et de Peterborough par télégramme.Vers les 14 heures, la rivière des Outaouais paraît s’embraser : des piles de planches et des billots en flammes, libérés par la destruction des glissoirs et l’effondrement des quais, descendent le cours d’eau ballottés violemment par les eaux turbulentes, et propagent l’incendie sur les deux rives de l’Outaouais. Vers les 16 heures, le vent change de direction et se met à souffler du sud-est. Il pousse les tisons, provenant des amas de planches enflammées qui descendent la rivière, sur les piles de bois entreposées dans les cours des scieries Gilmour et Hughson. La lutte est ardue parce que la pression d’eau est faible à cause du trop grand nombre de bornes-fontaines laissées ouvertes dans le centre-ville vu la retraite précipitée des pompiers.Après le feu
Comme le vent s’est apaisé, on réussit peu après minuit à maîtriser les flammes. Après plus de 12 heures de lutte acharnée, pompiers et combattants sont épuisés. Enfin, la conflagration est terminée. Les ruines fumeront pendant près de deux mois et les pompiers ont fort à faire pour empêcher le feu de reprendre. Près de la moitié de la ville de Hull (42%) et du cinquième (20%) de celle d’Ottawa ne sont plus que débris fumants; 14 000 personnes sont désormais sans abri. Des masses énormes de cendres rouges couvrent le sol à perte de vue. On ne peut plus distinguer le tracé des rues à cause de l’amoncellement des ruines. Pans de chaux brûlants, rochers effrités, arbres noircis et quelques cheminées dressées constituent la plus grande partie du paysage hullois. Rue Chaudière, la maison qu’occupaient les Guimond narguent les passants : elle n’est qu’à moitié détruite. Rue du Lac (Laval), les deux propriétés de Philorum Daoust, restées debout, dégoulinent de saumure, de vinaigre et de mélasse, produits qui se sont avérés de bons pare-feu. Des centaines de personnes traversent à Ottawa par le bateau-passeur pour trouver un abri dans la basse-ville ou dans de grands édifices de la capitale. La plupart des familles sinistrées sont cependant restées à Hull et 400 d’entre elles s’installent, plutôt mal que bien, sur les bords des petits lacs Flora et Minnow, pour y passer la nuit en plein air. Des hommes et des femmes, assis sur des chaises ou des malles, contemplent les tourbillons de fumée et les langues de feu qui emportent avec eux leurs souvenirs. De jeunes enfants épuisés dormaient sur des matelas sauvés des flammes, d’autres reposent recroquevillés sur des malles.Pertes et conséquences
Il faut près de trois jours pour mesurer l’ampleur des pertes subies lors du « Grand feu ». Au total, on compte un décès, environ 1 300 bâtiments réduits en cendres, près de 6 000 sans-abris et plus de 3 millions de dollars en dommages matériels. Géographiquement, c’est environ 40% du territoire de la ville de Hull qui est parti en fumée.
Plus d’un siècle plus tard, cet événement se fait toujours sentir à Hull, aujourd’hui partie intégrante de la ville de Gatineau. De manière concrète, l’organisation municipale et son administration subissent de grandes modifications à la suite de cet incendie. La politique municipale qui interdit de construire des édifices en bois sur les artères principales devient plus rigoureuse. Le rôle de pompier est également valorisé auprès de la population.
Cet incendie a également entraîné la disparition des registres de l’état civil, des cadastres municipaux, des archives de comté ainsi que celles du greffier. La destruction du palais de justice et des nombreux bureaux de notaires et d’avocats a fait en sorte qu’une grande partie de l’histoire documentaire de la ville n’existe plus aujourd’hui et que les traces de milliers d’ancêtres se sont envolées en fumée. Nous retrouvons seulement quelques informations disparates pour raconter l’histoire de ce qui a précédé le feu. Malgré les générations qui se sont succédé, le souvenir de cet événement dévastateur est encore bien vivant dans les esprits.Incendie dévastateur à Hull : Un feu qui se déclare sur la rue Chaudière, à Hull, se propage rapidement et dégénère en une des pires catastrophes de l’histoire du Québec.Des quartiers entiers de la ville sont rasés, dont plusieurs industries comme les scieries de la compagnie d’allumettes Eddy. Selon la presse du lendemain, environ 12 km² sont dévastés et 2 500 maisons détruites, causant des dommages evalués à 20 millions de dollars. En tout, près de 15 000 Hullois seraient sans abri, incitant le premier ministre Wilfrid Laurier à déclarer : «Hull n’est plus, Hull n’est qu’un amas de cendres, un morceau de ruines, une plaine de douleurs et une vallée de larmes.» Plusieurs campagnes de souscription seront mises sur pied à la grandeur de la province pour venir en aide aux sinistrés. À la fin de la catastrophe, c’est la moitié de Hull et un cinquième d’Ottawa qui sont réduits en cendres
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http://raymond-ouimet.e-monsite.com/blog/hisoire-locale/le-grand-feu-de-hu.html
https://histoire-du-quebec.ca/incendie-hull/