Dans le Pacifique, la guerre kamikaze des derniers soldats de l’empereurBataille d’Iwo Jima (19 février-26 mars 1945)H-042-1 : « Cauchemar en enfer » – La bataille d’Iwo Jima, février-mars 1945Le 19 février 1945 débute la bataille d’Iwo Jima, au cours de laquelle périssent près de 7000 Américains et 22 000 Japonais. Une bataille intense et barbare pour prendre pied sur une île forteresse, l’un des ultimes remparts de la défense du Japon. Retour sur cet événement à travers les images en couleur filmées par l’armée américaine.Au matin du 19 février 1945, 30 000 soldats américains, principalement des Marines, prennent place dans les barges de débarquement qui s’apprêtent à attaquer l’île japonaise d’Iwo Jima. D’une superficie d’à peine 21 km2, l’île est plate, rythmée par le solitaire mont Suribachi qui culmine à 169 mètres. Iwo Jima est un minuscule point perdu dans le Pacifique, à 1000 kilomètres au sud des côtes japonaises.Se rapprocher du Japon Pour le commandement américain, c’est un objectif d’une importance vitale, l’aboutissement d’une stratégie globale dans la conduite de la guerre du Pacifique, que Nicolas Bernard résume ainsi : « Après le traumatisme initial de Pearl Habor en décembre 1941, les Américains veulent se rapprocher progressivement du Japon pour soumettre le pays aux bombardements et le mettre à genoux ». Mais aux premiers mois de l’année 1942, l’empire du Japon est à son apogée, et s’étend sur toute l’Asie du Sud-Est. Les Américains ne possèdent aucune base assez proche de l’archipel nippon pour y effectuer des bombardements. Mis à part le raid exceptionnel sur Tokyo, le 18 avril 1942, mené par des bombardiers B25 depuis le porte-avions USS Hornet, entrepris pour regonfler le moral d’une armée américaine en mauvaise posture, les Alliés devront en effet attendre juin 1944 pour s’attaquer pour la première fois au Japon depuis leurs bases en Chine. «Cet isolement géographique de l’archipel nippon explique la nécessité pour les Américains de reconquérir le Sud-Est asiatique », explique Nicolas Bernard. Une stratégie que les Alliés déploient à partir de l’été 1942 avec la campagne des îles Salomon, un territoire au large de l’Australie. « Entre 1942 et 1945, les Américains vont remonter toujours plus au nord, vers le Japon, et reprendre des territoires plus à l’ouest, comme l’archipel des Philippines, coupant ainsi aux Japonais leur approvisionnement en pétrole », poursuit Nicolas Bernard. A l’été 1944, alors que la France est libérée du joug nazi, les Américains prennent pied sur les îles Mariannes, à 2500 km du Japon, et installent leurs premières bases de bombardiers à long rayon d’action, les fameux B29, en dehors de la Chine. « Iwo Jima, située encore plus au nord de l’archipel des Mariannes, doit permettre d’installer un nouvel aérodrome d’où pourront décoller les missions de bombardement sur le Japon, mais également de servir de point de repli plus rapide à atteindre que les Mariannes pour les avions endommagés, » explique Nicolas Bernard. « Surtout, l’île doit enfin permettre aux B29 d’être accompagnés par des chasseurs Mustang P51, à plus faible rayon d’action ». Une défense redoutableL’état-major japonais est lui aussi conscient de l’importance stratégique de l’île. Le général Tadamichi Kuribayashi, « l’un des meilleurs cerveaux de l’armée japonaise », se voit confier sa défense, qu’il entreprend de façon systématique. Profitant du terrain, il transforme Iwo Jima en camp retranché, et cache ses 22 000 soldats dans les centaines de galeries souterraines de cette île volcanique, qu’il transforme en autant de bunkers. Malgré l’ampleur de la préparation, les soldats japonais savent qu’ils vont mourir. Mais ils sont prêts à se sacrifier pour ralentir l’invincible avancée américaine. A partir de janvier 1945, pour préparer l’assaut amphibie, les Américains tirent 14 000 tonnes d’obus. Le 19 février, lorsque le tir cesse et que l’attaque est lancée, les Marines imaginent en approchant de l’île que les Japonais ont été réduits en miettes. Alors que les barges s’apprêtent à atteindre le rivage, un déluge de mitraille et de mortier s’abat sur eux. Les résistances nippones infligent de terribles pertes aux Américains. « L’un des principaux problèmes rencontrés par les Marines sur les plages, raconte Nicolas Bernard, en plus de ce feu nourri, est la piètre qualité d’un sable de basalte qui glisse entre les doigts et empêche les soldats de creuser des trous pour s’y protéger ».Au prix de terribles pertes, les Marines parviennent tout de même à prendre pied. A coup de grenades et de lance-flamme, ils délogent des réduits et cavernes les Japonais qui s’y sont retranchés. Après quatre jours de terribles combats, les Américains parviennent au sommet de l’île, sur le mont Suribachi, pour lequel, selon le commentaire des archives américaines, « un Marine sera tué pour chaque mètre pour atteindre le sommet ». Ils hissent alors le drapeau étoilé, moment qui sera immortalisé par la photographie de Joe Rosenthal, ainsi que par le film de Bill Genaust, un caméraman tué seulement quelques heures après. Mais les combats ne sont pas terminés pour autant. Les Japonais se retranchent à l’autre extrémité d’Iwo Jima. Jusqu’au 26 mars, les combats seront acharnés. Le blockhaus du général Tadamichi Kuribayashi ne sera neutralisé que le 25 mars.Un carnage devenu un symbole de « l’Enfer du Pacifique »Les Américains vont déplorer 6 821 morts et 19000 blessés. « Sept Américains sur cent qui se sont battus dans le Pacifique sont morts à Iwo Jima. Un blessé sur dix l’a été dans cette bataille », explique Nicolas Bernard. Un épisode emblématique de l’engagement des Marines. « C’est tout simplement la bataille la plus coûteuse de toute l’histoire du corps », conclut l’historien : 5931 Marines y ont perdu la vie. Autre preuve, s’il en est besoin, de la violence des combats : les Japonais ne retrouveront que 8700 corps sur leurs 22 000 combattants tués.Fait incroyable, les deux derniers soldats japonais ne se rendront que le 6 janvier 1949, après avoir survécu pendant quatre ans à la défaite de leur pays dans des grottes de l’île, subsistant grâce à des rations alimentaires volées à la garnison américaine. Ces hommes font partie d’une longue liste de soldats refusant de se rendre ou de croire en la défaite de leur pays, que les Américains ont nommé les « Stragglers » (les « trainards »). Le dernier d’entre eux, caché sur l’île de Morotai, en Indonésie, ne se rend qu’en janvier 1974. La violence des combats d’Iwo Jima a inspiré le réalisateur Clint Eastwood, qui consacra à la bataille deux films, Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima. Plus généralement, pour les Américains, cette lutte pour un minuscule rocher perdu en plein océan Pacifique symbolise jusqu’à aujourd’hui la dureté d’un conflit marqué par l’extraordinaire ténacité et résistance des combattants japonais.Bataille d’Iwo Jima (19 février-26 mars 1945)Arrière-planL’opération Detachment, l’assaut amphibie sur Iwo Jima, a vu le jour lors de la conférence de planification stratégique du 29 septembre au 1er octobre 1944 des commandants supérieurs du théâtre du Pacifique et des représentants des chefs d’état-major interarmées à San Francisco. La sécurisation de Luzon, la plus grande des îles Philippines, a reçu la priorité suite à une soumission énergique du général Douglas MacArthur , commandant de la zone du sud-ouest du Pacifique, et de son état-major. La date cible de l’opération de Luzon était le 20 décembre (bien qu’elle ait été en fait réalisée le 9 janvier 1945, tous les emplacements stratégiques n’étant sécurisés qu’en mars). Luzon devait être suivie par l’occupation du groupe Bonins-Volcano (dont Iwo Jima) et des Ryukus (dont Okinawa). Les deux chaînes d’îles s’étendent approximativement du nord au sud dans le Pacifique au sud de l’île japonaise centrale de Honchu. Ainsi, les Bonins plus à l’est (les Nanpo Shoto) et les Ryukus plus à l’ouest (les Nansei Shoto) sont des tremplins figuratifs vers le cœur du Japon. Ils faisaient également partie intégrante de la zone vitale de défense intérieure du Japon.L’opération Bonins devait être menée en premier, en partie en raison de considérations avancées par l’armée de l’air américaine, une branche de service qui s’était récemment imposée dans le Pacifique en raison de la campagne de bombardement stratégique contre le Japon. Un site radar japonais sur Iwo Jima a été évalué comme fournissant une alerte précoce aux défenses aériennes de l’île d’origine des raids aériens américains ainsi qu’une base pour intercepter les chasseurs japonais. Les missions de bombardement B-29 devaient par conséquent emprunter une route plus longue et sinueuse autour de l’île. De plus, une fois Iwo Jima sécurisé, ses aérodromes seraient disponibles pour les avions de combat escortant les missions de bombardement et pour les atterrissages d’urgence des B-29 endommagés par la bataille ou autrement frappés. Cependant, au lendemain du Détachement, on s’est vite rendu compte que l’hypothèse sur les capacités d’alerte précoce japonaises n’était pas correcte et que l’utilité stratégique des aérodromes avait déjà été dépassée par des événements ailleurs sur le théâtre. La question de savoir si ces facteurs de planification justifiaient le coût humain extrêmement élevé de l’opération continue d’être débattue à ce jour.
Prélude
Pour l’opération Détachement, la cinquième flotte américaine (amiral Raymond A. Spruance ) devait fournir un transport amphibie, un soutien au tir, une couverture aérienne et un soutien logistique au groupe de travail expéditionnaire (TF-56—général Holland M. Smith, USMC). Celui-ci était principalement composé du V Amphibious Corps (major général Harry Schmidt, USMC), qui comprenait les 3e (réserve à flot), 4e et 5e divisions de marines, le 147e régiment d’infanterie de l’armée et diverses unités de soutien. Le jour J a été fixé au 19 février 1945.Les quelque 60 000 militaires américains qui ont participé à l’assaut contre Iwo Jima ont été confrontés à environ 21 000 soldats japonais. La doctrine défensive japonaise avait considérablement évolué depuis les batailles du Pacifique central de 1943 et du début de 1944. Lors de la campagne des Mariannes en juin 1944, de nombreux officiers supérieurs japonais avaient accepté l’impossibilité de remporter la victoire contre les Alliés et avaient décidé de faire tout leur possible pour retarder l’inévitable au prix le plus élevé qu’ils pourraient infliger à leur ennemi. Comme les commandants japonais l’avaient démontré sur Peleliu en septembre 1944, les tentatives totales pour repousser les forces alliées sur les plages du débarquement n’étaient plus entreprises. Au lieu de cela, les troupes d’assaut devaient être soumises à une bataille d’usure étape par étape, progressant lentement d’une zone de mise à mort bien défendue à la suivante.
La supériorité aérienne américaine – en particulier après le début des opérations aux Philippines – a laissé les forces terrestres japonaises avec une couverture aérienne négligeable ou inexistante contre les bombardements alliés. Cela a conduit à la construction de points forts, de bunkers et de positions d’artillerie se soutenant mutuellement, profondément situés et fortement fortifiés, souvent reliés par de vastes systèmes de tunnels avec des stocks de munitions et de nourriture. La réponse japonaise à l’écrasante puissance de feu américaine a été simple : s’enfoncer et creuser profondément !
Le général Tadamichi Kuribayashi , commandant des forces japonaises sur Iwo Jima , avait été affecté à l’île en juin 1944 et avait immédiatement commencé de vastes préparatifs défensifs, avec de nombreuses constructions accomplies la nuit pour échapper à la surveillance aérienne et aux attaques. Contrairement aux Américains, dont beaucoup avaient considéré les difficiles combats de Peleliu comme une aberration isolée plutôt que comme une évolution doctrinale, Kuribayashi s’est inspiré des leçons tirées de cette bataille. De plus, il a découragé ses subordonnés de regarder les soi-disant banzaicomme une tactique viable, leur faisant comprendre que retarder puis tuer l’ennemi étaient des priorités. Au moment où la Cinquième Flotte a commencé à bombarder Iwo Jima, tous les civils japonais avaient été évacués de l’île et Kuribayashi avait tout fait dans la limite de ses moyens pour rendre l’assaut américain aussi coûteux que possible. Le terrain difficile d’Iwo Jima devait aider les Japonais dans cette entreprise.La bataille
Iwo Jima a une superficie de huit milles carrés et a la forme d’une côtelette de porc, sa partie la plus large étant orientée vers le nord-est. L’étroite pointe sud-ouest de l’île est dominée par une petite montagne, le mont Suribachi, qui est un évent de volcan en sommeil. Deux aérodromes achevés et un en construction étaient situés respectivement du sud-ouest vers le nord-est sur la ligne médiane d’Iwo Jima. Kuribayashi avait divisé l’île en cinq secteurs défensifs avec des zones de réserve centrales. Les planificateurs américains avaient désigné des plages de débarquement le long des côtes sud et nord entre Suribachi et la partie la plus large de l’île, mais seules les plages du sud (du sud-ouest au nord-est : vert, rouge, jaune, bleu) ont été utilisées dans l’assaut.Des bombardements et des bombardements navals occasionnels avaient été menés contre des installations japonaises sur Iwo Jima depuis juin 1944 et ces bombardements se sont intensifiés dans les semaines précédant le jour J. Bien que les raids aériens aient endommagé certaines fortifications japonaises, les équipes de démolition sous-marine de la marine débarquées pour une reconnaissance de plage ont surestimé l’impact des missions de bombardement et n’ont pas noté toute l’étendue des fortifications souterraines japonaises.Le V Amphibious Corps a demandé un bombardement côtier concentré pendant 10 jours avant le débarquement. Cependant, citant des problèmes d’approvisionnement en munitions, la Task Force 52, la force de soutien amphibie fournissant un appui-feu, n’en a fourni que trois. Le mauvais temps a réduit les opérations de bombardement le 16 février, le premier jour. En fin de compte, seulement 13 heures de bombardement effectif ont été effectuées sur la période de trois jours. La cinquième flotte a également commencé des opérations de déminage autour de l’île, en particulier des approches des plages de débarquement désignées. Avant l’opération, Spruance avait détaché la Task Force 58, ses porte-avions rapides (qui transportaient également huit escadrons de chasse du Corps des Marines), pour frapper des cibles stratégiques sur Honshu dans le cadre d’un large soutien aux débarquements d’Iwo Jima. Les Marines,
Presque précisément à l’heure H, 0900 le 19 février, la première vague d’assaut, avec des unités de la 5e Division de marines à gauche et des unités de la 4e Division de marines à droite, a atterri sur les secteurs de plage assignés. Les Japonais ont tenu bon jusqu’en 1000, après que la première vague des Marines ait été sur les plages et que les tirs navals de couverture se soient momentanément atténués. Le volume et la précision soudains et inattendus de l’artillerie et des mortiers indiquaient clairement que les bombardements et les bombardements navals n’avaient pas sensiblement affecté l’ennemi. Cela a eu un effet dévastateur sur l’accumulation sur les plages. Tous les secteurs ont subi des pertes, bien que les plages vertes et rouges, flanquées de positions japonaises sur le mont Suribachi, et les plages bleues, bordées par des ennemis installés dans les falaises d’une carrière de roche, aient peut-être été les plus durement touchées. Un autre handicap pour les Marines était la plage instable, composé de terrasses escarpées de sable noir en mouvement constant, de cendres volcaniques et de cendres. Cela a rendu le creusement très difficile et embourbé dans des véhicules à roues et même à chenilles, provoquant des empilements d’hommes, de tracteurs amphibies, de chars et de fournitures à la ligne de flottaison. Ceux-ci ont été soumis à des tirs constants d’artillerie, de mortiers et de mitrailleuses japonaises. La forte pente de la plage a également provoqué une zone de surf violente avec laquelle les péniches de débarquement et les tracteurs ont dû faire face.Malgré ces difficultés, les débarquements ont été exécutés avec succès et, sous le couvert d’un barrage de tir naval roulant et d’un appui aérien rapproché principalement fourni par les porte-avions d’escorte de la cinquième flotte, les Marines ont commencé à quitter les plages. La 5e division de marine a poussé vers la rive nord-ouest afin d’isoler le mont Suribachi et a accompli cette tâche dans les quatre-vingt-dix minutes suivant les premiers débarquements. La progression de la 4e Division de marines fut beaucoup plus lente, cependant, alors qu’elle se dirigeait vers les aérodromes. L’un d’eux se trouvait directement devant les Marines, mais le second champ, plus central, nécessitait un mouvement de rotation vers le nord-est, ce qui amenait la majeure partie de cette division dans une zone en forme de cuvette complètement exposée aux tirs nourris des Japonais.À la fin du jour J, près de 30 000 hommes avaient été débarqués sur Iwo Jima malgré la détérioration rapide des conditions météorologiques, le terrain difficile et une résistance japonaise obstinée et bien coordonnée. Bien que les Marines aient réussi à traverser l’île à sa faible largeur et aient coupé le mont Suribachi, la ligne de phase prévue pour la journée n’avait pas été atteinte alors que les pertes augmentaient à un rythme alarmant. La tête de pont est restée concentrée dans une zone triangulaire d’environ 4 000 mètres de long et de 700 à 1 100 mètres de large du nord au sud.
J + 1 a vu le débarquement de la 3e division de marine, la réserve du corps, et plus tard la prise de l’espace de combat entre les deux divisions de marine précédemment engagées. Pendant ce temps, le 28e Régiment de Marines de la 5e Division a commencé son assaut du mont Suribachi, qui était en garnison par 2 000 soldats japonais et largement alvéolé de positions défensives et de tunnels, l’un d’eux à sept niveaux de profondeur. Soutenus par des renforts de la 3e division de marine, d’autres unités de la 5e division de marine et la 4e division de marine ont lentement continué à se frayer un chemin vers le nord-ouest et le nord-est. Les destroyers de la marine, dont beaucoup sont affectés à des unités marines spécifiques, ont fourni un appui direct au tir. Bien que fréquemment les cibles des canons japonais, les chars de marine, les amphtracs et l’artillerie firent de même, fournissant une puissance de feu mobile aux unités d’infanterie engagées.
En fin de compte, cependant, de petites équipes de Marines – ou même des individus – armés de lance-flammes, de charges saccadées et de grenades à main (« chalumeaux et tire-bouchons ») ont été ceux qui ont joué un rôle déterminant dans la destruction des points forts japonais. Le coût était proportionnel : à la fin de J+1, de nombreuses compagnies de fusiliers marins avaient perdu jusqu’à 50 % de leur effectif d’avant l’assaut en tués et blessés. La dynamique opérationnelle est restée extrêmement lente et les progrès se sont mesurés en mètres de terrain parcourus.
Du 21 février (J+2) à mars, malgré la ténacité et l’ingéniosité japonaises, les forces américaines parviennent progressivement à des avancées significatives. Dans la nuit du 21 au 22 février, les navires situés à la périphérie extérieure de la zone de débarquement amphibie ont été soumis à la seule attaque kamikaze subie au cours de l’opération. Le porte-avions d’escorte Bismarck Sea (CVE-95) a été perdu et le porte-avions Saratoga (CV-3)a été si gravement endommagé qu’elle a dû retourner aux États-Unis pour réparation et n’est jamais retournée au combat. À terre, alors que les Marines atteignaient le sommet du mont Suribachi le matin du 23 février peu après le débarquement initial, le reste de la bataille pour l’île prendrait le mois qui suivait dans de violents combats. Malgré le lever du drapeau emblématique et certainement remontant au moral, des poches cachées d’ennemis ont continué leur résistance sur la montagne – un coup dur pour les défenses de Kuribayashi. L’aérodrome n ° 1, l’installation aérienne la plus au sud, a été capturé après de durs combats par D + 1 tandis que les Marines continuaient à se déplacer vers le nord, aidés par un groupe de travail blindé de plusieurs compagnies de chars marins.
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, ils rencontrèrent des contre-attaques bien coordonnées et dirigées par les Japonais – une surprise pour les militaires américains qui avaient connu un banzai ennemi chaotique.charges dans le passé. Les chars ont été mis hors de combat par des mines, des escouades suicides ou des canons antichars bien camouflés, et les compagnies de fusiliers marins ont été soumises à des tirs constants d’artillerie, de mortier et d’armes légères. À la frustration des forces terrestres, de nombreuses positions japonaises se sont révélées insensibles aux bombardements et aux mitraillages d’appui aérien rapproché et ont dû être prises par un assaut terrestre direct ou en bouclant les entrées. Après neuf jours, la route vers le nord avait progressé de 4 000 mètres au prix de 7 000 victimes américaines, mais le 4 mars, l’aérodrome n ° 2 avait été sécurisé après de durs combats et les Marines avaient dégradé les défenses du général Kuribyashi au point où de nombreuses armes lourdes japonaises étaient hors de combat. Toujours le 4 mars, le 9th Bomb Group B-29 «Dinah» a effectué un atterrissage d’urgence sur l’aérodrome n ° 1. Il a fait le plein et est parti, démontrant l’utilisation potentielle de l’île par le XXI Bomber Command. Le 14 mars, l’occupation de l’île a été officiellement annoncée, bien que les combats se soient poursuivis pendant deux semaines supplémentaires. Enfin, le 26 mars, Iwo Jima a été déclaré « sécurisé ».
ConséquencesSur les quelque 21 000 défenseurs japonais, 216 ont survécu à la bataille pour être faits prisonniers et environ 3 000 se sont cachés pendant l’occupation américaine de l’île. En août 1945, la plupart d’entre eux avaient été tués, capturés ou s’étaient rendus, mais un groupe n’a déposé les armes qu’en 1949. Après avoir fait tout son possible pour prévenir l’inévitable, le général Kuribayashi s’est suicidé à son poste de commandement le 23 mars. 1945. La position stratégique perçue et l’utilité de l’île n’étaient pas immédiatement apparentes à ses occupants. La station radar japonaise, apprirent bientôt les opérateurs américains, avait en fait été incapable de fournir les données d’alerte précoce nécessaires aux défenses aériennes de l’île d’origine japonaise. Pour leur part, avant l’opération Détachement, les Japonais avaient effectivement radié l’aérodrome de l’île pour tout emploi opérationnel important. En tant que station de passage pour les avions de l’armée de l’air américaine, Iwo Jima semblait à nouveau offrir peu d’avantages. L’utilisation des aérodromes d’Iwo Jima pour les chasseurs d’escorte américains s’est finalement avérée difficile sur le plan logistique et très difficile pour les pilotes de P-51, qui ont dû faire face à un aller-retour de 1 500 milles marins. De plus, la capacité des champs était limitée – à peu près la même que celle fournie par un porte-avions de la flotte de la Marine. Beaucoup moins de B-29 que prévu ont en fait utilisé l’île comme site d’atterrissage d’urgence ou de ravitaillement en carburant. Les aérodromes ont accueilli une opération de recherche et de sauvetage active, mais le nombre d’aviateurs américains abattus récupérés par des avions d’Iwo Jima (57) semble insignifiant par rapport au nombre de vies perdues lors de la capture de l’île.
L’opération Detachment a coûté aux forces américaines 6 871 tués et 19 217 blessés. Des médailles d’honneur ont été décernées à 22 Marines et cinq marins , 14 d’entre eux à titre posthume (13 Marines, un marin). Comme l’a noté l’amiral Chester W. Nimitz , commandant de la flotte du Pacifique et des zones de l’océan Pacifique, après la bataille, « une valeur peu commune était une vertu commune ».
H-042-1 : « Cauchemar en enfer » – La bataille d’Iwo Jima, février-mars 1945Organisation du débarquement d’Iwo JimaLes opérations de pré-débarquement à Iwo Jima étaient sous le commandement du contre-amiral « Spike » Blandy, commandant de la force de soutien amphibie (TF 52). (En tant que chef du Bureau of Ordnance de 1941 à 1943, Blandy a joué un rôle controversé dans le « Grand scandale des torpilles », au cours duquel les capitaines de sous-marins ont été accusés de torpilles américaines défectueuses. D’un autre côté, il a joué un rôle principal en apportant le Canons anti-aériens Bofors 40 mm et Oerlikon 20 mm dans la flotte (après la guerre, il commandera la Force opérationnelle interarmées 1 pour l’opération Crossroads – les tests de la bombe atomique Bikini – et terminera sa carrière en tant que commandant en chef Flotte atlantique américaine de 1947 à 1950).
Une composante majeure des opérations de pré-débarquement était la Gunfire and Covering Force (TF 54) sous le commandement du contre-amiral Bertram Rogers, qui comprenait six vieux cuirassés, quatre croiseurs lourds plus anciens, un nouveau croiseur léger et 16 destroyers. Ceux-ci comprenaient les cuirassés Idaho (BB-42), Tennessee (BB-43), Nevada (BB-36), Texas (BB-35), Arkansas (BB-33) et New York (BB-34), les croiseurs lourds Chester (CA-27), Pensacola (CA-24), Salt Lake City (CA-25) et Tuscaloosa (CA-37), et le croiseur léger Vicksburg (CL-86). Nevada , Texas, Arkansas et Tuscaloosa avaient participé au débarquement du jour J en Normandie, à la bataille de Cherbourg et à l’opération Dragoon (l’invasion du sud de la France), et avec New York transférés dans le Pacifique alors que les opérations de surface navales américaines contre l’Allemagne se terminaient. Les nouveaux cuirassés North Carolina (BB-55) et Washington (BB-56) et le vaisseau amiral de la cinquième flotte, le croiseur lourd Indianapolis (avec l’amiral Spruance embarqué), rejoignirent la force de bombardement le jour J d’Iwo Jima, le 19 février 1945.2e Guerre Mondiale – L’enfer du pacifique
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