Mont-Aimé, ce terrible berceau des hérétiquesIl y eut des bûchers en champagne !L’hérésie cathare n’est pas un phénomène purement méridional. Le bûcher du Mont-Aimé, en Champagne, en témoigne : le 13 mai 1239, 180 hérétiques y furent brûlés après une parodie de procès.
Le vendredi 13 mai 1239, environ 180 hérétiques sont livrés aux flammes, à la suite d’un court procès mené par l’inquisiteur* Robert le Bougre. Cela se passe en France du Nord, en Champagne, à 50 kilomètres au sud de Reims, sur la butte du Mont-Aimé ou Mont-Wimer. Cet événement est certes moins connu que le bûcher* de Montségur, le 16 mars 1244, ou que celui de Vérone1, en février 1278. Son importance historique est pourtant considérable. Les bûchers ordonnés par l’Inquisition* elle-même furent en effet des peines exceptionnelles. De plus, les conséquences de cette exécution massive sur l’avenir de l’Inquisition dans le nord de la France furent tout à fait capitales.
L’hérésie* avait envahi très tôt la Champagne. En 1048, l’évêque de Châlons-sur-Marne dénonçait déjà pour son diocèse une hérésie qu’il qualifiait de « manichéenne » . En mars 1145, les chanoines de Liège écrivent au pape Lucius II pour lui signaler que « de Mont-Aimé, nom sous lequel on …
À Paris, le roi assiste lui-même à l’exécution des hérétiques, comme le montre cette gravure. Robert le Bougre fait brûler 183 personnes en Champagne suite à une rafle à Provins : c’est le bûcher du Mont-Aimé. Cathare repenti et désormais inquisiteur, Robert le Bougre est souvent désigné comme le symbole de la violence parfois arbitraire de l’Inquisition.Ses excès sont tels qu’il sera relevé de ses fonctions par le pape et condamné à la prison à perpétuité.
Mont-Aimé, ce terrible berceau des hérétiques
Sait-on que le Mont-Aimé fut un haut lieu des Cathares ? Sait-on qu’ici, bien avant le bûcher de Montségur, furent brûlés 183 hérétiques ? Le prêtre châlonnais Albert Mathieu, dans un passionnant ouvrage, raconte tout sur cet endroit à la fois aujourd’hui si bucolique et jadis si terrible.
«CE lieu est terrible ! ». Une phrase tirée du livre de Jacob, empruntée par le père Albert Mathieu, aujourd’hui bibliothécaire au diocèse de Châlons. Une phrase pour qualifier le Mont-Aimé, qui fait l’objet aujourd’hui d’un ouvrage signé de la plume du prêtre.
Allons bon : vraiment terrible le Mont-Aimé, mamelon de 240 mètres d’altitude tendrement posé sur la plaine champenoise, entre Châlons, Epernay, Fère-Champenoise et Sézanne, dominant vignes et champs ? Vraiment terrible cette oasis de verdure, ce havre bucolique qui fait le bonheur des pique-niqueurs et offre un écrin aux amoureux ?
Terrible oui, assure l’auteur.Terrible par son histoire dont l’événement majeur se situe un vendredi 13 du mois de mai 1239, où 183 personnes furent livrées aux flammes d’un bûcher. Et c’est sous l’angle de la religion qu’Albert Mathieu raconte le Mont-Aimé. Mont-Aimé le maléfique. Mont-Aimé haut lieu des hérétiques. Un site moins notoire certes que celui de Montségur mais pourtant plus ancien : « L’implantation hérétique commence dans la région de Vertus avant l’an 1000, alors que Montségur ne devient un refuge qu’au début du XIIIe siècle ».Leutard, premier hérétique
Sur le site champenois, le père Mathieu évoque l’affaire Leutard, au cœur du pays de Vertus.
Leutard ? Ni plus ni moins que le premier hérétique connu de l’Occident. Un fou a-t-on suggéré : « Dans sa doctrine, il prêche les principes manichéens d’un Dieu du bien et d’un Dieu du mal. Il abat les représentations de Jésus en croix puisque la création matérielle est l’œuvre du mauvais. Il refuse le mariage et la procréation des enfants sur surtout – péché suprême- il encourage le refus de payer des impôts. Nous ignorons la date de fin de vie de Leutard. D’après les chroniques du temps. Il se serait jeté dans le puits Saint-Martin tout proche et il s’y serait noyé. On peut concevoir un suicide sans doute, mais il est fort possible qu’on ait pu aussi l’aider pour liquider une personne devenue encombrante ». La mort de Leutard n’enterrera pas ses idées : « Il semble que les adeptes aient continué à se réunir spécialement sur le Mont-Aimé sous la protection des comtes de Champagne, lesquels n’étaient pas fâchés de s’opposer au pouvoir des évêques de Reims et de Châlons ».
Passionnant livre que celui du père Mathieu. Il sait et il sent que le Mont-Aimé, qui serait donc berceau du catharisme, continue d’interpeller les générations actuelles.
De ce sujet « qui excite les passions », il rappelle que bien entendu, c’est le midi de la France et en Languedoc que l’implantation a été la plus importante et la répression la plus violente. Mais il martèle l’importance historique de cette colline et de son château édifié par Blanche de Navarre, vingt ans avant le bûcher.Passant, souviens-toi
Un lieu qui, après la chute de Napoléon, servit de parade à 350 000 soldats et 85 000 chevaux pour la gloire du tsar Alexandre de Russie. Son importance n’a pas échappé à certains spécialistes de l’histoire du catharisme, comme Jean Duvernoy en 1979. Le Mont-Aimé y est en bonne place.
C’est ce qui conforte le père Albert Mathieu : à ses yeux, cette terrible colline de la plaine champenoise devrait bénéficier d’un mémorial. Comme dans le sud de la France, au sein de ce qui fut là-bas le bûcher languedocien. Là-bas, une borne rappelle bien le martyr des hérétiques. Elle a été érigée à la fin du XIXe siècle.A Bergères-les-Vertus, le prêtre Châlonnais apprécierait donc bien la pose d’un ouvrage similaire. Il y verrait bien la mention de cette inscription : « Ici vendredi 13 mai 1239, 183 personnes ont été livrées au feu en raison de leur foi jugée hérétique. Passant : souviens-toi ». Car pour l’humaniste qu’il est, « tout cela doit nous faire réfléchir, surtout quand on pense que, de nos jours, de pauvres gens sont persécutés pour leur foi, leur race, ou même pour leurs simples opinions ».
Fabrice MINUEL
« Ce lieu est terrible, le Mont-Aimé en Champagne », par Albert Mathieu, prêtre de Châlons. Le Sommeil de la raison
L’esprit maléfique, avec la permission de Dieu, utilise son pouvoir pour faire croire à certaines personnes qu’il arrive réellement à leur corps des choses qu’elles imaginent (par leur propre erreur) se produire… qu’une reine de la nuit convoque des rassemblements nocturnes au cours desquels des festins et toutes sortes d’émeutes des exercices ont lieu… que des enfants sont sacrifiés, découpés en petits morceaux et dévorés avidement. Qui peut être assez aveugle pour ne pas se rendre compte que c’est la tromperie du Diable ? Il faut se rappeler que ceux qui ont de telles expériences ne sont que quelques femmes pauvres et des hommes ignorants sans réelle foi en Dieu.En rejetant des contes comme ceux-ci comme la superstition de l’ignorant, Jean de Salisbury a déclaré en 1159 ce qui avait longtemps été le point de vue orthodoxe. Au début du XIe siècle, Burchard de Worms avait prescrit la pénitence pour ceux qui aidaient le travail du diable en répétant des histoires insensées de ce genre, et sa décision a été approuvée dans les déclarations les plus autorisées du droit canonique du XIIe siècle, par Ivo de Chartres et Gratien. . Grégoire VII (qui n’est généralement pas considéré comme l’un des papes les plus équilibrés), en mettant en garde le roi du Danemark contre la « pratique cruelle et barbare » consistant à tenir des femmes irréprochables pour responsables du mauvais temps ou de blessures corporelles, a également confirmé une longue tradition d’autorité ecclésiastique. opposition à la désignation de boucs émissaires de ceux qui sont considérés comme des sorciers ou des gens rusés.En 1233, le pape Grégoire IX, dans une lettre célèbre commençant par Vox in Rama («Une voix à Rama»), demanda une action de l’archevêque de Mayence contre les hérétiques qui lui avaient été dénoncés par le frère Conrad de Marburg. « Quand un novice doit être initié et est amené pour la première fois devant l’assemblée des méchants », écrit-il,
une sorte de grenouille lui apparaît ; un crapaud selon certains. Certains donnent un baiser sur ses parties postérieures, d’autres sur sa bouche, suçant la langue de l’animal, et bave. Parfois, le crapaud est de taille normale, mais à d’autres moments, il est aussi gros qu’une oie ou qu’un canard. Habituellement, c’est la taille de la bouche d’un four. Le novice s’avance et se tient devant un homme d’une pâleur effrayante. Ses yeux sont noirs et son corps est si maigre et émacié qu’il semble n’avoir aucune chair et seulement la peau et les os. Le novice l’embrasse et il est aussi froid que la glace. Après l’avoir embrassé, tout vestige de foi dans l’église catholique qui persiste dans le cœur du novice le quitte.Le pape a poursuivi en décrivant comment le banquet qui a suivi a été présidé par un chat noir « gros comme un chien de bonne taille », dont l’anus a été embrassé à tour de rôle par toutes les personnes présentes, en commençant par l’initié, les lumières ont été éteintes et une orgie générale a suivi.
Puis, d’un coin sombre, la silhouette d’un homme émerge. La partie supérieure de son corps, des hanches vers le haut, brille aussi fort que le soleil. En dessous, sa peau est grossière et recouverte de fourrure comme un chat. L’hérétique président lui présente un vêtement de novice en disant : « Maître, j’ai reçu ceci et je vous le donne à mon tour. Ces personnes se décrivent comme des dévots de Lucifer, qui, selon eux, a été temporairement expulsé du ciel et reviendra.Nous avons déjà entendu des histoires comme celle-ci, de la part de Paul de St Père et de Guibert de Nogent, qui les avaient finalement héritées de contes diffusés sur les premiers chrétiens par leurs ennemis païens. Ils ne peuvent être ignorés ni comme une «superstition médiévale» ni comme un corollaire naturel ou nécessaire du christianisme catholique du haut Moyen Âge. De tels fantasmes ont circulé à chaque siècle, et le sont probablement encore, à propos des hérétiques, des Juifs et de nombreux autres groupes et personnes marginalisés. La variation a été dans qui les croit et dans quelle mesure ils ont été pris au sérieux par les dirigeants culturels et religieux et par ceux qui exercent le pouvoir. Au haut Moyen Âge, ils se sont certainement répétés dans plus de cloîtres monastiques et d’autres lieux que nous ne connaissons, mais parmi les gens sérieux, le scepticisme rationnel de Burchard de Worms et de Jean de Salisbury a prévalu jusqu’au XIIIe siècle. En tant que premier document officiel de quelque nature que ce soit, sans parler d’un décret papal, pour accepter et répéter comme des faits l’invocation, l’apparition et l’engagement sexuel du diable, Lucifer, lors de réunions secrètes,Vox in Rama marque la réception dans la haute culture de la croyance en la réalité de telles pratiques et phénomènes. Son influence funeste devait persister pendant un demi-millénaire.La descente officielle dans la superstition n’est pas uniquement imputable aux carences capricieuses ou intellectuelles de Grégoire IX. Le lien entre les allégations de comportement licencieux, la croyance en l’indépendance du principe du mal et l’accès aux pouvoirs et esprits surnaturels avait été fait par les cisterciens Henri de Marci et Geoffroy d’Auxerre dans les années 1180. Année après année, depuis le début des années 1200, leur cauchemar avait été diffusé à travers l’Europe par des prédicateurs de plus en plus stridents recrutant pour la croisade des Albigeois. Ils ont peint une menace pour tout ce qui était apprécié par les personnes craignant Dieu dans les couleurs les plus sinistres que les médias de masse de l’époque pouvaient commander, avec tout le respect des médias de masse pour l’exactitude et la perspective. Dans les années 1220, un autre cistercien, Césaire de Heisterbach, dans son Dialogue sur les miracles, une collection largement diffusée d’anecdotes améliorantes, a façonné un récit vivant d’une conspiration diabolique universelle contre la foi. Césaire était proche de Conrad de Marbourg, dont le rapport à Grégoire IX Vox à Rama était basé. Le chat avait été amené à la fête par Walter Map, qui avait généralement la langue dans la joue, décrivant au début des années 1180 les excès de ceux qu’il appelait ‘Publicani’ ou ‘Patarini’, qui ‘se sont cachés depuis les jours de la passion du Seigneur, errant partout parmi les chrétiens’. Elle a été brassée dans la marmite cistercienne par leur recrue vedette des écoles parisiennes, Alain de Lille. Pour Alan, le chat a fourni une source pour le nom « cathare ». Il a utilisé le jeu de mots faible de la salle de conférence pour fixer l’étiquette que ses confrères avaient prise des pères de l’église, ainsi que la théologie dualiste, la hiérarchie rituelle et ecclésiastique du manichéisme. Depuis maintenant trois quarts de siècle, les étudiants sortaient de leurs salles de classe complètement exercés à détecter et à réfuter ce spectre. Il n’est pas étonnant que la plupart d’entre eux soient devenus persuadés que de telles croyances étaient largement répandues dans le monde réel au-delà de leurs salles de classe. Il devenait maintenant rapidement vrai que plus un homme était savant dans l’érudition traditionnelle de son temps, À cette époque, les diplômés prédominaient dans les postes de responsabilité, tant pastoraux qu’administratifs, à presque tous les niveaux de l’Église.Le bûcher de l’Inquisition sévit au Mont-Aimé en champagneUn breuvage puissant a émergé de ce mélange de la concentration croissante de la théologie scolastique sur le diable et ses œuvres avec la préoccupation fiévreuse de l’imagination monastique avec le péché humain. Proclamé au monde par l’éloquence passionnée et la vie ascétique des frères, il a rapidement imprégné le discours public et les dévotions privées de l’Europe du XIIIe siècle. Elle a été capturée avec éclat dans deux bibles somptueusement illustrées, accompagnées de commentaires destinés à l’usage des profanes – bibles moralisées , comme on appelle le genre – préparées à Paris à ce moment précis, dans les années 1220. Le premier, en latin, a été commandé par ou pour un roi, probablement le pieux et instruit Louis VIII ; le second, en français, pour un mécène inconnu étroitement lié à la cour royale.Les manuscrits des XIe et XIIe siècles ne portaient pas d’enluminures d’hérétiques contemporains, même pour illustrer des attaques contre eux. Les célèbres hérétiques du monde antique – Arius, Faustus le Maniché – étaient parfois représentés, généralement en débat avec les pères de l’église. Des hérétiques génériques sans nom ont parfois été montrés menaçant la foi ou la morale des moines, comme dans la Bible illustrée de manière vivante de Stephen Harding, le premier chef de l’ordre cistercien. Dans aucun de ces cas, cependant, les hérétiques n’ont reçu de caractéristiques spéciales, n’ont été associées à des symboles particuliers, ou n’ont été identifiées comme hérétiques simplement par leur apparence. Les bibles parisiennes moraliséesinauguré une tradition très différente. Ils contiennent de très nombreuses représentations d’hérétiques contemporains dans des contextes variés, illustrant tous les aspects du stéréotype dont nous avons suivi la construction dans ces pages : hérétiques affrontant les justes, reniant les sacrements et refusant de reconnaître l’autorité des prêtres ; se représenter avec humour comme pieds nus, pauvres et humbles, « nus suivant le Christ nu » ; dans les étreintes sexuelles, y compris homosexuelles ; se livrer à des rituels obscènes présidés par le diable sous la forme d’un chat; lui offrant l’hommage et le baiser obscène. L’incinération des hérétiques, sujet qui s’est rapidement popularisé et le restera longtemps, est illustrée ici pour la première fois, 200 ans après le premier véritable incendie à Orléans. Ce n’est pas le passé qui est invoqué pour avertir le présent. C’est l’actualité brûlante de lapublicani , ou poplicanz , en référence directe aux Albigeois et aux Vaudois. Ils sont liés par le sujet et l’iconographie aux Juifs, également systématiquement diabolisés à cette époque. Les juifs et les hérétiques sont associés à la débauche sexuelle pour les montrer non seulement comme des ennemis de la foi mais aussi comme des agents conscients du diable, des incarnations du mal. Le monde cauchemardesque des bibles moralisées et de Vox in Rama est un seul et même, solidement installé dans les deux décennies suivant Latran IV pour hanter l’imaginaire des maîtres de l’Europe pour les siècles à venir.Conrad de Marburg, dont le rapport à Grégoire IX a inspiré Vox in Rama, était l’un des héros spirituels les plus remarquables du XIIIe siècle. D’origine obscure mais apparemment pas noble, il s’est fait connaître à partir de 1213 environ en tant que prédicateur itinérant de la croisade, y compris (il faut le supposer) de la croisade des Albigeois. Il refusa de nombreuses offres d’avancement mais devint confesseur d’Elisabeth, fille du roi de Hongrie et épouse de son amour d’enfance, le comte Ludwig de Thuringe, qui mourut en 1227 de la peste en route pour la Terre Sainte. En apprenant la nouvelle, Elizabeth, âgée de vingt ans, embrassa la vie religieuse, abandonnant sur les instructions de Conrad les trois enfants qu’elle aimait beaucoup, et s’installa à Marburg pour construire un hôpital où elle se consacra aux soins des lépreux et des indigents. Elle se soumet également à la direction spirituelle de Conrad, qui consistait en grande partie à ordonner non seulement à Elizabeth elle-même mais aussi à ses femmes de chambre de se déshabiller et de se soumettre à des coups prolongés et répétés, administrés par lui ou par d’autres sous sa supervision. C’était la punition de son incapacité à exécuter ses instructions capricieuses et contradictoires, « afin de briser sa volonté et lui permettre de diriger tout son désir vers Dieu ». Lorsque, par exemple, Elisabeth, avec la permission de Conrad, visita le couvent où sa petite fille avait été placée, il fit flageller par un moine franciscain, elle et la servante qui lui avait ouvert la porte avec une longue et lourde verge, tandis que Conrad chantait miserere me Deus (« Seigneur, aie pitié de moi »). Elle portait encore les marques trois semaines plus tard.Peu de temps après son accession à la papauté en 1227, Grégoire IX chargea ce virtuose de la vie spirituelle de prendre la guerre contre les hérétiques en les dénonçant aux juges ecclésiastiques qui lanceraient des poursuites. Quand Elizabeth, affaiblie par ses austérités, mourut en 1231, Conrad fut libre de consacrer toutes ses énergies à la tâche. Grégoire l’autorise non seulement à dénoncer mais aussi à arrêter et juger les hérétiques, et à demander l’aide des autorités laïques. Il était assisté de deux hommes de main déjà compétents dans le travail : Conrad Tors, un frère laïc dominicain, et un laïc du nom de John, qui n’avait qu’une main et un œil – avec lequel, cependant, il revendiquait une capacité spéciale à reconnaître les hérétiques, à dont la culpabilité, le couple a soutenu que leur parole était une preuve suffisante,Sur ce principe, le temps n’était pas perdu en essais. Les accusés n’ont pas eu la possibilité de présenter une défense ou d’appeler des témoins, mais ont été contraints d’avouer instantanément leur culpabilité et de choisir entre les flammes et le renoncement. Les têtes des pénitents furent rasées et on leur demanda, toujours sous peine de brûlures, de prouver la sincérité de leur repentir en dénonçant leurs coreligionnaires. Cette technique a généré un cercle toujours plus large d’« hérétiques ». Outre les avantages spirituels, ce n’était pas sans avantages pour les personnes impliquées. Une jeune femme nommée Adelheid a été autorisée à envoyer au bûcher toute la tribu des parents avec lesquels elle était en litige sur un héritage, et il a été dit que de nombreux hérétiques, heureux de mourir pour leur foi, étaient encore plus heureux d’emporter avec eux même plus de bons catholiques dont les supplications à Jésus.
D’octobre 1231 à juillet 1233, « en raison de l’hérésie réelle et imaginaire, de nombreux nobles et non-nobles, clercs, moines, ermites, citadins et paysans furent envoyés aux flammes », dans les archevêchés rhénans de Cologne, Mayence et Trèves. Cela ne s’est terminé que lorsque Conrad a commis l’erreur de se retourner contre le comte Henri de Sayn et la rumeur disait que d’autres nobles puissants suivraient. Au lieu de se soumettre, Sayn a rallié le haut clergé et la noblesse, qui jusqu’alors s’étaient tenus à l’écart. Il a exigé d’être entendu devant ses pairs par la procédure accusatoire traditionnelle, dans laquelle des témoins ont témoigné ouvertement et de fausses accusations encouraient des sanctions contre l’accusateur, par opposition à l’inquisition de Conrad ( inquisitio), dans laquelle le procureur a également été juge et a trouvé des preuves là où il l’a jugé bon. L’archevêque de Mayence a convoqué un synode pour entendre l’affaire, ce que Conrad n’a pas réussi à prouver lorsque «les accusateurs et les témoins se sont retirés». Certains ont affirmé qu’ils avaient été forcés ou poussés à dire des choses méchantes sur le comte, et d’autres ont été marqués d’une haine présumée à son égard. Sayn a été innocenté et Conrad a dit de se conduire avec plus de discrétion. Le 30 juillet, il est assassiné par une bande de chevaliers de Sayn. Conrad Tors a été poignardé et One-Eyed John a été pendu peu de temps après.
On ne sait pas jusqu’où s’était étendue la rage contre l’hérésie en Allemagne, ni combien de temps elle avait déjà duré avant cette phase, qui est décrite dans une poignée de chroniques brèves et générales, sans parler du nombre de victimes. Conrad de Marbourg lui-même avait obtenu l’incendie de deux Vaudois présumés à Strasbourg en 1229, et une chronique laisse entendre qu’il était actif depuis bien plus longtemps. Conrad Tors et One-Eyed John avaient certainement travaillé avant de devenir ses assistants. Ils n’avaient pas agi sans autorisation officielle. Le fiévreux Grégoire IX jugea les évêques allemands insuffisamment zélés et les dénonça dans un langage encore plus sinistre que celui que Grégoire VII avait adressé à leurs prédécesseurs, ou Innocent III aux prélats du Languedoc. Néanmoins, les archevêques de Mayence et de Trèves avaient été actifs dans la poursuite de l’hérésie, bien que nous n’ayons pas de détails, et c’était sous les auspices des premiers que Conrad avait agi avant de recevoir la commission papale. Il y a une certaine saveur d’autojustification rétrospective dans la dépréciation des méthodes de Conrad qui a suivi sa mort ; ses auteurs, après tout, étaient restés sans rien faire pendant un an et demi alors que la loi laïque et ecclésiastique était ouvertement bafouée. Selon un décret du roi Henri VII en 1231, les biens des hérétiques condamnés étaient répartis entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique. et c’était sous les auspices du premier que Conrad avait agi avant de recevoir la commission papale. Il y a une certaine saveur d’autojustification rétrospective dans la dépréciation des méthodes de Conrad qui a suivi sa mort ; ses auteurs, après tout, étaient restés sans rien faire pendant un an et demi alors que la loi laïque et ecclésiastique était ouvertement bafouée. Selon un décret du roi Henri VII en 1231, les biens des hérétiques condamnés étaient répartis entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique. et c’était sous les auspices du premier que Conrad avait agi avant de recevoir la commission papale. Il y a une certaine saveur d’autojustification rétrospective dans la dépréciation des méthodes de Conrad qui a suivi sa mort ; ses auteurs, après tout, étaient restés sans rien faire pendant un an et demi alors que la loi laïque et ecclésiastique était ouvertement bafouée. Selon un décret du roi Henri VII en 1231, les biens des hérétiques condamnés étaient répartis entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique. Il y a une certaine saveur d’autojustification rétrospective dans la dépréciation des méthodes de Conrad qui a suivi sa mort ; ses auteurs, après tout, étaient restés sans rien faire pendant un an et demi alors que la loi laïque et ecclésiastique était ouvertement bafouée. Selon un décret du roi Henri VII en 1231, les biens des hérétiques condamnés étaient répartis entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique. Il y a une certaine saveur d’autojustification rétrospective dans la dépréciation des méthodes de Conrad qui a suivi sa mort ; ses auteurs, après tout, étaient restés sans rien faire pendant un an et demi alors que la loi laïque et ecclésiastique était ouvertement bafouée. Selon un décret du roi Henri VII en 1231, les biens des hérétiques condamnés étaient répartis entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique. les biens des hérétiques condamnés étaient partagés entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique. les biens des hérétiques condamnés étaient partagés entre leurs seigneurs (y compris, bien sûr, les évêques), avec une proportion pour le roi lui-même. La suggestion que cela a contribué à l’acquiescement de ces seigneurs jusqu’à ce que la menace vienne trop près de chez eux ne semble pas trop cynique.Pour cette raison, les affirmations des chroniqueurs selon lesquelles le soutien populaire aux chasseurs d’hérésie rendait impossible leur maîtrise doivent être prises avec une grande pincée de sel. Des tensions sociales considérables, et donc très probablement un élément d’hystérie de masse ou de régime populaire, ont dû être à l’origine de ces événements, mais rien ne montre ce qu’ils étaient. Il y avait sans doute de vrais hérétiques parmi les victimes, mais nous ne pouvons discerner qui ils étaient ni ce qu’ils croyaient. Le chroniqueur de Trèves dit que trois sectes hérétiques différentes ont été découvertes dans cette ville, mais le méli-mélo de croyances qu’il énumère suggère une variété encore plus grande, ce qui n’est pas surprenant compte tenu de la profusion apparente en Rhénanie déjà au siècle précédent :
beaucoup d’entre eux étaient versés dans les saintes écritures, dont ils avaient une traduction allemande ; certains ont effectué un deuxième baptême; certains ne croyaient pas au sacrement du corps du Seigneur ; certains soutenaient que le corps du Seigneur ne pouvait être consacré par de mauvais prêtres ; certains qu’il pouvait être consacré en argent et en calice en quelque lieu que ce soit… certains refusaient d’observer les fêtes et les jeûnes et travaillaient donc les jours de fête et mangeaient de la viande le Vendredi saint…
et ainsi de suite. Mis à part les éléments diabolisants, cela rappelle fortement les traditions apostoliques qui avaient proliféré à cette époque et est cohérent avec leur persistance.
Un autre favori de Grégoire IX, l’homologue nord-français de Conrad de Marbourg, est encore moins bien documenté. En février 1233, Grégoire, soupçonnant comme d’habitude les évêques et les autorités laïques locales d’un zèle insuffisant, confia la poursuite des hérétiques dans le royaume de France à l’ordre dominicain. En avril, il a commandé le frère Robert Bulgarus (conventionnellement traduit par bougre, ‘bougre’) pour enquêter sur l’hérésie à La Charité-sur-Loire. Robert aurait fait défection d’une secte « manichéenne » à Milan vers l’époque du Latran IV, après vingt ans d’adhésion. D’où son surnom, qui commençait à être utilisé pour les hérétiques dans le nord de la France à cette époque et a acquis sa connotation sexuelle péjorative à partir des récits d’orgies menées par les hérétiques et de leur prétendue condamnation du sexe procréateur.Robert a rapporté que La Charité était un nid d’hérésie, d’où des missionnaires se sont répandus dans toute la France, de la Flandre à la Bretagne. Il a assuré à Grégoire que les hérétiques étaient beaucoup plus nombreux que les évêques ne l’admettraient, et les a poursuivis, ainsi que leurs convertis, avec la même impitoyabilité que Conrad, bien que toutes ses victimes n’aient pas été brûlées. Certains ont été enterrés vivants. Les méthodes de Robert et son mépris pour l’autorité des évêques dans les diocèses desquels il opérait provoquèrent de vigoureuses protestations à la cour papale, et il fut suspendu pendant dix-huit mois. Mais sa commission est renouvelée et le schéma répété, car Robert jouit de la confiance non seulement du pape mais aussi du roi Louis, qui lui fournit une escorte armée. En 1236, un balayage à travers la Champagne et les Pays-Bas donna lieu à une soixantaine d’incendies, fréquentée, selon les chroniqueurs, par de grandes foules de gens de tous rangs et de toutes conditions. Le plus grand triomphe de Robert, cependant, eut lieu le 13 mai 1239, à Mont-Aimé en Champagne, lorsque le comte de Flandre présida « un holocauste agréable au Seigneur », comme le dit Aubri de Trois Fontaines, de 180 hérétiques « manichéens ». Étaient également présents l’archevêque de Reims et les douze évêques de sa province, ainsi que trois de la province voisine de Sens, un grand nombre de seigneurs des régions voisines et une foule de spectateurs évalués par Aubri à 700 000.
Inutile de dire qu’Aubri de Trois Fontaines était cistercien. Son récit fantaisiste et incohérent de l’holocauste de Mont-Aimé ne nous aide pas à savoir qui étaient les victimes ni, si certaines d’entre elles étaient hérétiques, en quoi consistait leur hérésie. En remarquant qu’une femme nommée Gisla s’est sauvée en acceptant d’en nommer d’autres, il confirme que le nombre des victimes s’est gonflé à la manière de l’inquisition, en exigeant la dénonciation en signe de contrition. Il ajouta que Gisla avoua avoir été plusieurs fois transportée de nuit à Milan, la capitale des hérétiques, pour servir à des banquets présidés par Satan. Qu’il ait fallu torturer ou seulement terrifier Gisla pour obtenir cette information, cela a clairement satisfait les besoins et les attentes de ses interrogateurs.Ce n’était pas la première rencontre de Gisla avec Robert. En 1234, elle avait été arrêtée et emprisonnée, soupçonnée d’hérésie par le comte Thibaud de Champagne. L’action a été contestée par l’abbé de St Quiriace, dans le riche bourg de Provins, qui a affirmé qu’il avait droit à la juridiction dans l’affaire. Il était soutenu par Robert et un autre dominicain, Jacob, représentant la papauté. Le comte et l’abbé prétendaient être le seigneur de Gisla, et donc le gardien de ses biens et le bénéficiaire de la confiscation qui suivrait une condamnation pour hérésie. La propriété, il est raisonnable d’en déduire, doit avoir été suffisamment précieuse pour valoir la peine et les dépenses du litige. Puisque Gisla « était appelée abbesse », il est également raisonnable d’en déduire que c’était la propriété de la communauté qu’elle dirigeait. Mais de quelle communauté s’agissait-il ? Pas, l’imprécision de son titre suggère, une maison établie de l’un des ordres religieux réguliers. La réponse la plus probable est celle d’une des confréries de femmes pieuses vouées à la vie apostolique, dites Filles-Dieu, apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». une maison établie de l’un des ordres religieux réguliers. La réponse la plus probable est celle d’une des confréries de femmes pieuses vouées à la vie apostolique, dites Filles-Dieu, apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». une maison établie de l’un des ordres religieux réguliers. La réponse la plus probable est celle d’une des confréries de femmes pieuses vouées à la vie apostolique, dites Filles-Dieu, apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». La réponse la plus probable est celle d’une des confréries de femmes pieuses vouées à la vie apostolique, dites Filles-Dieu, apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». La réponse la plus probable est celle d’une des confréries de femmes pieuses vouées à la vie apostolique, dites Filles-Dieu, apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». dites Filles-Dieu (« filles de Dieu ») apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». dites Filles-Dieu (« filles de Dieu ») apparues en Champagne au XIIe siècle. On les trouve le plus souvent le long des grands axes commerciaux et aux abords des villes de foire, dont Provins. Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». Avec le temps, certains d’entre eux adoptèrent la règle cistercienne et se placèrent sous l’autorité de cet ordre, tandis que d’autres s’accrochèrent à leur indépendance. Dans les premières décennies du XIIIe siècle, il semble qu’ils aient subi une pression croissante pour régulariser leur situation ; leur historien remarque que l’affaire du Mont-Aimé « a mis en évidence la nécessité d’une croyance et d’une profession réglementées et sanctionnées ». En Rhénanie et aux Pays-Bas, comme nous l’avons vu au chapitre 7 , de nombreuses communautés de ce type étaient nées de la dispersion des maisons mixtes des premiers Norbert, dont certains dont la fidélité à leur vocation apostolique les exposait à des accusations de l’hérésie et les a amenés au bûcher.L’implication du comte Thibaud dans les troubles de Gisla n’était pas une coïncidence, et sa responsabilité dans les incendies, en tant que seigneur de Champagne, n’était pas une vaine technicité. Mont-Aimé était l’un de ses châteaux les plus importants (et donc un improbable siège du réseau hérétique international de l’imaginaire cistercien), et l’assemblée des seigneurs spirituels et temporels y réunissait pour l’occasion un hommage à sa puissance et à son prestige. Il est issu d’une lignée de fils fidèles de l’église, toujours en vue parmi les chefs des croisades, mais en 1239, il était sérieusement embarrassé par son incapacité à exécuter son propre vœu de croisade et sous la forte pression de Grégoire IX pour le faire. Un assaut spectaculaire contre l’hérésie était un préliminaire approprié à la croisade et une occasion de se montrer un prince catholique zélé. Cela aiderait également à résoudre un problème pratique. Thibaud avait beaucoup de mal à lever des fonds pour sa croisade et, comme l’illustre sa précédente tentative sur la propriété de Gisla, avait été désireux pendant un certain temps de réclamer des sommes beaucoup plus petites que celles qui seraient rapportées par des confiscations suite à la condamnation et à l’incendie de 180 personnes comme hérétiques. On ne sait rien de leur identité ni de leur condition, mais il convient de noter que le chroniqueur anglais Matthew Paris a attribué l’ampleur de cette conflagration à la haine populaire envers les marchands et les banquiers. L’attaque qui a entraîné la mort de 150 Juifs à York en 1190 avait été menée par des chevaliers qui leur devaient de l’argent. avait été impatient pendant un certain temps de réclamer des sommes bien inférieures à celles que rapporteraient les confiscations consécutives à la condamnation et à l’incendie de 180 personnes comme hérétiques. On ne sait rien de leur identité ni de leur condition, mais il convient de noter que le chroniqueur anglais Matthew Paris a attribué l’ampleur de cette conflagration à la haine populaire envers les marchands et les banquiers. L’attaque qui a entraîné la mort de 150 Juifs à York en 1190 avait été menée par des chevaliers qui leur devaient de l’argent. avait été impatient pendant un certain temps de réclamer des sommes bien inférieures à celles que rapporteraient les confiscations consécutives à la condamnation et à l’incendie de 180 personnes comme hérétiques. On ne sait rien de leur identité ni de leur condition, mais il convient de noter que le chroniqueur anglais Matthew Paris a attribué l’ampleur de cette conflagration à la haine populaire envers les marchands et les banquiers. L’attaque qui a entraîné la mort de 150 Juifs à York en 1190 avait été menée par des chevaliers qui leur devaient de l’argent.Le 19 avril 1233, l’évêque et la commune de Bologne s’engagèrent formellement à accepter l’arbitrage d’un prédicateur dominicain, Jean de Vicence, dans leur longue et amère dispute au sujet de la prétention de l’évêque aux droits de justice dans dix villages du contado. John avait prêché dans la ville pendant plusieurs semaines au moins et avait résolu de nombreux conflits de propriété. Maintenant, il organisa pour le samedi 14 mai une procession pénitentielle à laquelle tous les habitants de la ville devaient se joindre, en vue de la célébration de la Pentecôte, lorsque le Saint-Esprit descendit sur les Apôtres « pour leur enseigner toutes choses » (Jean 13 : 13). Le lundi, la cloche a sonné sur la Piazza Communale et des messagers ont proclamé à travers la ville que Jean était sur le point de s’adresser au conseil. Pendant qu’il parlait, une croix lumineuse apparut sur son front, visible de tous, et son auditoire fut ému aux larmes par la beauté de ses paroles. Il avait exigé les pleins pouvoirs pour réécrire les lois de la ville, et maintenant annulé tous les serments qui avaient été prêtés à Bologne et son contado– les serments par lesquels les hommes juraient de se protéger et de se venger des ennemis les uns des autres, entretenant et perpétuant ainsi les vendettas qui tourmentaient la ville depuis des décennies. Il a sermonné les citoyens sur la façon dont ils doivent éviter un tel conflit à l’avenir, et a ordonné la libération de prison et le retour d’exil de ses victimes passées. À la fin de cette semaine, Jean quitta Bologne pour intercepter l’avancée des armées de ses ennemis traditionnels, Modène, Parme et Crémone, et les persuada de se disperser et de rentrer chez eux. Le 20 juin, il promulgua son accord définitif entre l’évêque et la commune, très favorable à la ville. L’évêque perdit presque tous ses droits judiciaires dans les villages contestés, les fonctionnaires responsables de ceux qui restaient devaient prêter allégeance à la commune,Pendant ce temps, John s’est lancé dans une entreprise encore plus ambitieuse de réforme et de réconciliation, destinée à apporter la paix dans les territoires encore plus turbulents et violents du nord-est, la Vénétie et les marches de Vérone et de Trévise. Là, les afflictions universelles des conflits civiques et de la rivalité intercommunautaire ont été aggravées par la lutte entre des groupements changeants de villes sous la direction de familles ou de clans puissants tels que les da Romano et les d’Este. Jean fut accueilli avec la ferveur extatique habituelle, surtout lorsqu’il persuada les cinq villes alliées contre Vérone de rendre en signe de bonne volonté le caroccio * qu’elles avaient capturé au combat l’année précédente. Il fut porté en triomphe dans la ville, saisit l’opportunité de se proposer comme podestat, fut joyeusement proclamé dux et rector – Doge et gouverneur – et exigea de chaque citoyen le serment d’accepter son arbitrage et d’en exécuter les dispositions. Une soixantaine, dont « des hommes et des femmes issus des grandes familles de la ville », refusent. Ils furent condamnés comme hérétiques et pendant trois jours, du 22 au 24 juillet, Jean présida à leur incendie. Il n’y a pas d’histoire de fond immédiate pour expliquer les actions ou le sort des victimes, mais Vérone n’était pas exempte des tensions et des différends familiers partout, ni des accusations et contre-accusations qui les accompagnaient. Le chapitre cathédral, par exemple, était engagé depuis quarante ans dans une série de tentatives d’extension de sa juridiction sur la commune de Céréa et les villages qui l’entourent, dernièrement en prétendant faire appliquer le décret anti-hérétique de 1221. Ils avaient rencontré une résistance locale considérable et avaient caractérisé à plusieurs reprises leurs opposants, y compris la famille du premier podestat de Cerea, en tant que partisans des «cathares», apparemment des personnes décrites par leurs voisins comme des Patarènes ou des Humiliati. Même si le refus du serment par ceux qui sont allés aux flammes en 1233 découlait directement de la conviction religieuse, comme cela a certainement pu être le cas, il serait difficile d’éviter le soupçon que quelque chose ressemblant davantage à une hystérie populaire, alimentée par des conflits de longue date de ce genre, ont exigé leur sacrifice en tant qu’ennemis de la paix.Jean de Vicence était l’une des figures de proue, et son établissement à Bologne l’une des réalisations les plus frappantes et les mieux documentées, du Grand Alléluia, un bouleversement religieux qui a balayé la Lombardie et l’Émilie-Romagne en 1233. misères de décennies de conflit civil, aggravées par la dispute intermittente mais de plus en plus amère entre l’empire et la papauté, par les ambitions exorbitantes et sauvages des tyrans régionaux lancés à sa suite, comme l’infâme Ezzelino da Romano, et par plusieurs saisons de temps épouvantable , mauvaises récoltes, famine et maladie. Au cours de ce printemps et de cet été, des prédicateurs dominicains et franciscains sont apparus dans une ville après l’autre, attirant des foules immenses. Ils ont été salués comme des faiseurs de miracles et suppliés d’apporter la paix entre les familles et les factions au sein de la ville, et entre la ville et ses ennemis. À cette fin, ils demandent et obtiennent le pouvoir de réécrire les statuts municipaux. Jean de Vicence l’a fait à Padoue, Vérone et sa Vicence natale ainsi qu’à Bologne ; Gérard de Modène à Padoue et Parme ; Pierre de Vérone à Milan ; Leo de Valvassori à Monza et Henri de Cominciano à Vercelli.Parce que dans certains cas – probablement dans tous – les révisions des prédicateurs des statuts municipaux incorporaient des dispositions contre l’hérésie, et à cause de l’holocauste auquel présida Jean de Vicence à Vérone, l’Alléluia fut longtemps considéré comme un mouvement anti-hérétique. Ce point de vue n’a pas survécu à l’analyse la plus récente. 11La prédication était largement dirigée contre toutes les sources de division dans les communautés. L’hérésie, bien sûr, était généralement censée être l’une d’entre elles, mais elle ne semble pas avoir occupé une place aussi élevée dans l’ordre du jour que plusieurs autres, comme les serments et les associations assermentées qui perpétuaient les vendettas, ou les comportements qui affichaient la richesse dans les moments difficiles. et semblait inviter le châtiment divin, comme la prostitution ou l’ostentation vestimentaire. Des sorciers, dont les manuels avaient été publiquement brûlés à Bologne en 1232, et des devins, exploiteurs des pauvres et des crédules, furent également attaqués. L’annulation de la dette et la libération des débiteurs de prison ont toujours occupé une place importante dans les prescriptions de paix des frères. Les usuriers, comme souvent dans les moments difficiles, étaient souvent des boucs émissaires : l’une des premières réponses des Bolonais à la prédication de Jean de Vicence a été de brûler la maison et les archives d’un important prêteur sur gages, qui a failli être lynché avant de s’échapper de la ville. Bien que les papes aient régulièrement exigé l’incorporation de lois contre l’hérésie dans les statuts municipaux, cela s’est fait très lentement et ne s’est généralisé que dans la seconde moitié du siècle. Les prédicateurs d’Alléluia ont peut-être révisé ou renforcé la législation existante, mais il ne semble pas qu’ils aient introduit une telle législation pour la première fois ou proposé des sanctions plus sévères pour l’appliquer. elle s’est en fait faite très lentement et ne s’est généralisée que dans la seconde moitié du siècle. Les prédicateurs d’Alléluia ont peut-être révisé ou renforcé la législation existante, mais il ne semble pas qu’ils aient introduit une telle législation pour la première fois ou proposé des sanctions plus sévères pour l’appliquer. elle s’est en fait faite très lentement et ne s’est généralisée que dans la seconde moitié du siècle. Les prédicateurs d’Alléluia ont peut-être révisé ou renforcé la législation existante, mais il ne semble pas qu’ils aient introduit une telle législation pour la première fois ou proposé des sanctions plus sévères pour l’appliquer.Le Grand Alléluia a montré sous une forme intensifiée nombre des manières dont la religion a articulé les réponses des Italiens du XIIIe siècle aux problèmes de leur monde et de sa transformation. Les prédicateurs ont acquis une grande influence, comme les frères en général l’avaient déjà fait dans la décennie précédente, car sans propriété et loin de leurs maisons et de leurs familles, austères dans leur vie et manifestement libres des liens et des intérêts d’où naissaient querelles et conflits, ils pourrait se voir confier la tâche désespérément nécessaire de l’arbitrage et de la réconciliation. Ils ont tout aussi sûrement perdu leur position lorsqu’il est apparu qu’ils ne pouvaient pas ou ne voulaient pas exercer les pouvoirs qui leur avaient été conférés avec l’impartialité attendue. Jean de Vicence a été jeté en prison lorsque les Padous ont conclu qu’il avait renversé leurs intérêts en faveur du clan da Romano. Il fut bientôt libéré, mais à la fin de septembre 1233, il s’était en effet retiré dans une longue obscurité. Que lui ou d’autres aient succombé personnellement ou non à la corruption du grand pouvoir qu’ils ont exercé si brièvement, les solutions simplistes qui les avaient emportés vers ce pouvoir étaient tout à fait incapables d’offrir des réponses durables au cauchemar de conflits sans fin enchevêtrés et entremêlés dans lesquels leurs les partisans d’autrefois ont été pris au piège. Le succès spectaculaire des prédicateurs Alléluia témoigne de l’urgence du besoin de services pastoraux et de consolation religieuse. C’est ce que les frères aborderont dans les décennies suivantes en installant des établissements permanents dans les villes, s’établir comme de nouveaux centres de pouvoir social aux côtés et en tension avec l’évêque et la commune. Leurs échecs, à leur tour, seraient un rappel ferme de l’impossibilité que ces besoins soient jamais entièrement satisfaits par les solutions institutionnelles, même les plus audacieuses et les plus visionnaires. D’une manière ou d’une autre, la recherche d’alternatives se poursuivrait.A Toulouse, la raison dormait au lendemain de la défaite militaire. Ce serait une illusion romantique de considérer les vingt années de conflit sauvage comme une source de solidarité sociale. Même sans différence religieuse, les difficultés et les opportunités de la guerre et des perturbations étaient aussi susceptibles d’aggraver que de guérir les anciennes divisions et d’en ouvrir de nouvelles. Si de nombreux catholiques pensaient que les cruautés de l’invasion étaient un mal plus grand que les croyances divergentes de leurs parents et voisins, pour d’autres, cela prouvait la méchanceté de la dissidence et intensifiait le ressentiment des hérétiques. Les arrangements pour la paix ont fourni de nombreuses occasions de régler de vieux comptes, mais la prédominance des indigènes de la région de tous les côtés dans les conflits sauvages des années 1230 indique des divisions plus profondes et plus anciennes que de simples comptes,cortezia .
En 1229, Louis IX ordonna à ses fonctionnaires de rechercher et de détruire les hérétiques dans toutes ses terres, et Raymond de Toulouse emboîta le pas, offrant une récompense pour l’exposition volontaire et la dénonciation des hérétiques et de leurs partisans de 2 marks (environ 20 onces) d’argent par tête. pendant deux ans, et 1 point par la suite. Il y a lieu de penser que les braves gens avaient su profiter des succès de Raymond pour reprendre l’activité publique dans les années 1220. En 1223, le légat pontifical Conrad de Porto, ancien abbé de Clairvaux et de Cîteaux et très admiré par Césaire de Heisterbach, avait fait circuler un long récit de leurs dernières énormités dont l’affirmation la plus sensationnelle était qu’ils avaient leur propre pape, situé « près de la Hongrie, sur les frontières de la Bulgarie, de la Croatie et de la Dalmatie », au commandement duquel la direction des hérétiques du sud avait été cédée à Barthélemy de Carcassonne par leur « évêque » Vigorosus de la Bacone. Barthélemy, se décrivant en écho au titre papal de « serviteur des serviteurs de la sainte foi », aurait convoqué un grand concile des hérétiques, nommant et consacrant des évêques parmi eux.La lettre de Conrad de Porto est à juste titre considérée comme un spécimen fleuri d’invective cistercienne. Il a réitéré tous les vieux cauchemars et les a renforcés avec un nouveau stéréotype des Balkans (qui, à la suite de la conquête latine de Constantinople en 1204, était devenu le foyer des tensions croissantes entre les églises romaine et grecque) en tant que centre d’hérésie et subversion. Mais la rumeur d’une plus grande activité locale qui a déclenché la tirade de Conrad a un degré de corroboration. « Evêque » ou non, Vigorosus était actif dans la région du Quercy depuis de nombreuses années. Raymond de Perelha, seigneur de Montségur, témoigna après sa chute en 1244 que Guilhabert de Castres (qu’il qualifiait d’« évêque » des hérétiques, et qui avait d’ailleurs été parmi eux une figure de proue depuis les grands débats publics d’avant la croisade) y avait effectué des ordinations et consacré deux autres évêques, « il y a quinze ans ou plus ». L’étrange document qui prétend être le compte rendu d’une réunion tenue à St Félix de Caraman en 1167, au cours de laquelle des évêques hérétiques ont été consacrés et les limites de leurs «diocèses» définies, peut être, si c’est quelque chose du tout, une paille dans le même vent. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un faux. Les seules questions sont de savoir s’il est de l’antiquaire du XVIIe siècle Guillaume Besse, dans la seule transcription présumée duquel il survit, ou s’il date des années 1220, et si ce dernier, s’il a été produit par quelqu’un parmi les hérétiques eux-mêmes, pour prêter l’autorité au cas d’adopter une organisation plus hiérarchisée, ou par un catholique,12 Les détails qu’il décrit peuvent ne refléter rien de plus que l’hypothèse habituelle des catholiques selon laquelle l’image du monde des hérétiques était leur propre image négative. D’autre part, il est tout à fait crédible que les calamités des dix premières années de la guerre, la destruction de nombre de leurs bases et institutions locales et les pertes énormes qui leur ont été infligées aient poussé les braves gens à adopter une attitude supra-communautaire et organisation plus hiérarchisée.
Plus tard en 1229, un concile de l’église de Toulouse sous la présidence d’un légat papal interdit aux laïcs de posséder l’Ancien ou le Nouveau Testament ; ils pouvaient avoir des bréviaires, des psautiers et des livres d’heures pour aider à la dévotion catholique, mais seulement en langue latine. 13 » Seront considérés comme hérétiques ceux qui sont ainsi désignés par la réputation publique « , décrète-t-il, » qui ont été classés comme tels par l’évêque sur la dénonciation de personnes honorables et sérieuses » ou qui ne communient pas ou ne se confessent pas trois fois par an. A leur majorité, les hommes (à quatorze ans) et les femmes (à douze ans) doivent prêter serment abjurant l’hérésie et prouvant leur sincérité en nommant les hérétiques qu’ils connaissent ; une trace écrite devait être conservée. Dans chaque paroisse, une équipe de deux laïcs et d’un prêtre devait être constituée pour rechercher les hérétiques dans les maisons, les villages et les bois ; toute maison dans laquelle un hérétique serait trouvé serait détruite. Ceux qui se convertiraient par peur de la mort seraient emprisonnés à vie, à l’isolement ; ceux qui avouaient librement des croyances hérétiques et donnaient le nom d’autres personnes recevraient des pénitences telles que des peines d’emprisonnement plus courtes, le port d’une croix jaune, le pèlerinage, des amendes ou parfois la flagellation. Les hommes qui ont mis en œuvre ces directives et créé les institutions laïques et ecclésiastiques qui les incarnaient n’étaient pas, pour la plupart, des étrangers, bien que beaucoup d’entre eux, les hommes d’église en particulier, devaient leurs positions à une autorité extérieure.
Pour ouvrir le bal, un ancien bonhomme, Guillaume de Solier, est traduit devant le Conseil de Toulouse pour dénoncer ses anciens associés. Ceux qu’il a nommés ont été sommés d’en nommer d’autres à leur tour, et le légat président a créé un précédent important en refusant d’identifier des témoins. L’année précédente, un sermon de Guillaume de Solier à Lagarde avait provoqué une grande dispute entre catholiques et partisans des bons hommes. C’était l’une des dernières occasions où un hérétique prêchait en public. Ils le firent désormais dans les maisons des croyants puis de plus en plus à l’extérieur, dans les bois et les lieux secrets, le plus souvent la nuit.
La nécessité de la dissimulation a entraîné une transition cruciale dans les relations entre les partisans des bons hommes et les autres et entre eux. Cela exigeait un engagement déterminant. On peut écouter un débat public ou assister à une réunion publique sans nécessairement partager les convictions ou les sympathies de ceux qui l’ont animé. Se rendre à une réunion secrète, encourir par le fait même de lourdes peines, c’était se déclarer partisan des hérétiques. Organiser de telles réunions et s’assurer que l’arrangement serait connu des croyants et caché aux autorités et à leurs officiers et informateurs, nécessitait une organisation plus élaborée et renforçait ainsi la hiérarchie interne que la secte avait développée. Cela signifiait savoir qui étaient les croyants, et suggéraient au moins la prudence de tester leur sincérité et leur engagement avant de les admettre à la connaissance du groupe et de ses faits et gestes. En d’autres termes, dans la mesure où les braves gens et leurs partisans avaient constitué avant cette époque un corps organisé – question difficile et controversée – les dispositions de la Paix de 1229 et du Concile de Toulouse les contraignirent à achever le processus.Le secret n’a pas sauvé la vingtaine qui a été brûlée en 1232 après avoir été surprise en train de prier la nuit dans la forêt près de Labécède. Néanmoins les décrets contre les hérétiques sont plus facilement proclamés qu’exécutés et suscitent régulièrement des résistances, comme lorsque le seigneur de Laurac refuse de livrer de bons hommes à l’archevêque de Narbonne et qu’un chevalier français venu les arrêter est pris en embuscade et tué. Grégoire IX ne s’est pas contenté de laisser l’exécution aux mains locales. En 1232, il informa les archevêques de Bourges, Bordeaux, Narbonne et Auch que la responsabilité de l’inquisition dans la dépravation hérétique devait être confiée à des frères dominicains spécialement sélectionnés. Les premiers tribunaux permanents établis sur cette autorité, à Toulouse et à Carcassonne, bientôt acquis des équipes de notaires et l’habitude de consigner par écrit les aveux qu’ils recevaient, les noms qui leur étaient révélés et les pénitences qu’ils imposaient. Malgré d’énormes pertes à travers les aléas des siècles, ces archives constituent une source d’informations massive et encore mal maîtrisée non seulement sur les activités des inquisiteurs eux-mêmes mais aussi sur les lieux et les personnes au sein desquelles ils opéraient.Les dominicains de Toulouse, pourvus par un riche citoyen d’un nouvel emplacement important dans la ville et d’un autre dans le bourg, s’étaient déjà illustrés dans la lutte contre l’hérésie sous la conduite de Raymond du Fauga, bientôt évêque, et de Roland de Cremona, un célèbre érudit parisien amené pour enseigner à la nouvelle université. Leurs efforts sont enregistrés en termes héroïques par une autre nouvelle recrue, Guilhem Pelhisson, un Toulousain qui estime que « les hérétiques font de loin plus de mal à Toulouse et dans cette région qu’ils n’en ont fait même pendant la guerre ». 14Roland s’empressa de les dénoncer du haut de la chaire, au courroux des consuls, qui convoquèrent le prieur à la mairie et lui dirent qu’il fallait cesser de prêcher, car « ils prendraient très mal s’il était dit qu’il y a hérétiques là-bas, puisque personne d’entre eux n’était une telle chose ». Roland, pas une simple tour d’ivoire intellectuel content de belles paroles, apprit qu’un bienfaiteur de Saint-Sernin avait été enterré dans le cloître après être devenu hérétique sur son lit de mort et mena une foule pour déterrer le corps et le traîner jusqu’au feu à brûler. Peu de temps après, avec une belle impartialité, il en conduisit un autre à travers la ville pour accomplir le même office sur le cadavre d’un vaudois éminent. Mgr Raymond fit encore mieux lorsqu’il se précipita vers le lit de mort d’une vieille femme réputée croyante.
Déterrer et brûler les corps des hérétiques dénoncés ou condamnés à titre posthume était une tactique régulière des inquisiteurs dans les années suivantes. Elle provoqua la répulsion universelle, même parmi les catholiques, et fut souvent vigoureusement combattue, notamment parce qu’elle accusait les familles de ses victimes et les menaçait de confiscation. Un triomphe particulier a été la conversion volontaire d’un homme bon nommé Raymond Gros. A travers ses révélations
des bourgeois éminents, des nobles seigneurs et d’autres personnes ont été condamnés par des sentences, exhumés et ignominieusement chassés des cimetières de la ville par les frères en présence du peuple. Leurs os et leurs corps puants ont été traînés à travers la ville ; leurs noms ont été proclamés dans les rues par le héraut, criant « Qui se comporte ainsi périra ainsi », et finalement ils ont été brûlés dans le pré du comte, à l’honneur de Dieu et de la Sainte Vierge sa mère, et du Bienheureux Dominique son serviteur.Il fallut plusieurs jours pour noter les noms qui sortaient tandis que ceux dénoncés par Raymond essayaient, ou étaient forcés, de se sauver en en nommant d’autres à leur tour. Parmi les vivants, au moins vingt ont été brûlés et des dizaines d’autres ont fui la ville.
Des scènes similaires se sont déroulées à Cahors, à Albi, à Moissac et dans toute la région. Des pénalités moindres ont été distribuées en abondance. En représailles, deux inquisiteurs sont lynchés à Cordes et un autre tabassé à Albi. Un prêtre de Cahors a été chassé de sa paroisse après avoir dénoncé trois femmes comme hérétiques à l’évêque. A Narbonne, qui n’était pas auparavant considérée comme un centre important d’hérésie, une confrontation prolongée pendant plusieurs années entre l’inquisiteur, frère Ferrier, et les gens du bourg a été provoquée non seulement par la sévérité arbitraire de Ferrier, mais aussi par la croyance que l’archevêque était utilisant ses activités comme couverture pour attaquer les guildes commerciales et le gouvernement consulaire émergent. Finalement, le sénéchal royal, bien que se trouvant formellement en faveur de l’archevêque, rétablit un certain nombre de confiscations, n’a accusé qu’une poignée de citoyens des morts survenues lors d’une série d’affrontements armés et ne les a que légèrement punis. A Toulouse aussi, les Dominicains visaient constamment les familles consulaires, qui étaient leurs adversaires les plus déterminés. En 1235, après avoir ouvert des poursuites contre une dizaine de croyants, les inquisiteurs sont chassés de la ville, « saisis par la tête et les pieds et passés de force par la porte ». Peu de temps après, les consuls ordonnèrent un boycott des dominicains, qui furent bloqués dans leur couvent pendant trois semaines, vivant de la nourriture que leurs partisans pouvaient jeter par-dessus le mur la nuit. après avoir ouvert des poursuites contre une dizaine de personnes telles que des croyants, les inquisiteurs sont chassés de la ville, « saisis par la tête et les pieds et passés de force par la porte ». Peu de temps après, les consuls ordonnèrent un boycott des dominicains, qui furent bloqués dans leur couvent pendant trois semaines, vivant de la nourriture que leurs partisans pouvaient jeter par-dessus le mur la nuit. après avoir ouvert des poursuites contre une dizaine de personnes telles que des croyants, les inquisiteurs sont chassés de la ville, « saisis par la tête et les pieds et passés de force par la porte ». Peu de temps après, les consuls ordonnèrent un boycott des dominicains, qui furent bloqués dans leur couvent pendant trois semaines, vivant de la nourriture que leurs partisans pouvaient jeter par-dessus le mur la nuit.L’opposition n’était pas totalement inefficace. Le comte Raymond s’est plaint au pape du secret des méthodes des frères, de leur refus de permettre toute possibilité de défense ou d’appel et de leur réceptivité aux accusations découlant d’inimitié personnelle, notamment contre lui-même. Il obtint une suspension de trois ans, en grande partie parce que Grégoire – car même lui était capable de tailler la guerre contre l’hérésie aux besoins politiques du moment – avait besoin de l’aide de Raymond contre Frédéric II. Mais ce pendule a rapidement basculé à nouveau. L’implication de Raymond dans une alliance militaire ratée contre Louis IX a laissé les nobles ruraux qui avaient protégé les bons hommes plus faibles et plus appauvris que jamais, et Raymond politiquement trop faible pour éviter au moins l’apparence d’une collaboration. En 1241-1242, une rébellion sans espoir est déclenchée par le fils de Roger Trencavel pour reconquérir ses terres familiales. Les travaux d’inquisition reprennent à Toulouse et dans le Quercy, et se poursuivent à Carcassonne et Narbonne, où l’énergie de Ferrier conduit le conseil à se plaindre de manquer d’espace carcéral et de matériaux pour construire de nouvelles prisons. En 1242 à Avignonet une petite armée de chevaliers dirigée par Pier Roger de Mirepoix assassina Guilhem Arnaut avec trois frères inquisiteurs et leurs suites et détruisit leurs registres de plus en plus redoutés. Le sénéchal royal de Carcassonne, Hugues d’Arcis, reprend alors le siège, long mais jusqu’alors inefficace, de la place forte pyrénéenne de Montségur. De ce refuge, les bons hommes avaient continué pendant de nombreuses années à s’occuper de leur troupeau harcelé. Il se rendit en mars 1244 et plus de 200 furent brûlés.Nous n’en savons pas assez sur ces spasmes contemporains de violence ouvertement religieuse pour comparer de près les impulsions qui les ont inspirés ou soutenus. Leur contexte commun (Montségur mis à part) est la croissance extrêmement rapide des villes dans les premières décennies du XIIIe siècle, et corrélativement les extrêmes de richesse et de pauvreté. C’est en Italie qu’elle était le plus clairement visible, mais au moins aussi dramatique en Rhénanie et aux Pays-Bas et à peine moins dans les régions en développement du nord de la France. La nouvelle population n’a pas été acquise par accroissement naturel mais par migration depuis la campagne, souvent à des distances considérables. Elle était donc disproportionnellement masculine et juvénile, déracinée, sans attaches familiales ou culturelles, désespérément dépendante d’emplois précaires, au besoin des plus avilissants – et soumis, surtout dans les moments difficiles, à toute l’obscénité et au ressentiment habituellement dirigés contre les immigrants appauvris. La misère des nouvelles masses, leur soif de consolation, de conciliation et de respect, leur vulnérabilité et leur volatilité, sont la toile de fond constante de l’histoire – en particulier l’histoire religieuse – de ces décennies, le plus évidemment et universellement dans l’accueil et l’influence accordés aux frères dans tous les coins de l’Europe.
Les tribulations et les passions des pauvres des villes ont eu leur part dans les événements cataclysmiques décrits dans ce chapitre. Néanmoins, nous devons nous rappeler que les études des émeutes ostensiblement religieuses dans le monde en développement aujourd’hui ont montré qu’elles sont rarement aussi spontanées qu’elles le paraissent : elles ont plutôt tendance à être soigneusement organisées dans l’intérêt des factions politiques. Les foules qui affluaient vers les prédicateurs du Grand Alléluia étaient peut-être le combustible nécessaire à ses combustions, mais le conflit de loin le plus général et le plus persistant dans les villes italiennes était celui entre la vieille noblesse qui dominait les communes et les marchands et marchands en ascension sociale. artisans qui constituaient le popolo. Les vendettas dont la cessation était un objectif si central de l’Alleluia ont été menées au sein et entre ces groupes, et non par les pauvres. Il n’y a aucune raison de douter des affirmations des chroniqueurs selon lesquelles les incendies effectués par Conrad de Marbourg et Robert le bougre ont été suivis par des foules nombreuses et enthousiastes de spectateurs, si ce n’est à peine les 700 000 au Mont-Aimé allégués par Aubri de Trois Fontaines. Néanmoins, le fait que ces descriptions aient un caractère fortement conventionnel et manquent nettement de détails suggère qu’elles doivent plus à la rhétorique qu’à l’observation.D’autre part, les rappels fréquents quoique obscurs dans les quatre cas montrent que la fonction traditionnelle des accusations d’hérésie comme véhicule des rivalités des puissants et de l’extension de leur pouvoir était loin d’être épuisée. Après tout, ce sont finalement les dirigeants laïcs qui ont décidé si et avec quelle férocité l’hérésie serait persécutée, comme le soulignent le rôle du comte Thibaud à Mont-Aimé et la frustration fréquente des demandes papales répétées pour la mise en œuvre de mesures anti-hérétiques. On ne peut passer sous silence l’insistance de plus en plus précise et compréhensive, depuis le Vergentis d’Innocent III au senium de 1199 jusqu’aux Constitutions de Melfi de Frédéric II, la bulle Excommunicamus de Grégoire IXet le décret d’Annibaldi de Rome, tous en 1231, que la propriété des hérétiques devrait être confisquée et leurs familles déshéritées. Cela a déclenché, ou en tout cas légitimé, un assaut généralisé contre ceux qui n’avaient pas les moyens de protéger leurs biens, qu’il s’agisse de vieilles familles en déclin alors que l’inflation galopante érodait les loyers et les revenus coutumiers, ou de parvenus encore insuffisamment enracinés pour sécuriser leurs gains contre le ressentiment. de la vieille garde. C’était un signe ordinaire quoique peu appétissant d’un réalignement généralisé du pouvoir social et politique résultant d’une croissance économique extrêmement rapide, ponctuée mais non interrompue par des moments de grande adversité et de difficultés. A cet égard, la croisade des Albigeois, éteignant la possibilité de formation d’un État indépendant entre le Rhône et la GaronneLa preuve de l’omniprésence et de la malveillance particulière de l’hérésie qui a été, et est encore souvent, blâmée pour ces événements est à peine suffisante pour en supporter le poids. Il est tout à fait normal qu’une fois que les autorités aient commencé à rechercher les hérétiques, elles n’aient aucune difficulté à les trouver. Une variété exubérante de croyances et de pratiques religieuses existait un peu partout en Europe, bien qu’il soit généralement difficile de discerner sa nature et ses dimensions réelles à travers le brouillard d’incompréhension, de fausses représentations et d’hystérie généré par ses opposants. Une grande partie a été logée au sein de l’église dans des mouvements tels que les Lombard Humiliati et les Béguines assez similaires, des maisons de femmes dévotes qui se sont rapidement propagées à travers les Pays-Bas au début des années 1200. Elle était contenue et exprimée dans la promotion des confréries et guildes de pieux, le culte des saints et autres formes de dévotion populaire, et surtout dans le système paroissial désormais en place un peu partout et la croissance en quantité et en qualité des services pastoraux. fourni par celui-ci. Mais beaucoup était ouvertement opposé à l’église et aux intérêts ecclésiastiques, le plus évidemment dans les terres qui ont subi la croisade des Albigeois et dans les villes italiennes, où les anti-catholiques les plus en vue, traditionnellement appelés Patarènes mais de plus en plus aussi Cathares, étaient régulièrement alignés sur de longues – divisions politiques permanentes et rivalités entre factions. D’autres régions, en particulier la Rhénanie et les Pays-Bas, il en reste suffisamment, aussi fragmentaire soit-il, pour montrer que les accusations d’hérésie suivaient souvent des failles similaires dans le tissu social. Pourtant, les preuves de ce qui se cache derrière ces accusations, des origines, de la composition et des enseignements des sectes hérétiques si véhémentement accusées de tant de maux, sont, jusqu’à présent, étonnamment inconsistantes. Elle est certes incapable, sans le généreux recul que s’est efforcé d’éviter le récit présenté dans ce livre, de soutenir une description générale cohérente de leurs croyances ou de leur organisation. Ce serait la tâche des inquisiteurs de la prochaine génération de remédier à cette lacune. de soutenir toute description générale cohérente de leurs croyances ou de leur organisation. Ce serait la tâche des inquisiteurs de la prochaine génération de remédier à cette lacune. de soutenir toute description générale cohérente de leurs croyances ou de leur organisation. Ce serait la tâche des inquisiteurs de la prochaine génération de remédier à cette lacune.
https://www.lunion.fr/art/culture-loisirs/mont-aime-ce-terrible-berceau-des-heretiques-ia0b0n35439
https://erenow.net/postclassical/the-war-on-heresy/19.php
https://www.lhistoire.fr/il-y-eut-des-b%C3%BBchers-en-champagne