L’armée autrichienne occupe BruxellesLes Pays-Bas méridionaux, 1789-1795 Ce jour-là, l’occupation de la Belgique a été menée par l’armée autrichienne. L’Autriche a profité des conflits révolutionnaires en France et a occupé Bruxelles.
Pays-Bas autrichiensLes Pays-Bas autrichiens sont l’appellation des Pays-Bas méridionaux pendant le régime autrichien au XVIIIe siècle (1714 – 1794). Le nom «autrichien» fait référence à la maison d’Autriche, suzeraine de ces terres faisant partie du Saint-Empire depuis le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien d’Autriche peu après la mort de Charles le Téméraire (1477). Avant 1714, toutefois, les Pays-Bas méridionaux relevaient de la branche espagnole des Habsbourg, et l’on parlait de Pays-Bas espagnols. En 1701, dans son testament, Charles II d’Espagne désigne le duc Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, comme roi d’Espagne, au détriment de la branche impériale des Habsbourg. Une « Grande Alliance » se forme alors entre le Saint-Empire, l’Angleterre et les Provinces-Unies pour contrer les visées hégémoniques de la France sur l’Espagne et son empire. C’est le début de la guerre de Succession d’Espagne (1701 – 1714) à travers toute l’Europe. Les Pays-Bas espagnols sont un des théâtres de cette guerre : en effet, Louis XIV va les occuper au nom de son petit-fils et les alliés devront se battre pour reprendre progressivement ces provinces à la France. Les traités d’Utrecht en 1713 et de Rastatt en 1714 mettent fin à cette guerre de succession et organisent, entre autres, le transfert des Pays-Bas espagnols à la maison de Habsbourg d’Autriche. Le but des Puissances maritimes, la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies, est de faire des Pays-Bas espagnols un État tampon, une barrière pour protéger les Provinces-Unies de la France. Le traité de la Barrière de 1715 garantit ainsi le droit de garnison et l’entretien de troupes hollandaises dans des places fortes des Pays-Bas, ainsi que des transferts de territoires.Malgré la présence militaire hollandaise et des débuts difficiles avec l’autorité autrichienne, les Pays-Bas vivent une période de tranquillité jusqu’à la guerre de Succession d’Autriche, avec l’invasion des armées françaises en 1744. Cependant le traité d’Aix-la-Chapelle met fin à cette guerre de succession et restitue les Pays-Bas à l’Autriche en 1748. Dans la seconde moitié du siècle, les Pays-Bas connaissent une longue période de paix, de relèvement économique (agriculture, grands travaux, début de l’industrialisation) sous le règne de Marie-Thérèse et le gouvernorat de Charles-Alexandre de Lorraine. Cependant le conservatisme de l’organisation politique des Pays-Bas va se trouver confronté au despotisme éclairé et à la volonté de centralisation de l’empereur Joseph II. Ses réformes, parfois maladroites, vont conduire à la révolution brabançonne et à la création d’un éphémère État conservateur, la république des États Belgique unis (1790). Après deux restaurations autrichiennes, les Pays-Bas autrichiens sont définitivement envahis et annexés par la République française en 1795.La période française de l’histoire de Belgique s’étend de l’occupation des Pays-Bas autrichiens et de la Principauté de Liège en 1792 suivie de l’annexion de ces territoires par la France en 1795 puis à leur cession officielle à perpétuité à la France par l’empereur du Saint-Empire, ancienne puissance souveraine, lors du traité de Campo-Formio du 18 octobre 1797, jusqu’à à la chute de l’Empire en 1814.Les Pays-Bas méridionaux, 1789-1795
L’empereur Joseph II. était catégorique dans sa politique d’abolition des privilèges séculaires et dans la mise en œuvre de réformes politiques. Le CONSEIL DU BRABANT est supprimé le 1er janvier 1787, remplacé par une cour suprême ; la BLIJDE INKOMSTE (Joyeuse Entrée), privilège des États de Brabant, aboli le 18 juin 1789. Alors que la tension était vive à Bruxelles, des exilés belges avaient formé une armée de volontaires à Breda (NL). Van der Meersch, un officier de carrière, prit le commandement de cette armée hétéroclite, franchit la frontière et vainquit les Autrichiens lors de la bataille de Turnhout, le 27 octobre 1789. Les Autrichiens se retirèrent au Luxembourg. A Bruxelles, les PATRIOTS (les opposants à la domination autrichienne) étaient désormais aux commandes ; leur prise de pouvoir s’appelle la RÉVOLUTION BRABANTE. Ils étaient divisés en deux factions principales, les STATISTES ou aristocrates, dirigés par Hendrik van der Noot, qui bénéficiaient d’un soutien considérable parmi les classes inférieures, et les VONCKISTES ou démocrates, dirigés par Jan-Frans Vonck. Alors que les étatistes rejetaient toute réforme et s’efforçaient de rétablir les conditions d’avant la réforme, les Vonckistes voulaient mettre en œuvre une politique de réforme. Les Vonckistes étaient pour la plupart des modérés – plus tard, sous l’occupation française, Les ÉTATS GÉNÉRAUX réunis, déclara Joseph II. destitué (24 oct. 1789), proclamé son indépendance (11 janv. 1790), proclamé les ETATS-UNIS DE BELGIQUE, regroupant l’ancien principauté de Liège, d’où le prince-évêque avait été expulsé par les patriotes régionaux. La constitution laissait une autorité considérable aux États, la fédération n’ayant que le commandement de l’armée, étant responsable de la diplomatie internationale. Les domaines provinciaux ont continué à être organisés en trois domaines – clergé, noblesse, bourgeois. Les deux factions n’étaient pas d’accord sur des réformes approfondies et beaucoup de temps a été perdu.La révolution fut de courte durée ; L’Autriche signa la CONVENTION DE REICHENBACH avec la Prusse, obtenant de celle-ci la promesse qu’elle ne soutiendrait pas les révolutionnaires. Le 3 décembre 1790, les troupes autrichiennes occupent Bruxelles, Liège le 11 janvier 1791. Joseph II. était mort en 1790 ; il fut remplacé par son frère LÉOPOLD II. Sous lui, les réformes ont été mises en œuvre avec plus de prudence. Les prisonniers politiques sont libérés, de nombreux exilés reviennent (début 1791). L’administration autrichienne a trouvé les Pays-Bas autrichiens difficiles à administrer ; à la fin de 1791, les domaines refusent l’impôt demandé et les Vonckistes recommencent à s’agiter, depuis une base du nord de la France. Les Vonckistes sympathisent avec la Gironde ; les Liégeois exilés en France, plus radicaux, soutiennent les Jacobins ; ils déclarèrent l’évêque de Liège et l’empereur romain germanique déposés et proclamèrent la République belge, composée des Pays-Bas méridionaux avec Liège annexée. Léopold II. mourut subitement le 1er mars 1792, succédé par FRANÇOIS Ier. La guerre entre l’Autriche et la France s’ensuivit presque immédiatement. Les premières tentatives françaises d’envahir les Pays-Bas autrichiens ont été vaincues (mai 1792); puis une force austro-prussienne envahit la France. Le vent a tourné à Valmy. En novembre 1792, les troupes françaises (général Dumouriez), après avoir vaincu les Autrichiens lors de la BATAILLE DE JEMAPPES (6 novembre 1792), occupent le sud des Pays-Bas. Cette guerre était plutôt une affaire austro-française. Les généraux Clerfayt et Beaulieu, qui ont vaincu les premiers plans d’invasion français, sont nés en Belgique. Les patriotes belges du côté français, impatients de libérer leur patrie, avaient été encerclés et abattus. La population belge n’a soutenu ni la partie autrichienne ni la partie française. L’administration militaire française a déclaré l’Escaut ouvert.Les troupes françaises étaient mal approvisionnées et nourries ; les rapports étaient que la plupart d’entre eux allaient pieds nus, ce qui portait des uniformes minables. Pour suppléer au manque de rations, ils font des réquisitions, ils exigent des contributions en argent et en nourriture ; en effet la Belgique devait fournir sa force d’occupation. Réagissant à la pression française, les villes ont commencé à mettre en œuvre des réformes administratives. Le gouverneur militaire Dumouriez était un Girondin et, dans ses actions, un modéré sympathisant avec les Belges. Pourtant, à cette époque, à Paris, les Jacobins étaient aux commandes de Paris et exigeaient un traitement plus strict à l’égard de la population belge. L’agitation jacobine s’est répandue en Belgique, appelant à la confiscation des domaines des nobles, des biens de l’église, etc. Une commission composée des jacobins français Danton, Lacroix, Camus et Gossuin a décidé de mettre en œuvre toutes les réformes de la Révolution française en Belgique ; la plupart des provinces et communes belges ont rejeté cette décision (sauf Mons, Charleroi, le territoire de Liège). Puis la commission décréta des élections au niveau local, pour un corps représentant les Belges ; alors que la plupart des Belges se méfient de ces élections, elles sont orchestrées par les Français et leurs laquais dans le but d’avoir des « corps représentatifs » pour demander l’annexion de la Belgique à la France. Le 1er mars 1793, la commission (des Jacobins français) formule le vœu des Belges de voir leur pays incorporé à la France ; en outre, ils « souhaiteraient » l’introduction des assignats (papier-monnaie, qu’en fait les Belges, connaissant l’expérience française, ne voulaient pas avoir). A l’approche des troupes autrichiennes, les Français pillèrent tout ce qui leur tombait sous la main. Le général Dumouriez, de retour en Belgique, constate qu’un chaos s’est créé, interdit respectivement arrête l’un des responsables français responsables de la création du chaos.Les troupes autrichiennes occupent à nouveau la Belgique le 18 mars 1793 après la BATAILLE DE NEERWINDEN (18 mars). La population belge fut soulagée d’être libérée du joug jacobin. Les clubs ont été fermés, les arbres de la liberté abattus, les monastères rouverts. Les anciennes institutions représentatives – les États de Brabant, etc. – ont été restaurées, le Blijde Inkomste rétabli, une amnistie générale proclamée. Ces mesures ont été bien accueillies, mais les Autrichiens n’étaient pas aimés de la population. Lorsque l’administration impériale a voulu lever une légion belge, peu se sont portés volontaires. Le 26 juin 1794, les Autrichiens sont vaincus par les Français lors de la BATAILLE DE FLEURUS. La nouvelle administration militaire française exigea que les frais de la guerre soient payés par la Belgique ; les assignats sont introduits ; des plafonds de prix ont été introduits, les commerçants ont été contraints d’accepter des assignats comme salaire. La fuite des capitaux s’est installée. Il y a eu des cas d’agriculteurs refusant de proposer leurs produits sur le marché, de propriétaires d’usines arrêtant la production. Les commissaires français avaient le droit de réquisitionner les vivres ainsi que les biens de première nécessité. Ils ont largement usé de leur autorité. Les cloches des églises ont été fondues et transformées en canons, même des livres retirés des bibliothèques publiques, des documents des archives. Dans les régions flamandes, la langue de l’administration communale est passée au français. Les villes ont été « demandées » de fournir des sommes importantes en contribution – non pas en assignats, mais en monnaie forte. Bref, la Belgique a été pillée. Durant l’hiver 1794/1795, extraordinairement froid, les prix du bois de chauffage, du gazon et de la nourriture sont, malgré les prix plafonds, élevés. Des francophiles (personnes dociles) sont nommés dans les administrations municipales.Le 15 octobre 1794, une administration régulière composée de 20 membres est nommée pour les Pays-Bas occupés du sud. Alors que la Belgique devait encore faire face à de dures contributions, la nouvelle structure administrative était plus transparente, invitant moins les individus sans scrupules à abuser de l’autorité dont ils étaient investis dans le but de s’enrichir. Le plafonnement des prix et les réquisitions sont abolis en février 1795. De nombreux jacobins sont démis de leurs fonctions. Le 1er octobre 1795, la Belgique fut annexée par la France, une annexion reconnue par l’Autriche dans la PAIX DE CAMPO FORMIO en 1797. Selon Sleeckx, les Belges raisonnables en 1795 voyaient la fusion avec la France comme le seul moyen faisable, à l’époque, d’empêcher une répétition de la situation chaotique de 1792-1795.
L’armée autrichienne sous le Premier empireHandicapés par le conservatisme de sa hiérarchie, les Autrichiens eurent à combattre contre l’armée alors la plus moderne en Europe. Les soldats autrichiens se comportèrent cependant avec discipline, jouant un rôle central dans plusieurs coalitions contre la France, depuis les campagnes des années 1790, durant la campagne d’Austerlitz de 1805, les batailles très équilibrées de 1809 et, finalement, durant les affrontements victorieux de 1813-1814. Durant les années 1740 et 1750, la principale tâche de l’armée autrichienne avait été de protéger le territoire contre son plus dangereux adversaire : l’armée prussienne du Grand Frédérique. La série de défaites infligées par ce redoutable adversaire démontra largement qu’elle n’était en aucune manière en mesure de s’opposer victorieusement à un tel adversaire. En 1771, l’Autriche introduit une sorte de conscription générale, mais des exemptions sont alors accordées à plusieurs villes et provinces. Les zones soumises à la conscription étaient divisées en districts régimentaires (les régiments d’infanterie ‘allemands’), mais la Hongrie, les Pays-Bas et l’Italie du nord, ainsi que la noblesse et les fonctionnaires, en étaient exclus. Certaines régions (Tyrol, Italie du nord, Pays-Bas) avaient recours à un recrutement libre, tandis que d’autres (Hongrie) comblaient les rangs avec des fonctionnaires locaux selon un quota imposé par la Diète hongroise, ainsi qu’avec des volontaires. Un processus de réforme fut également entamé, touchant chaque aspect de la vie militaire. Ces réformes améliorèrent grandement l’armée autrichienne, au point que, durant la Guerre de Succession bavaroise, les Prussiens furent presque complètement neutralisés, grâce à des positions défensives si formidables que Frédérique n’osa même pas s’y attaquer.Mais alors, survint une période de stagnation, de sorte que, dans les années 1790, l’armée autrichienne se retrouva prisonnière d’un ensemble d’attitudes et de méthodes qui avaient été adoptées pour convenir au style de guerre du passé. De nouvelles réformes étaient nécessaires pour résister à la menace posée par Napoléon. Un des problèmes de l’armée autrichienne est alors son système de promotions à l’ancienneté, conduisant à réduire le nombre de généraux et de colonels en activité. Cela signifiait aussi qu’en entrant dans le service, tout individu était sûr, pour autant qu’il ne vole pas ( !), de passer tous les rangs et même d’atteindre le rang de général ! La défaite de 1805 porte un coup fatal à l’armée autrichienne, tant en hommes qu’en matériel, mais l’état déplorable des finances de la monarchie danubienne ne présage pas d’une reconstruction rapide. Peu de temps après la Paix de Presbourg, l’archiduc Charles est nommé par son frère, l’empereur François (le 10 février 1806), Chef du Conseil Aulique de guerre et Généralissime des Armée. Profitant de son prestige – rappelons qu’il était alors le seul général à avoir battu des généraux français, Moreau et Jourdan – et de la paix, il va commencer un important travail de réorganisation de l’armée, supprimant le service militaire à vie, réorganisant la conscription, interdisant le châtiment corporel et adoptant les tactiques françaises de combat. Au début de 1809, François I lui fixe un objectif ambitieux : lui préparer, rapidement, un plan détaillé de réforme systématique du système militaire de toute la Monarchie.Ce n’est pas une tâche des plus aisées, car ce système, terriblement usé par 10 années de guerres presque continuelles contre la France, est dans état de total délabrement. Et pourtant, grâce à un travail considérable, l’archiduc va réussir, et dans un temps relativement court, une transformation radicale des armées impériales. La principale réforme va concerner le Conseil aulique de la guerre que déjà, bien avant lui, le Prince Eugène de Savoie, son auguste prédécesseur, avait accusé d’être à l’origine des déboires militaires de l’Autriche. Il est bien décidé à redonner à ce Conseil le rôle qui devait être le sien : celui d’un organe d’exécution des ministères de la guerre et de la marine, qu’il crée à cet effet, et à qui il donne la prérogative de pouvoir s’adresser directement à l’empereur. C’est à eux que va revenir désormais le travail d’organisation, les questions de stratégie, la conception des plans de campagnes et les affaires du personnel. On l’a vu plus haut, l’armée autrichienne se renouvelle alors, par la conscription, les conscrits étant appelés en fonction des besoins. La durée du service est en général, dans les pays héréditaires, de 10 ans (10 ans pour l’infanterie, 12 pour la cavalerie, 14 pour l’artillerie et le génie). En Hongrie, ce service est cependant pour la durée de la vie. Ce système de conscription permet de couvrir environ 63 % des besoins en soldats. Le reste est alimenté par les enrôlements et les Volontaires, qui proviennent également de l’étranger, notamment des pays de l’empire.L’archiduc Charles tente d’adapter l’armée aux nouveautés que les guerres révolutionnaires et napoléoniennes ont, ces quinze dernières années, engendrées. Il publie de nombreux écrits qui s’appliquent tant au corps des officiers qu’aux simples soldats. Son but est de créer un nouveau type de soldat : il faut désormais faire fi de la contrainte, et s’appuyer, au combat, sur la mentalité et l’enthousiasme patriotique.
La Landwehr
Créée par les décrets impériaux des 12 mai et 9 juin 1808, la Landwehr (sorte de milice de réserve) est, pour ainsi dire, la réponse à la levée en masse de la France révolutionnaire. Elle a pour but essentiel la défense du sol et de la patrie, tout en soulageant les finances de l’État, en réduisant le nombre de soldats dans l’armée régulière.Lorsque la guerre contre la France et ses Alliés éclate, au printemps 1809, cette Landwehr est cependant loin de répondre aux attentes, en particulier pour ce qui est de sa valeur combattante, car le temps a manqué pour une formation adéquate et pour assurer la cohésion des unités. Cette formation prévoyait, pour les hommes de 18 à 45 ans aptes à porter les armes, des exercices hebdomadaires (pour les individus), mensuels (pour les compagnies) et annuels (pour les bataillons). La guerre arrivant trop tôt, cela n’a guère été possible, et les unités sont alors loin d’être parfaitement aptes au combat. Les cadres eux-mêmes sont pour le moins insuffisants, en quantité et en qualité. Ces critiques ne s’appliquent toutefois pas aux bataillons de Volontaires, mis à la disposition de la Landwehr, tout au début de 1809. Mais ceux-ci seront rapidement incorporés dans l’armée régulière, entraînant, conséquemment, un affaiblissement de cette Landwehr, qui se voyait ainsi privée d’éléments de valeur et extrêmement motivés.Au début de 1809, la Landwehr se compose de 150 bataillons : 19 de Basse-Autriche, 15 de Haute-Autriche, 4 de Salzburg, 13 de Styrie, 5 de Carinthie, 15 de Kraina et des pays du littoral (ce qui deviendra plus tard l’Illyrie), 55 en Bohème, 24 en Moravie-Silésie, soit un total d’environ 142.000 hommes. Mais ce sont seulement six bataillons de Volontaires qui sont formés à Vienne, 4 en Innerösterreich, en Styrie, en Carinthie, en Kraina et dans les pays du littoral, et 3 en Moravie. Organisées sur une base territoriale, ces unités d’importance croissante (compagnie, bataillon, régiment, brigade) vont rapidement avoir l’occasion de défendre le sol national, seules ou avec l’armée principale impériale. Car l’avancée rapide des troupes coalisées et les défaites des impériaux durant la première partie de la campagne, en Bavière, entraînent rapidement que les premières se dirigent bientôt droit sur Vienne. Les unités de la Landwehr se voient ainsi, très tôt, entraînées dans les combats, avec plus ou moins de succès, en raison de leur manque flagrant de formation.
L’armée principale.
Depuis juillet 1808, l’Autriche a adopté l’organisation en corps d’armée, plus apte à répondre aux exigences modernes d’une guerre de mouvement telle que la pratiquent les armées françaises, mais rompant totalement avec la tradition autrichienne. C’était là un changement radical, car jamais encore cette armée n’avait manœuvré de telle manière.En 1809[7], elle se compose de 9 corps d’armée et de 2 corps de réserve. Les premiers (du moins au début de la campagne) sont chacun composés de 28 bataillons d’infanterie, 16 escadrons de cavalerie, 10 batteries d’artillerie, 2 compagnies de pionniers (génie) ainsi que de ce qui est nécessaire en formations du train et de santé. Chaque corps d’armée rassemble ainsi environ 30.000 hommes et 2.200 cavaliers. En règle générale, chaque corps d’armée est à deux divisions d’infanterie de ligne et une division d’infanterie légère (autre nouveauté), auxquelles s’ajoutent l’artillerie, le train, 2 compagnies de pionniers et une de santé. Les deux corps de réserve sont organisés différemment. C’est là que l’on trouve l’élite de l’infanterie – les grenadiers – et la cavalerie lourde – cuirassiers et dragons, qui, comme auparavant, est considérée comme l’arme devant décider de la victoire. Le 1er corps de réserve est composé d’une division, avec 1 brigade (12 bataillons) de grenadiers, 3 brigades de cavalerie (4 régiments de cuirassiers, 2 régiments de dragons), de l’artillerie (5 batteries), le train et une compagnie de santé. Le 2e corps de réserve est nettement moins important. Sa brigade de grenadiers n’a que 5 bataillons, les 2 brigades de cavalerie n’ont que 2 régiments de cuirassiers et 2 de dragons. L’artillerie est à trois batteries.
Divisions et brigades ne sont pas numérotées, mais identifiées par le nom de leurs commandants. On voit donc que l’organisation de l’armée autrichienne, en 1809, dans laquelle les corps d’armée et de réserve sont composés des trois armes, et peuvent agir de façon indépendante, se rapproche grandement de celle des armées de Napoléon. Mai, en ce mois d’avril, il s’agit là d’une expérimentation hasardeuse. Et la campagne qui s’ouvre va montrer que de nombreux commandants de corps ne sont pas préparés (quand ils n’y sont pas tout simplement hostiles, comme le note amèrement l’archiduc) à cette conception tellement nouvelle pour eux de la conduite de la guerre, bien loin de la tactique linéaire qu’ils ont appris, quelquefois des décennies auparavant. Se considérant toujours comme de simples exécutants de leur général en chef, l’initiative ne va pas vraiment être leur principale qualité, ce qui par ailleurs ne les empêchera pas d’être courageux. A leur décharge, il faut reconnaître qu’ils ne furent jamais entraînés à commander et à faire évoluer de grosses masses de soldats, et que la rapidité des évènements entraîna de nombreux changements dans les ordres de bataille, qui, dans de nombreux cas, s’écartèrent de la théorie.L’infanterie
Au début de 1809, l’infanterie impériale se compose de 61 régiments de ligne, 17 régiments de frontaliers (les «Grenzer»), 9 bataillons de chasseurs et d’une division (2 compagnies) d’infanterie de marine.
Les régiments de ligne viennent d’Innerösterreich (11), de Bohème (11), de Moravie-Silésie (12), de Galicie (12), de Hongrie (15) et de Transylvanie (15). Chaque régiment comprend un état-major, 3 bataillons de campagne (chacun à 3 divisions à 2 compagnies, soit 238 hommes pour les compagnies hongroises, 218 pour toutes les autres), une division de grenadiers (2 compagnies à 145 hommes) et une division de dépôt (2 compagnies à 416 hommes pour les Hongrois, 818 pour les autres), destinée à la formation. Chaque régiment a donc, au total, 5.170 (allemands) ou 5.065 hommes (hongrois). Les compagnies de grenadiers sont réunies dans 21 bataillons et forment des brigades qui, pour la plus grande partie, font partie des deux corps de réserve. On avait, dès 1808, pensé à former une telle réserve. Parmi les 46 régiments allemands et autres, on avait ainsi regroupés 1.300 hommes de première réserve, et 1.600 de seconde réserve, qui se trouvaient en congé. Les régiments d’infanterie frontaliers qui, comme les chasseurs, sont employés comme troupes légères, sont moins importants. Ils comportent seulement 2 bataillons de campagne à 6 compagnies, pour un total de 2.980 hommes (à l’exception des 4 régiments de Transylvanie, à 2693 hommes). Chaque régiment possède également un bataillon de réserve de 1.473 hommes (785 pour les transylvaniens).
L’infanterie utilise alors le fusil modèle M 1798, à baïonnette, d’une longueur de 149,3 cm (197,3 avec la baïonnette), et un poids de 4,090 kg, de calibre 17,6 mm. Il a une portée d’environ 180 pas. Les neufs bataillons de chasseurs (en nombre nettement inférieur par rapport aux autres armées belligérantes) n’ont été formés que peu de temps avant la campagne. Chaque bataillon est à six compagnies (166 hommes) et une compagnie de dépôt (74 hommes), ce qui fait un total de 1.010 hommes par bataillon. Ils sont équipés de la carabine M 1807, à baïonnette, d’une longueur de 150 cm (198 avec la baïonnette), d’un poids de 4,200 kg, de calibre 17,6 mm. La portée est de 250 à 300 pas. Ils ont également une arme beaucoup plus efficace, de calibre 13,9 mm, qui autorise une bonne précision jusqu’à 350 pas. Les «Stutzenjäger» emportent avec eux jusqu’à 100 cartouches (seulement 60 pour le reste des fantassins). Bien que l’entraînement au tir ait été intensifié, l’allocation en munitions, pour cet effet, est très faible. Un fantassin ordinaire ne peut ainsi tirer que 10 cartouches réelles par an, les tirailleurs d’élite (2 caporaux, 12 fantassins par compagnie) seulement 25. Ayant gagné une certaine expérience durant les récentes guerres, l’infanterie combat désormais d’une façon similaire aux Français. Si le nouveau règlement met toujours l’accent sur l’importance de la mousqueterie, le dernier mot reste désormais au combat à la baïonnette.
Au moment de l’attaque, les bataillons forment d’abord une « masse », pour laquelle les compagnies de bataillon s’avancent, les unes derrières les autres, sur trois lignes, espacées de 2 pas. Au moment de tirer, une courte pause est observée dans la marche en avant. Dans la pratique, le bataillon a malgré tout la possibilité d’avancer sans s’arrêter et d’attaquer l’ennemi à la baïonnette. Une telle attaque brutale de la colonne en rang serré a pour but de rompre le front de défense de l’adversaire, et de décider du combat. Cette formation « en masse » permet également la formation rapide en carré, pour repousser les attaques de cavalerie. L’emploi des tirailleurs par les Français a forcé les Autrichiens dans une direction identique. A cet effet, dans les bataillons, les fantassins de la troisième ligne sont enlevés du front pour, en utilisant les particularités du terrain, tourner les tirailleurs ennemis et, par des tirs très précis, inquiéter les flancs de l’adversaire, ou même de considérablement ébranler celui-ci. En défense, le bataillon se met en ligne, compagnie par compagnie, sur trois rangs, quelquefois (selon les besoins) en formation plus profonde, avec une ligne de réserve. On tire alors des salves de « divisions », de compagnie ou de bataillon, mais le tir individuel est également possible.
Lorsque le terrain est couvert et varié, ce sont surtout les fantassins légers, les chasseurs, les frontaliers et les Volontaires qui sont utilisés. Les soldats équipés de carabines ont pour mission de causer, par des tirs précis, des pertes sensibles à l’ennemi, pendant que les tirailleurs, par leurs tirs incessants et rapides, na doivent laisser aucun repos à l’ennemi. Mais, malgré des progrès certains, l’infanterie autrichienne est alors loin d’avoir le niveau de son opposante et ne pourra que partiellement mettre en œuvre avec succès la nouvelle façon de combattre qui lui est désormais proposée.
La cavalerie
L’archiduc a compris l’importance de cette arme, dont il va chercher à faire l’élément de décision sur le champ de bataille, se basant sur l’exemple de son adversaire. Elle se compose de cavalerie lourde et de cavalerie légère. Cette classification se base essentiellement sur les différentes tâches effectuées.
La cavalerie lourde comprend 8 régiments de cuirassiers et 6 régiments de dragons (chaque régiment étant composé de 6 escadrons de 135 cavaliers), et constituent, au moment du combat, la réserve à la disposition du général en chef.
La cavalerie légère est formée de six régiments de chevau-légers, 12 régiments de hussards et 12 régiments de uhlans (tous à six escadrons de 150 cavaliers), qui sont employés dans les divisions légères et dans les brigades des corps d’armée. En fait, les particularités de ces régiments, en particulier pour ce qui est des opérations de reconnaissance et de sécurité, sont alors mal utilisées par l’état-major. Celui-ci rechigne aux larges opérations de reconnaissance, pour, par exemple, apprécier les mouvements de l’ennemi, car il veut avant tout éviter, non seulement les pertes, mais aussi la dispersion de ces unités, afin d’être en mesure, le moment venu, d’engager l’ensemble de sa cavalerie. Mais il faut souligner l’excellente formation (et cela comprend le maniement des armes à feu) et l’excellente mobilité en formation fermée de cette cavalerie autrichienne.
Depuis l’introduction d’un nouveau système d’artillerie, en 1753, par le FM prince de Liechtenstein, l’artillerie autrichienne compte parmi les meilleures d’Europe. Si, du point de vue technique, le matériel n’a subi aucune modification, les réformes de l’archiduc Charles vont profondément transformer l’usage de cette arme, au point de la refonder totalement (Angeli) et de lui donner un rôle qu’elle n’avait pas jusque-là. Elles viseront essentiellement à la rendre plus mobile. En ce sens, principale réforme intervient le 3 juin 1808, lorsqu’un décret impérial, signé du directeur de l’artillerie, Joseph Colloredo, aboli les bataillons d’artillerie de l’infanterie, et crée trois formations permanentes : les batteries de brigades (8 pièces légères), de position (6 pièces lourdes et deux obusiers) et les batteries attelées (4 canons et 2 obusiers). Mais les bataillons de frontaliers gardent leur artillerie propre. Les premières suivent leurs formations respectives, les deux autres formant la réserve. Durant la campagne de 1809, l’artillerie se montrera digne de sa réputation, en particulier lors des grandes batailles d’Aspern et de Wagram, notamment par sa capacité de regroupement rapide sur les points sensibles des batailles.
L’intendance
Dans ce domaine, le problème majeur est constitué par le ravitaillement et les équipages du train. L’archiduc Charles n’a guère été en mesure de réformer le système existant, face à la résistance d’un personnel en place influant. Alors que les Français vivent, en campagne, en grande partie « sur le terrain », une telle méthode, compte tenu du contexte spécifique, avait peu de chance d’être mise en pratique. Les troupes doivent, comme par le passé, compter sur un réapprovisionnement organisé à l’avance, alors que les armées sont devenues plus importantes, et doivent désormais se déplacer plus rapidement. Il a donc fallu augmenter les équipages du train. Chaque corps d’armée s’est vu attribuer son propre parc de voitures : 4 à 5 divisions du train sont ainsi chargées de faire avancer, en priorité, pain, biscotte, foin, paille, etc. Mais la pratique va montrer que les chariots, trop lourds, seront trop lents, et le ravitaillement des troupes sera loin d’être sans accrocs, mettant en péril, en de nombreuses circonstances, les opérations militaires elles-mêmes. Il en va de même des véhicules mis à la disposition des troupes, peu mobiles, et, surtout, trop nombreux, ce qui conduira souvent à des embouteillages !
Services de santé.
Les équipes de santé mises sur pied, juste avant le début de la guerre (mars -avril 1809), sont constituées d’individus qui n’ont reçu aucune formation au service de la guerre. Elles ne pourront donc être utilisées que pour le transport des blessés. En pratique, chaque corps d’armée et le 1er corps de réserve se voit attribuer une compagnie de santé. Mais l’armée autrichienne va terriblement manquer de médecins préparés à la guerre
Les officiers du quartier général
La valeur de n’importe quelle armée dépend en grande partie de celle de ses officiers. Il faut ici reconnaître que l’armée autrichienne est, en 1809, de ce point de vue, grandement inférieure à son adversaire. Aucun d’entre eux n’a reçu une formation spécifique, que ce soit à l’école ou dans leurs années de service. Ce qu’on leur demande, pour un tel poste, c’est d’avoir démontré une certaine capacité à diriger des troupes, une formation militaire uniquement théorique, ainsi que l’aptitude nécessaire pour assister le commandement.
L’accroissement de la force des armées, et le fait que de nombreux officiers ont été nommés à des postes de commandement, font qu’au début de 1809, l’armée autrichienne manque d’officiers qualifiés, aptes à faire partie du quartier général. A la tête de l’armée c’est un général qui occupe le poste de chef d’état-major. Au niveau des corps d’armée et des corps de réserve, ce sont des officiers du quartier-général, avec rang de colonel, qui occupent les fonctions de chefs d’état-major. Ils sont secondés par de nombreux officiers du quartier-général de l’armée. Le chef d’état-major est avant tout responsable des questions tactiques et opérationnelles.
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