La révolte de Varsovie commenceLes combattants de la résistance polonaise de l’Armée de l’Intérieur lancent l’Insurrection de Varsovie, le plus grand effort militaire entrepris par un mouvement de résistance en Europe occupéePendant la Seconde Guerre mondiale, une colonne blindée soviétique dirigée par le général Konstantin Rokossovski atteint la Vistule le long de la banlieue est de Varsovie, incitant les Polonais de la ville à lancer un soulèvement majeur contre l’occupation nazie. La révolte a été menée par le général polonais Tadeusz Bor-Komorowski, qui était le commandant de l’Armée de l’Intérieur, un groupe de résistance clandestin composé de quelque 40 000 soldats mal approvisionnés. En plus d’accélérer la libération de Varsovie, l’Armée de l’Intérieur, qui avait des liens avec le gouvernement polonais en exil à Londres et était anticommuniste dans son idéologie, espérait prendre le contrôle au moins partiel de Varsovie avant l’arrivée des Soviétiques.Bien que les Polonais de Varsovie aient remporté des gains rapides – et que la libération soviétique de la ville soit inévitable – le chef nazi Adolf Hitler a ordonné à ses autorités d’écraser le soulèvement à tout prix. L’élite SS nazie dirigeait la force de défense allemande, qui comprenait la brigade Kaminiski de prisonniers russes et la brigade Dirlewanger de condamnés allemands. Dans des combats de rue brutaux, les Polonais ont été progressivement vaincus par l’armement allemand supérieur. Alors que les rebelles étaient réprimés, les nazis ont délibérément rasé de grandes parties de la ville et massacré de nombreux civils.Pendant ce temps, l’Armée rouge a gagné plusieurs têtes de pont sur la Vistule mais n’a fait aucun effort pour aider les rebelles à Varsovie. Les Soviétiques ont également rejeté une demande des Britanniques d’utiliser les bases aériennes soviétiques pour transporter par avion des fournitures aux Polonais assiégés. Les rebelles et les citoyens de la ville ont manqué de fournitures médicales, de nourriture et finalement d’eau. Enfin, le 2 octobre, les rebelles survivants, dont Bor-Komorowski, se sont rendus.Au cours de l’épreuve de 63 jours, les trois quarts de l’Armée de l’Intérieur ont péri avec 200 000 civils. Témoignage de la férocité des combats, les Allemands ont également subi de nombreuses pertes : 10 000 tués, 9 000 blessés et 7 000 disparus. Au cours des mois suivants, les troupes allemandes ont déporté la population survivante et des équipes de démolition ont détruit les bâtiments restés intacts à Varsovie. Tous ses grands trésors ont été pillés ou brûlés. L’Armée rouge est restée en sommeil à l’extérieur de Varsovie jusqu’en janvier 1945, lorsque la dernière offensive soviétique contre l’Allemagne a commencé. Varsovie, une ville en ruines, a été libérée le 17 janvier. Avec Varsovie à l’écart, les Soviétiques ont fait face à une opposition peu organisée pour établir un gouvernement communiste en Pologne.
Amère désillusion
Après cinquante-huit mois de terreur nazie, les premiers signes de la débâcle allemande donnent des ailes aux habitants de la capitale et donc aux militants d’une armée du peuple en symbiose avec toutes les couches de la nation. L’arrivée des troupes soviétiques se fait par ailleurs imminente et Radio-Moscou presse le «peuple frère» de prendre les armes en lui promettant le soutien de l’Armée rouge.Les chefs de l’Armée intérieure (AK), autrement dit l’organisation de résistance, croient que cette donne politique favorable peut transformer la donne militaire. Leur calcul va se révéler désastreux du fait de la duperie soviétique.
Un moment déstabilisés par l’insurrection, les Allemands dépêchent des renforts massifs tandis que les Russes, parvenus de l’autre côté de la Vistule, reçoivent l’ordre d’attendre que les insurgés se fassent anéantir. Les aérodromes sous contrôle soviétique sont même fermés pour empêcher tout secours occidental.
Restés maîtres des faubourgs, les SS y accomplissent en représailles des horreurs rarement égalées dans l’histoire, rassemblant les civils dans les caves des immeubles et y mettant le feu, égorgeant ou mitraillant les malades et le personnel des hôpitaux : du 5 au 7 août, plus de 50.000 habitants du seul quartier de Wola sont ainsi massacrés.
Les insurgés tiennent pendant soixante-trois jours. Certains bastions ne se sont toujours pas rendus quand la capitulation est ordonnée le 2 octobre, après 63 jours de combat. Les membres de l’AK sont emmenés en captivité en Allemagne.
Quant aux civils, terrés depuis deux mois dans les caves, en proie à la faim, à la soif et aux épidémies, ils sont évacués manu militari et, pour nombre d’entre eux, déportés. Le bilan de la bataille de Varsovie, entre 220.000 et 250.000 morts en deux mois et une capitale rasée à 85%, est l’un des plus lourds du second conflit mondial.
Le 17 janvier 1945, cinq mois après le début de l’insurrection, l’Armée Rouge se décide à entrer dans la capitale polonaise. Il ne s’y trouve plus personne susceptible de contester l’autorité des nouveaux occupants. Les communistes polonais n’ont aucune peine à s’installer au pouvoir.
https://www.herodote.net/1er_aout_1944-evenement-19440801.php
https://www.history.com/this-day-in-history/warsaw-revolt-begins