Les quatre vies d’Igor Markevitch, le Paradis perduIgor Markevitch (1912 à Kiev – 1983 à Antibes) chef d’orchestre et compositeur Ukrainien, naturalisé italien puis français Malgré le fait qu’il se destinait à la composition, Igor Markevitch est finalement devenu l’un des plus grands chefs d’orchestre de son temps.
Sa rigueur de travail, la précision de son geste et sa vision des œuvres ont caractérisé cet artiste discret mais déterminé. Issu d’une lignée princière, d’un père pianiste, Igor Markevitch est immergé dès son plus jeune âge, dans un bain de musique et de littérature. Il a seulement deux ans quand sa famille émigre à Paris. En 1915, la santé du père les oblige à s’installer en Suisse. Le jeune Igor y commence le piano. Après la mort de son père en 1922, il travaille avec Paul Loyonnet puis Emile-Robert Blanchet, un élève de Busoni qui, très vite, le présente à Alfred Cortot. Ce dernier, très enthousiasmé par ce jeune talent de pianiste mais aussi de compositeur, le fait venir à ses frais à Paris en 1926 pour l’intégrer dans son Ecole Normale récemment créée. Igor Markevitch reçoit ainsi l’enseignement de Cortot lui-même mais aussi celui de Nadia Boulanger. L’année suivante, sa première œuvre, Noces, est publiée. En 1928, il rencontre Serge de Diaghilev qui envisage de le prendre comme compositeur pour ses ballets et qui lui commande, en guise d’essai, un Concerto pour piano (qui sera créé sous la direction de Désormière en 1929 à Londres). Si la mort de Diaghilev au cours de cette année avorte le projet, la carrière de compositeur de Markevitch est lancée, et ses œuvres sont régulièrement créées sous la direction notamment de Roger Désormière : la Sinfonietta, le 3 novembre 1929, la Cantate sur un texte de Cocteau, le 4 juin 1930, la Partita, avec Marcelle Meyer au piano, le 13 mai 1932.
Au cours des années 1930, Igor Markevitch se concentre sur la direction d’orchestre, auprès de Pierre Monteux d’abord, donnant ainsi son premier concert à la tête du Concert gebouw d’Amsterdam lors de la première hollandaise de son oeuvre Rébusi (créé à Paris l’année précédente). Puis il reçoit les conseils d’Hermann Scherchen. En 1935, il crée le Paradis perdu à la BBC, puis le Nouvel âge à Varsovie qui rencontre un franc succès. La Deuxième Guerre Mondiale met un frein à ses activités. Il s’installe en Italie en 1941, mais entre dans la Résistance italienne lors de l’invasion allemande de 1943. Après la Libération, il est naturalisé italien en 1947, et se consacre totalement à la direction d’orchestre. Sa carrière de chef prend rapidement une dimension internationale. Igor Markevitch enchaîne les postes de chef permanent de grandes formations symphoniques. En 1948, il prend la tête du Mozarteum de Salzbourg, puis, en 1952, devient chef principal de l’Orchestre de Stockholm. En 1957, il prend la direction de l’une des grandes formations françaises du moment, l’Orchestre Lamoureux. Au cours des années 1960, il se retrouve à la tête de l’Orchestre Symphonique de la Radiotélévision Espagnole puis de l’Orchestre National de l’Opéra de Monte-Carlo. En 1982, il est naturalisé français. Il meurt d’un infarctus l’année suivante, au lendemain d’une ultime tournée qui s’achevait par un dernier concert à Kiev, sa ville natale.
🟡Mozart et divine Clara Haskil dans le Concerto en ré mineur KV466 que la pianiste enregistrait l'année de sa mort en compagnie du grand Igor Markevitch.
En ce jour anniversaire et dans ce monde de défiance, ces mots de Mozart résonnent:
« Je cherche les notes qui s’aiment » pic.twitter.com/5paRatXgxH— Shani Diluka (@ShaniDiluka) January 27, 2021
Une plume volubile Depuis son plus jeune âge, le maestro entretient avec la littérature des liens privilégiés. Ses parents l’encouragent sans cesse à lire et le récompensent lorsqu’il a bien travaillé en lui lisant des textes en russe de Tolstoï et de Pouchkine. Il a une plume particulièrement volubile. Non seulement il correspond volontiers avec ses amis les plus chers, les pianistes Clara Haskil, Nikita Magaloff ou encore Dinu Lipatti, mais il se lance également dans la rédaction de ses Mémoires, qu’il publie en 1980 chez Gallimard sous le titre de « Etre et avoir été ». L’artiste raconte ici avec une intensité rare les plaisirs, les passions intellectuelles et humaines, les doutes et les certitudes, en bref le goût de vivre, une vie dont il a su diriger sans faiblir le périlleux, subtil et magnifique orchestre. Markevitch est réputé pour avoir une gestique économe, à la fois rigoureuse et puissante. Bon nombre des orchestres qu’il dirige en tant que chef principal gagnent en précision et en réputation. Mais son autorité peut être parfois brutale, voire blessante. Pourtant le chef se montre soucieux de la condition des musiciens d’orchestre, qu’il s’efforce d’améliorer.
L’œuvre d’Igor Markevitch en tant qu’écrivain
Made in Italy (1940) Souvenirs
@mvoinchet @stephanegrant @nathaliepiole_ @SchuurmanFrano2 c’est pas dimanche c’est dimanche @francemusique monsieur Merlin avec igor Markevitch 👌, @priscille_l un bijou toujours 💪 et @FelicienBrut accordéon diatonique! 🙏 Oreilles heureuses, #musiqueSurMer pic.twitter.com/rDHTTJvPJZ
— greig burgoyne (@greigburgoyne) May 8, 2022
Point d’orgue – Entretiens avec Claude Rostand (1959)
Être et avoir été Mémoires. Gallimard (1980), 512 p.
Igor Markevitch en 6 dates :
- 1926 : intègre l’Ecole Normale d’Alfred Cortot
- 1928 : mort de Diaghilev et début de sa carrière de compositeur
- 1935 : crée son œuvre, Le Paradis perdu
- 1947 : naturalisé italien
- 1957 : devient chef principal de l’Orchestre Lamoureux
- 1982 : naturalisé français
Igor Markévitch (1912 – 1983 )Igor Markevitch était un compositeur et chef d’orchestre dont les œuvres très originales sont redécouvertes à travers une série d’enregistrements sur Marco Polo * Etudie le piano avec Alfred Cortot et la composition avec Nadia Boulanger Jardin * Au centre de la vie musicale parisienne dans les années 1930 * Les partitions radicales incluent Cantate sur des textes de Cocteau, la collaboration de Ramuz La Taille de l’Homme et la partition de ballet L’Envol d’Icare avec quarts de ton (plus tard révisée en Icare ) * Spectacles musicaux parenté avec Stravinskyet l’esthétique constructiviste russe * L’amour des procédés musicaux mécanistes préfigure le minimalisme * L’énergie rythmique et le sens de la couleur orchestrale rendent les œuvres parfaitement adaptées à la chorégraphie * Dans les années 1940, alors que le vieux monde est balayé par la guerre, il se détourne de la composition pour se concentrer sur la direction d’orchestre * Nominations permanentes à Stockholm, Paris, Montréal, Madrid, Monte Carlo Igor Markevitch en 6 disques :
- La Damnation de Faust, de Berlioz, Orchestre Lamoureux (1956)
- Hommage à Lili Boulanger, Orchestre Lamoureux (1958)
- Le Sacre du printemps, de Stravinsky, Orchestre Philharmonia (1959)
- Suites de Carmen et de l’Arlésienne, de Bizet, Orchestre Lamoureux (1959)
- Concertos pour piano n° 20 et 24, de Mozart, avec Clara Haskil et l’Orchestre Lamoureux (1960)
- L’Histoire du soldat, de Stravinsky, avec Jean Cocteau et Peter Ustinov (1962)
https://www.radiofrance.fr/personnes/igor-markevitch
https://www.rts.ch/info/culture/musiques/9155233-les-quatre-vies-digor-markevitch.html