Joseph Marie Jacquard, tisserand et marchand français qui a inventé le métier à tisser programmable (métier Jacquard), précurseur des ordinateurs d’aujourd’huiJoseph-Marie Jacquard (1752-1834) inventeur mécanicien français né le 7 juillet 1752, il mit au point en 1807, le métier à tisser Jacquard, dit Métier Jacquard. Dans la continuité des travaux de Vaucanson, il avait équipé celui-ci d’un mécanisme sélectionnant les fils de chaîne à l’aide d’un programme inscrit sur des cartes perforées. Il devenait ainsi possible pour un seul ouvrier de manipuler le métier à tisser, au lieu de plusieurs auparavant.Jacquard révolutionne le métier à tisser et s’attire des inimitiés
Il est une foule d’inventions pratiques, d’améliorations industrielles qui sont l’œuvre de simples travailleurs. Jacquard, qui mit au point le métier de tissage semi-automatique, est le type de ces ouvriers de génie, modeste et désintéressé, de l’inventeur méconnu, persécuté par ceux-là même dont il voulait adoucir la tâche et améliorer le salaire.Joseph-Marie Jacquard naquit à Lyon le 7 juillet 1752. Son père, Jean-Charles Jacquard, était maître ouvrier en étoffes d’or, d’argent et de soie. L’enfant fut d’abord employé à « tirer les lacs » du métier paternel, c’est-à-dire à tirer les cordes dont on se servait alors pour faire mouvoir la machine destinée à former le dessin de l’étoffe qu’on tissait. C’était un métier très dur, surtout pour un enfant assez chétif. La santé de l’apprenti ne tarda pas à s’altérer à ce rude travail. Ce que voyant, son père le mit d’abord dans un atelier de reliure, puis dans une fonderie de caractères.
Le jeune garçon avait appris, à peu près seul, à lire, à écrire et à compter. Déjà, une impérieuse vocation le poussait vers la mécanique. Il était constamment occupé à rechercher des améliorations de détail à la machines servant aux industries dans lesquelles il travaillait. Une idée, surtout, le hantait : trouver le moyen de rendre plus maniable le métier à tisser et de supprimer ce tirage des cordes dont il avait tant souffert quand il aidait son père dans sa besogne.Celui-ci mourut en 1772. Il laissait un patrimoine grâce auquel le jeune Jacquard, qui n’avait alors que vingt ans, put établir une petite fabrique de tissus façonnés. Malheureusement, le garçon était meilleur inventeur qu’industriel ; il passait plus de temps à chercher le progrès dans la fabrication qu’à recruter la clientèle, si bien qu’il ne tarda pas à se ruiner. Il fallut tout vendre : les métiers, les meubles, jusqu’au lit du ménage, car Jacquard s’était marié quelque temps auparavant. Il lui fallut même quitter momentanément sa femme qu’il adorait, pour aller s’engager dans le Bugey comme chauffeur de fours à chaux. Pendant ce temps, Mme Jacquard entrait comme ouvrière dans une fabrique de chapeaux de paille.
La première inventionBientôt, cependant, les époux purent être réunis. La fabrication des chapeaux de paille les occupa tous les deux. Et c’est à cette époque que Jacquard, ayant vu, dans un journal, l’annonce d’un prix proposé, en Angleterre, pour l’invention d’une machine à fabriquer la dentelle, construisit un métier qui répondait aux conditions fixées. Mais, chose curieuse, quand le métier fut fabriqué, il négligea d’en tirer parti et de l’envoyer au concours. Peut-être ne le jugeait-il pas assez parfait. Il se contenta de fabriquer une jolie pièce de dentelle qu’il offrit à un de ses amis, après quoi il remisa le métier au grenier.Or, il avait complètement oublié cette invention, quand, un beau jour, il fut appelé chez le préfet de Lyon, et invité à apporter son appareil. Tandis que l’insouciant Jacquard oubliait sa dentelle, celle-ci avait fait son petit bonhomme de chemin : elle était allée jusqu’à Paris, où on l’avait examinée au Conservatoire des arts et métiers. Par la filière administrative, on demandait à voir la machine et à connaître l’inventeur. Celui-ci tira celle-là du grenier, la remit en état et l’expédia dans la capitale. Quelque temps après, quelle ne fut pas surprise de voir pénétrer chez lui deux gendarmes qui lui intimèrent l’ordre de les suivre. La présence de Jacquard étant jugée nécessaire à Paris, on n’avait rien trouvé de mieux que de l’y faire conduire par la main gantée de la gendarmerie. On imagine aisément par quelles transes passa le malheureux inventeur tout le long de ce voyage. Ses angoisses ne cessèrent qu’à l’arrivée, quand on le mena aux Arts et Métiers, devant une commission de techniciens et de savants réunis pour examiner son invention.
Après cette épreuve, il fut présenté à Napoléon et à Carnot, qui le félicitèrent et l’encouragèrent à poursuivre ses travaux. C’est de cette étrange manière que les premiers essais de Jacquard furent connus et commencèrent sa réputation.Les précurseurs
La plupart des grandes inventions ne sont pas, comme l’imaginent trop souvent les profanes, sorties d’un seul jet du cerveau humain. Il en est du métier de Jacquard comme de tant d’autres progrès industriels il a été conçu à la suite d’une série d’inventions successives qui lui ont préparé la voie.En 1725, Basile Bouchon avait imaginé les aiguilles à crochet et la griffe, et se servait de cartons qu’un ouvrier manœuvrait à la main, à chaque duite, c’est-à-dire à chaque mouvement de marche qui fait lever et baisser la chaîne. Falcon, en 1728, avait su placer les cartons sur un prisme quadrangulaire percé d’autant de trous que l’armature comprenait d’aiguilles. Vaucanson, avant de se consacrer uniquement à la construction des automates qui firent sa célébrité, avait inventé le tambour percé de trous et muni d’un engrenage qui le faisait tourner automatiquement d’un cran à chaque coup de battant ; mais il n’employait pas les cartons, et ses combinaisons étaient par là même très bornées.Jacquard reprit le système des cartons de Falcon, et c’est en le combinant avec le mécanisme de Vaucanson, oublié dans un coin du Conservatoire des arts et métiers, qu’il créa son fameux métier, dont il avait, d’ailleurs, appliqué déjà les principes, en 1800, dans la machine imaginée pour la fabrication de la dentelle.
Son métier, tout d’abord, passa moins pour une invention que pour un perfectionnement de celui de Vaucanson. Mais on se rendit compte bientôt du grand progrès accompli par le jeune Lyonnais, et on lui rendit pleine justice. Avant son invention, tous les fils qui doivent se lever ensemble pour former les dessins des étoffes brochées étaient levés par des cordes que tirait un apprenti auquel le tisseur était obligé de les indiquer. Pour peu que le dessin fût varié, cette disposition amenait dans le métier de singulières complications.L’appareil inventé par Jacquard soumettait cette manœuvre à un procédé mécanique régulier, tirant son mouvement d’une simple pédale que l’ouvrier fait jouer lui-même. Ce premier métier Jacquard figura à l’Exposition des produits de l’industrie en 1801. L’auteur n’en obtint qu’une médaille de bronze. Cependant, il ne se découragea pas et apporta encore à son œuvre plusieurs perfectionnements pour le vidage et l’ourdissage. Mais, quand il s’agit de faire adopter le nouvel appareil par l’industrie, Jacquard se heurta aux plus graves difficultés.L’ouvrier contre la machine
Le progrès industriel a été de tout temps entravé par l’idée selon laquelle l’augmentation de la production par les machines entraîne, par contrecoup, une diminution de personnel. Les tisseurs de Lyon, à cette époque, y croyaient fermement. Le rapporteur du jury de 1801 avait dit du métier Jacquard qu’ « il supprimait un ouvrier dans la fabrication des tissus brochés » ; il n’en fallut pas plus pour dresser les travailleurs contre la machine.
L’effet de ce préventions fut plus tragique encore qu’on ne l’eût pu croire. A trois reprises, la vie de Jacquard fut menacée par des fanatiques. Les ouvriers, ameutés contre lui, exigèrent des « prud’hommes » lyonnais la destruction de la machine dans laquelle l’inventeur n’avait eu pourtant pour but que l’économie de la main-d’œuvre et l’allègement des fatigues des pauvres « canuts » que l’ancien métier mettait positivement à la torture.L’autorité céda. Sur la place des Terreaux, le métier nouveau fut mis en pièces aux applaudissements de la foule ; et, de même qu’autrefois les restes des grands criminels étaient jetés à la voirie, de même le fer de la machine de Jacquard fut vendu comme vieille ferraille, et le bois comme bois à brûler. Les préjugés à l’égard du métier de Jacquard ne se dissipèrent que lorsque la France commença à éprouver les effets de la concurrence étrangère.Ces métiers perfectionnés, que les ouvriers lyonnais n’avaient pas voulu utiliser, qu’ils avaient même fait détruire en place publique, l’étranger s’empressa de les adopter. Alors, qu’arriva-t-il ? Tandis qu’à Lyon on continuait à se servir de vieilles machines, les concurrents étrangers de l’industrie lyonnais, grâce aux nouveaux métiers, produisirent les mêmes articles, mieux conditionnés, à meilleur marché, et plus rapidement. Résultat final : la clientèle se fournit à l’étranger.Le triomphe
On se ressaisit à temps, et le métier Jacquard fut adopté enfin dans tous les ateliers lyonnais : l’industrie si française de la soie en reçut une impulsion nouvelle. Mais des années se passèrent encore avant que l’usage de ce métier se répandît dans les autres régions françaises. Ses succès furent lents et d’abord assez obscurs.Ce n’est qu’à l’exposition de 1819 que pleine justice lui fut rendue. Le rapporteur écrivait alors : « Après toutes les difficultés, les refus, les critiques des fabricants, ce métier l’emporte à la fin sur les procédés coûteux, pénibles, insalubres même, qu’il remplace avec tant d’avantages. Le jury, en proclamant ce résultat, décerne à Jacquard la médaille d’or ; la croix d’honneur complète la récompense. »
Dès lors, le mécanisme merveilleux inventé par Jacquard fut adopté non seulement pour la fabrication des étoffes de soie façonnées, mais encore pour celle de toutes espèces d’étoffes, de toutes sortes de tissus. La dentelle à la mécanique est née elle aussi de cette invention. Jacquard a son statut à Calais, où sa mémoire est pieusement honorée.
Le mérite de Jacquard ne fut égalé que par sa modestie et son désintéressement. Il négligea même d’exploiter les divers brevets d’invention qui lui avaient été accordés, et, notamment, ne retira aucun avantage de la découverte qu’il avait faite d’un procédé pour la confection des filets destinés à la pêche maritime.Patrons de programmation : l’histoire du métier Jacquard
Le métier Jacquard relie deux des industries historiques les plus importantes de Manchester : la fabrication textile et l’informatique. Il faudra lire pour découvrir comment il a à la fois révolutionné la production de tissus à motifs et inspiré le développement des débuts de l’informatique.Une invention révolutionnaire
Lorsque Joseph-Marie Jacquard, tisserand et marchand français, a breveté son invention en 1804, il a révolutionné la façon dont les tissus à motifs pouvaient être tissés. Sa machine Jacquard, qui s’appuyait sur les développements antérieurs de l’inventeur Jacques de Vaucanson, permettait à des ouvriers non qualifiés de fabriquer des motifs complexes et détaillés en une fraction du temps nécessaire à un maître tisserand et à son assistant travaillant manuellement.La diffusion de l’invention de Jacquard a fait chuter le coût des tissus à motifs à la mode et très recherchés. Il pourrait désormais être produit en masse, devenant abordable pour un large marché de consommateurs, pas seulement les plus riches de la société.
Cartes perforées motifs de tissage
Pour tisser du tissu sur un métier à tisser, un fil (appelé la trame) est passé sur et sous un ensemble de fils (appelé la chaîne). C’est cet entrelacs de fils perpendiculaires les uns aux autres qui forment le tissu. L’ordre particulier dans lequel la trame passe sur et sous les fils de chaîne détermine le motif qui est tissé dans le tissu.
Avant le système Jacquard, l’assistant d’un tisserand (connu sous le nom de dessinateur) devait s’asseoir au sommet d’un métier à tisser et relever et abaisser manuellement ses fils de chaîne pour créer un tissu à motifs. Ce fut un processus lent et laborieux.La clé du succès de l’invention de Jacquard était son utilisation de cartes interchangeables, sur lesquelles de petits trous étaient percés, contenant des instructions pour tisser un motif. Cette innovation a effectivement pris le relais du travail fastidieux du dessinateur.
Lorsqu’elles sont introduites dans le mécanisme Jacquard (monté sur le dessus du métier à tisser), les cartes contrôlaient quels fils de chaîne devaient être soulevés pour permettre au fil de trame de passer sous eux. Avec ces cartes perforées, les métiers Jacquard pouvaient reproduire rapidement n’importe quel motif qu’un designer pouvait imaginer, et le reproduire encore et encore.
1801 : Les cartes perforées commandent le métier Jacquard Les cartes perforées de Joseph Jacquard programment des motifs sur un métier à tisser
À Lyon, en France, Joseph Marie Jacquard (1752-1834) a fait la démonstration en 1801 d’un métier à tisser qui permettait à des ouvriers non qualifiés de tisser des motifs complexes en soie. Le métier à tisser Jacquard est contrôlé par une chaîne de plusieurs cartes perforées de trous qui déterminent quels cordons de la chaîne du tissu doivent être relevés à chaque passage de la navette. La capacité de stocker et de reproduire automatiquement des opérations complexes a trouvé une large application dans la fabrication textile.
En 1832, Semen Korsakov (1787-1853) a conçu des méthodes de recherche d’informations stockées sur des cartes perforées pour le ministère de la police russe. Le mathématicien anglais Charles Babbage a décrit des plans pour utiliser des « cartes numériques » perforées pour entrer des programmes et des données dans son moteur analytique en 1837.
L’horloger écossais Alexander Bain (1811-1877) a utilisé une « carte continue » sous la forme d’une bande de papier perforée pour accélérer la saisie de messages texte à transmettre sur le télégraphe ferroviaire en 1846. Le stockage et la saisie de données sur bande perforée sont restés utilisés pendant petits ordinateurs et le contrôle des machines-outils jusqu’au début des années 1970.
L’inventeur américain Herman Hollerith (1860-1929) a construit une tabulatrice électromécanique pour analyser les informations statistiques stockées sur des cartes perforées pour le recensement américain de 1890. Hollerith a fondé la Tabulating Machine Company en 1896 pour exploiter d’autres applications pour son système. La carte perforée Hollerith originale (3 1/4″ de haut et 7 3/8″ de large) avait à peu près la même taille que le billet d’un dollar américain à l’époque pour faciliter l’adaptation de certains dispositifs de stockage et de manipulation existants. L’entreprise de Hollerith et trois autres ont fusionné pour former la Computing Tabulating Recording Company en 1911 qui a été rebaptisée International Business Machines Corporation en 1924. D’autres sociétés, dont Burroughs, NCR, Powers Samas et Remington Rand, ont introduit leurs propres cartes, mais comme IBM a grandi pour dominer les débuts de l’industrie du traitement des données.
Joseph-Marie Jacquard (1752-1834)
Tisserand français et inventeur du métier à tisser programmable Jacquard pour tissu broché. Son métier produisait mécaniquement n’importe quel motif, contrôlé par des cartes de contrôle perforées (1805). Cela a servi d’impulsion à la révolution technologique de l’industrie textile et constitue la base du métier à tisser automatique moderne. Le concept d’utilisation de cartes perforées a ensuite été appliqué par Hollerith pour suivre les données du recensement américain de 1890. L’idée a ensuite évolué vers des cartes perforées d’entrée d’ordinateur.
https://www.computerhistory.org/storageengine/punched-cards-control-jacquard-loom/
https://www.scienceandindustrymuseum.org.uk/objects-and-stories/jacquard-loom