L’opération Réveil du printemps du 6 au 16 mars 1945 constitue la dernière grande offensive allemande de la Seconde Guerre mondiale.Le 6 mars 1945 au matin, après une préparation d’artillerie massive, une avalanche de chars et d’infanterie allemands s’abattait sur les positions des troupes soviétiques dans la région des lacs hongrois Balaton et Valences et de la rivière Drava. L’armée allemande venait de lancer l’opération Réveil du printemps, qui s’est avérée être sa dernière offensive majeure pendant la Seconde Guerre mondiale.Au printemps 1945, la situation sur le front de l’Est était désespérée pour l’Allemagne – l’Armée rouge avait atteint les abords de Berlin, se trouvant à seulement 70 km de la ville. Pendant que les troupes soviétiques reprenaient leur souffle avant l’attaque décisive contre la capitale du Troisième Reich, les Allemands eux-mêmes sont passés à l’offensive, mais beaucoup plus au sud – en Hongrie. L’objectif était de pousser l’ennemi pris au dépourvu à travers le Danube et de sécuriser ainsi les derniers grands champs pétrolifères dans l’ouest de la Hongrie et en Autriche. Leur perte aurait définitivement mis fin à la capacité des nazis à continuer la guerre.Pour le « Réveil du printemps », des forces importantes ont été concentrées : 430 000 hommes, plus de 800 chars et canons automoteurs, 6 000 canons et mortiers, ainsi que plus de 800 avions. La force de frappe principale était constituée par la 6e Armée Panzer SS de l’Oberst-GruppenführerSepp Dietrich, transférée du front occidental spécialement pour cette opération.
Les Allemands ont lutté en Hongrie contre les forces du Troisième Front ukrainien, comptant plus de 400 000 hommes (y compris des unités alliées bulgares et yougoslaves) et munies de 6 800 pièces d’artillerie et 700 avions. Le sous-équipement des unités de chars a constitué un problème majeur. Épuisées par les batailles hivernales pour Budapest, les troupes soviétiques ne disposaient que d’environ 400 chars.
Malgré le fait que « Réveil du printemps » ait été préparé dans le secret le plus strict, le commandement de l’Armée rouge, grâce au renseignement, en a eu connaissance à l’avance et a ordonné la création d’une défense échelonnée en profondeur. L’offensive allemande était attendue au plus tard à la mi-mars, seules la direction des principales attaques restant inconnue.Le 6 mars, des combats acharnés se sont déroulés depuis les rives de la rivière Drava, où les unités bulgares et yougoslaves étaient en position défensive, jusqu’à la zone située entre les lacs Balaton et Velence, où la 6e armée SS Panzer a porté le coup principal. « À Balaton, notre régiment a subi des pertes colossales, a rappelé le lieutenant du 877e régiment d’artillerie Edouard Melikov. 200 chars allemands ont foncé sur les positions de notre division simultanément… C’étaient des batailles très lourdes. Dans l’ensemble, le régiment n’a pas perdu pendant toute la guerre autant de personnel qu’en Hongrie ».
L’artillerie antichar a joué un rôle décisif dans la défaite de l’ennemi. Souvent, les artilleurs ont continué à se battre opiniâtrement, même sans couverture de l’infanterie, cette dernière ayant été dispersée et battant en retraite. S’étant retrouvés sans armes, ils ont parfois eux-mêmes agi comme des fantassins. La tactique des embuscades était largement utilisée, des chars et des canons automoteurs soviétiques bien camouflés tirant à bout portant sur des colonnes blindées ennemies.Dans la soirée du 6 mars, le commandant du Groupe d’armées Sud, le général Otto Weller, a rapporté au chef d’état-major général des forces terrestres, Heinz Guderian : « Les chars peuvent difficilement se déplacer sur un terrain accidenté à cause de la boue épaisse et toutes les routes sont bloquées par les champs de mines et l’artillerie ennemie. Les unités d’infanterie n’ont pas été en mesure d’assurer une percée rapide des positions, et les combats féroces ont conduit à une consommation importante de munitions, les soldats s’étant finalement retrouvés à court. Il s’est avéré que l’ennemi attendait notre offensive et s’y préparait, bien qu’il ne connût pas l’heure exacte du début et le lieu des principales attaques ».
Après plusieurs jours de violents combats, les troupes allemandes, ayant subi de lourdes pertes, sont parvenues à franchir deux lignes de défense soviétiques. Le commandant du Troisième front ukrainien, le maréchal de l’Union soviétique Tolboukhine, a demandé au Commandement suprême de lui permettre d’utiliser la 9e armée de la garde, qui était en réserve. Il a essuyé un refus (l’armée était préservée pour une offensive sur l’Autriche) et s’est vu recommander de se contenter des forces disponibles.Malgré ce succès localisé, l’offensive allemande s’est essoufflée. Si les troupes ont réussi à avancer profondément dans les positions soviétiques, jusqu’à 30 km, dès le 15 mars, elles sont passées en position défensive. « Toute chance de succès majeur avait disparu, écrit Heinz Guderian dans ses mémoires. Le puissant esprit combatif des divisions SS, qui avait été préservé jusqu’à présent, n’était plus. Couverts par des chars qui combattent obstinément, malgré les ordres, des formations entières reculaient. Il n’était plus possible de s’appuyer sur ces divisions. Cela a excédé la patience d’Hitler. Il a éclaté dans une colère terrible, ordonnant de déchirer les insignes de manches portant le nom de ces unités du personnel des divisions ».
À la suite des combats dans la région du lac Balaton, la 6e Armée Panzer SS a perdu plus de 250 chars et canons automoteurs et cessé de représenter une force de combat significative. Dès le 16 mars, au lendemain de la fin du « Réveil du printemps », l’Armée rouge a lancé l’offensive sur Vienne, et la totalité du territoire hongrois a bientôt été débarrassée des troupes allemandes.
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