La publication du livre rouge, mise en cause de l’absolutismeUn recueil de révélations sur la corruption et les vols de la cour de Louis XVI en France, intitulé Le Livre rouge, a été publié. Le livre, compilé par un groupe d’intellectuels et d’opposants à la monarchie en France, contenait des informations sur le vaste trésor du roi de France et les dons d’une valeur de 228 millions de francs du Trésor public.Ces révélations ont irrité le peuple français contre la cour et la monarchie et ont grandement contribué à la Révolution française.
La crise des finances et le scandale des pensions royales Sous l’Ancien Régime, les finances royales proviennent de la fiscalité, des revenus du domaine royal et de l’emprunt. Le Contrôleur général des finances, en charge du budget, doit gérer de multiples caisses de statuts divers ; il exerce aussi un contrôle étroit sur le Trésor royal, qui rassemble sous Louis XVI seulement un peu plus de 50 % des revenus de la monarchie.Le roi de France y puise pour accorder à des particuliers des gratifications ou des pensions selon son appréciation personnelle aussi bien que pour services rendus à l’État. Alors qu’elle prépare une constitution destinée à limiter l’absolutisme qui a mené le royaume au bord de la banqueroute, l’Assemblée nationale décide, le 2 novembre 1789, la confiscation des biens du clergé pour sauver le pays de la faillite. Le 28, le député Armand Camus dénonce à l’Assemblée l’existence du «Livre rouge», lequel contient des renseignements sur les pensions attribuées par le roi ; celle-ci vote immédiatement son impression. Le Contrôleur général des finances Jacques Necker, conscient du scandale et des conséquences politiques d’une telle révélation dans le contexte effervescent de 1789, essaie de dissuader le roi d’accepter. Louis XVI tente de gagner du temps mais finit par laisser faire. Le «Livre rouge» est remis au Comité des pensions de la Constituante en mars 1790 et publié le 6 avril.Le 5 mars précédent, l’Assemblée constituante avait chargé son président de supplier le roi d’enjoindre à ses ministres et à tous autres agents de son autorité, de délivrer des copies et de communiquer les originaux des pièces qui leur seront demandées par ses comités, et à leur première réquisition, notamment le registre connu sous le nom de Livre rouge — appelé ainsi en raison de sa reliure en maroquin rouge —, et les originaux des bons des pensions, dons et gratifications accordés dans les départements. Ce Livre rouge était en effet un registre commencé sous Louis XV et où étaient inscrites les sommes et les pensions payées sur des ordres ou bons, délivrés par les deux rois, Louis XV et Louis XVI. Ce dernier, accédant à la requête de l’Assemblée, envoya le Livre rouge à la Commission des pensions, rassemblée chez Jacques Necker — ministre des Finances — en présence d’Armand de Montmorin — ministre des Affaires étrangères —, après avoir cacheté toutefois les feuilles concernant le règne de son aïeul. Ce scellé fut respecté.Le premier article du livre était en date du 19 mai 1774, portant une somme de 200 000 francs pour distribution aux pauvres à l’occasion de la mort du feu roi ; le dernier article, en date du 16 août 1789, énonce la somme de 7 500 francs pour un quartier de la pension de madame d’Ossun. Chaque article de dépense est écrit de la main du contrôleur-général, et ordinairement paraphé de celle du roi. Le paraphe est un L avec une barre dessous. En général, les articles écrits de la même main sont sous une même suite de numéros, et, lorsque l’administrateur cesse d’être en fonction, il y a un arrêté, quelquefois de la main du roi, quelquefois de la main du ministre, avec la signature entière du roi.Les députés, chargés d’examiner ce livre, trouvèrent pour le règne de Louis XVI une dépense totale s’élevant à 227 985 716 francs, 10 sous et 1 denier. Publié tel quel le 6 avril 1790, le Livre rouge apparaissait dispendieux aux yeux du peuple, et la presse patriote était assurée de son effet en reproduisant elle-même des extraits, assortis de commentaires narquois et de nombreuses caricatures. Cependant, le Comité des pensions, en réalité insatisfait du dépouillement, déclara à l’Assemblée que le Livre rouge n’était pas le seul registre contenant des preuves des dissipations de la cour, et qu’il était certain que les ordonnances du comptant, imaginées pour voiler une infinité de dépenses qu’on aurait eu honte d’avouer, s’élevait à de très fortes sommes. C’est Camus, rapporteur du Comité, qui fit imprimer le Livre rouge le 6 avril 1790.
http://www.leboucher.com/pdf/goncourt/revolution.pdf
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3376
https://histoire-image.org/fr/etudes/publication-livre-rouge-mise-cause-absolutisme